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?pll^>^i4îw
<
ALAROYNE
0 YNE tref
Qireflienne, tref
Noble Princejje,
£|/ tref-digne
Roy ne par voZ
"vertus y auant
quefire Roy ne de
France y oferay-ie fortir de mon pe-
tit & Religieux cabinet, lieu de pé-
nitence y Ueu dejoujpirs $f) de larmes >
pour méfier ma voix parmy les trom-
pettes £0 cleronSy refonansvos loiian*
ges , & parmy les cris $£) acclama-
tions de bonheur ^ failles à njoflre ar-*
riuee\ (0 ioindre ma plume parmy
les deuijes (f) cartels Royaux ejcris
pour bienuieigner njoÇlre çjlfajejlé
entrant en la France , laquelle vous
t
A LA ROYNL
ouurant les portes dejes villes & tem~
pies yfond en ioye maintenant y comme
ces mois p'Jfez IJïalie gemiffoit,
quand a njoflre départ elle perdoit de
veue la perle dejès Princejfiesf Ofe-
ray-ie après tant de riches panégyri-
ques y tant de chants diuins 3 tant de
Poèmes ^) Théâtres dapplaudijje-
ment , donneT^ a vofire honneur en
tant de lieux ym ingérer y mojpauure
religieux y de dire ou faire quelque
choïe pour ïadioufier a ces publiques
magnificences ? ou me tairaj4e du
tout e fiant François, quand toute la
France parle? Ne feray-ie rien quand
chafcun efi ajferé à magnifier vofire
heureuje arriuee f Certes y MADA-
ME, iemejuistreuuéperplex entre de-
fir & craintte : voulant £vn cofié
m employer pour marquer dignement
lajfeSlion dvn tref-humble & tref-fi-
delefubiefl en cette première occa*
fîoniffîriofant efperer de [autre , de
A LA HOYNE.
pouuoir faire chofe digne , eftant mes
forces petites , @/ ma condition ejloi-
gn ee de ces grandes fylendeur x, Néant-
moins après anoir ajfe% balancé en
cejle doubte p tay ofé me refoudre a
fupplier par ceft efcript vojire Aid-
jeflé, me permettre non feulement de
ioindremesvœw^ & prières religieu-
fes offertes a Dieu au feçret de mon
cœur en ma petite demeure pour la,
profperitè de mon Grince (0 la i/o-
fireymais en cor es de vous offrir ce pe^
tit prefent extérieur en tefnoignage
de ma deuotion intérieure > (0 vous re^ PrcmierB
reeo-
coznoiflre en cette façon . qui eftla
Q } 1 r 1 cl gnoiflan*
première que les bons jubiects & en- ^^
fans de Dieu entre les Hebrieux gar- Alg.io,
derent iadis pour recognoiftre leur l6t
premier Roy. ïefpere quevoflre Ma-
iesléapprouuerama refolution &re-
ceura le prefent dvn gracieux accueil,
tant a l exemple du Roy voflreefpoux
qui m a yen cy~deuant de fembUbU
A LA ROY NE.
efloffe Jïnjn vifage bénin , que pour
eftre iceluy conuenable a njofire Ma-
icfié, $ propre de ce premier an denjos
Royales Nopces y de la rejtouïjfance
prefente,<& de tout le temps qui fuiura
par après. Car cefi unprefent de qua-
torze tableaux Jacre^ dont le dernier
représente le feflin nuptial du Sauueur
auecfbn Eglife, & feul contient enfoy
ï excellence de tous les treize ensem-
ble y e fiant ce feflin dreflfé de F appareil
de toutes les délices fiirituelles & au
mets d immortalité. Etafinquenjoflre
^Maiefié les njoye au frontijfice de
ïœuure, voicy [ordre & le deffein ab-
bregé de tous. -
i • Le premier efi du Paradis terre/Ire,
dfs terre- auquel efifiguré le plus ancien maria-
ftre- ge du monde , contracté entre <zAdam
^T Eue premiers T rinces de ÏVniuersy
CÏT* premiers ancefires de la race des
hommes. Leur Palais Royal @/ leur
Louure y efi magnifiquement bafly
A LA ROYNE.
ayant le (jel ® les A flr es pour toi£l(0
lambris > &pour feneftres les quatre
portes du monde > /' Orient Je Couchât y
le Nort (0 le <JMidy .Leur grand faley
leur anti-ch ambre >leur chambre y &/
leur cabinet y cefl vn mefme lieu ex-
cellent en beautêy mais petit en ejpace,
aujji ne font-ils que deux. Leur table
efttoufiours couuertede mets tref-ex-
quis &furtou5 deceluy qui eÛ appel-
Vêle fruiêl de vie ytous fournis du Ti- de vie
nel du Créateur y & appareille^ de la
main de la maiflreffe Nature au feu,
du celefle flambeau. Cefl vn felfin
perpétuel, encorquzAdam $ Eue ne
mangent pas a toute heure y nyvfent
de toutes les viandes qui leur font fer-
mes. Leuriardinde plaifance cefl vntes iar-
grand domaine ymerueilleux entoutes^oy^c
chofes rares. Les Tuileries de ^dris^^f^
& le Pratolin de Florence , encor?yifânc%
» / r r r grand
quils foient magnifiques ne font riennuc.
toutes-fois 3 au prix de celuy qui efl ca~
a m
i*AÏ>el.
A L, ROY NE,
ché a [ombre de cefle figure. Les par*
terres^ les compartimens, les allées , le$
font aines Jes collines, les bois, les plan-
tes J,es arbres Jes fleurs > les fruits &
toutes les pièces divn diuin verger >y
font rares & admirables > $£) auec ce il
s[y treuue vne infinie variété de toute
forte ioj féaux & befles terreflres vi-
uans enfemble en [accord d'vne amia-
ble paix.En ce premier tableau efl ca-
chée la peinture fecrette du Paradis qui
nous attend au CieL Et ce premier fe-
flin y pour le regard dufruifl; de vie>
nous donne la première figure denoflre
Sacrement en cefle courfe mortelle , &
de la table des bien-heureux en la vie
qui ne finit iamais*
Le fécond tableau y efl lefacrifice
d'zAbel premier iufle des enfans d 'o/-
dam y & premier membre de [Eglife
de Dieu y portant en fa vie & en fa
mort J. a figure deln sv s- Christ,
<£* defes ejleus viuans en ce monde &
A LA ROYNE.
fort ans de ce monde auec maintes char-
ges & perfecutions caufees par la per-
uerfité des mefchans. C'eftvn tableau
£ innocence & de religion, dont le pre-
mier <&fouuerain deuoir, efi d'adorer
Dieuparfacrifice offert en pureté : çjt4
cefacrifice ce fi le fefiin propre de lafu-
preme tJMaiefié.
Le troifïefme tableau monftre le fou- ,*•
. JL J n i i >r t -r Mckhiic-
ueratn Trejtre zynelchijedec ,quijortdcchs
de fa "ville capitale de Salem au rencon-
tre du vaillant Abraham venant vers
luy auecfes troupes ^glorieux £vne in-
fime victoire & chargé de butin : luy
donne la Jacree refeélion de fonfacri-
fi ce de pain & de vin, ancienne pein-
ture de noflre Fucharifiie : reçoit de
luy la difme de toute la deftoiiille , &
, le bénit de fa grande bénédiction. Ta-
bleau & fefiin de religion & d* hos-
pitalité.
Le quatriefme fait voir Abraham 4.
;+■ I . -- r • : Abraham
ur ta cime dvne montatgne tenant
a iiij
A LA ROYNËi
fon bien-aymé Ifaac garroté fur tn
Autel, pour le viclimer a. Dieu fé-
lon fort mandement : mats Dieu tout
bénin fe contentant de la bonne vo-
lonté du père, arrejle le coup $f) prend
en la place du fils , le facrifice iïnjn
bélier. Tableau dvne rare foy } (ç&J
charité Jînguliere enuersDieu,& dvn
banquet Rojal en hommage fidèle à
fa <J%faiefié.
$. oAu cinquiefme > on voit comment
\^liles Hebrieuxlefoir deuant que for tir
de la captiuite d Egypte > mangèrent
l'Agneau PafchaL Tableau myfiique
&feflin myfiique 3 figurant lefacri-
fice (0 la viand.e du njray oAgneau
Ie s V s-Chri st, comme la forfie
figure la vraye deliurance du peuple de
Dieu , donnée par le fang dticeliiy
oAgneau fin Fils.
taManc. Le fixiefme donne la çJManne,
figne de la tJManne celé fie, quife voit
plouuoir tous les ioursfur les oAutels
es Pains
opo-
A LA ROYNE.
Chre&iens , feflin de merueittes pour
le pèlerinage des enfans de Dieu.
Le feptiefme faicl la peinture d'nj-
ne table incorruptible y & met en auat ^?ti
les Pains depropofition que le RoyDa-Çllion ■
nid mange y en figure de ceux que les
Chrefliens mangent en vérité.
Le huicliefme contient le feflin & g
ïoblation des Prémices & la figure de vobhù6
noftre nouuelle offrande <& ^enteco-miccs.
fie cachée foubs ï ombrage de F ancien-
ne Pentecofiedes luifs.
os4u neufiefme fe voit lebonElie ^
dormant a l ombre Jvn geneure y re-
creu de trauail & de trifieffe > lors de
la grande perfecution de laRoynefe-
Xûbel idolâtre qui le cer choit a mort:
ï Ange le rafrefchit d'vn repas de petit
appareil y mais de grand myfiere : ce fi
<vn pain miraculeux & vn pot d'eau
qui luj donne force &courage de mar-
cher quarante iours , iufques a ce quil
paruienne au lieu defauueté, a la m on-
ce
tiato
A LA ROYNE.
tagne d'Oreb. Tableau de peine $f)
patience>&feflin de lapreuoyance de
Dieu.-
Lefaaifi- ^e dixiefme cekbre le fdcrifice de
propi- propitiat ion , figure delaremifjion des
pecheT^j $ banquet de reconciliation
en la loy de grâce*
«• L'onziefme raconte Finlîzne mira-
lescinq »' V > X j S
Pains& cle du ùauueur , quand auec cinq
fon7°lfl Pains & deux Coiffons , ilraffafia au
defert plus de cinq mille personnes af
famées , faifant la prochaine peinture
par <vn fefiin de fa preuojante libé-
ralité.
u. ^ Au dou^iejme , le Sauueur faiSi le
deVfain0- haut (0 mjflerieuxfermon de la man-
^*chz' ducat ion de fa chair. Tableau d'oreil-
le £7* viande de lame 9 preparatiue
de linflitution de [Euchariflie.
oAu trezjefne, il laue les pieds à /es
Lciau^- oy4poftres pour cérémonie preallable
mène aes t n n r >r
pieds- du tref-augufie Sacrement <&facri}i~
ce de fon corps. Tableau dhumi-
A LA ROYNE.
lité y nourricière de toutes les vertus
Chrefliennes , & fïngulierement ne-
ceffaire a la perception de ce diuin re-
F* t n.
Le quatorze fme & dernier exhi-ucnaac
be la vérité, lafubftance, & lèfialU^^
de tous lesprecedens, Car il contient
ïinflitution de ce Sacrement & fa-
crifice ^prédit ;pr 'omis, & enfeigné aux
ombres & figures de tous les Sacre-
mens anciens. Tableau de la félicité,
Royal *çpj fouuerain feflin du Sau-
ueur préparé pour les fuis enfans de
Jon règne. Ce fi le fommaire de lœu-
ure entier.
Or Madame, linuention &
l efiofe de ces tableaux riefi pas mien-
ne, ie ny ay quvn peu de langage: elle L d&
efh du Fils de Dieu qui iadis en a tir '^Sacrifices
if. ri r 1 finis en la
les lineamens çr) pour fils jur la mem- Croix , &
brane, ou de laloy dénature, (comme I^Ij
font les quatre premiers ) ou de fin charlftlc •
vieil Tefiament , (comme font les fept
A LA ROYNE.
d'après,) & s eflant faitt homme, il a
crayonné les deux penultiefmes , ^/
paracheué tant ceux-cy, que ceux-là,
des traifls déjà propre main , fur ï in-
firment de fa nouuelle alliance en
[Euchariflie: fâ) ce d'aine diuine fa-
çon. Car eflabliffant ce haut & diuin
rnyflere en la place de tous ces anciens
facrifices & Sacremens, il a mis les
viues couleurs fur la vieille & pré-
cédente peinture , embelly toutes les
parties du deffein iadis faiéî , donné
corps a ï ombre y vie au corps, &ame
a la figure muette, & tracé en vn ab-
bregé admirable de fes grandes mer-
ueilles, les plus beaux traifls de fon
infinie fagejfe,puiffance & bonté.
Or combien que ces vieux Sacre-
mens & facrifices figuratifs ayent
perdu leur raifon en leur pratique
matérielle par ïeflabliffement de la vé-
rité du nouueau , ils ont neantmoins
leur r an g & ^f^ge en ÏEglife Chre-
'remier
A LA ROYNE.
fiennequevoftre <J%faiefîé leur pour-
ra donner y & en receuoir fruiél en
deux belles façons. . Premièrement Jîsùot7ù
elle commande quils foyent tire^ par11
la main ouuriere des Peintres de fa
ijiïfaieflé, quifaifans courir le pinceau
fur vnfond de peinture auec njne gra-
uegentilleffe iinnention y njiuacité de
couleurs & perfection d% ombrages &
de pour fils y fç auront artiftement nai-
fuer l entre-ient dJvne figure: $£) don-
ner fentiment *çîr) paroles auxchofes
^muettes. oAinfi pourtraiéîs ils vous
feruiront d'njne deuote & riche tapif
fe rie pour tendre voftre cabinet dO-
raifon, <ç£j reprefèntans avosyeuxla
mémoire de ces hifloires facrees, diront
à njoflre ame y fans fonner mot , les
merueilles du Créateur.
Les autres t api fferies dont les fales
& cabinets desmaifons Royales , njoT^
^Louures , njo^Tuileries >& Font ai-
ne-bleaux font tendues , vous pour-
A LA ROY NE.
rontreprefenterpour honnefle récréa-
tion y les haults faicls ^J prouejjes
des "vieux Cefars & Roysytant Chre-
ftiens que Payens > des Confiant ins y
des Theodofesydes Iules, des zAugufies,
des zs4lexandres,des C!ouis,des Char-
lemagnes y des Sainéîs Louys y comme
aujp les combats , bavards 5 njiftoires
^>JrJ lauriers du Roy <vofire mary no-
fire Ce far François y @/ la merueille
des Rois en nos iours y quand en F<vne
'vous verre^ comment conduit de la
main de Dieu ( qui Je njouloit Jeruir
de luy quelque iour ) <& ajjtfié de fa
Noblejfe Catholique > il marche a la
conquefie dejon Royaume perdu : en
l autre comment en <vne iournee heu-
rcujement perilleufe , il court rifque de
fon Royaume (0 de fa njie > & que
neantmoins prenant courage du defef
poir sfoldat & Capitaine fans peur y
il arrefle ïofi victorieux auec njne
poignée de gens y & rompt les barrières
A LA ROYNE.
de la fortune. Quand vousnotteréZ
en celle-là, les villes & batailles gai-
gneesyen cefie-cyfon entrée doucement
martiale dans fa bonne ville de 9* a-
ris y plus ioyeufe alors de fe voir prin-
fe quauparauant ajfegee. En ïvne
ou il efi afferé a la Fere,&laprend,
en ï autre ou il preffe ïennemy affie-
gé dans Amiens fa conque fe , ville
au il reprend y imprenable à tout autre
qu'à luy , gr après il marie lOliue de
paix auec fon laurier de victoire.
ZJoflre 'zsk'aiejlé fera aujji refouie y
. voyant en ïvne des dernières de ces
tapifferies y les cAmbaffadeurs venus
de deU les sJMonts pour traicler paix
auec luy y lors de voflre heureufe en-
trée en la France : mais fur toutes
vous fera agréable celle qui tient touf
jours le haut bout des plus belles J aies
Royales , reprefentant ce vaillant
Prince profierné à genoux à £ Autel
facré en ÏEglife de Sainél Denis,
A LA ROYNE.
ures y& toute forte de cbaffes fîennei,
&des autres Seigneurs, entre lefquel-
les elle notera celle du vaillant "PI a-
cheEufb~ C/^ l°rs $He cour^nt /vn cerf, il
luy voit vn crucifix refplendififiant
en la te fie , refonant en lair vne voix
qui luy annonce I E s V s-C H R I sry
dont il e fi fiait dvn Placidas cheua-
lier Payen, vnfainàl Eufiache mar-
tyr* O chajje heureufe ! Telles &fem-
blables pièces Je haute lififiè & de mar-
che>; tijfiuës dor (0 deJoyey donneront
du contentement a vos yeux : mais
les tableaux fufidits luy apporteront
outre le plaijïrdelaveuëja cognoif
fiance de la loy de Dieu pour infiru-
âiîon Chrefiienne de lame&cefi leur
vjagepremier.
Le fécond efl de contempler la
vfage des beauté \ ï excellence (fi) la Maie fie de
tableaux. nojlre Sacrement reprefentee en iceuxy
comme en plufieurs miroirs ,& au
noflre la vérité de ceux la diuine-
A LA ROYNE,
-ment ramaffee, au moyen de laquelle
contemplation y lame en fera njne ta-
pifferiefpirituelle de plufeurs obiecîs,
four les auoir toufwurs deuant fis
yeux ^rapportant la figure ancienne
au Sacrement nouueau^ & par ïaifle
• de ce rapport sejleuera en [ admira-
tion & en ï amour de fon Dieu. Par-
quoy M A D A M E 3 félon ce fécond
<vfageyquiefi le plus noble y tout es fois
$£) quant es que <vo£lre ^îaieïïé fe
^voudra prefenier à la table Royale
du Fils de Dieu , ce quelle fait en Roi-
ne trefchreflienne fort fouuent >elle
pourra ietter les yeux de fon entende- Med;
ment y fur <vn ou plufeurs de ces An-"°^v--
ciens tableaux, tantofl fur IzArbre de la
njie , méditant fa nature ,fes qualité^
$0 vertus y félon les points qui font la
note% : tantofl fur lefacrifice a A bel,
ores fur ï Agneau Pafchal,ores furla
*3danney ores furies autres, lefquels a-
uec leurs expçfitions fourniront am*
e tj
?llables à
com-
munion»
A LA ROY NE.
pie matière de <JMeditation fiirituelle
^/propre a la communion y tons les
iours de Dimanche 'çffrj de'sfefles de
Pan: ^/ après qu elle aura attentiue-
ment parcouru enfonefprit les traits
delà figure antique y elle Je tournera à
la considération de la "vérité en no-
flre Sacrement , $f) ioiiira auec telle
préparation de Jes délices de tant plus
utilement y que cefle contemplation
luy aura rendu ï œil de l ame plus at-
tentif <& pénétrant ^ & le cœur plus
defireux de la viande celefle. Et en ce-
fie manière ces tableaux Jeruir ont de
tapifferie & de pafiure celefle en leur
façon : feruiront di ornement & de
preallable préparation a njoflre amey
pour dignement receuoir ce diuin mets,
& auec luy la réfection de toutes les
plus belles & dignes vertus d'une
Rjoyne TrefGhreflienne. Car ce Sa-
crement ne contient pas feulement la
grâce de Dieu comme les autres, mais
A LA ROYNE.
lauéleur de la mefme grâce , le Sau-
ueur I E s v s-Chri s Tyfuiuy de la
magnificence de tousjes threfors. En iaf0y,
iceluy voflre Maiefléreceura lumière & ^j^!
pour la foy, force pour fejperance, $ rité-
vne continuelle amorce pour la chari-
téy d'autant que cefl vn efclatant my-
flere des merueilles de Dieu y vne viue
image de la future félicité y &vnfe-
flih nuptial ivne celefle amour. Elle L'htumli-
y apprendra ï humilité (-vertu tref-ne-
ceffaire aux grands )y voyant des
yeux delafoyle Roy des Rois prefent
& neantmoins reueflu extérieurement
delà robbe des accidens vulgaires > de
deux elemensfenfiblesdupain & du
vin y condefcendant mijericordieufè-
ment y & fè communiquant familiè-
rement a [infirmité & nécessité de fa
créature. Elle y pratiquera iapiete & ReU-
&la Religion enuers DieUyCarelley^10'
adoreraja JZfaiefléfupreme en lapre-
fence defafaincîe humanité vnie dvn
e iij
A LA ROY-NE.
lien éternel avec elle. Enfommeelle
y prendra le viatique neceffaire an
pèlerinage de ce fie mortalité, les biens
fpirituels & éternels , ï accroiffement
defquels il luy faut déformais recer-
cher pour s agrandir de plus en plus
deuant Dieu $f) deuant les hommes.
Car quant efl des honneurs (yprefens
de la vie mortelle , njoftre jMaieft'e
en a autant quvne perfanne raifon-
àT\zKotnable enpeut fouhaitter. Elle a pour
ne- fes ayeuls (0 bis-ayeuls maternels, ies
Empereurs & Rois de Boëme &
d Hongrie , pour fes progeniteurs , Us
grands Ducs de Tofcane , pour fe s on-
clesJes Papes, pour mari 3 le trefchre-
flien Roy de France, Henry 1 1 1 1.
Roy demerueille au commencement,
au progrès & enlapoffejjion de fon
fceptre , Capitaine tref -vaillant aux
combats , & en fes vifloires Prince
tref clément. Elle efi en fomme Roy-
nedïvn Royaume tref riche ^trefno^
A LA ROYNE.
ble, trefpuifant. Ennoblie de fes fil-
tres & p°fee à là ctme defes gradeurs,
elleefi vne des plus grandes $0 plus
hautes Dames du monde y & ri a a,
defirer ï accroiffement d'autres fortu-
nes (£) biens yf non de ceux quipeuuent
$f) doiuent toufiours croiflre en cefle
vie>$£) vous fournir en l'autre l'efiojfe
delà couronne de gloire. Ces biens ,
Madame, font les fainéles ver-
tus yornemens & atours des âmes f& Vrais' <*-
leuees , comme les draps de foye , d'or,1^™^^
(0 d'argent y <& les pierres precienfes*^-
font les efoff es qui parent les corps des
grands Dames. Ce font ces ornemens
qui ont iadis ennobly les fimples Da-
mes fur les RoyneS) & rendu admira-
bles les Roines fur les î{oynesmefrftes.
La vaillante Judith ejloit (impie Da-iu&ù,
moifelle de Bethulie , elle fut par fes
vertus efiimee plus noble qu aucune
Roynedefon temps. He (1er fut /Jo^-Hcft«. '
nedelPerfe belle par excellence , mak
e iiij
A LA ROYNE,
fur tout ,f on humilité,famodefiie,fa
charité y fa f âge jfe & autres diurnes
qualité^ de lame, la firent admirer en
fa vie plus que la beauté defon corps ,
plus que la couronne de fa te fie , & ont
après fa mort grauéfon nomaiamais
m la mémoire des fieclesfuyuans. Ces
ornemens, Madame, auec les dops
corporels , que la main de Dieu libé-
rale a mis en vous, font les attraits
qui vous ont defobé les cœurs des peu-
ples a qui vous efles cogneuë de^ vos
ieunes ans , & les t titres par lefqueh
ils vous ont iugé Princejfe digne d'vn
Royaume. Ce font les poinéles qui
leur ont caufé les foufpirs & regrets
quand il a fallu quils ayent eflé pri+
ueX de vofiretref honorable prefence,
&* qui font maintenant que la Fran-
ce ef?anduë en allègre fe , recueille vo-
fire ^M aie fié auec les fqnes dvn in-
croyable contentement. Pour conclu-
fton ? ce font les threfors quelle portera
A LA ROY NE.
quant &foy partant de cefle vie mor-
telleypour a iamais régner en l autre,
heureufe auec les bien-heureux. Les
autres biens y la beauté du corps J es ri-
chejfes y les Palais y les habits , les
ioyauxy les carquansjesle Royale cou-
ronne ><& tous les autres depofis de U sapient.j.
terre , & dépouilles du temps , paie-
ront de leur esire au tombeau, comme
l ombre y qui s enfuit y comme le po fil-
Ion y qui galoppe , comme vn nauire
porté des flots , qui ne laiffe après foyy
nyfentier ny trace , comme ïojfeau
qui fend f air donnant poinéle d'vne
aile forte & dvne force bruyante^
fans marquer les tires de fonvol ! sef
uanouyront comme la poudre empor-
tée du yent, comme l'efcume efpanchee
par la tempefte, comme la fumée efpar*
fe en [air , comme la mémoire divn
voyager qui narrejle quvn iour. O
Royne tref-Chreftienne , quefî-ce que
A LA ROYNE.
tout ce monde , vain , que font Ces pre-
fens ,fes pompes £g/ fa durée, au prix
de la gloire qui nous attend en l éter-
nité! Gloire digne des Rois, ^J des a-
mes Roy aies, qui lafçauent prifer d\j-
neiufle balance & la rechercher £vn
cœur haut (0 confiant. Gloire vraye-
ment digne devons , o Roy trefchre-
§lien,$ âevom Madame.,^ de vos
<J%fdiefie?\ Gloire que ie vous fou-
haitte de tout mon cœur, après que le
Roy qui vous a ioints enfemble,par ce
noble &facré nœud marital, aura fait
ïvnpere ^trj [autre mère Xvn Louys
ou dvn Henry Dauphin de France, de
■plu fieur s fils de France, (0 divne Ma-
rie de France , qui tous foyent viues
images de leurs progeniteurs , de leurs
Ancefires, <JZfonarques , Rois, Empe-
reurs, ^y de leur vertu, qui foient
tous dignes de porter couronne, aujji
noble que celle de France, Et d'efire
A LA ROYNE.
auec leur père & leur mère couronné?
au ciel y ayant après eux longuement
& dignement régné fur la terre.
DevoftreMajefté.
Tref-humble,tref-obeyfEmt êc
tref-fidek fubieft & feruiteur,
LOVYS RiCHEOMÊ.
approbation des Dofleurs.
NO vs foubfignez Do fleurs en la
faculté de Théologie à Paris5cer-
tifionsauoirleu entièrement le prêtent
liure intitulé Tableaux facre^ &:c. co.m-
pofépar lçReuerendPercLovys Ri-
cheome de la compagnie du nom de
Iesvs, &: n'y auoir rien trouué contrai-
re à la Foy Catholique Apoftolique&:
Romaine, nyaux bonnes meurs, ains
plufieurs belles chofes tref-bien dédui-
ses &:tref-do dément expliquées auec
vne finguliere clarté touchant le haut
myftere de la fain&e Euchariftie. Partat
l'auons iugé tref-digne d'eftre mis au
iour5tantpourla réduction des errants3
que pour l'édification &: confolation de
tous vrais Catholiques. Faid à Sorbo-
ne ce feptiefme Mars, Tan mil fix cens
vn.
Ph. de Gamaches.
I. MVLOT.
INDICE
DES TABLEAVX, ET
DES EXPOSITIONS
d'iceux.
douant-propos.
de.
V e c eft que figure, & de com-
bien de fortes il y en a. r
Les caufes , vfages & effe&s
des figures de l'Efcriturefain-
10
le Paradis terrejlre & l'arbre de Ytet
21
i lEglife de Dieu dépeinte au Paradis
terreftre. 29
2 Des biens &: qualitez del'Eglife au
parangon du Paradis terreftre. 31
3 Le S. Sacrement de l'Autel figuré
par l'Arbre de vie. 33
4 Rapport de l'Arbre de vie au faincî:
Sacrement de T Autel, 34
INDICE.
y De l'excellence du Sacrement de
l'Autel par deffus l'Arbre de vie. 38
6 Le corps du Sauueurnourriture de
lame, & caufe de laglorieufe refurre-
<Sion des corps. 40
7 Le Sacrement du corps du Fils de
Dieu arboré par toute la terre. .42,
8 Souhaitsfpirituelsde la claire vifion
du corps du Sauueur 5 & adion de
grâce de ks biens . 4 3
I I.
lAhel. 49.
1 Le facrifîced'Abel figure delà croix
&del'Euchariftie. 55
2 Çonuenance de la figure du facrifice
d'Abel auec celuy de la Melîe. 56
3 De deux fortes de facrifians. 59
4 Dieu permetle mal pour en tirer du
bien à fa gloire 5c profit de fes eileus.
. 61 •
5 Abel image de l'eftat des iuftes, &
Caïn des mefehans. 66
III.
Mdchifedec. 71.
I Mclchifedec figure du Sauueur. 81
1 La Preftrife du Fils de Dieu figurée
INDICE.
en celle de Melchifedec. 83
3 Pourquoy le Sauueur a inftitué le fa-
crifîce & Sacrement de fon corps
foubsles efpecesdupain &rduvin.S>
4 Le pain & le vin marque delà paf-
fion du Sauueur en fon Sacrement.
S6.
5 Le pain & le vin en TEuchariftie mar-
ques du corps myftique du Sauueur,
87
6 Le corps du Sauueur appelle pain &
fon fans vin. 83
7 Qu'eft-ce que Sacrement. 89
8 Qu'eft-ce que facrifice, 3c comment
e(tfaiâ,celuy delà MefTe. ço
9 Différences entre le Sacrement &; le
facrifice. 95
10 Nulle religion fans facrifice. 9j
11 Tefmoignages des Dofleurs He-
brieux fur le Sacrifice de Melchife-
dech. 27
12 Tefmoignages des anciens Pères
Grecs fur la figure de Melchifedech.
5)8
13 Tefmoignages des anciens PeresLa-
tins fur le melme facrifice. 100
14 Différences dû-Sacrifice de la Croix
&del'Euchariftie. 101
INDICE,
15 La différence du facrifîce de Melchi-
fcdech & celuy de la MefTe. 1 03
\6 Les bons cheualiers fpirituels dignes
de la refeétion & benedi&ion du
corps du Sauueur. 10 j
• IIIL
lAhrahdm 109.
1 Ifaac& le mouton facrifîez5 figure de
la mort du Sauueur & du Sacrement
& facrifîce de ion corps. 118
1 La hauteur dumyfterede PEuchari-
ftiefignifiépar la montagne, &: par
Abraham 3 & comme il s'y faut ap-
procher. 121
V.
JJ*Agnc&n Pafchat. 127.
1 Du tcps de l'immolation del'agneaiï
Pafchal, de de l'an facré & ciuil des
Hebrieux3&:deleur Neomenie. 133
2 Pourqûoy l'an des Hebrieux fut Lu-
naire.,^ comment la Synagogue eft
comparée à la Lune. 138
3 L'agneau Pafchal figure du facrifîce
de la croix & dePEuchariftie. 141
4 Comment hsv s-C h r ist eft im-
molé en l'Euchariftie. 144
5 L'im-
î & D I C E.
5 L'immolation du corps duSauueur
au facrifîce de la Meffè^ confirmée par
le tefmoignage de l'efcricure & des
fainds Pères. 148
6 Comment l'agneau monftroit i'vfa-
ge&lafinderEuchariftie. 151
7 Des cérémonies de la manducation
de l'Agneau Pafchal, 154
VI.
La Manne. 161 •
ï La Manne figure du Sacrement de
l'Autel. 167
2 Correfpondance delaManne ^lu S.
Sacrement de l'Autel. 168
3 Que fignifioit la fernblance du coriâ-r
dre en la Manne. 175
4 Le S. Sacrement gardé au taberna-
cle comme la Manne en l'Arche. 17 j
5 Le pain des Iuifs porte nom de mer-
ueille en figure du mcrueilleux Sacre-
ment de l'Autel. 175
6 Merueilledela puifïàncc de Dieu au
S. Sacrement de l'Autel. 179
7 De la toute-puiflTancedeDieu en la
tranfïubftantiation. 181
8 Ce changement eftvn miracle potu:
les fidèles Catholiques. 184
INDICE.
9 De la mefme puiflance es accidens
du pain & du vin. 186
10 La mefme puiflance vérifiée aux ac-
cidens du corps du Sauueur en la
quantité. 187
11 Merueilles es qualitcz du corps du
Sauueurence Sacrement. 189
12 Admirables rapports du corps du
Sauueur au mefme Sacrement. 19 o
13 Admirables a&iôs du corps du Sau-
ueur. 192
14 Le corps du Sauueur impaflible. 193
15 II eft en plufieurs lieux en mefme
temps. 19 5
lé Le corps du Sauueur defliis lesloix
du temps. 198
17 Del'aflîete admirable du corps du
Sauueur au Sacrement. 199
18 Des habits du corps du Sauueur. 201
ip Cornent l'Euchariftie eft vn recueil
des merueilles de Dieu. 202
20 Comment kfoy prend force de ce
Sacrement. 20J
21 De la bonté du Sauueur en ce Sacre-
ment. 207
22 La charité enuers Dieu , & enuers le
prochain aidée par ce Sacrement.
212
IN DICT.
23 De la fagefTe de Dieu en ce mefme
myftere. 214
24 La fagefîe diuine en enfeignant en
ce myftere. 217
2j Colloque de louange, àrd'aftion de
grâce à Dieu. 220
VII.
Les Pains de Prjpofition. 2 15.
1 Le corps du Sauueur conceu de la
Vierge par l'opération du S. E (prit li-
gnifié par les Pains de proportion
paiftris de farine tref-pure lans leuain,
229
2 Comment- le corps du Sauueur eft
offert tous les iours &: renouuellé
toutes les fepmaines. 232,
3 Le commencement &: la fin de la
communion eft la chanté 5 &: forai-
ion & contemplation. 233
4 Lecorps du Sauueur fignifié par la
table des Pains de propoiïtion. 234
5 S ignification'du chandelier. 235
6 Le cœur du iufte l'Autel des par-
fums. 236
7 Dequoy &: comment nous deuons
remercier Dieu. 238
8 Les vertus neceflaires pour digne-
ï ii
INDIvCE.
ment remercier Dieu3 & le iufte exa-
men de nos adions. 239
9 Souueraine recognoifiànce deuë à
Dieu feul, donnée en l'Euchariftie.
240
10 Le corps du Sauucur viande des
fanftifiez. 241
ir Que fignifioit la table des pains de
propofition5 &les chandeliers mul-
tipliez par Salomon. 243
12 La pureté du corps neceflaire à la
fain<Se communion. 245
13 Ceux qui communient fain&emenc
prennent forces &: armes de la com-
munion.
14 Briefiie exhortation à la puretépour
feprefenterau S. Sacrement. 247
V oblation des prémices de la Pentecojle* 251.
1 Trois feftes des prémices Iudaïques.
262
z La Mefiè oblation nouvelle en la
Pentecofte des Chreftiens. 264
3 De plusieurs traiéts de l'ancienne
oblation refpondant à la vérité du
Sacrement &: facrifîce de la Méfie.
266
4 Du nom de Méfie. 268
j Latranflubftantiation qui fe fait en
ÏNDI CE.
ce Sacrement figurée par le Icuain.
271
6 Le Sacrement Se facrifîcc du corps
du Sauueur fous les efpeces du pain
prédit en l'efcriture5 & enfeigné par
les Dodeurs Hebrieux. 274
7 Tefmoignages des Hebrieux fur la
tranfïubftantiation &r manière en la-
quelle le corps du Sauueur eft pre-
fent en TEuchariftie* 277
8 Tefmoignages des D o (fleurs Chre-
ftiens de la tranfïubftantiation 5 &:
manière de la prefence du corps du
Sauueur en TEuchariftie. 281
9 Pourquoy le Sauueur a voulu que
ion corps fuft caché & non vifible en
ceSacJCcinent. 286
10 Comme la vieille oblation des pré-
mices commença en la Pentecofte,
ainfilanoftre nouuelle. 291
11 La Mefle commence d'eftre célé-
brée par les Apoftres en la Pente-
cofte. 2^4
IX.
1 Le Pain d'Elie figuré du Sacrement
de l'Autel. 30J
x 11;
INDICE.
2 Que fignificTEfcriture parla cuifïbn
du Pain d'Elie ibubs les cendres.
307
3 Quenous fignifîc le fommeil d'Elie
foubs 1 ombre du geneure. 310
4 Le chemin d'Elie depuis l'ombre du
geneure, iufques à la montagne d'Q-
reb3 & de l'eau à luy donnée auec le
pain. 313
5 Signification du pot d'eau. 315
Le facrifice propitiatoire. 31p.
1 Trois efpeces de facrifice. 311
2 Le facrifice propitiatoire qui propre-
ment fignifîoit celuy de la croix.
322
3 Le fécond genre de facrifice propi-
tiatoire figure de l'Euchariftie. 32 j
4 Auec quelle différence les facrifices
& Sacremensludaïques&les Chre-
ftiens font propitiatoires. 326
y Tefmoignages des anciens Pères La-
tins &: Grecs monftrans que le (acri-
fice delà Méfie eft propitiatoire.
6 En quelle façon le facrifice de la
Mefïe3&les Sacremens remettent le
INDICE.
péché puis que la croix eft noftre en-
tière rédemption. 334
7 Le facrifïce de laMefle auecles Sa-
cremens eft honorable à la croix.
337
S Le Sacrifice de laMefle vtile pour im-
petrer de Dieu toute forte de bien , &
qu'il s'eftend à toutes perfonnes 5 fauf
aux damnez. 341
9 Le facrifïce delà Meffe vtile aux fidè-
les trefpafTez en Purgatoire, &: ho-
norable à ceux qui régnent au Ciel.
343
X I.
Les cinq Pains & deux Poijfons. 349
1 Le miracle des cinq pains tableau de
l'Euchariftie. 354
2 En quoy le miracle des cinq pains fî-
guroit l'Euchariftie. 356
3 Les deux Poifïbns figure du mefme
Sacrement. 358
4 Pourquoy il n'eftfaift mention d'au-
cune boiflbn en ce miracle , Se des
1 autres circonftancesd'iceluy. 360
j Pourquoy le peuple voulut créer
Roy le Sauueur, &rpourquoy le Sau-
ueur s'enfuir. 362,
ï iiij
INDICE.
6 Dieu nourrifficr de toute créature^
vraye nourriture de (es enfans. 365
XI L
Le Sapeur prefchantdu Sacrement
defoncorp.^ju
1 Pourquoy le Sauueur fit le fermon
de l'Euchariftie deuant que l'infti-
tuer. 375
2. Première caufe pourquoy le Sauueur
a voulu donner fa chair à manger 8c
fbnfangàboire. 378
3 Remèdes de la chair du Sauueur
pour noftre mifere. 379
4 Deux mauuaifes vnions de la chair
d'Adam auec noftre ame reparcespar
la chair du Sauueur. 381
5 L'orgueil & la fenfualité contraires k
la foy 5 & les premiers ennemis du
fain& Sacrement. 388
6 Expofition des paroles du Sauueur
C'E ST L* ESPRIT QJT I V I V I F I E5
LA CHAIR NE PROFITE RIEN.
LES PAROLES QVE IEVOVS
DISSONT ESPRIT ETVIE. $0}
7 L'herefie toujours charnelle &: a-
moureufe des extremitez. 397
8 Contradiction des erras en leur fau-
INDICE.
fe & imaginaire foy. 400
9 L e fens literal fondement des autres,
contre les mefmes errans. 403
10 Deux fortes de communion la feule
fpirituelle & facramentelle. 407
11 De la diuine fagelTe & bonté , & de la
folie de mefeognoiflance des hom-
mes en ce Sacrement. 409
12 Aux deuoyez de noftre fiecle. 41$
XIII.
Zelduement des pieds» qig.
1 LeSauueurcelebrala Pafque Iuifue
deuant qu'inftkuer le Sacrement de
fon corps. 429
2 Signification du lauement des pieds.
435
XII II.
L'Euchariftie injlituee. 441.
1 Auant-propos de S. Iean déclarant
la grandeur du myftere de l'Eucha-
riftie que le Sauuenr inftituoit. 450
2 Expofition des paroles du Sauueur,
- Cecy est mon co r ps. 454
3 Delà clarté &: dufens deces paroles,
Cecy estmoncorp SjparTe-
feriture &: par la raifon. 457
INDICE,
4 Tefmoignage des Pères fur l'expofi-
tiondesmefmes paroles. 460
5 Myfterieux rapports des paroles du
Sauueur, Cec y est mon corps,
aux anciennes figures, &: à tous au-
tres corps. 465
6 Comment le Sauueur s'offrit à Dieu
en facrifice difant Cecy est mon
corps.. 471
7 Le facrifice &: Sacrement du corps
du Sauueur , inftitué au myftique
fouppermonftré par le tefmoignage
des Pères. 476
8 Le teftamcnt du Sauueur faiâ en
rinftitutiondu Sacrifice & Sacremét
de fon corps. 478
9 En quelle façon le Sauueur ayant fait
fon teftament,laiiïàfon corps à Ces
héritiers. 485
10 Deux grandes merueilles aduenuës
en l'inftitution de ce Sacrement. 487
ïi S. Iean premier en la cômunion des
Apoftres. LEuchariftie le vray repas
&ieprefent du repas. 490
12 Dés paroles du Sauueur, Fai&es ce-
even ma mémoire. 492
13 LaMeffememorialItref-propre delà
Pailion du Sauueur. 496
14 La Meffe ie fefein de dîcu , où il eft
I N D I C E.
fïngulierementinuoquéen la loy de
grace,&: les Chreftiens exaucez, 499
15 La rédemption du genre humain &:
la fin de lafynagogue fignifiees par
l'inftitution de TEuchariitie fai&e en.
en la pleine Lune. 504
16 La fin de la fynagogue & le com-
mencement de la Loy de grâce figni-
fiee par l'Eclipfc de la Lune & du
Soleil aduenuë au lendemain de la
Pafque de de rEuchariftie inftituee.
5°7
i7L'EgIifefignifieepar la Lune, &de
la Pafque &: renouation Chreftiénne.
18 Le Sauueur ayant inftituéle facrifîce
&: Sacrement de fon corps fortit du
logis pour aller au iardin des Oliues.
5*5-
IND ICE ALPH ABETI-
QVE DES AVTHEVRS
employez encefte
œuure.
A
Abdias
S. Alexandre.
S. Ambroife.
S. zAnfelme.
tArifiote.
Athenagoras.
S. zAuguïïin.
B
Baronius.
S. Baftle.
la S. Bible ^vieil &
nouueax Tefta-
w.ent.
S. Chryfofiome.
Ciceron.
S. Clément.
rd'Agde.
2e de Çar-
thage.
de Cbaa-
Con- v Ions,
ciles. jElibertin.
de Njce.
pz Romain.
de Tren -
te,
INDICE»
S. Cyprien. I
S.Cyrille. S.Jean Ddmafce-
D ne.
S. Denis Àreopa- Innocent ^ape.
gîte. lofepbe.
E S.Jrenee.
S. Epiphane. S.Iuftin <J%fartyr.
Euarifle. L
Eufebe. Lampiidius.
G S. Léon,
(jalatinus. Liturgie de $.Ja~
Glofe ordinaire. ques.
S. (jr ego ire. Lyranus.
S. Grégoire de Na- <JM
XidftXe. Martial.
SainélGregoirede Adinutim Félix.
NjJJe. O
H Oecumenius.
Hérodote. Optât Adilemtain.
Hejychipis. 0 rigen e.
S.Hierojrne. *P
S. H il aire. Vajchafint.
Homère. Perfe. *v
DES ÀVTHEVRS.
Philonjuif. S.Remy.
Platon. , Rupert.
Pline. S
Plutarque. Seneque.
Profyer d " Aquitai- Suétone,
ne. y S uidas.
I{ les Sybilies.
rBarachias. ^
lonatbas. _ , r ,
7 i 1 ele phore.
judas. ^ Jr]h
y. t. 1 ertullien.
Kimht. ^j j
isf r ls * heodoret.
Uns. 1 darjan. f ^
rhinee.
Salomon. *U
i Samuel, IJalere le Grand,
TABLEAVX SACREZ
DIS F I G V R E S M Y S T I-
ques du tref-augufte Sacre-
ment &: facrificc de
TEuchariftie.
À VANT-PROPO S,
§)ue cefl que figure y & de combien de
fortes ily en a.
E Sacrement &: fa-
erifice de TEuchariftie eft
vn ouurage deDieu fi haut
&fi grand, que nulle lan-
gue d'homme ny mefme
d'Ange, n'en peut aflez dire, ny en dif-
courirdignemét: Nous enauons di<ft
quelque chofe aux quatre liures de la
iaincteMeffe, réfutant l'erreur & con-
firmant la foy Catholique , nous en
dreilbns encor ce traifté, fans meflee
de controuerie à l'honneur du myfte-
re, en confirmation de ceftefoy, de eu
a
2 Avant-propos
faueur de ceux qui n'auront eu le loi -
iir de lire ceft œuurc-là. Nous pre-
nons pour thème de nos difeours, les
plus notables figures d'iceluy myfte-
re, tracées au liure de Dieu , que pour
cefte occafion nous auons intitulé,
Vinfcrtyion JaBLEAVX SACREZ, Ceft
<icïce»Hre. > ,. , , . , ,
a dire, tables qui mettent deuant les
yeux 5 les images facrees & figures
prophétiques du myftere que nousa-
dorons. Ceux qui auront veu la vé-
rité voltigeant armée en lice de difpu-
te5 prendront encor plai/îr de la voir
ïcy régnant en habit de paix : ceux qui
ne l'auront pasveuë, auront occafion
de fe confirmer fans bruit de guerre , è£
fans caftille en la créance de l'Egiife de
Dieu.
zefuhun& Povr auât-propos de toute f œuure
ufin d< ceji ji nous faut briefuement déclarer .que
étnat-propos. £ . ^ „
cclt que ngure5comme nous iaprenos
icy 3 de de combien de fortes il y en a :
Itempourquoy Dieu a voulu qu'en la
loy de nature &: de Moyfe>fufTent cou-
chées les figures des myfteres de la loy
de grâce: Parla première déclaration,
nous aurons vne générale cognoiilan-
ce des figures, quecy-apres nous de-
chifrerons en particulier, Parla fecon-
SVR LES FI G. MYSTIQJES, J
de nous cognoiirroiiS) que Dieu a trei-
fa^ement vie de cefte façon d'enfer-
^nerfaloy pour la manifeitation delà
gloire , 6c profit de Tes enfans , qui (ont
les deux plans qui font l'aiïîette de nos
tableaux.
Donc pourle premier, nous norerôs Defnitton &
que figure pnnleala naturelle îclo Ion tme%t
nom , fignifie la façon & le traiâ: exté-
rieur de quelque corps : ainfi la forme
exterieure,les lineamés,&: la proportio
des parties d'vne plante ? d'vne beftc,
d'vn homme, c eft fa figure,mais figure
naturelle de laquelle nous* ne parlons
pas icy , eftant ce fubiect du tenement o^«» **
des Naturalises. Parquoy figure felon^f""*"'
noftre fens &vfage prefent^ ceft vne-
chofe fai&eou dreffee pour en repre-
f enter ou fignifier vne autre, & cefte-cy
eft artificielle & s'aopelle autrement . t
peinture , & fe trouue de trois fortes. La mtenfaru.
première eft celle qui donne aux yeux Ptinty*.
t . r l .. J rr.uete.
du corps, reprelentant par lineamcns vânwei*
& couleurs , quelque chofe fans fonner *<#.
mot.qui pour ce eft appeliée par les an- jïJ^T .
ciens peinture muete. Telles font les Num.zi.
images tant de boffe que de tableau, tel ,L" Ch£r""
rut ;e berp et d'airain icttc en ronte par 3,RC<r.$,i^.
Moyfe^les Chérubins, les Palmiers* &
a ij
TUte
peinture.
Vifion,
Peinture
parlante fi:-
condeforte.
Teinture
parlante fur
ynejeiiifte.
troifiefmt
farte de ! e'.n
Une,
4 A VANT-PROPO S
autres images pourtraj&es au teple 4c
SaIorno,Itcm les peintures des faifons,
des vices , des vertus , & autres pièces
imaginaires reprefentées ou par le ci-
feau en relief, ou parle pinceau en pla-
te peinture. A celle forte fc rapportent
lesviiîons qui fe font en l'imagination:
car encor qu'elles (oient aucunement
fpirituellcs, elles fe font neantmoins à
guife de corps obie&ez à. laveuë des
fens intérieurs.
La féconde forte cft celle qui dône à
ioreille,que par contraire qualité nous
pouuons dire parlante- Telles fontles
deferiprions ou fictions verbales quife
font parles Poëtes,ou Hiftoriens,d'vn
arbre, d'vne riuiere, dVn animal, d'vne
tempefte, d'vne vertu , d'vn vice, ou
d'autre chofe vray e ou imaginaire. Ce-
tte forte comprend les narrations qui
fe font pour expliquer quelque figure
artificielle, foit elle prefente oufeincte
comme prefente.Tcls font les tableaux
de Philoftratc-car en iceuxil n'yany
couleur ny peinture , mais la feule pa-
role qui fein<5t les images & figures , &
dechifre les fantafies de fautheur com-
me ayant la peinture deuant fes yeux,
L a troifiefmc forte de fiçures cft vnc
SVR LES FI G. MYSTIQVES. J
chofeouvne action inftitueepour re-
prefentervnmyftere, & fie eft vn my-
ïtereciuil ou profane, c'eft vue figure , ,.„
cuule ou profane, comme citoient les
hieroglifes des vieux Egyptiens,confi-
ftans en certaines figures de beftes ou
d'inftrumens,mifes pour fignifier quel-
que chofe cachée : ainfi vn Crocodile
eftoit la figure d'vn trahiftre 5 l'aigle , la CrQCodil<-
figure de lame. Si c'eft myftere de reli-
gion , c'eft vne figure facree. Ainfi la
manne eftoit vne facree peinture, non
de couleurs ou de paroles, mais de li-
gnification. Ainfi la Circoncifiô eftoit
vne action lignifiât & figurant le Bap-
tefrne. Cefte figure eft autremët nom-
mée Allégorie , peinture & expofition *%fri*
myftique,contenât en foy vn fens fpi-
rituel5cogneu aux gens fpirituels3& ca-
ché aux grofsiers.
Cefte dernière forte faict le fubiecT:
fondamétal de nos facrezTableaux de
TEuchariftie, car noftre principal but
eft d'expliquer les chofes, & les actions
remarquables inftitueesen la loy de na-
ture & de Moyfe , pour fignifier le fa-
crifîce &: Sacrement du corps du S au- —
ueur : Neantmoins en defployant le
volume de ces figures, nous auons vfé
a iij
6 Avant-propos"
de Fcntremife de toutes les autres pein-
tures , de la première , aux tableaux
grauez,efquelseft couchée la peinture
lapcinture nlllCtc,dela féconde, en l'explication
y«»»««jw.Iiterale defdi&s tableaux, donnée de
Unte. parole. Nous auons aufli faift main-
tes faillies en recommandation de \x
vertu , & en deteftation du vice, pour
l'inflruclion des mœurs, &: fouuent ex-
cité les perfonnes à la contemplation
&amourdelapatriecelefte, touchant
Quatre fens . „ , r , .
vfiuxen M- Par ce m°ie les quatre fens cardinaux,
ernure. qui communément fe trouuet es thre-
s. Tho.i. {orscieIafainâe Efcriture, leliteralou
par.q.i.arc. u . \
io.ex s. hiltoue qui vale premier,! allégorique
Grcg.Lto. oufiffuratif/quieftrefpritduliteral, le
mor.c. t. t • ' i • r i
Lehterai. tropologique ou moral , quirormeles
^ffrt«e.mœurs & l'analogique qui monftre
te Moral. i.c f> ! • r T r 1 n. 1 t_
^^ l'hghletnomrante. Leliteral eitlaba-
2<". fe des trois, l'allégorique eft la lignifi-
cation myftique du literal , le tropolo-
gique eft le fruicl: de lVn &: de l'autre,
l'anagogique eft la fin de tous. Et en ce-
fte façon auons nous comprins quatre
fortes d'expofttions, &: trois fortes de
peintures pour enfeigner auec fruicl &:
plnifir , le plus grand my ftere de noftre
w , , . religion: car s'il nV a autres meilleures
Méthode vu- . '*2 .. , J .
UpUifante. M plus vtnes méthodes que ces quatre;
SVR LES FI G. MYSTIQVES. J
& s'il n'y a rien qui plus délecte, ne qui
face plus fuauement glifler vnecbofe
dâsl'ame, que la peinture: ne qui plus
profondement la graue en la mémoire,
ne qui plus efficacement pouffe la vo-
lonté pourluy donner branle, & l'ef-
mouuoirauec énergie à aymer ou haïr
l'obiect bon ou mauuais qui luy aura
efté propofé,ie ne vois pas en quelle
manière on puiffe plus profitablement,
viuement , de delicieufement enfeigner
les vertus, les frui&s & les délices de ce
diuin & facré mets du corps du Fils de
Dieu,qu'auec les fufditesexpofitions^
&auecTair decefte peinture triple , de
pinceau, de parole,& de lignification.
Simon effort encefte matière vraye- ^^/f***
111 "*tns <- «re-
nient Chrcftienne Se digne de l'oreille^»*.
de tout homme d'honneur , apporte
quelque profit ôdufrre à noitrefoy, &:
quelque profit fpirituel au public , co-
rne ie le defire de tout mon cœur: la
louange enfoittouteà Dieu, qui m'a
fourny l'efprit & le corps , l'ancre & le
papier, pour efcrire.Et iï à l'exemple de
ces tableaux Chreftiens, les bos efprits
prennent occafion d'vfer de femblable
méthode f efgayans fur quelque digne
£ubiec\pour enfeigner auec honnefte
a iiij
8 Avant-propos
rccreation & profit,le moyen de fuiure
la vertu &: fuir le vice,i'en auray vn fin-
gulier contentement & foulas pour ma
part, & eux en receurontrecompenfe
d honneur &: de gloire de la main de
celuy qui nelaiife aucune bonne œu-
ure faicte pour fon nom , fans loyer , ny
aucun mal commis contre fes loix/ans
peine.
Certes pour dire cecy en paflant, c efl:
vne mifcre autant digne de compaflion
que de honte, que plufieurs Poètes de
O rateurs parmy les Chreftiés,& nom-
mément en noftre France, employent
la bonté & fertilité de leurs efprits, "a
eferire des comptes, des fables , des
amours, & autres chofes, ou inutiles,
ou pernicieufes.&s'cfuantrent comme
****gm*. Araignes a tiftre des filets aux mou-
ches & œuures de vanité, quittât mille
beaux fubieéts fur lefquels ils pour-
roient auec louange éternelle faire
courir la poindte de leur flyle: C'eft
grande honte au nom Chreftien de
voirvn Pindare Payen ,vn Euripide,
vn Virgile5vn Appelles,vn Philoftrate
&séb!ables Aucteurs prophanes^tra^
uailler fi foigneufement à defcrire,cha-
ter, peindre &reprcfcntcr leurs Capi-
SVR LES FI G. MYSTIQUES, p
taines , leurs geftes , leurs Dieux, leurs
vices 8c leurs vanitez, pourla gloire
de leur fuperftition,&: plufieurs Chre-
ftiens ne fçauoir choifir ny vne matière
ny vne façon propre du nom Chre-
ftien, pour efcrire Chrétiennement à
la louange du vray Dieu, à l'honneur
Se luftre de leur religion. Chofe déplo-
rable encor d'en voir d'autres tremper
le pinceau &: la plume dans les bour-
biers & cloaques des chofes profanes, r^, *
& en drefler des tableaux d'abomina-/c4^.
tion&r defcandale, & eferire & pein-
dre de tels fatras & vilenies plus profa*
nement que les profanes mefmes^fans
fe foucier de perdre leur ame5moyen-
nant qu'ils gaignent quelque bruit de
réputation parmy les âmes légères. Et
quelle folie funefte, d'acheter à fi hau-
te enchère les fumées de vanité ? d'en-
courir l'ignominie & peine éternelle,
pour mettre fon nom au vent, de eftre
eftimé des fols , gentil artizan de folie?
Mais venons au fécond poinct deno-
ftre Auant-propos,&: déclarons pour-
quoy Dieu avféiadis des figures preal-
lables à la lov de srrace.
io Avant-propos
Les caufesjvfages ffl effeéîs des figu-
res de l eJcritureSamcte.
Este encorss à déclarer fc-
iô noftrepouuoir, pourquoy
laprouidencediuine a voulu
vfer des figures preallables en
laloy dénature &: de Moyfe,deuant
quenuoyer fon Fils, pour eftablir la
fienne en propre perfonne.
Svr quoy nous difons en gênerai
queceft pour déclarer qu'il eft Dieu,
&c pour enfeigner profitablement fa
créature, & prouuonsainfi noftre dire.
La manière d'ouurer Familière à Dieu,
ceft de parfaire fesœuures admirables
Dieu corn- r j • i o
mmce bardes™* des petits principes & commence-
ftëtisçriméi- mens,&; faire paroiftre qu'il eft Dieu
**• aux chofes petites, aufsi bien qu'aux
grandes , &: aux commencemens &
progrés, aufsi bien qu'à la fin.
E*fe cmatïo ^ N creant Ie monde 5 il commença
prie ri™, par le rien, & enlegouuernantil con-
nue la production des créatures, parla
femece d'icelles, qui n'eft prefque rien,
&: qui eft digne d'admiration, cefte fe-
mence contient enfapetitefTe, tout ce
qui en doit naiftre par après. Cefte
SVR LES FIG. MYS TIQJE S. H
méthode eft conuenable à manife-
fter clairement fa fagefTe^puiiTance Se
bonté , &: fort propre pour fuauement
apprendre l'homme félon fa capacité.
Qui voit vn bel & grand palmier bien
branchu,toufFu,& chargé de datte$,ily *«•!&■
adequoy admirerle Créateur en celle t^ ^
creature5mais celuyqui contemple lcig$chofism
petit noyau dont Bout cela cHCotty ^lzleu.rifourcts
racine5le tronches brâches, les fueilles,
&:le fruictde l'arbre, il magnifie dvn
coftécefte fagefle diuine, qui par Tin-
ternalledu commencement à la fin, &:
de fesbauchement à la perfection de
ceft arbre , enfeigne fi proprement la
grandeur.par l'oppofition de la petitef-
fe, de l'autre il admire fon infinie vertu,,
qui d'vn fi petit germe a peu produire
de fi grads efrefts : &: loue fa bonté, qui iàfi^ffeât
enafaitprefentàrvfagederhommc. v jeu admira -
Ceste façon eftauflî claire que merW «*/*/«» g/v
ueilleufe en tous les membres decerc^"»'™^»*
Vniuers:mais tres-illuftre & tref-admi- */* *'«*;
rable en la Monarchie que ce mefme
Dieuaeftablie au règne defonEglife,
dont lesfondemens ont efcé rnerueil-
leux en la loy de naturelles progrés en- î*rtné& £
cor plus en la loy des Iuifs, mais lac- h
compliflement fiait en la loy de grâce,
12 Avant-propos
furpaffe toute admiration. Les fonde-
mens en la loy de nature, & les progrés
en celle de Moyfe,font merueîllcux,
parce qu'en leur petiteffe , ils conte-
noiét le modelle &: la figure de la gran-
inUUy iedcuv de la loy du Sauueur , & en cefte
**?■ loy du Sauueur, lacheuement eftinfî-
nicmct plus admirable en ce qu'il con-
tient laperfedion detoutcequiauoit
eftéiadis fonde &: figuré en l'vne &: en
l'autre loy : Et c'eft ce que fouuent l'ef-
criturc nous met deuant, comme vn
clair argument de laMaiefté du Créa-
Toute» ^-teur. S. Paul eferit que toutes chofes
z»re aux aduenoient en figure aux Inifs , c'eft à
i. côr. 10. dire , que la vieille loy eftoit vne pein-
ture delà nouuellc; Et le Sauueur pro-
rniotu. tefte fouuent qu'il veut accomplir la
Mact.5 .18. i0y5 iufques a vn petit iotta, c'eft à di-
re, que la loy de grâce eftoit l'accom-
pliffement des anciennes loix.
JX**t'ffl On Dieu s'eftdiuinement fait paroi-
an report itre Dieu , en celte œconomie , &: rap-
ëî cf»[ti port dcs chofes paffees auxfutures,&: R
fiafleei aux l n . . l ■. r .
pentes, elloignees les vnes des autres, n ïamais
Tfutfçtuat. en aucun autre efFeét. En premier lieu,
predifant ce qui eftoit à venir,il a mon-
lire auoir deuant (es yeux prefentes
toutes chofes, fiiflcnt elles paffees, ou à
' SVRLES FIG.MYSTIQVES. IJ
venir (marque de fupremediuinité:) car ^.
fans cefte fciéce il n'euft peu ordonner pçrXeUs
& prédire tant & fi beaux dcfTeings des àHftsfit*
my ftercs qui ne deuoiet eftre effectuez ZZT
qu'après la fuite de pluficurs miliers Eu, 41.15.
d'ans , ny faire & moftrer des lineamés ^a^rr^h'
Idelaloy deMoyfe enlaloy dénature, tionc.
& faire en la loy de Moyfevn corps de
figures qui reprefentafient la loy du
JMeffie3comme nous voyons auoir efté
faicV. Caria circôcifion donee à Abra- udrcomU
ham5la mer Rouge5le defert,la mâneja-^**
motagne deSina5les facrifices^les ccre-
monieSjCnfomme tous les myftereslu-
daïques 5 nettoient que tableaux &
peintures de ce corps 5 cotenans en fi-
gnification noflre vérité. Qui doc euft
içeu tirer ces trai&s fi diuins 5 de temps
en temps, de Caifon en faifon > finon ce-
luy qui tient en fon bureau la feience
& la face des temps &: faisôs^&r de tou-
tes choies paflecs , prefentes de à ve-
nir ? Et qui euft peu accorder lepaffé^^*'r"
auec le prefent , Se le prefent auec le
pafle: qui euft peu ioindre la figure au
corps , & le corps à la figure : l'ombre à c.»fr* Us N
la vérité , & la vérité à l'ombre, Û auec **
fi belle fymmetrie, parfaire louurage
de point en point/elon te vieil deiîein,
14 Avant-propos
fînon celuy quipeut tout ce qu'il veut?
Comme cefte façon d'ouurer par pc--|
tis commencemens & figures , abou-
thTant à la perfection &: à la vérité , par
des moyens proportionnez au com-
mencement &: a la fin , a efté conue-
nable pour tefmoigner la maiefté de
Dieu , auffi a elle efté neceflaire pour
Ma»*™ jnftruîre jcs Iuifs en la loy d'enfance.
dent entier , J *
ferfivtra &: merueilleulement propre pour ren-
mettre dreparfaiûs les Chrétiens enla loy de
*&vtUeïù* perfection. Les Iuifs eftoient rudes de
c%i^«s. cnfans:Etleur loy eftoit vn pedago-
f^7tW4"gue: Dieu les apprenoit par figure, les
Cuiac. 3. 14. menaçoit du fouet , leur promettoit le
laid àc le miel ^c'eftoit les enieigner fé-
lon leur capacité, les brider par leur
frain, &les attirer par leurs cordeleces.,
VUto». Platon di(ft que les ieunes gens doiuét
commencer leur efchole par la Mathé-
matique , parce que ceft vne feience
qui s apprend par des chofes qui leur
agréent, par des lineamés, par des triâ-
g!es,quarrez, Cylindres, &: parimages
qui gliffènt doucement dedans l'efprit.
Ilfalloit doncappredre la religion aux
Iuifs enfans , par figures de religion
l>fet<b come alphabets familiers à l'enfance,
UslnlîV & tel eftoit Ivfage d'icelles entfeux,
SVR LES FI G. MYSTIQVES. !J
mais entre les Chreftiens, il eft autre,
les Iuifs mangeoient les figures par
lefquel'es ils eftoient enfeignez , leur
agneau Païchal , leur manne , leurs fa -
crifices , leurs offrandes & les autres
plus remarquables , & en icelles s'ils
eftoient ipiritueis , contemploienr la
future venté delà loy de grâce. Les
Chreftiens tiennent la vérité prefentecjT^^
6c en icelle contemplent les figures paf-
fees fans en plus vfer à la façô des Iuifs,
delaquelle contemplation ils retirent Trusts fou
plufieurs fonds. Le premier eft qu'il* cf»'f***
admirent cette (uprcmeiagciic^voyans Mm^mn
qu'elle a dés le commencement fi bien^ uJ"dn9%
fondé le règne de fon Fils5& conduit àJ^pvlu„t%
la perfeâion de la loy de grâce, par des
principes il petits en apparence, & fi
grands en fignification:voyans qu'elle
a fi diuinement couchélesviues & der-
nières couleurs de la loy de grâce, fur
les ombres de lineamens qu'il auoit tra-
cez en l'ancienne loy. s"Qffïult;
Le fécond eft qu'ils admirent la- m ef- dèuluint
me fageflè contemplains le beau rap-/«sf/e a*
port du nouueau & vieux teftament, (e ^f«^Lr«-
regardans fvn l'autre, corne deux Che-fe fe reXar-
rubins accarrez deuât l'àrché, l'vn cô- fns, ******
tenant îe pourtraict ventabïc3l autre îa eXo, 15.
jG * Avant-propos
viue vérité , l'vn difant,le Mefllas vien-
dra , Tautrcle Meflîas eft venu, l'vn , le
Mefsias endurera la mort de la Croix,
l'autre,le Mefsiasa enduré la mort de la
Croix^l'vn^eMefliasinftituexavnSa-
cremét &facrifice éternel de fon corps,
l'autre, il a inftitué leSacrement & fa-
crifice éternel de fon corps? & ainfi des
autres myftcres.
Ces deux admirations nous appor-
T»»? /««#' tent trois autres fruids. Premièrement
^ufoyconfir- e^cs iHuftrent noftre foy; Car quâd les
mue. myfteres que nous croyons, nous font
déclarez par les figures & prophéties
dônées plufieurs ficelés auparauât5no-
ftrefoyprédfôds Sa-acinelurlauClori-
té & certitude des chofes pafTees. C'eft
pourquoy l'eferiture voulant plâter ce- >
ftefoy renuoyefouuent l'auditeur aux
tableaux &: tefmoignages de l'ancien-
xtiaJeme m- ne loy. Ainfi le Saoueurfaifant fidèle
Fs" '^f-CQ fien difciple fecret , Nicodcmc, illu-
I0.3. ftre le my ftere da faPafsion par Ihiftoi-
Serptnt. rc ju ferpcnt d'airain iadis érigé au de-
fert en figure d'icelle pafsion: Ainfi in- ,
finuaillavi&oiredefarefurrcâionjpar
le naufrage &: faillie de Ionasdu ven-
\anM' tre de la Baleine: Ainfi les Euangeliftcs
loin. a. „ . ° r
i.M»t.u.u& Apoftres vfentiouuent du teimoi-
çnage
|
SVRLES FÎG. MYSTÏQJES. Vf
gnage du vieil teftament,pour donner
pied & crédit à la foy qu'ils enfeignent.
S e c o n d e m e n T.ces figures affer- *¥"#?■
minent noitre efperace^car voyans que miCt
ce que Dieu auoit iadis figuré &: prédit
cil fidelemét accomply, nous fommes
induicls à efperer que ce qui nous eft
prédit, le iugement 3 la recompenfe , la
gloire, la peine & le refte, s'accomplira
auecmefme fidélité. Finalement elles WfP™ d"
enfiament noitre amour enuers Dieu,^^
parce que cefte contemplation des fi-
gures lointaines 5 rapportées à la vérité
prefente, nous fait voir l'Eternelle cha-
rité de laquelle Dieu nous a aymez,
nous préparant parvne fi longue pre-
uoyâce,le bien qu'en fin il nous a don-
ne, nous en promettant toufiours da-
nantage, & parce que l'amour & les
bien-faidts engendrent l'amour, c'eft
pourquoy.fi nous ne fommes defnatu- *•***»«* •**
*■ x J . ,y> vendre l a*
rez, nous'croiiions en amour enuers „ourm
Dieu par celle méditation. Ce font les
caufes,erTeds &vfage des figures. Refte
d'entrer au temple de Dieu pour y voir
les facrez tableaux du Sacremët & S a-
crifîcc du corps de fon filsDextraicls des
cayers de fon facré teftamér, expliquez
par fa parole^ £c félon la doctrine de fes
b
18 Avant-propos
diuins peintres & efcriuains 3 truche-
mens de cefte fienne parole.La peintu-
re muette fera pour vos yeux :1e narré
pour vos oreilleSj&Texpofition de l'vn
& de l'autre , feruira à vos efprits. Le
premier eft du Paradis terreftre 6c de
l'arbre de vie plâté en iceluy3tous deux
pein&s en ces crayons.
19
bij
21
LE PARADIS TER-
reftre, ^J ï Arbre de
"vie.
Hrestiens lpe£b-Gcn.i.s.
teurs, vous fçauez que
ceft admirable Chroni-
queur & diuin Cofmo-
grafeMoyfe, dit en l'hiftoire de
la création, que Dieu auoic planté
au commencement vn iardin de
volupté vers l'Orient , auquel il
mit l'homme qu'il auoit formé.
Ceft cefte belle & fpatieufe ré-
gion que le Peintre vous repre-
fente en ce tableau. Elle eft haute
d'afliete, riche de biens, rare en
beauté , gracieufe en feiour, &
abondante en toute iorte de déli-
ces. La terre y eft en quelques en- laterrej-
b iij
12 L ARBRE DE VIE.
droi6ts applanie en platte campa-
gne 3 en d'autres releuée en petits
tertres & collines 5 chargées de
£'^. plantes ôc d'arbres (\e rare bonté.
Au lieu où elle eft la plus haute,
vous y remarquez vne fontaine
qui furgiflant à gros bouillons, &
fe formant en riuiere^ferpéte &ar-
roufe toutleiardin^verslafin du-
quel elle fe diuife en quatre chefs,
& fait quatre grands fleuuescou-
lâsendiuers endroi6ls de la terre.
'w Le premier defquels appelle Phi-
fonietteau bord le fable d'or, ôc
plufîcurs belles pierres precieufes,
mais perfonne ne les ramafle, par-
ce qu'il n'y a encor qu'Adam &
vair. Eue au monde : leurs enfans les
cueillirot après. L air y eft tre£pur
&treffubtil: c'eftpourquoy vous
n'y voyez aucune marque de nua-
ges ou broùillars, le Soleil luifant
toufîours clair & brillant. Quant
eft du feu, qui eft l'élément le plus
l'arbre de vie. 1$
liautahvlfetiétcoy en Ton règne u*tH%
furrair,ilcotribue neantmoins la
lueur & chaleur d'vne douce tem-
pérature^ guife de flambeaux du
ciel. Cefte gaye verdure dont la
: terre eft tapiflee par tout, &r ces
\ fleurs odoriférantes, qui vont dia-
; prant de mille couleurs cette ver-
dure, &ceiles qui font efpanies aux
arbres, monftrétle Printéps , auec
lequel les autres laifons font lair™J*?n
quartier enfemble, & partant l'E- Le '«»-
fté a ja fait iaunir la moiflon en ve$l
celle rafe capagne, & meurir plu-
lieurs fruicts de la cueillette en ces
prairies & vergers voifins. Com-
me aufli l'Autône monftre les bel-
les grappes de raiiîns meurs en ces Vjtltomne-
collines-là, combien que la vigne
ne foit encor plantée & cultiuee
parNoé.i/Hyuer donefon repos VH3mu
lans aucune rudeiTe de froid , car il
eic radouci, partie par la lueur du
h 1 -1 • x 1 • C Vov.S.Ba-
poieu, qui tous les loursiette les &./, parad.
b iiij
24 L'ARBRE DE VIE.'
clairs rayons fur riiorifon de cefte
diuine région , fans s'efloigner
beaucoup vers le Sud : partie par
riialeine moitement chaude des
vents Méridionaux, qui foufflent
doucement à trauers pour rabbà-
trela pointe de l'air refroidy. De
manière que c eftvn perpétuel ac-
cord des quatre faifons, le Prin-
temps tenacle deffus. Ces bois de
- haute fuftaye &: ces taillis efpais,
faoyfttux. lont pleins de petits oyiillons^qui
font retétir l'air de mille fortes de
ramages, & fur tous lesroffignols,
quia l'enuy &i àplufîeurs chœurs
mufiquét tout le long de l'année:
mais le Peintre n a fçeu reprefen-
ter à l'oreille cefte douce narmo-
niè,comme il reprefente à l'œil les
oi{eaux:,&fur tous celuy qu'on ap-
pelle l'oyfeau de Paradis^ulpendu
en l'arbre de vie,& l'autre qui vole
s'elgayàt enrair,petitde corps aux
grades &logues pennes par tout^
l'arbre de vie. 1%
&c diuinement coulorees : fa tefte
cft jaune, Ton col émaillé d'vn vert
gay,fes aides teintes detanépour-
prin j & le refte du corps d'or pail-
lé, citadin du ciel,beau par excellé-
ce,&admirable en ce qu'il eft tou-
jours en l'air , {ans iamais toucher
la terre , aufïi n'a- il point de pieds,
& quand il fe veut repofer,il s'ac-
croche aux arbres, auec deux plu-
mes lon<*ucs,faicfces en faço de fi-
lets d'archal : ainiî qu'il eft repre-
fenté là. Ces Lions ; Elefrns, Ty~
grès, ôc autres animaux que vous
voyez en diuers endroits, ne font
point cruels,ny félons, mais doux Tnmfmn
& obeylians: auiii huen en a au^,^(-fj
cune peur, non plus qu'Adam fon j£jg ^
mary, qui fe pourmeine fcupres»M
d'eux coftoyant ces bois, dé par. s.'
Ce qui eft déplus exquis &pîus^scL^tc
admirable en ce iardin, c'eft l' Ai- Varbre de
bre de vie, ou de vies,fe!on le mot
Hebrieu,planté au milieu des au-
26 L'ARBRE D£ VIL
très, ainfî appelle, parce que fon
frui£teilde telle vertp, qu'il peut
non feulemét nourrir pourvn ceps
le corps, comme les autres fruidts,
mais encor reparer toutes Tes defe-
d:uofîtez,& luy donner la vigueur
dVne vie & force immortellemét
erdurable^ corne Dieu a fait en
F;
homevnabregé de tout l'vniuers,
demefmea-ilramafTé la vertu de
sie^ u toutes les plâtes& arbres en ceitui-
^nLt^cy-Etcrois-ieque c'cft l'ambro-
u mon g/ SIE ^ je NECTAR ou les plantes
«'• appellees Nepenthes & Moly,
Suidas. rr, . -,
nepen- que les anciens Poètes ont dit par
yinfteffcf' ambages fabuleufement vrais, a-
uo ly ^uoir la force défaire raieunir, pre-
tnejrne vertu. J 1
piin.i.i5.c. femer de la mort, &c chalfer toute
: . Véxhn de forte d'ennuy & dançmifle.
faence de oie s~* A. N f\_
crd*m*i. C E premier qui eit a coite gau-
chevers ÏO ccident,c eft l'arbre de
feience de bien <k de mal, chargé
de pommes, belles à voir & deli-
cieufesau go'uil.Eue,quie{tla de-
L'ARBRE DE VIE. 2J
boutées conté pie d'vnœil &: d'vn
fentiment ambitieux, & en man-
geroit volontiers, n'eftoitqu elle
elt aduertie par (on mari, que Dieu
la défendu. L'ennemy du genre
I humain picqué d'enuie,&: vaillant
\ en guette, s'eftant apperceu de ce
i regard mol& curieux, predi oc-
i canon de la feduire , &c reueftu du
« corps d' vn ferpent , animal caut & *
: fin, qualitez agréables à ce trom-
: peur,a jalié le tronc de l'arbre,gy-
ratpar plufîeurs cotours & replis,
pour monter &parleméterd'en-
Iiaut auec elle, & iuy perfuader d'e
prendreda pauurette en va mâger,
ne fe doubtantny de la fraude, ny
de la mort cachée en embufche,&
qui pis eft,elle perfuadera fon ma-
ry Adam , de faire le mefme. Las!
cobien cher couitera ce morceaul
Combien funeftefera ce coup de
dent ! & combien de playes & de
morts formuleront de celle mor-
2$ l'arbre de vie.
j™»lrefaift fiirelHalbone mcre ne preftez pas7 1
j^M^Toreille ace malin abufeur , qui a ;;
mis la reuoke au ciel dont il vient V
d'eftre precipité5&plein de fureur i
&de rage^ne cherche en terre que I
voftrecofufiomgardez vous pour 1
Dieu, de toucher à ces pommes, f
feules defendues,puis qu'il y a tant I
d'autres mets en la table de ce iar- 1
din de delices^n oflfenlez pas pour I
vne petite friâdife , la maiefté dvn I
Seigneur qui vous a fai6t tant de I
f$ biens & faueurs! Qu e fi vous auez *
contrains en
quainé de vie enuie de maçer quelque fruit ex-
& de mort. , ,. Y if 1 ^ 1±
quis& diuin^hauiiez la main a celt
arbre de vie , & non à cettuy-cy
de mort , Se ne vous tuez point
vousmeime, & toute voftre race
en vous, par vn crime d'énorme
mefcognoiflance, commis auecfî
peu de fubie£t ! exeufez moy fpe-
d:ateurs5la peinture me tranfporte
& me faidt parler à cefte image
comme fi c eiïoit Eue mefme.
L'E G LIS E DE DIEV
DEPEINTE AV PàRA-
dis terreftre.-
I E V nous enfeigne les'cho-
(es ccleflespar les terreftres,
BC les fpirituellcs , par les cor-
porelles. Cebeauiardin quia
efte cy deuat reprefentô,felon Fhiftoire
de Moyfe, par deux crayons diuers,Fvn
de la peinture, l'autre de la parolle,
eftoit la figure de FEglife de Dieu , que Lwf/s
Fefcriture appelle tantoft iarçlin , tâtofr f -lr iin-
vigne plantée par la main du toutpuif- \ç^z'l4'6u
fanr.Et certes fi ce beau lieu tcrreflre fi- Apoc. ù
guroit quelque demeure, il n'en pou-
uoit figurer aucune plus raifonnable-
ment , que celle où Dieu règne, c\r eu- ^G"S-^
ure hnguheremcnt , & ou les enrans s. Au.i.g
Font diuinement nourris , qui eft fontlf Gcnd*
Eglife,demcure diurne des hommes. &
payement efleuce fur la terre, d'autant
quelesdefirs des SainCts qui la corn-
JO LARB RE DE VIE,
pofent, habitent au ciel , demeure plei-
ne de délices fpirituelles, vray palais &:
S.Aognft. feiouv des enfans de Dieu. S. Augu-'i
u.c."" ^in ayant confirmé que ce iardin auoit
efté vn lieu corporel 5 & tel félon Ici
fcns literal que Moyfe le defcrit 3 il
déclare dequoy il a efté la figure4 ,di-
Larie des fan t. Le pdrddis ejl la yie des gens de bien\
j s, ?*{*- £cs yftaîre j{emçs ^ [es quatre Vertus cardina- 1
les^afcauoiria prudence^ U force 3 latempsÀ
rance 5 la îujiice } les arbres ^font tous les arts A
7 a quatre £?» lesfruiùls des arbres >font les œuures desï
j< cuites. $ ^ yien. l'drlre de 'vie Jafapience mer A
L'arbre de cS 1 r 1 l ■ J
■vte, de tous biens : [arbre defeience ae bien & dé
L'arbre de mal ^ l'expérience d'y n commandement transA
grejsé. Et adioufte pour remarquable &z\
leçon de lignification. Toutes ces ebofesf
Le Pendit pcuuent efire entendues de l'Eglife pour ejlrd
tenejh-e i'z- mieux receues comme fignes prophétiques de A
& ** udneiers de ce qui ejloit a venir. VEglife donc
Canr 4. eft *m P*radïs mentioné aufi du Hures desï
Cantiques. Les qudtre jleuues font les qudtri
Euangilesiles drbres fruicti ers soties Sdinc~ls\\
les fruits font les bonnes œuures : t arbre de
y h , cefi le SdinEï des Sdinfrs I E s V d
s.Ai^.Iij. Ckri st: t arbre defeience de bien & dû
<fc «aitcL mcli^ [e £rdnc arioitre ({e [d yoi0?né , A tan t S J
Auguftin alcgorilant furcefte hiftoiirej
du Paradis terreftre.
l'arbre de vie. 31
Des biens ç£r* qualité^ de ÏEglife au
-parangon du Taradis terreflre.
N l'Eglife donc on voit fpiri- . . -,
fl » r j, Orientât
tucllemcnt tout ce qui corpo-jE^.
Tellement eftoit en ce iardin
de délices •* elle a fon regard vers l'O-
rient : car c'eft elle qui eft toufiours
tournée à I e s v s-C hrist vray O- IefUi C*H/*-
rient, &: ainfi appelle : Orient qu'elle 2^a!j. u.
regarde, ou adore contemple , aime,&:
admire toufiours , en ligne dequoy les
temples matériels des Chreftiensfont
tournez à l'Orient, au lieu que celuy lesq**tre.
des Iuifs regardoit le Ponant. En icelle^"""''
on voit l'accord des quatre Euangilcs,
&: Euangelift.es, fondemens & fources
de no (Ire fov, comme quatre elemens,
& quatre fleuues vniuerfcls.Le Soleil ^ $oUilm
deiuftice,cuieft Dieu, y luit toufiours:
les Sacremens, le Baptefme, la Confir-
mation, la Pénitence, & les antres :!es
Vertus,laFoy,rirperace,laCharité:LC tesarlres &*
femblablescelcftesqualitez,y tiennent ïlantes-
le lieu des arbres &: plantes : les fainftes
adiôs des iuftes,font comme fa verdu-
re ; fes fleurs , Tes fruifts , & les fouëfues
odeurs. La parole deDieu,ies eferits des
ta verdure.
32 L ARBRE D £ VÏÊ,
Vor & hs Saincts, leur éloquence 3 font l'or & les
fer perles produites des quatres diuins
LesoyfUons- fleuucs de l'Euangile ; les oy filions qui
châtent en ce Paradis , ce font les âmes
dcuotes5quien tout temps refonnent
de cœur &: de bouche & par bonnes
Lesoyfeaux œUures, les louanges de Dieu 5 les oy-
fcaux de Paradis, font les Chreftiens
parfaicts, dont la conuerfation eft tou-
jours au cicl^dont les penfées.defirs de
œuures font toutes dorées, de flâboyâ-
LesUont* tcs de charité,commc plumage d'or 8â
depourpre.LesLyons^lesOurs, &les
Tygres Vautres nobles animaux«mar-
quentlesRoys & potentats Gbréftiés)
quinonobftant leurs grâdeurs &pui&
fances, obeïlTent, corne les plus petits,
à la voix du Sauueur parlât &: côman-
L>i'fe f.gu- àânt parles gardiens &:paftcurs de fon
r<d*ctc Eçlife.CeftcÉslifedonceftvn Paradis
en terre^ngurée par ce premier-là;& el-
le m cf in c eft la figure du futur Paradis,
qui n ous attend au Ciel , figure de tant
plus diuine,que les délices de lame quil
{c treuuct en elle , fout plus précieux &I
plus approchans de la femblance de laj
vraye félicité, que les prefens corporels!
contenus en ce jardin terrePcre.dreilcl
pour le premier Adam. Venons à L'arJ
brJ
L'A R B R E DE VIE* 35
• bre de vie 5 ornement de ce Paradis, ôc
propre de noftre fubiecl.
Le S. Sacrement de ï Autel ^ figure
par ïoArbre de vie.
3
\A r b r e & le fruift de vie Vayhrrede ,
plante au milieu du Paradis s. sacremet.
terreftre : eftoit la figure dePa^cafmsI-
Iefus-Chrift &: du Sacremet D0m.Cc!P7\
de Ton corps. Lliôme eft vn arbre, dit L'h'ome «•*-
PhilonluiÇapres Platon^mais vn arbre ^ffi^%
celefte &: renuerfé $ car les arbres terre- 1. de planta
fïres ont la tefte fichée en terre , àfca- ^oë^CI .
uoiriaracineanommeau cotraire^ala L'aueugU.
fienne efleuée au ciel. Il eft doncvnMatth. 7*
arbre celefte & diuin. Le Sauueur aufîi jj^ ^'
côparefouuent l'home de bien au bon
arbre, & le malin au mauuais.Et l'aueu-
gle qui fut par luy guery5eftant interro-
gé s'il voyoit quelque chofe, refpondir
qu'il voyoit des hômes^comme des ar-
bres marchas fur. terre. Or fi ceft arbre
merucilleux eftoit la figure de quelque
hommc,&de quelque viâde3que pou-*
uoitil plus dignemét figurer en l'Eglife
de Dieu, que Iefus-Chrift ? homme &
Dieu 5 ôcfon corps la plus diuinevian^
€
frémi et
tr-sicl dt la
Ç*mblance de
V arbre de vie
au SainCi
Sacrement.
col.l. 9.
VB.Hchari-
ftieaecom-
flijfement de
iota lesan>
ciens facrifi*
ces.
S.Aug 1,1.
cont.aduer.
Icctjs c. i3.
54 l'arbre de r-til
de de toutes ? Mais pour bien cognoî-
ftrela corrcfpondâce de cefte peinture
à la vérité, il nous faut noter les traits
du vieil my frère, & les rapporter aux
qualité^ du nouueau.
Rapports de l'arbre de vie au Saintâ
Sacrement de ï Autel.
4
E s pourfils & les traids
delà peinture & femblan-
ce entre noftre Sacrement
&: Farbre de vie , font ceux
cy. L'arbre de vie eftoit
Farbre des arbres , c'eft a dire , le recueil
de la vertu de tous les arbres & plantes,
comme l'homme déroutes les créatu-
res^ le Soleil de toutes les lumières:
le corps de Iefus-Chrift aufïi, c'eft le
plus noble de tous les corps , riche ma-
gafîn de toutes vertus , &: le threfor de
ladiuinité mefme produit par Fœuure
duSainfl: Efprit , d'vne terre vierge,
corps en qui habite véritablement la
plénitude de tous biens 5 &: le Sacre-
ment de ce corps, c'eft le recueil de tous
les anciens Sacremens & Sacrifices, &:
pour ce Sacrement des Sacremens , &:
Sacrifice des Sacrifîces,comme Farbre
i'a'rbke de vrE." i$
de vie,I'arbre des arbres, &: le fruicl: des
fruiéts $ Sacrement vrayement pofé au
milieu del'Eglife, ceftà dire efleué auAfim>fc"
plus noble rang entre les myfteres cele-^ Parad,€t
ftes , à la femblance de l'arbre de vie
planté au milieu du iardin,parmy les
arbres terreftres.
L'a RBREde vie eftoit deftiné non^-^™
pour entretenir le corps petit à petit 3fembu»<t.
comme faifoient les autres fruits, mais
pour reparer toutes Tes defecluofitez,le
rendre vigoureux, &rluy donervnevie
parfaicte fans fin, qui eft dôner le com-
ble dévie à la fois.&nourrir envn coup
au plus haut tiltre qu'vn corps puifîe
eftre nourry. De mefmesle corps du
Sauueur eft laifle en réfection à fou
Eglife, non pour fubftanter les corps a
la façon des viandes corruptibles, qui
fe conuertiiTent en leur fubftance, mais
pour les conuertir en la fiennejeur im-
primât les diuines quali.tcz,&leur don-
nantie germe d'immortalité. C'eftce
que difoit le Sauueur. Celuy qui mange ce ïoan. 6. ji.
pain 1/iura éternellement. Oui mange ma 44-
chair & boit monfang ,/"/ a vie éternelle }&
ie le refufeiteray au dernier tour.
L'arbre de vie n'eftoit que dans l'cn-^'jj^'
clos du Paradis terreftre , n'y en auoit/caikm
j£ l'arbre de vie,
qu'vn> Lefacrifîce aufli & Sacrement
du corps du Sauueur ne fefaict qu'en
fon Egliie par officiers légitimement
ordonnez, & s'il fetreuue parmi les he-
retiqueSjil y viét deTEglife, &: par tout
c'eft vn meiïne corps 3 de non plufïeurs.
Aumoyendequoy5iln'y aaucûSâcre-
ment vtilcde ceïteviâdeprecieufe5ny
aucun arbre de vie es aflembiees des
hérétiques , non plus qu'en celle des
Payés , Ô£ s'ils le portét de l'Eglife chés
eux3&: le prennent eftant infidèles, c'eft
à leur danation 9 parce qu'ils font hors
Exilas. ^c ^a &ki^c Egiife, vray & feul Paradis
Aug.fer.de tcrreflre 5 auquel eft plate l'arbre de vie
^y^^^pourlesenfâsdeDieu.ZW^^ditS.
A u g u il in , eft im mole en y ne feule marso^par
ce que la ajrdye Hoflie du Rédempteur eft im-
molé en y ne E*life Catholique Ja chair duquel
la loy défend ejtre portée dehors >d' autant qu'il
QuAtriefme ne faut point letter aux chieseequi eft fain6l.
traindc^m- l»a R B r e de vie eftoit préparé pour
viande a Adam demeurât en eitat d in-
nocéce5 S: partant il n'en mâgea point
après auoir péché, laquelle priuatiori
futiufticc de Dieu, & mifericorde en-
iemblc. lu (lice , parce que l'homme
pécheur meritoit par fa defobeilTance
d'eftre priué de l'vfage du fruicl; referué
LABRE DE VIE. 37
corne prix d'obeifsace^difentS.Chry- ^ *&**&*
foftome &Thcodoret , mifcricorde^^f "
parce qu'ayât efté condâné à pluficurs s. ChryH
mifcres,s'il en euft mâgé,il euft efté ré- ^om,!l?' in
du immortel & immortellemenr mife- Theoiq.
rable fur terre , au lieu qu'en viuant z6An-
peu de temps , fa mifere en eftdautant^"^
racourcie. Parquoy 5 dit S. Grcgoit&nifw&t&.
de Nazianze, après S.IrenecJapeineluy s*Iren 1-3 c*
a tourné à mifericorde^ car s'il eujl gonflé de ce s. Greg.
fruic~i ,fd,yie euft eflé rendue immortelle i &*^2Z °£*«
Ces maux perdurables fans borne de temps.
L e fruict de noftre Sacremét eft auf-
fi préparé pour ceux quiontl'ame net-
[te3quefi quelqu'vn le prend aueccon-
fcience de péché mortel 5 c'eft à dire, fe
fcntant l'ame chargée de tel péché, il
prend la mort , & fe met en danger d'e-
ftre éternellement miferable. C'eft ce
que dit S.PauLQujconquemagera & heu- l-cot.xu
raie calice du Seigneur indignement 3 il fera ''
coulpable du corps & du fang du Seigneur. Et
partant que ï homme s' efbrouue foy-mefme:>&
iju"en cefte façon Jl mange ce pain & botue de
ce caliceicar quiconque en mano-e fç* boitindi-
gnement^ il mange & boit fa codemnation^ne
difeemat point le corps du S eigneurW exag-
gere la grandeur du crime , & menace
les criminels par grofles 8c piquantes
c iij
I
38 l'arbre de vie.
paroles, pour rendre le Chreftien attë- I
tif&referuéàcequ'il face deuoirdefe 1
préparer dignement à la manducation 1
decepain:&: auecceilmôftreen quoy I
confiftele moyen de faire cefte prepa- 1
5'^n>»"tfr- ration, qui eft nettoyer lame par vne à
J Cor.n 18 „ . « ^ r /v 1 1 1
ceft faire lamCte conrellion de tous les pe£nez i
penitece& defquels on eft fouuenant ; en faire pe- 1
s. ch/yf. nitence & fatisraaion : car cet examen I
ho. 14.ini &: cefte preuuc, dont il parle, & qu'il |
ep?É hh°' h c°nimande , neft autre chofe que cela, |
s.Amb.Lé. commcS.Chryfoftome, S.Ambroife, I
sncUCr57'S* cyPrien > s- Auguftin,&: tous les |
cpJl's.Au. &in£ts Pères l'ont expliqué. Et fur ce :|
traa.z^.in propos dit S Jean. Bien heureux font ceux I
x% ' ^°C' qui Uuent leur robbe^àfin cjue leur puijptnce 1
fiait du bois de "We^ccftà dire, bien heu- 1
reux fo nt ceux,qui font pénitence, bc le 1
nettoy et de tout peché,afin qu'ils puif-
fent dignement participer lefruictde
cediuin Sacrement arboré en l'Eglife
de Dieu pour la vie e ternelle.
De l excellence du S. Sacrement d?
ï Autel par de jjusî arbre de njie.
m s
A femblance de l'arbre de vie
noftre Sacrement nous fait
admirer la fa gefTe &; vertu diur-
ne qui a feeu & peu faire vn fi diuin
L'ARBRE DE VIE. 39
pourtraidfc defon plus augufte'Sacre-
métrmais fi nous côréplôs la difteréce
&:l'excellécedel'vn par dcfïus l'autre: , .
nous admireros dauantage la demeiu- sauueur »o«
reeliberalitéenuersnous.LadifFercGe^/wrt0»*
eft premièrement en ce que l'arbre de^J^j^
vien'eftoitqu'vn corps tcrrefcre&r cor-/V™«.
ruptibleD produite nourri de la terre,
infenfibleàla façon des autres chofes
créées, viuifîé d'vne ame de plante n'a-
yant ny fens ny difeours : noitre arbre
de vie eft vn corps immortel, celeftc Se
diuin, engendré au vetre d'vne vierge,
par Toeaure du faincl Efprit3animé d'v-
ne ame intellectuelle 5 portât l'image &
lemblance de Dieu grauée auec les
plus vifs &: naïfs t raids de perfection
<k beauté 3 que ïamais ame humaine d„corps ^
porta. Que fi la main ouuriere du Crea™*"»^*-
reur s'eft môtrée admirable en la ftru-T4 \Ui
éture commune du corps de l'homme,
quelle langue pourra dire, ains que! ef-
prit fçaura comprendre la beauté du
corps de fonFilsfny encorde la terre:
de la quelle il a produit &: nourri ce
corps qui eft le facré corps de la vierge
Marie?ô corps deifique duFilslô corps
diuin de la mere.'o vierge fertile fur tou-
tes les mères! ô mère chatte fur toutes
c iiij
40 l'a rbre de V IE^
les vierges5ayant engendrévn tel fîlsio
terre celefte.-vraye terre viuante5&vray
pourprisdefEglife:iardindeDieuinfi*
niementplus noble que ce premier pa-
radis terreftre / vierge diuineraent3 de
vrayement féconde, pour auoir porté
l'arbre d'vn fi précieux fruid, furpaf-*
fant en toute valeur &: beauté tous les
fruicts de la terre! ô libéral donateur
à Vn tel fruicti
fu
Seconde dif-
férence.
Le corps du
Sauueurnour ^
vit lame & \
le corps à la
gloire. .
Le corps du Sauueur nourriture de Fa-
mé, ^trj caufe de laglorieufe T^e-
urreflion des corps.
6
A féconde différence de
noftre Sacrement d'auec
larbre de vie, c eft,que ccft
arbre n'efroit que pour le
corps qu'il deuoit rendre
immortelle preferuant delà mort.No-
ftre arbre dévie eftauffi pour lame, la-
quelle il embellit 3 nourrit &cngraifïe
deeeleftes &diuines vertus: &fi ope-
re-il beaucoup plus au corps que ne
faifoit ce premier fruict.xar il ledifpofe
non feulement à rimmortalitc^comme
celuy-là:mais àlarefurre&ion glorieu*
L ARBRE DE VIE. 4I
fe: &: partant eft-il fans comparaifon
plus digne d'eftre appelle arbre de vies,
que n'eftoit celuy du Paradis terreftre:
car il donne trois vies, la vie de grâce à ^'o!s «*»
11 • j o x données bar
'ame,Iavieducorpsaucorps,&:atous/<; s sjcr(,_
les deux , la vie de gloire, prerogatiue^^ va»~
tref-diuine & feule propre du corps du uL
fils de Dieurcar encor que les cieuxjes
aftres & autres corps naturels fournif-
fent quelque nourriture fpirituelle à l'a-
me, luyferuans d'obiecl: pour contem-
pler leur ftru dure &; beauté, & s'alimé-
ter & refaire de la feience de leur natu-
re, c'eft toutesfois de bien loin & par
imagination, au lieu que ce corps déi-
fié , fe marie auec elle par vn eftroit
nœud d'amour celefte & diuin, 3c agif-
fanten elle par fon attouchement, luy
imprime Ces qualitez de grâce &: de
gloire, ce qu'aucun autre corps de la
nature ne peut faire, eftanteela audef-
fus de leur force & vertu 3 6c referué au
feul corps du maiftre de la nature.
4* LARB RE DE VIE.
Le Sacrement du corps du fils de Dieu I
arboré par toute la terre.
_ _ 7
j^^flNA leme nt le premier ar- I
Troifitfme W^m^brc dévie auoit pour feule &c I
m'" filial dernière demeure la terre 3 & I
ce pour vn peu de temps 5 &: en vu feul I
endroiârpolïîbleeufl>ilefté multiplié I
en plufîeurs endroidts, fi l'homme euft I
Le cor^^perfeueré confiât en foninnocécepre- I
Sauueur eji miere: Le fécond eft en plufieurs lieux I
TelxfcrZ <*e la terre , demeurant toufiours vn g
menteiUmtt. &: fera au ciel eternellement.-car en ter- |
re préparé en ce Sacrement,il refedio-
ne les enfans de Dieu durant leur pere-
grination5en quelque plage du monde
qu'ils foient efpars, & leur eft & fera là
haut vn obiecl: &: vn mets éternel de fé-
licité en la propre forme & claire vi~
fïon de fa gloire , lorsque famé abyf-
meecnla profonde contemplation &c
amour de fonDieu,iouïra à fouhait des
richeffes de fa diuinité,&: le corps reue-
ftu d'immortalité &: d'honneur 3 verra
des fes yeux de admirera la merueille &c
îa gloire du corps quil'aura rachepté.
L À RBR E DE VIE. 43
Souhaits Jpirituels de la claire 'vi/ion
du corps du Sauueury^J aéîion de
grâce de je s biens.
8
Bon Iesvs quand luira ce
iour que nous verrons à def*
couuert, ce corps lumineux de
voftre fain&e humanité, lequel nous
voyons par foy maintenant caché dâs
la profondeur de ce profond myftere!
Quand viendra cefte faifon en laquelle
nous iouïrons en pleine liberté, de ceft
arbre de noftre falu t,verdoyant3fleurii-
fantj&fru&ifiantdeuant nos yeux en
tout temps, dedâs le pourpris du Para-
dis celefte planté en la terre des viuans/ Le Paradis,
terre d:vn perpétuel Orient, dVn per-
pétuel Printemps, abodante de fruiéts
d'immortalité, arroufee detorrensde
délices , ennoblie de toute forte de
beauté , habitée de diuins efprits v de-
meure & feiour d'hôneur,de bon-heur,
&c de repos interminable / Quand ô
doux Icfus ferons nous en poffeffiô de
ces biens? vouslefçauez , Seigneur, à
qui rie ne peut eftre caché, & vous feul
en auez la claire cognohTance: nous
44 L'ARBRE DE VI E^
n'en auons que la fidèle efperance , &
n'en fçauons rien que ce que la bou-
che de voftre chère efpoufe nous en a
diél.Cefera quand ilvousplaira.Ce fe-
ra quand le décret de voftre fagemife-
La mort cefi rjcorc[e aura marqUè la fin de nos
fera aux iu- maux,&:le terme de noitre viemortel-
/**•' le3 pour donner commencement à cel-
le qui ne fçaitny la mort ny la fin. Ce
fera alors , que loing de tous regrets 5
nous iouïrons ducomble de tous biens
envousj&rparvous éternellement bië
heureux. Mais tandis3ô Créateur fou-
uerain3nous auons vne éternelle obli-
gation àvoftre infinie bôté^de ce qu'el-
-, > j . le auoit préparé à noftre premier père
X arbre de vie r i j- • v c j n
6c a nous 3 le diuin bénéfice de celt ar-
bre preferuatif de la mort,& fouuerain
ele&uaire de l'immortalité 5 auec mille
autres biens 5 pour le fouftien &; plaifir
de la vie du corps. Que s'il n'a receu l' v-
fufruid d'iceluy arbre , ç'aeftéfafaute
&; mefcognoifTanee, de tant plus énor-
me que voftre libéralité eftoit grande
enuers Iuy,& vous de tant plus louable
en voftre libéralité , dequoy vous luy
auiez préparé le bien, encor que vous
euiliez preueu qu'il vous offenferoit de
le priueroit de la iouyfTance d'iceluy
l'arbre de y lu 45
par Ton crime.
BEAVCOVP plus VOUS deUOnS nOUS Le S. Sacre-
remercier de ce que vous nous auezww,'•
donné en la loy de grâce vnSacrement
de vie , infiniement meilleur que l'ar-
bre de vie, car quelle diftance y a- il en-
tre voitre corps celefte, & le bois du
Paradis terreftre? Entre le prix du corps
qui a rachepté tout le monde, 3c vn ar-
bre qui n'eft pas la milliefme partie du
monde ? Entre l'excellence du corps
en qui habite la fontaine de vie, & le
fruicten qui ne relidoit qu'vne partie
de vie?Entre la vertu d'vn corps déifié,
portant Dieu,& porté de Dieu , Se vne
plante viuifiee de Dieu , n'ayant en foy
que la vertu d'vne créature mortelle? , .
Quelle eft doneques voftrc boté,ô be- Create
nin Scigneur?Etquieuftiamaiscuidé5
qu'après auoir efté fi griefuemêt orTen-
ce des hommes, & les ayant iuftement
priuez de l'vfage de ce premier friùc-t,
vous deuffiez fi beni^nement leur en
fubftituer vn qui le furpafïaft infinie-
ment en toutes belles qualitez?Et qui
pourroit eftre fi bon, & iî libéral, finon
vous, qui eues fans mefure & fans bor-
ne la mefme bonté & libéralité: Soyez
béni, ô Seigneur 5 de vos dons! & puis
teur.
46 L'ARBRE DE VH,1
que fans fin vous eftes doux&:gracicux5
donnez nous encor la grâce & moyen
de vous louer, remercier 5 & feruir de
toutes les forces de noftrc ame,iufques
au dernier foufpir de noftre vie, &defi
fain&ement paracheuer la pérégrina-
tion de cefte noftre mortelle eourfe a-
uecle précieux Sàcrcmcnt,&: viatique
de voftre corps, qu'vn iour nouspuif-
fionsiouyr éternellement du fruid de
vie que vous gardez en voftre Paradis
celefte pour viande de félicité prépa-
rée à vos bien-aymez.
47
A B E L
V':'":K'W^
\
40
ABE L
I L E N C E iTLet Gcncr- ti*
fieurs& atten-
tion , pour bié
pénétrer les
traits & lefens
de ccikc fàcree
Peinture, & ap-
prendre comment il faut faire
ïacrifice a Dieu, & luy prefter.
■hommage fidèle. Abel premier
pafteur &premier iufte des enfuis
d'Adam > &c Preftre de la loy de
riature,facrifie à la diuine Majefté:
F Autel eft drelTé à la naturelle fans ÙMt9t
art: carie monde ne faiét que liai-
ftre, &ny aencores aucun archi-
tecte ny mafToii entre les mortels:
le Preftre eft âuffi habillé fifflple-
â *
50 A B E t.
ment à la façon d Adam fon pere5
couuer à demi & chamarré d'vne
peaudebrebisimais la vi&imeeft
d'élite, &Ia meilleure qu'il a peu
téviMm choifîr au troupeau, &c le cœur de
de Coffrant. 1 ofrrat oncor meilleur ; vous liiez
fa profonde deuotion & humilité
en la pafture du corps ,priantles
deux genous en terre , & fes yeux
larmoyans tournez vers le ciel : fà
bouche modeftemet ouuerte^pro
nonçant les louanges de Dieu:fes
bras & mains moyennement efle-
u ees imploras fà diuine mifericor*
de , & tous les trai&s de fon doux
& gracieux vifàge , tefinoignent
la pietié , la foy 5l'efperance > la
charité & autres diuines vertus de
lame 3 aueclefquelles il facrifie la
viilimej&foy-mefmes au Créa-
teur. Si bié que le cœur de l'offrât,
& l'odeur de l'offrande > donne
iufques au ciel, doû comme vous
voyez, Dieu fait defcendre cefeuffi$££
ondoyant en l'air, & fondant fur J^-
l'Autel, pour deuorer l'holocau- $ô»a
fte , en tefinoing qu'il efb tres-ac-
ceptableaux yeux de la diuinité.
Ce n'eft pas le mefme de Cain fre- Caîn ..,
reaifnéd'Abel , qui par manière^*»'-
d'aquit&rp enfant tromper Dieu,
fait ion oblation, en ceft autre en-
droit , de certaines mefchantes
gerbes de paille,referuant le meil-
leur grain pour foy : auifi n'a il du
ciel aucun, figne d'approbation,
comme l'offrande d'Abel : de-
quoy il fe dépite fort,& en donne
des fignes euidens. Voyez vous
qu'il eftmorne:comment il roule
les yeux en la teftç , &c refroigne
fon front en homme efperdu &c
torcené ? Dieu l'a bien apperceuc,/lf UnU
d'enhault, & le tenfc & corrige en Gcnc^- .
père : iuy remonftrant que l'œil*"»*.
de & icience pénètre le profond c
dij
5>2 A B E U
des fecrettes penfèes^ que l'hom-
me hypocrite le trompe s'ilpenfe
tromper Dieu par aucun beau
femb iant j qu'il elt en la liberté de
bien faire , & qu'en bien faifant il
l'aura pour amy,&trouuera le bie.
Mais Caïn demeure Caïn, endur-
cy & obftiné à celle correction ,
& tourne la pointe defondelpit
contre l'innocence de fon frère
Abel,qu il délibère dés maintenât
mettre à mort, s'en va exécuter
fon deffein, & abbreuuanten ce
commenccmét du monde la ter-
re du fang humaimdu £in£ de Yin-
nocent&de fon propre frère, fe
£ep«i»/«- marquera le premier meurtrier,
meurtrier . •*■ . . .
pamnde & premier tyran, & premier parnci-
tyran' de entre les mortels, & la pierre
fondamentale du règne de Satan.
Et toy ô enfant debonaire , qui es
artentif à ton facrifice, fans rien
doubter de l'enuie de to frère de£
A b el 53
îturé , tu feras le premier mem-^^r",
f, , * - w,cr membre
bre de lEgiife de Dieu , repreien- &*>$/*« <&•
tant generalemet en ton nom, & s.Aug. m
en ta perfonne les Iarmes,trauaux, uj.de cid
angoifTes, & perfecutions , & tout c 17*
l'eltat laborieux des iuftes en cefte
vie,& par fpecial porteras en to fa-
crifice&en v^morda figure d\iiU'F^urede u
y O Croix.
fteMeiîias occis pour eftacer nos
pechez&nous donerlavie.ADieu
AbeI,àDieu l'heur de la famille de
ton père , à Dieu l'honneur de la
terre, tu vas eftre emporté de la
terre lur la fleur de tes ans, &c les
aftres te gémiront, & dételleront
le crime de ton frère. O tendres
âmes qui voyez &efcoutez cecy,
vous fanglotez en vos cœurs, & 3a
larme vousvient à l'œil^de trifteile
& de compalïïon , mais confolez
vous : cecyn'eft que peinture &c
reprefentatio: Abel eft maintenât
en l'alfeurance de la main deDieu,
d iij
54 Abi l.
& ne mourra plus , & viura à ia~
mais> &nous viuronsauec luy au
ciel5ii nous l'imitons fur la terre, &
tous les mefchans obftinez péri-
ront auec Caïn obftiné.
5T5T
LE SACRIFICE D'JBSL
FIGVRE DE LA CROIX
&deîEucharijtie..
E Sacrifice d'Abel eftoit
vne manifefte figure tant
de la mort du Sauueur,
que du Sacrement &: Sa-
crifice de fon corps : mé-
morial de celle mort. Qu'il fut figure
de la mort , l'efcriture l'enfreigne quand
elle dit , que l'Agneau a efté occis
dés le commencement du monde.
C'eft à dire , que Iesvs Christ,
ar . < * , , . AarnUS OC-
aeite mis a mort des le commence- ciiusaborl-
ment, en figure 3 laquelle figure ne?iA?OI;-s
rn. r î i J' a Tertullian.
coniitte pas feulement en la mort d A dccar>
bel 5 mais aufïienfon premier facrifî- chrifti. s.
ce, auquel il offrit vn agneau vi&imé. Au%' }\l\'
ET il- o A n- t^. cap. I8.&1.
Tcrtuihen 3 S. Auguihn & autres Do- 18. cont.
âeurs déclarer ceiîe figure par cefem-Fauft-£ *•
blances ; Abeliufte , frère de Caïns L4.Gen.4T"
iniufte, iESvs-CKRiSTtretiuftejfrcrc
$6 Abeu
des Iuifs trçÊ-îniuftes : Abcl pafteur,
ïgo fum I E s v s-C h r i s t le bon paftèunle fa
bonus* crifice d'Abel fut agréable à Dieu,
loai. Ie s v s-C h ri STparsôfacrificeaap-
paifé lirede Dieu; Abel offrit (es agne-
auXjlEsvs-CHRiST 5 foy-mefme, vray
I agneau : Abel fut occis par enuie,
IesvsChri s t fut crucifie par enuie:
f/sVJLT." Abel fut occis aux champs , Iesvs-
Marc,i5. io CHRiSThors la porte de Hierufalem.
fus**, S^e cc fut aufïî la figure du lacrifiee
' de rEuchariftie5il eft euident par la foy
del'Eglife qui la toufiours ainfi creu,
corne elle tefmoigne par l'âcië ne orai-
fon dont elle' vfe offrant le facri fice , la
quelle eftinferée au canon de la Meffe
S' a1 <b ll & aux efcr*ts deS. Àmbroife en ces ter-
é'.Szïo. Ca. mes. S ur lefcjnels prefens^ddigne regarder S ci^
MïŒ. gneur d^n œil gracieux. corne tureg.rLu aux
frefens de tonferuitcurle iujle ~ébeL Voy ô S
les marques ôdineamés de ceftefigure.
Conuenance delà figure du facrifice
dAbel auec celuy de la Meffe.
2
ttfftmkt f^$$È O i c i quelques traifts delà fi-
/«y//?ce.»,«/?|^^^ gurerefpondans àlaverité,
^ff1? -©^^Lc&crificcd'Abcl, fut le pre-*
mierfacrificedcla loy de nature ; ca-
Abel^ 57
•cncor qu'il ne faille doubter qu'Adam
n'euft faerifié^neantmoins Fefcriture ne
faitmentio quedeceluy d'Abel com-
me premier, &:fansdoubtecefutaufiî
■le premier en dignité. De mefmesle
premier facrifice offert par Iesvs- LePrernie*
Christ vray Abel, c'a eite celuy de çr#« de u
r£uchariftie5car celuy delacroixaefté1^^*"-
le fecond.Item commeAbel facrifia fes
agneaux premiers nais, ainfi Iesvs-
Christ s'offrit en l'Euchariftie pre-
mier né de fon père , &r de fa mère , &:
premier né entre plufîeurs frères. Item
côme Abel vn peu après ayant facrifié
fut mené parfon frère hors la maifon&;
par luy mis à mort, ainfi le Sauueur
trois heures après qu'il eut offert fon
premier facrifice,fut fait prisônier &Ie
lendemain fut mené hors de la ville de
Hierufalemaumôt Caluere,&:illecmis
en croix. Le facrifice d'Abel fut agréa-
ble à raifon de l'innocence & pieté de
l'offrant, le facrifice de l'Euchariftie eft
-tonfiours agréable à Dieuà raiso deso
*fils,qui eft toufiours le premier & prin-
cipal offrît en la Meffe,côme auiîi il eft u s<tuue«*
le principal asët en tous les autres Sa-Ç"8"c**' of~
~ L D^ , n . . r . r frant en tous
crèmes, car corne ceit luy qui fait ion /cS $acrm»t
corps ç eft luy aufli qui baptife , qui cô-
5$ A B E u
qui efface les péchez , &: qui fait le re-
fterle Preftre n'eft que fon vicaire &
fon inftrumét. Il y a de plus au facrificc
del'Euchariftie, c'efl que l'offrande eft
encor agréable de foy à Dieu : car c'efb
l£svs-CHRiSTmefme:ceftluy qui eft
l'offrande & l'offrant enfemble.
Trois efteas Finalement le Sacrifice d'Abel con-
^i^A J/! tenoit feul les trois efpecesde facrificc
qui après furent inftitu ées de Dieu en la
loy de Moyfe, comme il fera dit au ta-
bleaudespremiecs du facrifice propitia
Vboiouufle. toire,qui font l'holocaufteje pacifique
& le propitiatoire. Au premier toute la
lavi&imebruloit &: fe faifoit directe-
* ^f'^'métàl1i6neurdeDieu,&:enrecognoi[-
fance&hômagc de fa majefté.Le fecôd
eftoit offert en a&io de grâces auec al-
t: propitia- ^ce & ioye delà créature auCreateur.
t*iu. au troifiefme on bruloit laviftime pour
impetrer remifliô des péchez. Ces trois
fortes eftoient au facrifice d'Abel 5 &: fe
trouuét clairernet au facrifice de laMef-
*2T enU fe:Car tout eft à Dieu,& toute lavi&ime
offerte à fon honneur: il y aaétion de
graçes3&: a£tiô très- grande, c'eft pour-
quoyelieeftappelléeEuchariftie:ilya
propitiation, car les péchez y font par-
donnez. Le facrificc de la croix encor
A b £ l, 59
que ce fut vrayement holocaufte,&:
a&ion de grâce en vertu , neantmoins
il fut proprement propitiatoire , c'eft
pourquoy l'efcriture affignant la caufe
pourquoy I e s v s-Christ eft mort,
elle met toufiours le p eché. il a efîéliurê, Rom. 4.'. 15
î dit S. P2Lu\,pournos peche^, & fouuenc1,001,1** *
\ ailleurs , il eft donc propitiatoire, par-
quoyle facrifice d'Abel contenantes
trois fufdites fortes de facrifice5figurok
encefte qualité l'Euchariftie. Et voila
l'ancienne figure accôplie par latérite.
De deux fortes dejacrifians.
V t r. e les propres facrifices
r quifefontparpreftres&Offi-
^ ciers deftinez , auec des victi-
mes & des prcfens tels qu' A-
bel & Caïn offrirent fur l'Autel depier-
rejlycn a d'autres generaux,qui sot les $***&*&*
œuures de vertu , de foy5d amour^d'cf. ""*"*"
perâce3de charité, l'oraifon^laumofne,
le ieufne , la mifericorde , les pleurs, les
bons defirs , & autres adtions de pieté,
que non feulement les Preftre, mais
chacun doit offrir en l'autel de fona-
me à la faço n d'Abel , en innocence de
fincerité 5 & s'offrir foy-mefmecom-
€0 A B E L?
meluy s'offrit, prenant enluy le mo-
s.Cypri.l. délie des vrays iacrificateurs. S. Cy-
domL* prien parlant des facrifices Chreftiens.
^bel^ditAljnnocent&iuftefdcrifidntdDieit
duec pureté jlenfeigne les autres qu'il faut "> c-*
nir a Ï^Autelduec Idcrdint deDieu&fimpli-
S.Ambr.l. citê de cœur .EtS.Ambroife. *Abel offrit fd-
Dorairic crifice des premiers ndis defon troupeau , nous I
incar.c-i. dpprendntpdrceld que les prefens de ld terre ne
fldir oient point d T>i°.ui mai 's feulement ceux-
ld efquels reluiroit Idgrdce du diuin myftere.
Cim' C a i n au contraire a efté fait l'exem-
ple de tous les mechans. II offrit negli-
imitateurs gemrnent Par manière d'aquit, fraudu-
de Cain. leufement, donnant du pire, Se penfant
tromper Dieu, ainfi font à ion imita-
tion les hommes peruers mettans tou-
fiours le pire fur l'Autel de D i e v , les
pires grains , les pires raifins à la dif-
me, les pires pains àlaumofne , les pi-
res enfans à l'Eglife ^ Se ce non pour
l'hsnneur &: gloire de Dieu , mais pour-
la vanité du monde , pourintereft par-
ticulier , pour leur commodité tempo- ;
rclle.Tels iacrificateurs font imitateurs'
de Caïn Se participans de fon crime, Se
feront mefprifcz de Dieu,& compa-
gnons de fa peine.
AB£ L €ï
Dieu permet le mal pour en tirer du
bien à fa gloire <& profit
dejes eflus.
4
Aïs Abel a efté tué par (on
frcre Caïn 3 quel eft ô Seigneur
le fecret de voftre prouidence
en cefte permifïîon ? Comment auez?
vpus enduré , que voftre premier iufte,
premier facrifîcateur, premier feruiteur
fidèle en voftre maifon^ait efté inique-
ment oppreffé , & que l'enuie ait eu le
deffus cotre l'innocence?Telledeman-
I de peut faire le cœur humain sefmer-
1 ueillant de prime-face des iugemés de
Diciuqu'il ignore : mais il fautfcauoir
qu'il ne faitny permet rien quinefoitl4^OT:..
fainft^ &: honorable à fa Maiefte^ lia rer*ïf*».
doc permis que l'iniufteopprimaft lin- ^J^f.f a
nocentpour deux principales raifons, vimuiffè
dont la première eft prinfe de fa fasefie *&* *? c**'
qui requeroit que Cain rut laine eniaf0„.
libertéjOuurant félon le naturel de Thô -
me, comme les autres créatures agiftent
félon le leur. Ilveutque le feu chauffe
nécessairement, que l'eau humecte ne-
ceflàirem ent;& ainfi du refte des autres
'6i AbeL
fcmblables créatures. Il veut au con-
LTomeiibre*tTâite qUe l'homme opère auec frâchi-
fe félon l'image &: femblance de fa Ma-
T, , » jefté.Illuv a donné vn franc- arbitre, Se
/<?«. luy a mis 1 eau & le reu deuant, iuy per-
Lcd 15. i7. mettât de tendre la main auquel il vou-
dra à la charge que s'il choifit ce qui eft
delà vertu il en aura loyer, s il trâfgref-
fesfesloixil en portera la peine. C'eft
ce que Dieu difoit vn peu auparauant à
.7, Q^n^j xufais biene receuras-tupas du bien?
& fi tu fais mal , to péché ne fera-il pas aujïi
tofl deuant la porte} nuis ton appétit fera en
tapuiffance & tu le régenteras : Sans celle
VhommcÇe- jjbcrté l'homme neYeroit pas homme,
n'attritv» mais belle 3 aginant non auec eledtion
franc arbitre. &- chois , mais par impetuofité de na-
ture, corne vn cheual. Etfi Dieulioit
toufiours les bras aux mefehans on ne
fçauroit cognoiftre ny le mefehans ny
Thômede bien. Il permit donc à Caïn
de tuer fon frère pour demonftration
de fa fagefle , permettant d'ouurer li-
brement à la créature libre,comme par
mefme fagefle vn peu deuant il auoit
permis a Adam detranfgrefTer fonco-
mandement, &fe donner vn coup de
mort, 6c à toute fa race, parce qu'il l'a-
uoît créé auec telle franchife,
A B E L. £j
L a féconde raifon pourquoy il per- uf«0ii&
mit ce meurtre comme plufieurs auttes m
maux5eft tirée de fa puiflance & bonté?
fa puifTance peut tourner à bien, tout lo
mal qui fe fait par fa permifïïon > & fa vumme m
bonté le veut^parquoyillepermct.Les ^u^«
hommes ne doiuent iamais permettre ^ITayt
le mal s'ils le peuuent empefcher: car tédccaw,
ils ne font pas tous puifTans pour le re-
parer eftant fai<S ; mais Dieu le permet
d'autant qu'il en peut tirer du proufit.
Surquoy S Auguftin dittref-bien. lia s:A0§-I-fe
ejte conuenablea la toute puijjance de Dieu de
permettre les maux prouenans dela^olonté du
franc arbitre, car fa tout puiffante bonté eftfi
grande , quelle peut faire bien du malmefme^
fou en lepardonantjfoit en leguariffant3foit en
le tournant à Ivtilitédes iujhsfoit en lef\>en-
geat par puni tio très- iujle* Et Vn peu après. V«hîa'iCe «&'-
I la il rien de meilleur ou de plus put fat que ce- u . yua
; luy qui nefaifantaucil maïjourne les maux en
: biens, & en tire duprouft: En vn autre lieu
rendant la raifon pourquoy Dieu au oit
> permis que les Anges tresbuchafïènt.
Cefï, dit-il , parce que Dieu tugea eflre 'Vne
t chofeplus dio-ne de fa puiffance & bonté .de S-AtfgJ
r • 7 J I ■ J ' dcCÛitUCI.
faire bien au mal commis , que de ne permettre
\ qu'aucun ffl mal ^don c alors par cefre rai-
fon ençor , il laifla faire à Gain, comme
64 A B E il
du depuis à pluficurs autres mefehans,
iufques à leur permettre de tuer sô pro-
*«^"5w»**pre fils, qui eftle plus grand excès de
*>«*. mahce5qui oneques rut cornis, ne qu o
puiffe commetre , nymefme imaginer:
car DieufutmisàmortJeCreateurpar
la creaturejle père par fes enfansje R oy
par Tes vafïàux , crime auquel tous les
plus énormes crimes font impliquez,^:
quifurpaffe l'enormitéde tout crime:&'
neâtmoins de ceftemort^decefte igno-
minie &: enormité^Ia puillance &: bôté
diuine en a tiré fa grade gloire & de sô
S.Aug. in fi{s &la vie & le falut des humains. c'efl
Pfal
}7>
ce
qu'admire S.Auguftin difant. Quel]
grand bienou $ a doné'Duu^ du mal du trahi-*
tre Iudas ? & quel ^rand bien à vous lesgeyi*
tds de la fente ce des iutfs condemnans le San*
ueur à la mort} Demefme conuertit-il le
mal qu'endurent (es feruitcurs , à leur
bien &honncur5la mort d' Abel à l'vti-
litc &: honneur d'Abcl,& la confufion
Martyrs* deCaïndVn a efté fait honorable mar-
tonri.c./' tyr.hiutrc infâme meurtrier: Abel eft
Sxuianc . honoré de la gloire de premier martyr:
ftcs"& c°~ Caln ^rqué de l'ignominie de premu
s. Àiicr.iae er parricide:& ainfi des autres Saincls
*ow£c4> pcrfccutezôcdes mefchâs perfecutcurs..
Ceiïx-cy exercent leur furie > Bien en fait du-
martyrs^
A B E tl 6$
martyrs y dit S . Auguftin.Les bons fem- ^-»5-
bknt eftre négligez ? mais leur mort eft ap' 3*
precieufe deuantDieu. ils ont efté eftime^
morts deuant les yeux des fols: mais ils font en
pdixi&c les mefchans qui femblent trio-
pher^auront en fin leur change, trainâs
cependant leur peine voire en ceftevie.
Carfi le pechéy dit S.Auguftin , qui femble s.Aug. lib.
impuny porte en crouppefi peine 3 fi bien quil de coim*
ri y a perfonne qui nefefafche de tauoircomis: Pcecâwîa
oh au il rienfoitaueugle ,sytl rien Jent aucune habct pe-
douleur : comme donc tu demandes^ pourquoy p1œ^^nij
Dieu permet les pêchers* ils luy defylaifent}
De mefmes ie demande comment luy peuuent-
ils eftre plat fans ,puis quil lespunit>S . Chri- s.Chryfo.
foftome monftrc en cefte mefmchiftoi- £ e?f ' aci
• o Rom. nom.
re 1 expérience de la doctrine de S . Au-jg. ad finem,
guftin. Penfe^ dït-Ujà cecyiCa'inafaicT: ">»
meurtre:^Abela eftéle meurtry '.lequel desdeux
eftoit mort ? Celuy qui crioit mort^ qui eftcit
*Abel^lefangduquelcrioit\ou celuy qui crdi*
gnoit &trebloit plus miferdble quaucu mort}
Et fur la fin de cefte homilie,il fait par-
ler ainfi Dieu contre Caïn. Turi as point
craint ^beluittant ^crains-le donc mainte-
nant trejpajfé. Tu ri as point eu de peur cU le
tuer fois maintenant bayant tue\en continuelle
frayeur: viuantil teferuoit 5 <& ne tas voulu
endurer : endure le maintenant mort ycomwc
e
66 A b e %1
il eft metteur vnfeigneur terrible : Ainfi monftre-il que
iure^u "lacôditio d'Abel fut meilleure que ccl-
faire. le de Caïn , & qu'il eft beaucoup plus
Platô , Scn. dcfirable d'endurer iniure q ue de la fai-
& autres. , - - j n i i ,
re,& beaucoup plus grad mal-heur de
commettre le mal que de le fouffrir.
<iAhel image de l'eflat des iufles ^/
Caïn des mefehans.
Omme Abel fut l'image du
chef Iesvs Christ, ainfi a-il
porté limage de lacondition
€nn<*c*fc jes cnfans je Dieu membres
de ce chef, & Caïn au contraire celle
des mefehans. Abel fimpIe,debonaire,
feruat Dieu en fyncerité de cœur,fouf-
pirantfurla terre,fans maifon,fans pof-
ieflion , & du tout mefprifant la vanité
Afecï hali- de ceftevaine vie:au(fi fut-il en prefage,
^&Vâni' appelle Abel, qui eft àdircfouffleou
cain citoyen vanité.Caïn au contraire amoureuxdc
la terre, & de fes prefens: faifant baftir
vnecité,lappellant Enoch du nom de
fon fils,&; ne fe fouciant que de la terre.
Abel doncimage des iuftes qui habitée
la terre comme voyageurs,meditans &:
cherchans la future patrie. Selon ce
de la terre.
Abe l 6j
patron Abraham marcha pèlerin fur la ^âUm
terre,n'y ayat rien acheté d îcclle qu v-
necauernepourfontôbeau &des fiés?
& le Fils de Dieu alla encor plus auant: u sam.Hr
car il n eut en fa vie aucun lieu pourre-/*»* W4,/or**
pofer fon che£& en fa mort il emprun- 1^9.^.°
tafonfepulchre. C'eft ô âmes Chre-
{tiennes rachetées de-la terre pour héri-
ter le Ciel5pour vous faire recognoiftre
voftre condition & de vos deuanciers
auec celle de voftre Sauueur: gemiflèz
donc iainftement vos peines en cefte
vallée de larmes, prenans patience en
vos afflictions , voftre premier frère a
ainfî vefeu icy bas, & ainfi y eft il mort,
& voftre chef& Rédempteur y a ainfi
voyagé, & ainfi a-il laide la vie. Leuez
les yeux auCielvoftre propre cité:cefts
terre n'eft pas pour vo%ny fes hôneurs,
nyfes délices pour vous: elle eft auec
(es délices &: honneurs, pour les en-
fans de la terre, habitans de la terre &
bourgeois de lacitédeCaïn -ne por-
tez pas enuie à leur profperité qui n'eft
I qu'vne fumée dvn moment; & qui
; comme fumée s'efuanouira en ric:mais
rendez grâces immortelles à Dieu, qui
vous appelle à la fruition de fes biens
immortels: & pendant que vous eftes
e ij
68 A b e tl
en la région de mort, penfez à la vie
perdurable 5 & viuans en enfans de
Dieu, fichez vos cœurs en Dieu &c
vosefperancesaux biens & honneurs
de fon éternité.
*9
c U)
M E L C H I S E D E C,
zfkfELCHISEDEC.
E L C & ISEDEC Gcncfe.14
Roy de Salem
&grâdPreftre
du tref-haut
Dieu,adueriy
qu'Abraham
auoit
craigne
vnemcrueilleufe victoire fur qua-
tre Rois victorieux, & qu'il s'ache-
minoitvers luyauecfes troupes.il
fort de la ville accompagné de fou
Clergé & de fa Noblefle,& tout le
menu peuple, &luy vaaudeuant .
pour le recueillir auecfacrifice d'a-
ction de grâces , & le bénir de (a
grande benedi&ion. Le voila arri-
ué au lieu où il le rencontre paré
de fes habits de grand Roy, & de
e iiij
vt MelchisedecT
fouuerain Preftre, plein de Maiefte
en fa perfonne& enfonmainrié.
Regardez Ton port vénérable , la
ferenité de fon front a & la grauité
. de fon vifage! Quelques vus ont
Erreurs des p/ O y—' i :■
samaritain penie que c eltoi.t Se nlsdeNoe:
MdZfeZ mais TÊfcriture ne faidt aucune
f!ltiTi. mention de fon origine , non plus
hxtct h. que Je fa natiuité & de fa mort >
combien qu'elle ait de couftume
de cotter fort curieufement les ge-
nealogies5maifons&. tiges despef-
fonnes illuftres : qui faidt conie-
6turer quelle a caché quelque
haut fecret dans l'ombre de ce
myfterieux fîlence fur la race de
çeltuicy.
voient- L'ornement qu'il porte en
des anciens \a tefte 3 c'eft vne Mittre de crefpe
retors^tiffu de diuerfes couleurs:
haute &r ronde en coiffure ^ dou-
blée de drap d'or> aboutie d'vn fa-
fir en forme de gland , où eft atta-
Melchisedec^ 75
chévnrubendecrefpe azuré vo-
lant par derrière. Sur le front il a
vne lame de fin or liée d'vne ban-
de de hyacinthe comme dVn dia-
dème Royal: & fur la lame eft en-
grauè le grand nom de Diev. SaienSdeDieu
première robbe plus proche du m^"nfanu
corps battant iufques aux talons,,
eft vne aube de fin lin : la tuni-
que qui eft delfus cette-cy plus
courte d'vn pied?eft toute de hya-
cinthe crefpe, brodée à l'entour
dVn orletd'ouurage tiffu,& cein-
te ioignant les reins d'vn baudrier
d'or façonné en broderie : delà-
quelle eftoife &faço eft auiîi fait
rhabitquiluy couureles efpaules
àguifede camail attaché deuat la
poictrine par trois efquarboucles
taillez en rond en façon de bou-
ton i enchaifez en l'or. L'autel eft ^«'^ 1
érigé ; & le pain &vin aportez,
&lefacrifice commencé, Abra-
74 Melchisedec.
ham a mis pied à terre5 corne auflî
Mmm d! la plus part de fes gens. Il eft cou-
uert dvn habillemét de cuir boiiil-
ly, doré &c enrichy de diuerfes fi-
gures, duquel genre d'habillem et
eftvenu le nom de nos cuirafles de
fer, qu'il faudrait pluftoft appeller
ferrafles : fes braflfars y cuiflots , &
iambieres, que vous voyez fort
bien afforties furies ioin&es , de
leurs gueulars figurez^font de mef
me matière. Ilporteenlatefte vn
heaume admirablement bien gra-
ué, enrichi d'or &c empennaché de
plufîeurs rares plumes.Le coutelas
luy pend au cofté gauche y attaché
à fon baudrier mis en efcharpe : il
baife la main droidte en figne
d'honneur: delà gauche il tient
vne pertuifinne: vn de fes efcuyers
luy porte fon efcu, vn autre tient
fon cheual par la bride ralaifle de
ce premier efquadro^c'eft ce cour-
M E L C H I S E D E cl 75 ■
iîer depoilbay-doré , balzan des L^eJeiiê
deux pieds, qui monftre par la bsl-
le façon de tout fon codage , qu'il
eft bien maniant & adroit, & di-
gne d'eftre monté d'vn grand Ca-
pitaine. Contemplez vn peu fà
tefte petite, fes oreilles deratac-
creftées, le front defcharné & lar-
ge, marqué d'vne eftoille droi£fc
au remouIin:le col de moyenne
longueur : grefleioignantla tefte,
gros vers la poi&rine , & douce-
ment voûté par le milieu , k poi-
trine ronde & large ,& la croupe
à proportion , la queue & lecraia
long : voyez cornent en mâchant
fuperbement fon frain ilietteTef-
cume blanche , ouurant fes na-
feaux enflez > &c monftrant le ver-
meil du dedans : voyez comment Lef
il frappe la terre de la main de WV*iU$J!^
lace qui! tient enl air, comme s il
faiioitla iambette,&prenez garde
ntAtni
76 Melchisedec^
aux trai&s délicats du Peintre à re-
prefenter naïfuement la corne des
ongles Mes y bien arrondie & lar-
ge , auec les coronnes déliées &
peliïes, & les paturons courts, &
moyennement releuez,&les ioin-
Vvfige hi étureseroflesauecIeurtoupetlSur
g/ â'ejtriers, le dos il n'y a qu'vn couflinet atta-
«prîiuie's chéaueede petites (angles &vne
Ce/"' croupière fans eftriers , car ils n'e-
ftoyent encor en vfage non plus
que les Telles d'armes. Les gens qui
compofent ce premier efquadro
sot les trois cens & dixhuiâ: hom-
mes d'armes feruiteurs nais en la
maifônd'Abraham.llsfont diuer-
fement habillez: les vns portent la
cuiraffe comme leur Capitaine,
quoy que moins richement eftof-
fée. Les autres la cotte de maille à
mâches & gorgerin: quelques vns
la cotte d'armes de fer à lambeaux
en la fauldiere , les greues & foliers
M E L C H I S E D E c; ff
de lame d'acier y & tous omTefcu
pendât du col en efcharpe & gan-
telets aux mains. Auec ceux-cy il a c»? k.,v
par miracle mis en route 1 armée quat„.
de quatreRoys Aflyriés quivn peu Gcn* I4' *'
deuant auoy ent gaigné labataille
contre cinq autres Roys^àfçauoir
contre le Roy de Sodome^de Go-
morre, d'Adama, de Soboim > &c
de Baie aliez d'Abraham , &s en
retournoyétenleurpaïsauecleurs
foldats enrichis du butin des vain-
cus^principalement de deux villes $9hmt
tres-opulétes Sodome & Gomor- comorupu
,f| r lees.
re,qu ils auoy ent laccagees emme-
laansvnemilliafTe de prifonniers^
entre lefquels eftoit Loth nepueu
d'Abraham, & toute fa famille ; &
infolens dufuccés s'en alloyent à
la desbandade/ans ordre de guer-
re , ne penfans qu a yurongner &
dormir. Abraham outré de l'infor-
tune defonnepueu& de fcs -alliez,
78 MeLCH1S£T>'z cl
& fe délibérât d'en auoir la raifbn,
partit en diligenceifibien quayât
ioinits les ennemis lacinquiefme
nuiét les chargea fî rudement à
Timpourueu, quilles defconfit?&
reprint les prifonniers;>&: en rame-
ukftQmto.'m d'autres auecvne glorieufe vi-
ctoire 5& aufïî riche defpoùille
de beftes & d'habits , & de toute
forte de biens 3 que le Peintre a di-
uerfement exprimé à la queue du
fufdit efquadro : car vous y voyez
des chameaux \ & des chenaux, les
vns monftransle bout de la teftc
feulement jles autres toute la tefte,
quelques vns vne partie du corps;
vous y voyez auffi des cottes dar-
mes,des bahus & chofes fembla-
bles , & ne fe faut esbahir fî les fol-
dats ont leur habillement & ar-
i»**j'k mcs jonglantes : car ils viennent
cornent, frefehement du combat.Ces pre-
miers Seigneurs proches d'Abra-
Me lc'hi s ede c. 79
hampçrtâs les grands pennaches
en leurs falades dorées ,& ceintes
dvn diadème y font le Roy de So-
dome &Gomorre;>quiayansral-Gcn'M.i7»
lié quelques troupes luy font ve-
nus au rencontre pour luy con-.
gratuler3Abrahamvfant de toute
courtoifîe en leur endroid: 3 leur
rend non feullement leurs gens
prifonniers.mais encore leurs biés
rauis vn peu deuant, qui fetrou-
uent en nature. Ils s en. retour-
nent content. Mefchifedec eft at-
tentif au facrifice^ &faict fes of-
frandes de pain & de vin à Dieu Je
priant afte&ueufement. Efcoutez
ce qu'il di£t.
Bénit foi t Abraham par le très-haut ?rîere,dc™1-
ta c 1 r- 1 11 chifedec.
UteUySeïgneur du (Jet & delà terre: Gcnc.14*
& louéfoit le Dieufouuerain par la
defenfe dnquel les ennemis font entre
tes mains. Ce diâ^ il bénit Abra-
ham:luy fai&part du fàçrifice, & à
80 Melchis'edec.
Jfesgens, &lesinuite tretçus a fa
maifon pour eux rafraifchir : cha-
cun remercie Dieu auec le fouue-
rain Preftre,&: Abraham luy dône
pour fon droi£t la dixiefme partie
detouteladefpoùille: ô combien
de myfteres font cachez à Ivm-
braee de cefte peinture!
MELCHL
MELCHISEDEC F I-
guredu Sauueur.
E s hommes ne
peuuent pour-
traire au tableau
ce qui eft à ve-
nir n'en pouuâs
auoir limage
corporelle: mais
Dieu qui voit
toutprefent, a-
uoit faid le pourtraiét de la Preftrife
future de fon Fils , en la perfonne de
Melchifedec,& de l'Euchariftie en l'of-
frande d'iceluy. S. Paul refait ainfi.
Melchifedec , dit-il, Roy de Salem Preflre de
Dieu fouuerain 5 alla an rencontrer *Abra-
ham retenant de la defconfture des Roys 3 &
lebenit 3 à c^ui Abraham départit la dtfmede
tout. Et premièrement eft interprété Roy de I«-
flice 3 &* puis aufîi Roy de Salem , cefl à dire
de paix: fans père }fans mère y fans généalogie:
n ayant commencement de iours3 nyfn de y te:
mais efiant faiâifemblable au Fils de Dieu de*
meure Preftre éternellement '.Il dit dont ap-
f
Si Melchisedec^
R4pporties perternent qucMelchifedcc eftoitlarT-
IImm^ 1 gure du Sauueur,&en couche les traits
cetiesde Mei- & figures. Melchifedec eftoit en figure
tfef; a- Roydeluflice.lESvs-CHRisTeftle
«. vray Koy deIuitice,coItitue luge des
viuâs & des mortsrMelehifedec portât
le nom, &I e s v s-CHRiST,Ia chofe:
MelchifedecRoy de paix :1e Sauueur
Koyieph. efl- \c vray Salomon Prince de paix:car
c'eft luy feul qui a moy éné la paix entre
Dieu & les hômes.'Melchifedec Roy &:
PreftredesCananeans & d'Abraham:
x*ydcsGen> Iesvs-Christ Roy des Gentils figni-
*u& Ufi. gcz par jcs Cananeâs, & des Hebrieux
fortis d'Abraham j ayant fait des deux
peupleSjle baftiment de fon Eglife : luy
o'mSide cftantlapîerrc de l'angle. Melchifedec
z>ieU. oinâ de Dieu d'vne onction , non cor-
porelle corne Aaron & les autres Pre-
(1res Iuifs,mais fpirituelle : I es vs-
^^^ Christ oinâ: de fon Père, & le Saincl:
nlnlmT' des Saincis. Melchifedec fans père de
fans mere & fans généalogie, c'eft a dire
mis en l'efcriture sas aucune mentio de
père & de mere , ny de lignée,non qu'il
n'euft père & mere,mais par myftere.
La çeneratio auflî du Fils de Dieu cft
inénarrable, non feulement l'éternelle,
mais encor la temporelle.-carquel efpric
MeLCHÎSEDEC. g *
pourra comprendre comment il a efté
engendré 3 & de toute éternité de fon
Perc,& auec le temps fans cohabitatio
d'homme né d vnc vierge deuant l'en-
fantement , en l'enfantement & après?
DôcMelchifedeclefouuerain Prcftre
eftoit la figure de Ie s v s-Chri st.
La ^Preftrife du Fils de Dieu figurée
en celle de Melchifedec.
2
A i s letraid plus naïf de cefte
figure & de noftre my ftere5 c'eft
celuyquel'Apoftre met le der-
nier comme le plus parfàift dilant que
la Prejlnfe du fils de Dicufelo C ordre de Mel-
chifedec demeure éternellement a qui eftoit
aufîî la prophétie de Dauid. Le Seigneur V^-*0**
d iuré & ne s'en repentira, point. Tu es Pre/îre
éternellement félon tordre de Melchifedec .C 'e
traict contient le myftere du Sacremét
&facrificede TEuchanftieinftitué par
Ie s v s-Ch ri s t en fon Eglife fous
les efpeces du pain &du vin pour durer
iufques à la fin du monde.il va eu entre ^fJZT
les nommes deux fortes dePreftrife de- && tn-
uat la venue duSauueur rfvneaueçw-^r-
crificenonfanelant.'c>ui offroit à Dieu
f ij
84 M E*L C H I S E D e <:•
sacrifice des dons fans effufion de fang5 telle c-
n?n{ZgLU Roitccllc de Mdchïcdcc offrant pain
Bejics du & vin^lautre auec facrifice fanglât, qui
*nc!ens$ c^olt ^Q trols fortes de beftes à quatre
pieds, à fçauoirde bouine, mouton-
nai!le3& capraille^ôc d'autant-de fortes
d'oyfeaux5de coulombes, tourterelles,
&moyneaux. Telle eftoit la facrifîca-
ture.d Aaron ,dont laveritéaeftéac-
côplie & a prins fin en la Croix^ où I e-
svs-Chri st s'eft offert vne fois en
facrifice fanglantdela mort5àlafem-
blance de la facrificature & facrifice
d* Aaron , & tel facrifice ne pouuoit
cftrereïteré,nepouuâtlESVs-CHRiST
mourir qu'vne fois. La vérité de la Pre-
ftrife &. facrifice de Melchifedec com-
mença au foir'de Tinfliturion del'Eu-
chariftie, quand leSauueur inftituale
Sacrement de facrifice non fanglant de*
fon corps,fous les efpeces du pain &: dtr
vin,ce qu'il a continué du depuis par le
miniftere &: feruice des Preftres fes vi-
caires , &: continuera tant queTEglife
voyagera en terre eftant luy Preftre*
éternellement félon l'ordre de Melchi-
fedec, c'eft à dire offrant fans ceffe le
vray pain & le vray brcuuage de Ton
corps &:de (on fang comme Melchi-
.fedec en oi&oic la figure* Mais pour-
Melchisedec\ 8?
quoy eft- ce que celte fouuraine fapien-
ce a inftitué le facrifîce &: Sacrement-
^e (on corps fous les efpeces du pain
de du vin ? fi nous en pouuons fçauoir
quelque raifon,ce fera autant de lumie- .
re pourvoira admirer fa grandeur.
SPourquoy le Sauueur a inflituéleja-
crijice & Sacrement de fon corps
foubsles ejj?eces du pain
*çij du vin.
5
A fupreme fagefTea inftitué Vrmkrer«-
le Sacrement & facrifîce de fin pour ju-
bn corps fous les efpeces ducfarcr ,le*cel'
pain & du vin, pour plu- „„,„-,„„.
fleurs raifons, dont les principales me
\ femblent celles-cy.La première , parce Lefa:n'
j que I e pain & le vin marquent fenfible-
i ment & fort proprement,la n attire, IV-
tilité & l'excellence de ce facrifîce &
Sacrement. Il n'y a rien fi commun,ny
fi expofé anoure cognoiflancequele
pain & le vin. Or comme ils font les
deux plus nobles & propres fouftiens
de la vie humaine, de mefmelefacrifî-
ce & Sacrement du corps du S auueus
eftleplusdiuin alimet&appuyderos
f nj
36 MelchisedecJ
âmes &r corps. Le pain &le vin font
tres-vtiles & neceflfaires au commen-
cement,au milieu, & à la fin du repas,
&les Hebrieux foubs le mot du pain
*u»u C comprennent toute viande , comme
vu»™. eftât auffi la principale &: la compagne
ioa.^. as. je toutes . & jes faaes anciens ont iàdis
Ixcle.ic. . ^
Ezech.4. appelle le vin 5 le Roy &: les délices du
Le vin banquet. Le Sauueurdonc a inftitué
ulquets. TEuchariftie auec ces deux fymboles,
pour nous apprendre par iceux qu'en la
loy de fa grâce, le facrifice & Sacremét
de fon corps 5 tiennent le premier rang
entre tous les prefens & viandes qu'on
peut mettre fur la table de fon Autel
pour honorer faMajefté 8c alimenter
nos âmes.
Le pain &<vin marques de UpaJJion
du Sauueur enjonjacrement.
Seconde rtti- 4
jonpoureo- Snf^Sgàfig A fecode caufe pourquoy le
filmer la v fô^M WQ& c • n • ' i /l . -
tif»* *S J^j Sauueur a mftituc le myfteic
Stuueur. $j l|i||g|g de fon corps en ces elemens,
Uftomn*. c>eft pQUr nQUS mcm.c dcuâc
les yeux ce qu'il a enduré pour nous^fe
faifant pain &breuuage pour nous. Le
grain efl: iettéen terre pour deueniref-
py , 6c fe multiplie^il meurt pour fortir.
Melchisedec\ 87
ïl endure aux champs5les véts,Ia grefle,
la gelée , le chaud & le froid} il eft batu
en Taire, brisé au moulin, macéré au
paiftrin , de cuit au four. L e raifin porte u uifm.
les marques des mefmestourmés: car
après auoir efchappé les iniures de l'air,
comme le grain, il eft foulé & pétillé
aux pieds,il eft ferré au prefïoir,il endu-
re la cuue & la caue pour deuenir bon
vin. Ces aftions &: parlions font les
traifts qui nous font la peinture des
trauauxque le Sauueura enduré pour
nous eftrelepain&le vin celefte qu'il
nous donne au facrifïce&: Sacrement
de fon corps.
Le pain ^$-J le njin en ÏEuchariflie
oJMarques du corps myfliquedu
Sauueur.
5
A troifïefme caufe de cefte infti- Cejieraïfo*
tution faifte en tels elemés.c eft f g^r
pourmarquerlecorpsmyftiquehom.14.ia
de l'Eglife de Le s v s C h r i s t , car x,cfl,ï0,v
comme le pain de le vin fontfaiers def^â. t« £
plufieurs grains ammôcelez en vn,l'E- Io*n- &î**
glife auiïï eft compofee de plufieurs #/jr^ fl*
mébres vnis en vn chef,c eft pourquoy
les Grecs appellet le repas de ce facrifi-
f iiij
88 M £ X C H I S £ D £ cJ
Symxe. ceSYNAxE,eeftàdirecolle<&ion,&les
Latins Commvnion, quafi commune
vnio.Pour ces raifons^ femblablesle
Sauueura inftitué ce myftere auec le
pain & le vin : de manière que les feuls
clemens nous parlent fans mot dire en
ce Sacrement, &: nous enfeignent trois
belles leçons, la charité du Sauueur à
nous nourrir de foy-melme, la patiéce
à endurer pour nous-mefmes: &: l'vnio
de nous-mefmes en luy, tat cft fage ce-
tte diuime fagefTe à bien ordonner , ôc à
bien apprendre ce qu'elle ordonne/
Le corps du Sauueur appelle pain >^/
fonfangy njin.
6
Ovr les mefmes caufes que
defïïas , TEfcriture appelle le
corps du Sauueur pain, &rfon
fang vin. Hieremie dit en la perfonne
des Imk^Mettons le bols en fon pdin^ c eft à
Tcrtui. lia. ^irc mettons fon corps en la croix, co-
4. contra me les Pères anciens l'ont interprété.
ç^CX9\°o ^cmyllUuerdfon eftole du Ym^fon vejle-
i.Cor. 10. mentdufdnjrderdifw: c eft à dire il cfpan-
16 ' dra fon fang en abondance, figurant le
fangparle vin. S. Paulauflî appelle le
Sacrement pain & vin , & l'explique lé
Ierem. 11,
MeLCHISEDEC^ Sp
corps &fang du Sauueur. Qui mangera
dit-Ù)Cepain & boira ce calice indignement , I-cot-n*i%7*
il fera coulpable du corps &*dufangduSei-
vncur.Lc Sauueur mcfrae s'appelle pain T
& ion lang breuuage, parce qu il s oirre
en facrifiee à fon Père, & Te donne en _
Sacrement aux hommes, fous les efpe-
ces du pain &: du vin.
QïSefî-ce que Sacrement.
7
J^V'E vch aristie efl: facrifiee ,
ffKf^ & Sacrement enfemble, corn- c
îA-*1 me l'oblation d' Abel, l'agneau
Pafchal &plufieurs autres myfteres an-
ciens. Car le corps du Sauueur entant
qu'il efl: offert à Dieu en la Méfie, il eft
facrifice,&:lemefme corps entant qu'il
efl: donné en viande aux C hreftiens , il Sacrement:
efl: Sacrement. C'efl: pourquoy quel-
ques figures le reprefentoientfeulemét
entant que Sacrement, comme l'arbre
de vie, les autres entant que facrifiee
feulement commun eftoient quelques
facrifices pour le péché , defquels nous
parlerons au tableau du facrifiee propi-
tiatoire, les autres entant que facrifiee
êcSacrement enfemble,comme l'obla- v;e#
tion de Melchifedec & femblables. Or
Définition
iufacrifce
go Melchised'ec."
le Sacrement eft vn figne & vn infini-
ment d'vnechofe facree. Ainfi le Ba-
ptefme fignifie l'intérieur & facré laue-
ment de lame & le fai£t5comme inftru-
mcnt de Dieu5ficeluy qui reçoit le Ba-
ptefme n'y met empefchement.de mef-
me l'E uchariftie cô tiét le corps & fàng
duSauueur inuifibles^ & la nourriture
de I'ame3&: en eft le figne par les efpe-
ccs vifîblesdupain& du vin matériel,
&: en telle qualité il eft S acrcmen t.
Que cefl quefacrifice, & comment ejl
faiél celuy de la <JMejfe.
8
E facrificeprins en fa pro-
pre fignification, c'eft vne
action extérieure de religiô
& de culte fouuerain fai&e
en recognoifTance de la fu-
preme Maiefté pour propre officier, a-
uec quelque prefent &: changemëtxtt-
ccluy prêtent. Encefte façon les victi-
mes des béftes &autres corps en laLoy
de nature &deMoyfe3eftoiëtfacrifices:
rEuchariftiefacrificeauffienlaLoyde
grâce, & ce de tant plus excellët que le
corps du fils de Dieu offert en iceluy,
furpaflè en dignité tous les autrescorps
Me LCHISED Ecl 91
dont on peut faire prefent à la diurne*» w
Majefté.Ce facrifice fe faid, comme cy gS^f-
apesnoas dirons plus au long , par les de VEàcb^n-
paroles de la confecration, Cecy est^'%
MON CORP S,CECY EST MON SANGj^A
par lefquclles Ie s vs-C hrist tranf ?&****»-
fubftantielepain & le vin en fon corps
&c en fon fan g- &: par les mefmes, il l'of-
fre à fon Père pour fonEglife, encor
qu'il n'vfe d'autres parolles formelles
d'oblation, difant, ievous offre mon Le corps J*
corps.-car c'eft affez qu il le face prêtent $*»»*»*$
fur l'Autel à cefteintentionriln'envfa^^^.
non plusse donnant en facrifice en h fat.
Croix , ny les anciens facrificateurs en
leurs facrifices. Dieu entendoit affez
le langage du cœur. L'Eglife ayant ce
corps par la libéralité de Dieu , le Iuy
offre aufli auec Iesvs-Christ,&: par^X""£*
iceluy Ihonore & l'hommage, en tiltre/esfov»*.
de latrie &: culte fouuerain,&le prie par
les mérites acquis en ce corps, &c en
prend après fa réfection : &: comme ia-
dis Dieu donnoit aux Iuifs des beftes,
&les Iuifs les luy offroient: & Tenho-
noroient,&: en mangeoient la chair:
ainfinousa-il donnée nous donne le
corps de fon Fiis5&: nous l'en honorôs,
&le prions auec luy comme auec vn ri-
che prefent pour l'appaifer & rendre fa-
$2 M E L C H I S E D E C9
uorabIe5&r en prenons après noflxe ré-
fection fans queiamaisilfoit confo ra-
mé comme eftoientles corpsdes beftes
qui ne pouuoient feruir qu'vne fois , ôc
en falioit prendre de nouueau x à chaf-
quefacrifîce. Le corps du Sauueur efl
îmniortel &feulfuffifant pour honorer
Dieu,&eftre la pafture d'immortalité à
tous les membres de fon Eglife en tout
2£"£ l™*_etemps.Nous auons di&cy deuant que
crifiee. les bonnes oeuures faides pour Dieu
s.Aug hb. font quelquesfois appellees facrifices,
c 6, comme 1 oraiion, le îeuine 5 raumoine,
& autres a&ions de pieté: mais ce font
facrifices généraux & parfemblance>&
chacun les peut & doit offrir, au lieu
que le propre 8c vray facrifice ne peut
eftre offert que par vn propre &: vray
Preftre d'office, tel qu'eftoit Melchife-
dec 8c les Preftres Iuifs iadis , 8c main-
tenantles Preftres Chreftiens.
.Melchis ede c^ 93
Différence entre le Sacrement
g^/ le Sacrifice.
9
«SËjSïN premier lieu le Sacrement elle* />««««.
iH5finftituédeDieu pour lafanfti-yr^
xrrTr^ fîcation de fa creature^ôde facri- Dicu,&u
fîce pour en honorer le Créateur: Yvn Sacr'me!!'
regarde! homme,! autre regarde uicu:^hmmem
car combien que la fan&ification don-
née par le Sacrement redondeà lhon-
neur de Dieu 5 & la&ion du facrifice à
la fan&ification de la créature; la pro-
pre fin neantmoins où vife le Sacre-
ment, ceft fanftifier l'homme: celle du
facrifice , ceft hommaçer Dieu : ne
plus ne moins qu en laMonarchie ciui- w< *
îe3rhommagelige,eftpourleRoy : &
l'adminiftrationde laiuftice, eft pour
le peuple: encor que la iuftice honore
le Prince, &; l'hommage proufite au fu-
jet, De mefmes doncen l'Eglife, Mo-
narchie fpirituelle, le Sacrement eft or*
donné pour ay der l'homme, & le facri-
cepour honorer Dieu. Ce quife faid
au de-là de ces fins en l'vn &" en l'autre,
ceft en confequence &: par fuite,&non
en première intention Scvifee. Ht par-
$4 Melchisedec^
LeSaererhe't tant comnie je Sacrement eft propre-
té desrace. r -. _ . r r
ufacnjice ment ligne & înitrument delà grâce de
fened'bon- Dieu^ainfi le'facrifice marque fpeciale-
"sZïdebf- ment 'a grandeur & Maje#é d'iceluy.
fer*nce. En fécond lieu le S acremet ne prou-
ïljppF fitc finon à cduy qui le Prend en b5ne
qu'a* rue* difpofîti63comme le Baptefme nefan-
uam fafc qUe je baptifé : le facriiïce peut
àuL. prounter a tout le monde j abiens, pre-
iens, iuftes, iniuftes, difpofez , indifpo-
fez3 viuans &: trefpaffez, s'ils ne font
morts en péché mortel : car encor qu'il
ne foit inftitué dire&ement pour ian-
âifier l'hommCjCommc il a efté didt, il
ouure neantmoins la porte à la fanctifï-
cation de tout l'homme entât qu'il ap-
paife Dieu enl'honnorant & priant,^
parceft office de pieté il obtient de fa
mifericorde grâce de nouuelle bénédi-
ction, de pénitence &: deremiiïion à
tous ceuxpour lefquels il eft offert.-ainfi
le facrifîce de la Méfie eft vtileà tous
ceux qui l'oyent& pour lefquels on la
difti
M E L C H I S £ D E C." 9 J
Nulle religionjansfacrifice.
10
OMMETEglifcatoufiourseu ,
des Sacremenspourmoyen-^j;^
nerla fanctificatiô des enfens*««s<«r*-
de Dieu: auflî n'a-elle iamais efté ny f&"g^
ra fur la terre fans facrifîce, 6c ce à bon-
ne raifon. Car puifque toute vray e reli-
gion eft inftituee pour fouuerainement
recognoiftrc de feruir Dieu-ilfaut ne-TtfMf, rtf1Êm
çefTairemët qu'il y ait en fon Eglife5qui^«^»^-
eftfonre^ne&: fa Monarchie, vn culte '"" auec .
O J marques ai
public & commun de fupreme hon-yi*»»"**»^.
neurDpar lequel les hommes, afTemblez
en corps de republique, profefTent leur
foy & deuoir enuersluy.Ce culte eft le
facrifîce, par lequel Dieu cftrecogneu
& adoré publiquement,commefouue-fef'rcr^c*
rainieigneur: mailrre de la mort & de
lavie,&aucteur denoftrebien&falut,
honneur le plus haut qui fepuilïè don-
ner P propre à Dieu & incommunicable
à la créature, &: du droict de la feule di-
urne Majefté. Parquoy vne Religion r<%'«»/*»$
fans facrifîce, eft vn corps fans ame.W"''^
ce vne Monarchie lans hommage , &/,„, <w?
fans rccognoiilance publique de fou- d'hommage,
ueraineté, c'eft à dire fans marque de
ç6 ME LCHISEDE c.
Monarchic.EnrEglifedonc/eule gar-
dienne de la vraye religiô, il y a eu tou-
jours des facrifices propres & des Pre-
ftres pour les adminiftrer. Le plus célè-
bre de la loy de nature3ç'a efté celuy du
pain & du vin adminiftré par Melchi-
fedec fouuerain Preftre : en la loy de
Moyfe5ilyenaeuplufieurs3 enlaLoy
de grâce 5 le Sauueur aeftabliceluy de
lbn corps: vnfeul,en la place de tous les
ancienSjIa vérité de tous, & feul le plus
SuffféHce J» rufïtfant de tous: tât à raifon de la cho-
Jacnfice dt ta r ^ -ni • • c i
lydepace. ie orrerte qui elt de prix înnny : que de
la qualité de l'offrant quieft Je Fils de
Dieu:car lePreftre n'en eft que le vicai-
re 5 parquoy ce feul facrifice eft au prix
de tous les anciens^comme leSoleil au-
près de toutes les eftoiles enfemble : fa-
crifice tres-parfaicl: D &: tref-digne du
Sauueur qui l'a inftitué en la loy de gra
ce la plus parfaite Monarchie qui fut
onc,ne quiiamais fera: & inftitué dvne
façô auffi noble que my fterieufe, a fça-
uoir à la femblance du facrifice du Roy
&: fouuerain PreftreMelchifedec foubs
les efpeces du pain &: du vin, qu il offri-
ra iufques à la confommation du mon-
de parles Preftresfesvicaires;cftantluy
fouue-
MelchisedecI 97
fouuerain Preftre éternellement fclon
l'ordre de Mclchifedcc.
Tefmoignage des Do fleurs Hebrieux
fur lemefme Jubieêl dufacrifice
de Melchifedec.
ii
A b b i Samuel renommé entre Kabbi s<t-
Ëhes Hebrieux pariant de ce qu of- niuelf»r l*
frit Mclchifedcc. llftnjn acie de "T-;
Wrejlrife 3 car il ficnfîoit pà in & y in à Diett
fainùlg? bcni.Rabbi Phinee grand Do-
ifteur Hcbrieu aufli. Du temps du Mefte fe.
tous les facrifees cefferont^ mais lejacrifce du P h in ce.
pxin&du'yin demeurera ton fours jLinfi qud 'v>j G*Ut,
çfteferit en la Gentfe : E t Melchisi- gsu.m.
D E C M 1 T DEVANT î> A I N E T
V I N.Me l c H I s E D LC^eftàdireleRoy
Méfias excepterade cefie ctffation dufacrifice,
lejacrifce du pain &du iùh comme il eji dit p^mc AQt
au Vfeaume. T v es Prestre éter-
nellement SELON L'ORDRE
de Melchisede cil veut dire que
Melchifedec eftoit la figure del e s v s
Chris TquieftlevrayMefïîas,&:que
Iesvs-Christ Preftre éternel félon
la forme de Melchifedec ginfiituerok
en fon Eglife vn facrifîce éternel de fou
$8 Melchisedec\
corps &: de fon fang foubs les efpeces
du pain & du vin3 faifant cefièr tous les
autres facrifices,n'eftans iceux que fi-
gures de prédictions de ceftuy-cy : Se
ainfi le voyons-nous eïïre accomply
depuis la mort du Sauueur , en laquelle
tous les facrifices fanglans figures di-
celle mortjOnt fîny> comme au côtraire
cnTinflitution de rEuchariftie5quieft
noftre MeiTe5le facrifice figuré parcer
luy de Melchifedec a commencé.
Tejmoignages des anciens Ver es Grecs
fur la figure de Melchifedec.
!" sLT"'1 3m A I N c t Clément. Melchifedec
reSK de Salem Prejtre du très- haut
«sS* Dieu 5 donna le pain & le Ywfantti-
S.Chryfo. fcenfizuredel'Euchariftie. Saine! Chry-
i^jaiGcn. foftome parlant du mefme iacrihce de
M dchKcàcc.Voyant la figure ie te prie penfe
à la vérité Oeft à dire , fi tu fais cas de
l'offrande de Melchifedec 3 combien
plus le Sacrement &: facrifice du corps
du S auueur qui eft la vérité fignifiée ia-
dis par celle ancienne figure?
Item, ^presque Melchifedec Roy de Salem
eufi offert pain & y in ( car il efloit Prejire i
du très-haut ) .Abraham print de fa main des i
Me lch i s e DEC,' 99
chofes qui auoyent efté ojfeftes , c'eft à dire,
il mangea &: beut du pain ôc du vin ian-
difiez.
Theodoret ayant dcclaré corn- Thcod.in
ment le Sauueur auoit commencé cn^"'^05
rinftitutiondu Sacremêtdefon corps, g«i.4.^. *
fa Preftrifefelo l'ordre de Melchifedec,
il adioufte. Nous auons trouué Melchife-
. dec Prefire & Roy offrant à Dieu non des fa-
irifices des bejles priuecs de raifonymais du pi in
0*du "WV/.I1 veut dire que la Preftrife de
lo flfîan de du Sa iriicur neft pas auec e£-
fi: iî on du fang des b'eftes 5 comme celle
> dAaron , mais fans tuerie : & que fon
corps eft donné en fecrifice ibubs les ef-
pecesdupain ôrduvin félon l'ordre de
de Melchifedec.
S. Iean Damafcene.Zrf table de Melchi-
j fedec figurait la nofire myflique , tout dinfi que rj/mafe l
| Melchifedec fortuit la figure & Nmao-e du 4.dcfîd.c»
: yray Pontife I E s V s -C H R I s T. î± , .,
1HEOPHYLACTE iur 1 Epiflre aUX in ca. 5. ad
JHebrieux expliquant les paroles duH5br-
tir ! -a -r r> Piano*.
IJiaimiite ,TvfsPrestre éter-
nellement SELON L'O R D R E
DE Melchisedec. il eft très -certain
dit -il 3 eue cejle Prof et te s' entend de Ie svs-
Christ, car cefl luy q uifeul a facrifié pfin
& y in félon l'ordre de Melchifedec . Etvrt
ÎOO Melchisedèc*
peu après ;//<//>e terne llemîn^
tant parce quel esvs-Christ intercède
tournons inceffamment à fan père , que parce
quileji offert tous les tours : ccfle oblatton fe
faiSifans cejje par les officiers fermteurs de
Dieu ayans pour Pontife & pour facnfice
C H R i s T le Sauueur 3 c'ejl luy-mefme quife
rompt &fedijiribue.
Tefmoignages des anciens 'Pères
Latins.
S.Cyp.U. ffpjftl A 1 N c T Cyprien. Quiaplus eflé
cPJltoî ■}• £iè>\f|) Preftre dufouuerain.que notlre Sei-
adCccil. fâ^y^ t é~* J • r
A^^V8# gneur Iesvs-Chris T^qm a of~
fert facnfice à Dieu le père 3 & offert lemefme \
que Melchifedec pain & ~\in^ à fçauoir fon j
Ioan s. corPs ) &,fonfil'2g ? Car ce corps efi le ~\'ray j
pain ; & ce fang efi le <vray >/» & le 1/ray !
breuuage.
s.Hiero. 5 a i n c t Hierofme rendant raifon à ,
Xuagr.'* Euagrius pourquoy Melchifedec eftoit !
comparé au Sauueur. C'efl, dit-il, parce j
qu'Une facn fia point des y iElirnes de chair &
S. Hteio.» jefcn~ f jes belles ) mais dédia le Sacrement
ep.ad Mar- / «S ^ i > i r t
cel nomi- «cChrist auec dupain & du yinfimple,
"c?*u}x&c & pour facnfice. Et ailleurs. VoylaGenefe
Eultoch. / 1 „ 1 j 11 • '
fcnpta. tH trounerat le Roy de Salem prince de celle cite,
Melchisedec\ loi
qui alors offrit en figure de Christ ^pa'm
& Yin , & dédia le myflere des Chrifiiens au*
fang & corps du Sauueur. Item. Nofire my-
flere ( la Méfie ) efi fgnifîé par le mot o R.-
DRE non en immolant félon t ordre d'^éaron
des yiâlimes de beftes:mais en offrant pain &*
min ceji à dire le corps & le fang du Sauueur.
S. AmbroifefurleproposderEucha-S.Ambr.
riftie. Nous auons cogneu que U figure de ces "*' c acra*
Sacremens a précédé es temps £ Abraham lors
que S. Melchifedec offrit le fterifice.
S. Auguftin parlant de ce facrifîce de s- Ar? b
; Melchiiedec. *A lors premièrement je mojtra c. llt
en figure lefacrifice qui maintenant esl offert
des Cbrefiiens partout tyniucrs. Et ailleurs .
Cea.v ç#z" lifent fçducnt ce que mit en auant
Melchifedec lors qu'il bénit ^dbraham^c^ en. s Anrr j I#
|ô^f ia faiEls participais^ ils payent que parcom.ad-
tout le monde on offre vn telfacnfice. C'cfl le uu:* c£"c'
facrifice delà Méfie qui eft offert par
toutl'vruucrs.
Différence dufacrifice de la croix &
de £ Eucharistie.
§^E facrince de la croix a eflé fan- p^
^*glant , fait vne feule fois en Hie-0^'0"/"*'-
^^rufalem feulement : celuy tiAâuxùehr.
l'Euchanûie non fanglant , s'eft faictHcb.7,i7;
g "J
Le facrifice
10 2 Meichisedec!'
&fe fera par tout Tvniucrs où l'Eglifc cfi: i
efparfc iufqucs àla fin du monde. Celuy
de la croix eft la caufe fupreme de noftre
bien, le threfor &: la finance générale de
noftre raeka.pt j&: la fontaine dcnoftrc
hUMefle fa notification: car par cefte mort le Sau-
ypiique ce- ueur nous a acquis tous les biens, s'il ne
JZJ * tient à nous:le facrifice de la Mefïè,c eft
1)01 Xt ■>
l'inftrumentpour nous appliquer l'vfu-
frui&de tous ces biens acquis ;c'eft la
clef qui ouure ce threfor 5 c'eft le moyen
d'auoir part à cefte finance, &: le feau
pour puifer à la fource de cefte fontaine
&nous modifier. Et comme quand
quelquvn eftlaucparle Baptefme,ou
abfout parla Pénitence :1e mérite delà
croix influe à celuy qui eft faict Chre-
ftien-&: qui reçoit l'abf olution de fes pé-
chez enlapraCtique de tels Sacremens;
de mefme eft departy le fruid delà
croix par le facrifice de TEuchariftie,
à tous ceux qui l'offrent, &: pour qui il
eft offert, &: ce mefme corps quia efté
mis fur TA utel de la croix , & qui eft of-
fert fur l'Autel deTEglife , eft donné en,
viande d'immortalité à tous ceux qui
le veulent receuoir. La Meife donc cé-
lébrant ce myftere fai 8l le Sacrement &
le facrifice du corps duSauucur, &: en
Melchisedec. IOJ
rous les deux elle eft comme iadis les
anciens Sacremens &c facrifîces , vn in-
ftrument pour faire participer le mérite
de lapaffion duSauueur^mais de tant
plus efficace &: précieux que Iesvs
Christ , qui eft en icelle le Preftre &:
l'offrande ( car l'homme n'en eft que vi-
caire) furpaflè la dignité des Preftrcs an-
ciens & des victimes terreftres. C'eft la
différence du facrifîce de la croix & de
la MeiTe^&r la gloire de Dieu diuerfemec
manifeftee.,endeuxdiuers myfteres.
La différence du facrifîce de tJkfelchi-
fedec *çîj de celuy de la çjiïfejfe.
15
E facrifîce deMelchifedec
n'eftoit que l'ombre & la
fîgure.xeluy delaMeife eft:
le corps & la vérité. En ce-
luy-Li il n'y auoit que du pain &: du
vin terreftre 3 matériel 6c infenfible,
ne nourriflant que le corps pour vn
peu de temps : en ceftuy-cy eft offert
le corps &: lefangdu Sauueur, le vray
pain & le vray breuuage, pain du ciel,
vif, immortel , glorieux , pain diuin5 &:
chair diuiae eniemblc5 fans fubftance
104 MelchisedecJ
Tour lume ol'aUcun pain matériel : viande &: breiP
(orps°."T 'uage enfemble, donnant l'aliment de
grâce àlame^ le germe d'immortalité
au corps , & à tous les deux le fruicl: de
toutes bénédictions. En celuy-là, Dieu
auoit monftré fa diuine fagefTe figurant
par des traicts fi diuins la future Preftri-
ïe de l'on Fils en la perfonne de Melchi-
fedec, &:du facrifice du corps d'iceluy
Fils au facrifice de Melchifedec. En ce-
ftuy-cy il a laiffé les marques infinie-
ment plus claires de fa toute puiilànce,
fagefTe &: bontc5changeant la fubftance
cachée du pain en celle de fon corps,
fans changer la forme extérieure des ac-
cidensrs'ofFrât foy-mefme par foy-mef-
me,efl:antenfemblelefacnficateur &la
chofefacrifiee: pouuoit-ilfe monftrer
plus grand?plus fçauant, &: plus libéral?
pouuouMl eftablir vn facrifice plus ho-
norable pour recognoiftre la Majefté
diuine,que celuy auquel il luy offre5non
le fang des beftes,mais le fien propre,
mais fon propre corps?Sacrement plus
proufitable à la créature que celuy au-
quel il luy donne ce mefme corps.*? Ce
myfteredoncficonuenable à liiôneur
de Dieu,& fi propre au falut de (es amis,
nemeritoit-ilpas d'eftre éternellement
Melchisedec^ 105
continué en TEglife felo que Dauid Ta-
uoit diuinemét prophetifé. Tu es Preflre p^lm- 1°9'
éternellement félon l'ordre de Melchifedec ? no
félon Tordre d'Aaron, qui eftoit la fa-
crifîcature des corps des beftes, moins
honorable &moins profitable, &: digne
d'eftre changée: mais fclon Tordre de
Melchifedec 3 non fanglant, qui dcuoit
eflre du corps du fils de Dieu foubs les
figures du pain &du vinDfacrifîce de pre-
ftrife tref-honorable &c tref-digne de
durer iufques à la fin du fiecle5n'en pou-
uant eftre fourny vne meilleure pour
l'honneur de Dieu ôc bien de [es enfans.
Les bons cheualiersfyirituels dignes de
la refeftion ^$j benediftion du
corps du Sauueur.
16
çAis qui font les enfans dignes 1** $-'*«•
j;du repas de ce facrifice&de la ™4. "* ***
^'benedidiondenoftrevray Mel-
chi(edec?Certes ce font Abraham & les
foldats, enfans &: foldats fpirituels d'A-
braham vraysChreftiensDqui ontTame
genereufe & armée de toutes pièces de
vertu : qui pourfuiuent ardemment ies
ennemis de leur falut à la pifte3 combat-
to6 MelchisedecT
tent vaillamment les forces des Afïy-
rien s, l'orgueil, l'auarice, le ventre^ i'en-
uie^lagloutonnie, la haine, la pareflè,
riniquité,rimpieté & les autres vices fi-
j*lfmes ^'gnifiezparles Aflyriens. Ge (ont ceux
qui donnent la difme de leurs vi&oires,
&:deleursdefpoùillesà Dieu: qui luy
rendent grâces defes biens-fai£ts,& re-
cognohTentfon affiftance, comme fu-
preme caufe de leurs belles aétiôs: pour
îefquelles ils ne fe glorifient qu'en luy,
confeiïàns que tout leur bien vient de
luy: ce font ceux qui comme vrais en-
fans d'Abraham &: vaillans cheualiers,
fçauent dextrement manier leur corps
en toute forte de combats & exercices
de guerre fpirituelle.
le cheuai çc brallG cheual d'Abraham fi bien fait
& fi bien dreffe à la bride &; àl'efperon,
au trot, au galop,au courir, au parer , au
palot,^ aux paifades ; ce font les corps
bien domptez &bien apprins àfuyure
les commandemens de faillies de hune
guerrière. Tel eftoit celuy qui difoit,
0 le chdjtiè mon corps & le fais ftruneur : tels
ontefté mille champions du Sauueur,
„ nuiontvidorieufementcombatncon-
t're les bandes 6c armées ennemies du
monde3de la chair & de Satan. Tels fol*
dats font dignes du pain de Dieu, di-
Me l chisedecT 107
é$ à qui le grand &: vray Melchifedec
renne au rencontre à la fin de leurs vi-
ctoires pour les honorer , pour les con-
gratuler &inuiter à receuoir le facré re-
pas de fon corps, & les fanftifier de fa
grande bénédiction 5 auec laquelle ils
s'en retournent en leurs pays , qui eft le
ciel, riches de butin &: ennoblis de gloi-
re immortelle.
io8 ABRAH A M.
IOp
<lA B K *A f H A M,
SI Es deux îeunes - m
hommes ierui-«^r*w.
teurs d'Abraha
attédentaupied
de la motaigne
auec ceft aine
bafté : luy auec
fon fils Ifaac a prias le hautj& leur a
commandé de demeurer iufques à
ce qu'il aura illec adoré & offert fa-
crifice.c eft le troifiefme iour qu'ils
font partis du logis auec luy J'ayanr
toufiours accompagné : leur face
monftre qu'ils font triftes & efton-
nezx'eft, corne il eft vray-fembla-
ble, pour ne içauoirlacaufe de ce-
lle feparation3&: pour auoir veu &
oiïydes choies mal plaignîtes. Ils
ÏIO A B R A H A M.
ont veu quand leur maiflre tout
ifaac /mm^penfifja misle bois quel'afnepor-
€n laVge de lolt$ul ^es elpaules dlfaac.prenant
iof.Li. an-luy du feu en fa main& vnglaiue,
tiqui. c. u. a ' i rr i t °
p^Uw &certes les grofles larmes leur cou-
tiennent i
if.'ffr.
of.l.
iqui. C 13.
ttetyues vus
ennentqae |0jent des yeux, voyans leur ieune
ce fttt a 13. y ■ ■_■ .J
Gcn.in xnaiftre s endofle de ce pefant far-
deau., marcher auec peine non pe-
titercar il eft tédrelet &delicat,aagé
de vingt &c cinq ans feulement.lls
ne peuuent anfli imaginer quel eft
le facrifice qu'Abraham veut faire,
veu qu'il auoit de couftume de fà-
crifier deuât les domeftiques^fans
iamais auoir vfé de femblable cé-
rémonie : mais ce qui les met en-
cor en plus grâd efmoy, c eft qu'ils
n'ont aperceu aucune belle à (àcri-
fier 9 dequoy eftant en foucy Ifiac
melme., a demandé à fbn père en
chemin où eftoit l'agneau de l'ho-
locaufte3 à quoy Abraham a rejp
pondu que dieu y pouruoiroit.
Abraham. ni
Le bon enfant ne fçauoit pas que
c'eitoit Iuy-mefme l'agneau defti-
né au facrifice : moins fçauoit-il
ce que ce fàin£t vieillard ruminoit
à part foy :car il fentoit vn merueil- CmUtitU
Jeux combat en Ton ame, preffé*"»"^ *
d'vne part des alfaults de la nature
qui lamolilloit à compalïion pa-
ternelle: de l'autre^delaparolede
Dieu, qui le faiioit roidir àTexecu-
tion de fon mandement.La nature
îuy difoit, ô père que fais-tu? as-tu ^
engendré vn fils pour en eftre le
meurtrier ? las tu mis au monde
pour le mettre à mort? as-tu don-
ne la vie a ta créature pour la luy
rauir au Printemps de fon eftre?
veux-tu enleuelir en vn moment
le foulas de ta vieillefle & toutes
les elperances de ta race future, dâs
le tombeau de ton fils vnique? do-
né de Dieu après tant & fi belles
promeffes de ta pofterité ? fî Cen-:
uz Abraham.
„ drement nourry ?fî foigneufemenc
„ efleué?fî beau^ii gracieux, fî obeïf-
„{ant,fïaceompJy en toute forte de
^ grâces? Et qui iamais vit vn tel pe-
5,re que toy ? Et que diront tes do-
„ meltiques, tes voiiîns & alliez ? Et
„ que dira celle pauure mère qui ne
^penfe rien moins au logis, quand I
^ elle te verra reuenir tout feul, &:
„ quelle ouïra la piteufe nouuelle
yy de Ton cher & vnique fils, tué non
„ de l'effort d'vne maladie, non de la
.,/maiîiderennemy 3 non de la dent
„ de quelque belle furieufe , mais
„ par le glaiue de fon propre père
„ enfantante du (ans de [on fils ? ô
„ père que rais tu? Et en quel poindt
„ de rigueur eft ta vieillefle redui£te
^ & la fin de tes iours?ô que tu eitois
„ heureux, fïtun'eufies onc eftépe-
yy re! heureux fî en tes ieunes & fteri-
,,les ans , tu eufles efté rauiautom-
^beaui Cecyluy difoit la nature. La
foy
[
Abraham. 7/3
foy &«la charité enuersDiêu, luy
tenoiét bien autre langage & bien
plus efleué. Abrahâ il te faut obeïr £
à la voix de Dieu: ton fils n'eft ny à y)
toy ny à fa mère que par emprunt: ^4nd D'tet*
» /Il • 1» il' T J l' commande
celtluy quiteia preite ians don-^«i«i«,
' . j .11 Jlement le
ner certain terme de vie : il le veut^,.
iauoir maintenant, ceftfondroiâ: ^^s11,1*
3 ^ de cime. en
il eft maiftre de la vie & de la mort:
il ne peut eflre iniufte en rien de ce »
i qu'il commande^quoy qu'il com-„
mande au père de tuer fon fils. Il efl^
tout-puiffant pour multiplier ta ra ^,
ce fans ton Ifaac , ayât mille moyés
dans le threfor de fes diuins fecrets
pour accomplir ce qu'il ta promis: „
fi ton fils eftbeau^age & vertueux, „
tant plus eft-il digne d'eftre prefen- „
té deuant les yeux de fa Majefté:,,
perfonne ne te blafmera d'auoir»
obeyà Dieu, Se fi on t'en blafine«.
qu'as tu affaire des paroles & iuge- »
ment du monde vain^où lavoix de »
h
»
h
)>
ii4 Abraham.
Dieu fouuerain reforme: & ta fem-
^meiî elleeft: fage elle prendra pa-
oriente cédant à la necefïlté, & au
3, vouloir diuin : fî elle n'eft pas fage,
v il ne la faut pas croire. O b eys feule-
^mentj&netefoucie d'autre chofe: .
„ le Seigneur tout-puiffant faainfi
„ commandé, & fon comandement
3J ne te peut apporter que bon-heur,
„ny l'exécution d'iceluy que repos
3 & louange. Ainfî combattoient
la nature & la foy , la paffion & la I
grace,mais en fin la victoire eft de-
meurée à la foy & à la grâce. Pau-
quoy e.ftans paruenus fur la mon-
tagne, & ayans rangé le bûcher fur
l'Autel, &dreffé tout l'appareil de
l'holocaufte , Abraham a déclare
fon deflein à fon fils.&Tembrafsât
tendrement luy a di£t,ô mon cher
nuls, tu m'as tantoft demandé ou
» eftoit l'agneau delliolocaufte,ceft
a> toy mon doux amy, qui dois eftre
Abraham. ii/
l'agneau: ceft toy que le grâd Dieu „
a choify ; tu n'es plus à moy , ie ne ,y
fuis plus ton pere5 tu es holocaufte 9y
facré àDieu;àDieumonfils! &en.3>
ces paroles perdant la voix,I'a baifé
{àngIottant& pleurant. Et Ifaac à„
luy3ô mon rref-honoré pereja vo- .,
lonté de Dieu & la voîlrefoitac-^
complieimavieeftàluy & à vous,,,
\&c ma mort ne peut auoir vn plus „
I honorable tombeau, que l'Autel,,
; de fa Maj eftéi A Dieu mon tref-ho- ,>
noré père, accompliffezfon bon,,
plaifînàDieu ma tref honorée me- 5>
re^ians a Dieurie regrettevoftre re- #,
gret5ne regrettez pas ma mort puis ,>
qu'elle eft iî diuinemçnt ordonee'r „
vous me verrez en la terre des yjfc**
lians. Abraham l'a lié, l'a mis fur le 35
bois,i'a baigné de larmes, l'a baifé
de rechef > & de tant plus qu'il l'a
y eu courageux & obeïflant^detât
plus grands ont eflé les eflancemes
uG Abraham.
de l'amour paternel. Donc com-
me vn agnelet il a cofenty à tout^
s'eft donné à manier du cœur qu'il
auoitdidtj&s'eftant mis àgenoux
comme ilapeu,enla pofture que
maintenant vous le voyez, fe re-
commande à Dieu , & fe facrifie à
là fainite volonté foy-mefme, vif
holocaulle.preftantle colpaifîble
à fon père pour eftre vi&imé.
Abraham a le bras hauffé & le va
frapper. O Dieu ! mifericorde à ce
pauure père , &à ceft enfançon:
contentez-vous silvous plaift de la
bonne volonté &viuefoy de tous
deux: ils fefontja fàcrifiezà vous
en leur cœur! N'ayez peur,ô âmes
débonnaires & tendres! voila l'An-
fe qui empefche le coup, 8c crie à
aute voix :Abraham, A-
brah AM.neftends point la main
iur l'enfant. Abraham s'arrefte., 8c
fe va mettre à genoux rauy d'aife 8c
Abraham. 117
d'admiration. L'Ange luy monftre
vn mouton retenu en vn buiflbn
par Ces cornes pour le brufler en
holocaufteau lieu d'Ifaac. Abra-
ham le va mettre fur F Autel en a-
6tio de grâces: & ainfi font-ils tous
deux deliurez, & tous deux remer-
1 cient la diuine faueur. O grand
Dieu voftre nom foit beny en vo-
ftre commandement, & en voftre
defenfe i ô que vous eftes fige en
tous les deux, & bon en tous les
deux! ô que vous fçauez dextre-
ment faire preuue de la foy & a-
mour de ceux que vous aymez, &
puiffamment les retirer de peine,
& les mettre en repos!
V
tlgttrède la
mort dtèSau-
"S5^^^n
tteur.
S.Aug.fer.
?r.de tcm-
^^JJ^^m
pore,
1
liH
- !
1 S ^[ ^ C ET LE MOUTON
Jacrifie^ figure de la mort du Sauueur &
du Sacrement & facrifice de
fon corps,
I
Ersonne ne
doute que le facri-
fice faicî en la per-
fonne d'ifaac &:
du mouton , ne
contiennela figu-
re de la mort du
Sauueur.Letraiéfc
33 eonfifte en ces points que fainâ: Augu-
3)ftin déduit pieufement de difertement
0envn fien fermon, Abraham donne
D)fonfîIsenfacacrifîcc:)&: fon fils Ifaacfe
i5 donne aufïi: Dieu le Père a donné fort
b;) Fils pour noftrc rachapt : I e s v s-
MùiU ta Christ s'eft donné au Père pour la
mZjutim- menlie £n« rlfaac porte fon bois à la
moié g/ /«montagne :Σ svs-Ch ri s t porte fa
Samw cr»- croix au mont Caluere,qui eft là mcfme
S.Âttg, fer. où Ifaac fut immole, dit le mefme Do-
fi.deçcmp. aÇur l'ayant apprins de Sainâ: Hicroi-
me y qu'il cite? & n'importe ce que Io-
Abraham.' 119
feph efcrit qu'Ifaac fut offert en la mon- ^^m^uu-
Le mouton
L humanité
ragneMoRi a ou par après Salomon,;^/?^/*
edifiale temple : car le lieu du temple"»™^**
&: le montCaluere eftoyent en vne mei- Io^ï j u
mè montaigne5quoy quecefuffent di-annq.c.13. ;
uers endroits d'icelle: & le melme mont
Caluere eftoit la fepulture du vieil Adâ.
Aureftele mouton occis , &brufléfur
l'Autel au lieu d'Ifaac, contient le my-d«swwr.
ftere accomply en la croix j comme de- ^ AaSuft-
1 r ' n A n- 7 7 lCrm.7i.dC
clareencoriainct Auguitin. ^i^raham^^^
j dit-il , reprefente Dieu le Père donnant fon
Fils y nique: îfaac repre fente Iesvs- Christ
obeyffant àfonPere^ & s' offrant fur ï^4utel
de la croix-.mais la diuinité représentée par lfaac> l(a4c^li fo-
rt endure aucune le fion^ains feulement ï huma-
nité fignifée par ce moutoW eft attaché par
fes cornes en vn buifïon, commelEsvs-
Christ fut attaché en fi puifïànce
qui font fes cornes5par fa puiflance mef-
me:car autre force ne le pouuoit forcer,
le faire infirme 5 ny le garroter ] attaché
au buiiîon de entre les pointes des tour-
mens&bfcafphemes qu'il endura , atta-
ché} dit le mefme Docteur ; lors qu'il pétri Lénifiante
doit entre les cornes de la croix . cloué pieds & ? ******
mains , & couronné d'efbines. Ce font les ù corne.
traicts de la croix & du facrifice d'A-s-AuSuft-
, , ^ i ^t ierm.71.ac
brauam.Persone ne doute no plus que temp.
h iiij
no Abraham.
TlgureâeU ce mefme facrifiee n'ait efté vn tableau
dta^*, du facrifiee & facrement de la MefTe,
S.Amb.1.4. vcuqueç'a toufiourseftéla foyde TE- '
sCTho'in*' gh^ Catholique, commeil appert tant
?rofa, par le Canon d'icelle MefTe où il'eft
La v da fà{ft mention de ce facrifiee , deceluy
s.Amb.1.4. d'Abel &: d'Abraham en mefmerarig;
dcfac.c.9. que par le tefmoignagedeSainct Am-
Profa.° broiic,qui couche la mefme oraifon de-
iwftfefr dans Tes eferits, &: S. Thomas d'Aquirï
fimbunce de en fa p f , L a v d a S 1 on: & fera aifé
la figure a la -n
verhé. de le recognoiftre au rapport des traiâs
de la figure à la vérité.
En ce facrifiee Abraham offroit l'of-
frande qu'il auoitproduite,àfçauoirfon
fils qu'il anoit engendré 5 en l'Euchari-
ftieleFilsde Dieu offre fon corps qu'il
s'eft formé au ventre de la Vierge, 6c
qu'il fait prefent en l'Autel, par fa toute-
puifTànte parole. Abraham facrificateur
offroitla victime, &: Ifaac viuc &rraifon*
iiableviâime,s'offroitauffi$enrEucha-
riftie I e s v s-C hrist, s'offre enfeni-
blemcnt Preftre &: offrande Sacrifica-
teur &: vidime viuante Se raifonnable.
I s a a c immolé n'endura rien au fa*
crifice:mais feulement le mouton fub-
ftitué : le corps du Fils de Dieu n'endu-
re aucune lcfîon en l'Euchariftie , pêne-
Abraham.' 121
uerant toufionrs entier, mais feulement
la fubftance du pain &: du vin qui laiiTe
deftre après les paroles delà confccra-
don, &: les efpcces vifibles & accidens
qui font fubiedtes àlefion.
I s a a c fut immolé non en tout lieu
indifféremment félon le chois des hom-
mes,maisenvn lieu choify& monftré
de Dieu , qui parla ainfi à Abraham. Ta Gcn-la-1-
m'offriras ton fils en holocdufle en lune des
rnontuignes que ie te ferai "Va/'r. Iesvs-
C h rist auffi offert feulemenr en la mo-
taghede rEelife.montaigne de Sion, „.
^ -i « m 1 a 1 « »• 5/o» re*ni de
ou il règne*. &: offert en l'Autel & heu, 1 E s v s
que ceite Eglife inftruite du Sain&Ef- Christ.
prit, enfeigne. Voila quelques trai&s de P a *'6m
la figure qui fignifioit noftre vérité :
voyons les autres.
La hauteur du rnyflere de ÏEuchari-
{liejîgnefiéepar lamotagne &par
Abraham y<& comme il
s j faut approcher.
L y a encor quelques circon-
ftances en la figure , qui nous
enfeignent les autres qualitez
denoftrcSacremêt&facrifîcalamon-
riz Abraham.
la mota^ne. tagne nous apprent fa hauteur : car c'eft
vnc marque familière en la fainfte efcri-
turepour monftrervnechofediuine &:
Exodio renaunfëe fur la bafTefTe du iugement
commun. Ainfi MoyfereceutlaMaje-
fté de la loy , &: les fecrets de Dieu en la
môtagne: &aînfile Prophète exhortât
le Prédicateur de mener vne vie fainéte
Efa.40.7. &: contëmplatiue , luy di<S: Toy cjui eudn-
gelifes Sion^monte en haut. C'en; à dire efle-
ueton ameaudeffus leschofes terrien-
nes, & monte la montaigne de contem-
plation , pour bien annoncer la monta-
Matth.17. pnede la grandeur de Dieu Ainfi le
Le Sauuetit ^ & r „ .
afttMtmm. oauueur le transnguraen la motagne de
tagne. Thabor. -ainfi luy-mefmev6c fon Eglife,
'55' eftappellée motagne, & les chofes hau-
tes en efprit , fignifîées par la circôftan-
ce des lieux efleuez de la terre. Comme
donc le facrifice d'Abraham fut célèbre
'&: haut en affiete corporelle , ainfi la
grandeur de noftre myftere eft efleuée
en hauteur fpirituelle, &: tres-retiréede
la bafïcffedu iugement terreftre de des
fens , &: vrayement pofée en la cime de
la montagne de Sion,eftant le plus haut
&: le plus admirable de tous les autres
Sacremens enl'Eçlifedc Dieu.
Povr la mcfme lignification les deux
Abraham* 125
feruiteurs d'Abraham , qui nous mar-^//?rfWl
- ^ « 1 T 1 • d'Abraham.
quentrententemet &Ia raiion numai-
ne,demeurent au pied de la montaigne,
trifkes & peîififs comme incapables àcvay.
ce myftere.ltemj'afne qui nous fignifîe
les fens corporels , moins encor aptes à
s'efleuer vers cefte diuine hauteur. C'eft Laf°y ^A"
[ eulemert Abraham & Ifaac , à fçauoir '[^twT^w
les efprits illuftres £c efleuez dVne fer-p"***™ u
me & viue foy,qui ont faille fotte P^^s^Zmf'
feguinder là fus &: contempler la hau-
teurDlagrandeur,&laMajeftédu Sacre-
ment &: facrifîce du corps du Fils de
Dieu enlacimedefafain&eSion.
Mais en montant il faut perfeuerer à
marcher trois iours, & porter le feu & le
glaiue , & le bois à brufîer , àfimitation £«*»*
d'Abraham & d'Ifaac. Ces trois iours'0""'
font l'appareil des bonnes œuuresque
nous deuons faire marchans &: ouurans
en la foy de laTrinité5quand nous nous ,
voulons preferiter à l'A utel,& à la table
de ce diuin facrifîce- Le bois encor nous
fignifie la matieredes bônesœuures que
nous deuôs apporter pour les brufler en
hoIocauftefurFAutel facré de l'amour -ugldu^
diuin. Le glaiue c'efl la parole de Dieu
de laquelle nous deuos eftre armez : car
çeft-elIequiditjCtcY est mon corps
124 A B R A H A Af #"
& peut faire tout ce qu elle dit. Si la na-
ture eftriue à croire : fi elle oppofe les
fens,ou encor le iugement humain, il
luyfautoppoferceftediuine parole, &c
combatreà limitation d'Abraham, qui
creut ce quela nature luy difluadoit fort
& ferme, Se eut bonne volonté d'execu-
tcft» ter ce qU'cue aUoit en horreur. L e feu
d'Abraham ceftla charité dontnoftre
cœur doit brufler icy , fi en aucun autre
afte de religion: car c'eft vn feftin nu-
ptial, & vn banquet d'amour préparé
pour les enfans d'Abrahâ, reueftus de la
nupuaU 6 r°bbe nuptiale,preparé pour vous, ô a-
Matt.zz.iz. mes fidèles, qui gemiffezfainâ:emét:&:
combattez vaillamment les aflauts de
la mefereance, &les confeils delà chair.
Perfeuerez courageufement iufquesau
troifiefme iour, auquel Dieu vous efle-
ucra de cefte terre bafle pour vous faire
voirfa'gloire en la cime de la haute &:
celefte Sion noftre vray e &: afleurée de-
meure.
L'AGNEAV PASCHAL
7Z7
LzAGNEAF PAS-
C H A L.
I^^IOvt eft en re-Dam quic.
nebres mainte- wfitçntm.
Sap.18.14.
nant en Egypte,
& toutes chofes
chommentacoi-
|-.ees au filence
d Vn paiïibie repos : le Soleil gy-
rant foubs la terre, eli prefque
paruenu au méridien Antipode,
& la nuict au milieu de fa courfe en
riiorifon Egyptien. Les Hcbrieux
ont prins,il y a enuiron quatre heu-
res, larefedlion myftique de l'A-
gneau Pafchal en chafque famille,
ielon qu'ils en eftoientaduertis, 6c
la continueront déformais tous les
ans en mefme iour & en meûne
128 L'acneav Paschai.
heure., ceft à dire au vefpre du qua-
torzième iour du premier mois
L'4*ficréè' ^e ^eur an Sain^ commençant en
ciuiiètsiuifs. Marsrcar 1 an ciuil commencera en
Ioleph. l.i. .
antiq. c 4 Septembre. La cérémonie a elte
3,xt'11, rare: car aians tain&dufangde la
belle, les furfueils & pofteaux de
tous leurs Iogis^ils ont mangé auec
. ■. " dupainfànsïeuain s & deslai&ues
Tarn fans le- \> n 1 n
nain. ameres,! agneau rofty., deueltans
ïJÊhk les os de leur chair, fans en brifer
agèfles. aucun: & fe haftoientmerueilleu-
txod. il. 8.
K«ios romp» Çcmcnt çn mangeant : tenant cha-
fcxo.u.49. 1/11 1
cunvn baltoneiilamain, ayant la
robbe cein£le fur les reins y 6c les
fouliers aux pieds 3 comme gés qui
doiuent incontinent fe mettre en
chemin. Apres auoir finy le ban-
quet (acre félon celle cérémonie,
tes reUefs' [\s ont jett£ \€S reliefs dans le feu :
rxod.u. perionne n oie du depuis îortir a
ta rue leur ayant efté faict exprès
commandement de fe tenir coy
dedans
L'agneav Paschal. IZ?
dedans,&non fans caufe: car il y
aurabié-toft vn terrible maflacre^
ains il commence défia: oyez vous ranis viiu
les lamentations & vrlemens desw//^,
Egyptiens en cefte ville prochaine *£*$:
appellee Tanis.ou les Pharaos font/^J-
leur commune relidence? c eit bie Efai9.
Iafunefte nuidt ou cefte fupreme^X^7/
puiffance fait exécuter là rigoureu- ^fT^t
i O vi "e Roy ails
feiuftice contre toy Pharaon &caitP-
contre tes fubie&s miniftres de tarr«f«.
malice.Ta dureté a efté batuë& lax*° *'Xi"
•leur, par neuf grandes playesrbatue ittenebrcs-
de la furie des quatre elemens, du ***»
fi 1» • 1 1» o 1 1 1 eaux tour-
eu^del air5del eau^&delaterre:ba-,;ev5en/k^.
tue par des petits animaux armez p^'J/7'
des armes du tout-puiflant, à fiftf^f?'
que tu fuffes cotraint de laiffer for- a ~«***
tirenliberté les Hebricux que tuÊxod.8.i7,
retiens oppreffez dVne iniufte ôcH'
cruelle tyrannie. Tues néanmoins
toufîours demeuré endurcy : mais
à cefte fois tu es vaincu, & te faut
i
130 Lagneav Paschal.
quitter le donjon de to acérée opi-
niaftrif e3 & faire ioug à la necelïîté,
ne l'ayant voulu faire à la voix du
Dieu des armées, duquel tu fens
maintenant le bras plus pefant que
iamais.OCiel, quel èftonnement
&quelhorrible carnage exercecefl
Ange exterminateur! Il a ja mis fur
le carreau vne milliaffe de premiers
naissant des hommes que des be-
ïhlr'o'mê. ûcsy&c Iesy mettra tous3 fans efpar-
exp. H.** gner ya[Çn£ mefme du Roy , qui
feoit glorieux au throfne de Maje-
fié. Ceft horrible exécuteur de iu-
fticevapartout, & donne contre
tous3fauf contre les Hebrieux . Il a
voirement circuit leurs maifons te-
nant le glaiue en main, voyant les
furfeuils & pofteaux des portes
uj£î ^ rcugis du fang de l'Agneau^l a pat
gatieies h^ fé outre > & n'ofànt les endomma-
Exod.n. ger en rien 3 a fai6t fondre toute fa
fureur fur l'Egypte, & nommé-
L'AGNEAV PasCHAL IJI
ment fur cefte miferable cité. Tout
y eft plein de corps gifanspar les
maifons,parîeseftables, & parles
rues: la terre eft effroyable du fpe-
dacle de tant de morts, & l'air y eft
efpouuentable des ténèbres, &plus
! encordes cris des citoyens gemif-
fans&craignansauoirpis:car ils fe
perfuadent&a bon droit, que cefte
nuidlferavn tombeau gênerai de
■■l'Egypte. Pharaon a enuoyé quel-
ques gentils-hommes de chambre £7il
pour appeller Moyfe & Aaron,qui Exod l%
iont ja venus. Il les prie de luy don-
ner leur bénédiction, & fortir en
paix & en hafte, eux & tout ce qui
leur appartienne peuple Egyptien
effrayé,ies prefie tant qui! peut; les
Hebrieux fortirot fur la diane, non
fans emporter vn riche butin, d'or, *w« fo
d argent, d'habillemés, pierres pre-îfxo"*.*'*
cieufes^&séblables threfors, qu'ils
emprunteront desEgyptiens à bon
dcné
arao.
LcsHe
13Z L'agneav Paschal.
terme deiamais rédrexela leurfer-
uira de paie deleurs iournéesrcar ils
ont enduré & trauaillé en Egypte
plufïeurs centaines d'ans, fans tou-
hnl TLtus cher aucun falaire de leurs trauaux
pH^St &peines,c eft vn emprunt de nom,
Exod.5. m- mais en effed, c eft vne reftitution
de iuftice , iuftemeiït ordonnée de
Dieu. .Si vous voulez attandre vn
peu,vous aurez le plaifir deregar-
., der cefte fortie ; vous verrez vne
Six cens mil- '
fc- belle troupe de monde:car ils forti-
[1'37'rotfîx cens mille hommes de pied
Hebrieux^fans compter les petits
enfans, &les femmes & plufïeurs
Egyptiens qui les fuiuent, poure-
ftre mis au roolle des enfans de
Dieu auec eux. Ils commencent
délia de fortir.
DV TEM9 S DEL'l M-
MOLATION DE LAGNEÀ V ■•
*Pafchal,& de fanjacré
ciuil des Hebrieux, &
deleurNeomenie.
O v r bien voir la vérité de
noftre Sacrement en l'om-
bre de cefte figure, il faut no-
ter en premier lieu, la céré-
monie du temps, ôda fin d'icelle. Dieu
commandoit de prendre l'Agneau le
dixiefme iour delà première Lune du- . ,. .r
Printemps , ou commençons 1 an iacre, \om.
& l'immoler , c'eft à dire le tuer, & of- Ex°dj **;
frir à Dieu , au vefpre du quatorziefme, ^^miur.
le roftir incontinent après & le manger,
auec la cérémonie reprefentèe au ta-
bleau. La Lune première de l'anfacré, lunepremie-
eftoitla Lune nouuelle, la plus voifine^^£
de l'equinoxe du rcnouueau , lequel»^*,
equinoxe tomboit alors au quatorzief- 1"™"^"'
me de Mars , &: depuis la correction mùàeUn,
i iij
134 L'agneav Paschal
du Calendrier du Pape Grégoire xiij. il
tombeau vint-vniefme, &: toute cefte
Lune prenant partie de Mars , partie
d'Auril, faifoitle premier mois de l'an,
lafeconde Lune faifoitlefecondmois^
ô£ainfi des autres, & autant de Lunes
ta première nouuclles , autant de commencemens
Lunec'eji de mois $ Se le premier iour de Ja Lune,
a»(?tiepre~ eft0jt le premier iour dumois.&lequa-
Vandes torzieime de la Lune 3 eitoit le quator-
ze c'rt«a ziefme du mois; de manière que l'an des
tkmf. " '"IuifejCeftoicnt douze lunatiôs^ou dou-
ze mois lunaires, ayant chacun vingt-
neuf iours &demy quieft l'entier efpa-
ceducours delà Lune : il eft vray, que
pour garderie nombre des iours entier,
ils faifoient qu'vn mois auoit tréte iours
& l'autre vingt & neuf: Se iceluy an lu-
naire5ne comprenoit que trois cens cin-
quante quatre iours, moindre douze
iours que le noftrc folaire , qui eft de
. trois cents foixante Se cinq iours. Oeft
vllfoïaTrl pourquoy les Iuifs de deux en deux, ou
«M/."*" de trois en trois ans , intercaloient vn
mois:afin de faire par telle additionneur
anlunaire,égalau folaire, dot les autres
peuples vfoient 5 comme nous faifons
\Anie fm- maintenant, Se alors leur an eftoit de
v mois, treize mois. Or l'an qui commençoit en
L'a G NE A v Paschal. rj $
cemoisdeMars^c'eftoitl'an comtrudé ,
de Dieu,&: appelle fainct ou facré,parcc
qu'en iceluy, ilmitfon peuple en fran-
chifed'ordonnanceeft couchée en ces
mots. Ce mois ^om fera le commencement des ^an -^
mois^ &* le premier es mois en l'année. Ils des Imfs.
auoienr vn autre an commun & vulgai- Exod-11-1"
re égal à ceftuy-cy, vfité es commerces
^trafiques feculieres, commençant à la L. .^^
Luneplus voifinede l'equinoxe <X Au- iuifs comen-
tomne,qui venoit communément en^lMS'i"
Septembre.commeceluy duPrintemps l>anfacYt
en Mars, de le cours de cefte première en m*"-
Luneeftoitlepremiermoisdecetan ci-
uil y comprenant partie de Septembre,
partie d'Octobre , comme le premier
mois de Fanlacré, auoît vne partie de
Mars,& vne partie d'Auril.-ainfi qu'il à
efté didt. Iofephe a noté cefte différence \\*n %**•
dans entre plulieurs autneurs , S^les^//.
Chreftiésvfentdelamefmediftin&ion: ïofeph.1.1.
• r> j r r r *i antiq ca.4.
mais rondeeiur vne autre cauie: car ils ^
ontvnan facré , & vn ciuil: celuy-là Vdn f4cr>
commance ou à Noël, ou en la circon- des Chre-
cifion,ou en Mars.Deuantle Roy Char-^'*5,
les neufiefme, en Frâce,on le commen*
çok àPafques,&:dudepuis,à laCircon- Ds^ta
cifion : &" félon cet an nous comptons a natmitéd»
prefent mil fix cens 3 depuis la natiuité S*MW'
* ? * 1600.
1 111;
136 L'a gneav Paschal
du Sauueur, venu au monde pour repa-
, . rer nos fîecles, & nous donner l'eterni-
iiu<n>Cttl té pour le temps. Noftre an ciuileft va-
riable félon la diuerfité des pay s > ou en-
cor de la vocation des perfonnes , les
mefnagers & gens de lettres ,1e com-
mencent à la S. Remy jplufieursà la S.
Martin : quelques vns à la S ainft Iean >
3c autres en autres faifons : mais l'an fa-
cré a les bornes vniformes peu s'en faut
par toute TEglife Catholique.
Vourqmy q R Dieu auoit commandé aux He-
^XnfL^rieuxle facrificede l'Agneau Pafchal
va/cbaifrt anniuerfaire en ce premier mois 3 &: au
°tuT e*quatorziefme iour d'iceluy5parce que
ce fut le téps tout voifin de leur fortie &:
deliurance:car ilsfortirét le lendemain
ayans efte occis les aifnez d'Egypte à la
minuit :& comme la cérémonie auoit
eftéinftituée en tel articlede téps pour
marquer le bénéfice. & quant & quant
le iour & l'heure d'iceluy : aufïi a-elle
efté religieufementgardée toufiours du
depuis5à cefte mefme fin : & a efté acco-
plieparle Sauueur faifant noftre vraye
deliurance, & fubftituât le vray A gneau
en mémoire d'icelle^comme après nous
verrons. Les mefme Hebrieuxauoient
commandement d'offrir vn facrifice à
L'agneav Paschal. 137
toutes les Lunes nouuelles , ceft à dire Li Neomeftit
a toutes les Calendes &: premiers îours^^^^
des mois: laquelle folemnité les He-cotr.meme-
brieux appelloient Hodefch, qui veut ™e°s/€\
dire5cummencement.lesSeptanre l'ont Num .10. &
tourné Neomenie Neouw/'a 3 mot Grec *-8-r , ,
qui lignine nouueau mois , ou Luneant.c.I0.
nouuelle. Or cefte fefte n'eftoit pas in- Hodesch.
ftituée pour en feruir d'vn facrifice d'en-^J*^ '"
trée 5 à la Lune , comme faifoient les îSWn*.
Payens 5 mais pour remercier Dieu du
bénéfice defa bonté &: fagefie au gou~
uernement du monde 5 & pour eftre in-
flruicts qu'il faut entrer en toutes les
faiions 5 &: commencer toutes fes adiôs
I par la louange d'iceluy5 & par l'inuo-
cationdefbnnom. Et parce eftoient- £« Solai&
ilsinuitezpar cet exercice d'honorerle^1""^^
Créateur delà Lune3& de tout 1 vm-Gen.1.14.
uers 3 prenant le cours de fon aftre en fi-
gne des tcmps5pour laquelle fin il a efté
créé.
138 L'àcneav Paschal.
9)ourquoy ïan des Hebrieux fut lu-
naire,& comment la Synagogue
efl comparée a la Lune,
1
E s caufes pourquoy Dieu
voulut que les Hebrieux
prifTentleurs ans du cours
de la L une, pluftoft que du
5 oïeif corne il fe fait maintenant en l'E-
glife, font dignes d'eftre tçeuës,fi elles
eftoientauffi faciles àtrouuertcar Une
faut pas douter que cefte ordonnance
ta première nc fait très -bien fondée 5 venant d'vn fi
Lafâciiite fage Legiflatéur. Entre plufieurs autres
qui peuuent eftre , i'en trouue trois. La
première eft prinfe fur la rudeffe de ce
peuplera laquelle Dieu ayant efgard,
. luy commâda de compter les ans &: les
mois par la Lune 3 façon plus à la main,
6 plus facile , que celle qui compte par
les douze fignes celeftes,côtrouucz par
Ltsdouzefi- les Chaldeens &: autres peuples Gétils:
g**$duZo- car chafcû voit la Lune nouuelle& tous
**"' tes quartiers,& les plus fimples peuuent
noter, qu'elle faiétfon tour entier dans
vn mois, au lieu qne perfonne ne co~
gnoift les fignes du Zodiaque , finon les
L'a gneavPaschal. 139
Aftrologues. La féconde eft plus im-
portante touchée par S . Grégoire dcs/conie ""*
t T • , n ' ' ^fe Pour retenir
Naziance: c étroit pourtenir en arreft^i „,•£<,,,
par cefte cérémonie, le Iui£à ce quïl ne **it*&*i»*
feiettaft à la fuperftition des Payens ex. N^^ *z#
trememet adonnez, en tout & par tout dePafch.
au culte de la Lune : car ilshidoroient , L!,,P4^!*S
fort (ttperjii.
au ciel comme Roy ne, en la terre & aux %Uux*h cuite
enfers,comme deefTe, foubs le nom de &**£«»#.
Lune.de Diane , de Proferpine: exem-
ple qui pouuoit donner occafion à ce
peuple amoureux de vanité, &: de foy
enclin à imiter les folies Payénes, de fe '„ y .
lailier emporter au courant d vne idoia- infatué pur
trie.fi célèbre , s'iln'auoit quelque vray^0^0/^
o ^ • • r Ji< n le bénéfice de
& légitime vlage de la i. un e , pour eirre la crc(UlQn u
retenu d'en abufer contre la loy dc'Xjomer.ie,
Dieu : parquoy il luy fut commandé de *"*r celu>' *
il.// gouuernemer.t
régler fes mois & fes ans , fes feues &: fes du monde.
cérémonies, félon le cours dicelle Lu-
ne,adorantlevrayDieuenfaloy, &fe
feruant fainétement de la créature à
l'honneur du Créateur: de mefmefagef-
fe ordonna-il.de faire l'Arche d'aliance, £**rf"'
afin qu'ils euffent quelque chofe vifible, TmfuÇwt
pour s'y attacher , & y honorer Dieu,caufi Pourf'~
fans courir aux idoles. La troifiefmef"/^'* r
caufe eft myfterieufe :c'eftoit pour don-
ner vne fecrette &:myftique fignifîca-
140 L'agneav Paschal,'
tion de la condition de la Synagogue,
par les qualitez de la Lune fort fignifi-
catiues dïcelle. La Luneeftvn aftrcle
plus bas de tous3terreftre & groffier , &
neâtmoins celefte^laloy lu daïqu eau fiî
terreitre &: charnelle, fes cérémonies,
fesfacrifices, fes promefTes,&:lerefte$8£
neantmoins donnée de Dieu,& celefte
en cefte qualité. La Lune eftvnaftre
froid ôc muable 5 la S ynagogue vne loy
de crainte, pafïion de froid, loy tempo-
relle &: de change , deuant finir en la
loy de grâce. La Lune par falumiere ne
Ra&isLu- faîct meurir aucun fruicl: : en cor qu'elle
nxi]?™*- donne par ion influence accroifTement
crus Prou, aux plantes,arbres & animauxrla Syna-
gogue ne donnoit aucune perfection
Heb^.19. par fes cérémonies . Laloy, di&S. Paul,
nameine rienàperfeâlion. Et neantmoins
foubs fa direction & lumiere5les enfans
de Dieu reçoiuent de fa Majefté , grâ-
ce & accroifTement de vertu : nonpar la
force des Sacremens Iudaïques, com-
me maintenant par les Chreftiens, mais
par la foy & obeïflance qu'ils appor-
toiét en la pratique diceux Sacremës.
Pour ces raifons entr'autresj'an lunaire
fut l'an & le tëps de la S ynagogue. Des
plus fpirituels en tireront de meilleures
L'AGNEAV PaSCHAL. 14!
des threfors du liure de Dieu, dont là ia-
gefîe eft infinie par tout. Les Chreftiens
fe règlent par l'an folaire , parce que
les caufes fufdiétes ne les toucher point
ny leur Religion. Déchiffrons mainte-
nant le fens du tableau, & voyons co m.
ment l'Agneau Pafchal figuroitle Sa-
crement & facrifice du corps du Sau-
ueur.
Ll Agneau Pafchal figure du facrifice
de UcrotXy&de TEuchariftie.
3
'A g n e a v Pafchal figu-
roit IesvsChrist vray
agneau fans tare, defeendu
du Ciel pour eftre occis , 8£
par fon fang nous deliurer de la feruitu-
de &: mort des Egyptiens 3 à fçauoir de
l'ignominie & peine éternelle. Orcefte
cérémonie en certaines circonftances^^Jek
portoitlefigne du facrifice de la croix, ""*£*„£<,
&: en d'autres de celuy delaMefletc'eft
pourquoy l'efcriture, corne aufiî les Pè-
res anciens l'allèguent tâtoftflirle pro- Delacroix.
pos de lamort du Sauueur5tantoft fur le
propos de l'Euchariftie. Elle marquoit
la croix en l'occifion réelle, enl'effufion
142 L'agneav PASCHALj
fanglante5enla roftifleure de l'Agneau,
&r iemblables. S. Ieanauffi rapporte au
IcJoimmfacrificede la croix , la defenfe de ne
rioIn!i9. $6. rompre point les os à l'Agneau, & la ci-
Exq.ix.4& teaufaiâdes Iuifs^quandilsnebriferet
fô.coiitra3 Poln£ ^es os au Sauueur crucifié. S. Iu-
Trypho. ftin remarque de fingulier 3 que l'À-
VfsLEhcha~ gneau eftoit tellement ajancé quand
on le roftiflbic, qu'il faifoit la figure de
la croix.
LEmefme Agneau en d'autres céré-
monies,eftoit vne des plus rares figures
de l'Euchariftie^ce que le Sauueur dé-
clara en general,quâd après la mâduca-
„r , .:. tiond'iceluy agneau, il inftituainconti-
injittuee avec net le iacrihce de (on corpsrcaril ne 101-
la^eau. gnit "a autre intention ces deuxeeremo.
fcx.Icçœa. nies,iînon pour monftrer qu'il parache-
dommi. uoit la vérité presête au rapport de la fi-
ffîJïlt gurepaflee5&que que furie tableau d'v-
ïÉmhatiftie. ne tres-noble & tres-illuftre antiquité,il
faifoit la couche du facrifice de la loyde
g race. Ce que nous verrons parlareco-
gnoiflance des lineamens de l'ombre
Iudaïque 3 rapportez à la lumière de
Lereftredu noftre foy.
yatowf- pREMIEREMENT ialoV COIÏH
medtULu- . . *
nepremUre. mandoit d immoler 1 Agneau au veipre
du quatorziefme iour de la première
L'AGNEAV P'ASCHAL. Lfj
Lune ,c'eftà dire du premier mois de
l'an3 comme il a efté dit,&: de le manger
après 3 & nepouuoit eftre mangé (an?
eftre preallablement immolé , comme
note Sain <5tGregoire de Nyfle. s.Grcgo.
E n fécond lieu ; la mefme loy diioit, 1>viî- orr-
quil le ralloit manger pnuemenc cha-
cun en fa famille. Ces circonftan ces,
, j. En chafcue
comme les autres que nous dirons tw^famiuelrh
toft^onteftéinfailliblemct accomplies ■«»***.
en quelque facrifice : car autrement
Ie s vs-C h ri s t n'auroitpasaccom
ply laloy 5 de point en point félon quïlr^Zîl \u
promet, & auroit mis la figure fans en toy&Mqr
donner la vérité. Orcetaccompiifle-'''
ment n'a point efté faicfc au facrifice de
la croix: car ce facrifice n'eft pas aduenu
au quatorziefme 5 mais au quinziefme
iour de laLune5qui fut le Vendredy fui-
/ j • . j • Le jour &
uantDnyau vefpreduiour3mais depuis /vw "
le midy , quand le Sauueur monta en la
croiXjiufques à trois heures apres,quâd
il y mourut.l! n'y eut non plus , aucune
refeftion myftique : car perfohne n'y La Jl
mangea, &: ce facrifice futfaiâ non entf/«».
priué eh chafque famille \ mais publi-
quement^ à la veuë du monderccs ce- u U
remonies donc ne touchent point la
croix , où au contraire elles conuien-
Ue»,
144 L'agneav Paschal.
nent tres-bié à lEuchariftie - car le S au-
Matf.i^. ueur s'immola foy-mefme vray agneau,
ludJ au Soleil couchant du Ieudy quator-
ziefmeiourdek Lune , & fe donna à
manger incontinent après 5 & ce en pri-
uê&: feulement en la prefen ce de fa fa-
mille, qui eftoient [es douze Apoltres
reprefentans alors fa chère efpoufe l'E-
glife, à laquelle il falloit pour dernier à
Dieu de ceftevie mortelle, le gage de
ion corps en figne de fon amour infiny,
àc en mémoire immortelle du bien qu'il
luyauroit faiét.Doncla figure ancien-
ne de l'Agneau Pafchal félon ces cir-
confiances 5 a efté accomplie cnl'Eu-
chariftie & non ailleurs.
Comment I E s v s-C hrisT eji
immole en lEuchariftie.
.\ ■ 4
[5\T^rgj A i s fi l'Agneau eftoit immo-
'à Avfé § lé, & fi l'immolation prinfe en
li^Sv^j fon pied , emporte occifion,
comment eftee que le Sauueur a ac-
comply la vérité de l'immolation en
Hnftitution de l'Euchariftie, veu qu'il
n'y fut point occis?Comment fe peut-il
faire qu'il y foit immolé maintenant:,
veu qu'il eft immortel ? Les D odeurs
Catholiques
Lagneav Va s en au Î4J
Catholiques refpodentacefte queftiô, f'9WcU;a#
on prend le mot d immolation f/t 0CÇlfl<)n,
cru émet & en la rigeur,fignifiant réelle
occifion, elle n'a efté proprement faicle
qu'é la croixj&n'y en a point icy de tel-
le nature, d'autant que le corps du S au-
ueur eft maniement efloigné desprin-
fes de la mort, &: de toute iefion,nô feu-
lement à l'Autel , mais par tout où il efi:
I e s v s-C h & i s x, dit TEfcriture, efiant
refufcité , ne meurt plus ^ la mort riaplus de R0m.£.
putjjance fur luy. Les mefmes D odeurs
ncantmoins après rEfcriture,enfeignét
tous d vn accord , qu'il eft immolé en tumUté c$i-
i'Euchariiîie.combienquilsfoient dif-"""'-
ferents en l'explication de cefre immo-
lation. Quelques vus ont dict qu'elle
n'eftoit autre choie que la feule repre-
Tentation de la mort du Sauueur , ce qui °r'£ef"
n'eft pas allez, parce que ce ne feroit
qu'vne peinâure d'immolation } non
vraye immolation, ny telle que la do-
ctrine Catholique nous dit : parquoy
Texpoiitiondes autres eft meilleure, &:
plus conuenable à L'B (triture, &: au tef-
moi°nagede l'antiquité, qui tiennent
que celte immolation ccuKecn ce que r^CuL ^
le Sauueur (e donna comme il le donne '<"« deïE»-
encor, en viande ôcbreuuagefoubs laf/;4r^*
K
I46 L'A GNEAV PASCHAL
figure de choies mortes, qui font les ac-
cidens du pain &:du vin : prenant en
comment iceux vn eftre mort , à fçauoir l'eftre des
Mû mortel C^0l^es quon mange, qui eft vn eftre qui
n'anevienefehtiment: de manière que
comme il fe rendit mortel en prenant
noftre nature mortelle , en laquelle il
s'eft immolé foy-mefme en l'Autel
de la croix , encor que fa diuinité tint
toufioursbonen fon immortalité : de
mefme prenant icy vn eftre extérieur
mortel, & s'y donnant foubz teleftrc,il
s'exhibe comme mort: &encefte qua-
Comment lité 3 e^ véritablement immolé à rai-
Dieuejt fon des efpeces , encor qu'il demeure
fcor 1 8. ferme fur 'a Da^e de fon impaffibilité.
Et comme nous difons que combien
que la feule humanité du Fils de Dieu
ait porté les efforts de la mort , néant-
moins Dieu eft vrayement mort , parce
que l'humanité Se la diuinité ne fai-
foyent quVn, à fçauoir vne perfonne
I e s v s-C hrist Dieu & homme,
de mefme nous difons ,que le corps du
Sauueureft vrayement immolé, encor
vn Sacre- qu'il n'y ait que les efpeces qui portent
ceft eftre de mort: par ce que les efpeces
font,non vne perfonne, mais vn Sacre-
ment auec le corps du Sauucur : &; ce
L'agneav Paschal 14^
corps eft véritablement immolé , & vé-
ritablement rompu, à raifon des efpeces
du pain, qui endurent ce briiement: 3c
fon fang vrayement efpandu,non com-
me le fang qui eft tiré des veines , mais à
guife devin,efpandu à la façon que la
fubftance de vin pouuoit eftre vn peu
deuanr efpanduë en fon efpece5à la-
quelle fubftance afuccedéla fubftance
de ce fang. Immolé fans occifion, com-
me l'explique le premier Concile deNi- 5;onc* lt
r ^ 1 r rT r r 1 „ NlCCn.
ce3&: elpandu fans erruiion fanglante^ Canc.5.
vrayement immolé félon Tordre de
Melchiiedec foubs les efpeces mortes
de pain & de vin, comme parle le Con- brident
cile de Trente. Immolé non en figure fdT. n.c.j,
comme iadis aux facrifices Hebrieux,
où fon corps n'eftoit prefent : mais en
vérité , 3c immolé non en foy , & en fon
propre corps, comme il fut en la croix,
mais comme il eft dift, foubs les efpeces
du pain Se du vin, foubs lefquelles fon
corps eft prefent. Et c eft en cefens que
la fainde Efcriture , 3c les D odeurs en-
feignent que le Sauueur eft immolé ça
TEuchariftie,commeil efteuident par
lestefmoignages fuyuans,
k \)
148 L'AGNEAV PASCHAt.'
V immolât io du corps du Sauueur au
facrifice de la Me$e confirmée
par le tefmoignage de lEfcri-
ture £?* desfainÛs "Pères.
S
g^|1^ A inct Paul àïà. , Christ
tânojlre Pafjue a ejlé immolé > parquoy
banquetons auec des pains fans leuain,
pains definceriîL II eft certain que l'Apo-
ftre fignifie l'immolation du Sauueur
faicte en l'Euchariftie auec réfection , &:
non celle delà croixDquifut vne Pafque
accompagnée de tournions 3 d'ignomi-
nies , de triftefTes, &: difette , & d'autres
s.Amb.in circonftances contraires à vne facrée
r£c refeétion. Sainct Ambroife. Quand nous-
Orig.& s, facrifi&ns, Christ eft prefent ^ Chkist eft
Hicron.in immoli\car Christ , nojhe pafque, a cité
2*. Mate. . - r\ - A
Con.i. immole.b Hieroime après Ongcne don-
Njc.can.5. rvè^amefme expofition que S.Ambroi.
Jjfoïi? Te aux paroles de S. Paul 5 & le premier
s.CjriIl. Concile de Nice dit que le Sauueur eft
cltcc ' immolé j fans effufion fanglâte, comme
Myft.j. tantoft nous dirions. S Cyrille deHie-
fiffelern parlant de l'Euchariftie. Iesvs-
C h r 1 s t y eft immolé à Dieu le Père
pourlcs péchez. S Gregoircde Kyrie
L'A G N E A V PASCHAL. T49
le prouue par la figure del'agneaa Paf-
chal, difant. Chacun fçait que i homme ne
pouuoit nuno-er Ido-nedu quaupreallable il ne f -G*CP .
V • r/*5, ^t >- j NWT.or.i.
fut immole:parquoy II S V s- CHR.IST a<?«- de refur.
nantfon corps ci manger, ilmonflra manifefc-
mentquil duoit^nevraye & entière immo-
lation. S. Auguftin. Iesvs-C hrïsts.a"W
dydnt ej\é~\ne fovs immolé en foi-mefme.n'eji- J& ,
*/]&.# toutefois immolé tous les tours pour les
peuples} De mcfme langage parlent les
autres Docteurs de l'Eglife de Dieu,
qu'il n'eft befoing de citer: il faut plu-
ftoft admirer icy encor l'infinie puifîàn-
ce3fageiTe &: bonté de noftre Rédem-
pteur,en ce qu'il s'eft daigné donner en
telle façon pour Tvtilité de fes mem-
bres:&de tant plus l'admirer que le don
furpaiTe non feclemétnos merites^mais
' encor nos peniees:car qui l'euft iamais
oie efperer : qui euft iamais penfé qu'il
(c fuft voulu tant abahTer après fa triom-
phante Afcenfion /que de nous vouloir
eftre vian de3auec vn appareil de moda-
lité pour nous rédre immortels? de pré-
j drevnerobbe mortelle, pour nous don-
; ner fon immortalité ? n'eft il pas vraye-
, ment tout-puiflànt en ceft effecl: , tout
fageencefte ordonnance, &: tout bon
: en cefte charité ? Et qui euft oneques
k iij
ijo L'a gneav PaschalJ
l^tf^attëdu plufieurs autres ehofes que nous
vie» fur- voyons eftre aduenuès, fi elles ne fuf-
Imendmït ^ent aduenuës?qui euft péfé que ce mef-
' me Fils de Dieu égal en tout à Ton Père,
immortel, impaflible,tres-riche, Créa-
teur &: nourriflier de toute creature,euft
eu la puifiance &la volonté de fe faire
Vinctrna- homme ? hommemortel, indigent, pc-
ïêiww. 5titcnfant3liant la mamelle d'vne vierge
pour fe donner en la croix, demeurant
toufiours ce qu'il eftoit ? A qui pouuoit
venir cela en l'efprit , fans particulière
l'E^cfori-reuelatiô defon Sain&Efprit? Or nous
pu aucune- îçauons qu'il le pôuuoit faire, & qu'il la
jff^fiiâ , & l'admirons en noftre attentif fi-
nation. lence ; admirons donc le mefme Dieu,
dequoyil donna & continue de donner
fon corps glorieux caché foubs des
petis elemens, impaflible fous des ha-
bits corruptibles : immortel fous vne
tobbe de mortalité. Se grand Greateur
fousletenement d'vne pépite créature,
grand Dieu fous la forme d'vn petit
agnelet:
L'AGNEAV Pas'cHAI, 151
Comment ï jÉgneauPafchalmonÇroit
l%rvfage & la fin -de lEuchariftie.
6
L y a encor vn noble crayon
en l,AgneauPafchal:)quimon-
ftre l'vfage & la fin pour la-
quelle le facrifîce du noftre, dcuoit eftre
ordonné. Le ficrifice de l'Agneau Paf-
chal fut inftitué en figne de la deliuran- L'^nw»
ce prochaine des Iuifs, Se en mémoire ZnfltdlÂ-
d'icelle: car on l'immola furie vefpreau ftd» s«-
Soleil couchant. &: le man^ea-on vnZ"eur-
peu après fur la nuicl: : & en la minuit ^„ç0/f',7
enfuyuant fut la Pafque , ou la Phafej juchant.
Ccft à dire le partage du Seigneur lors yZçtLt
qu'en pafïant par l'Egypte, il tua par la Hebrieu.
main de fon Ançe vençeur.tous les pre- ^fa> .
miers nais, qui rut le grand coup donne me(me.
delà deliurance qui deuoit s'en enfui- L'ug"e**
1 ï J • a \ « r V Pa/chal me-
UVC le lendemain : & Moyfe par l or- moriai je u
donnancede Dieu, aduertit les Iuifs5^'«^wc«
d aifeigner leur po{tcritc,que ce (acrifi- ^#*.
ce de l'Agneau auoit efté commandé en Exon. 14
mémoire de celle deliurance : parquoy z6*
cefroit le figne du bénéfice à receuoir,
&: le mémorial d'iceluy benefice,quand
il feroit receu. Ce traict de la figure a
k iiij
152 L'agneav Paschal^
Vïà&dti- c(té parfaitement accomply en la veri-
ww*Vs4»-te: carleSauueura ordonne le Sacre-
«f«r,^m«-ment &facrifïcedefoncorpsau vefpre
tnormlticelle. dc ]a nui(ft ^-J fut prins ^ pQUr eftfe je
lendemain crucifîé^&pafTer de ce mon-
de en l'autre, &: eftouffer par fa mort les
vrais aifnez d'Egypte , à fçauoir les pé-
chez du gère humain, Si enfeuelir après,
en foçifang précieux, comme dans les*
abyfmesd'vnemer rouge de Tes mérites
infinis 5 les puifTances d'Enfer, pour la
vraye deliuranccdefes cfleus.
Ce facrifice donc fut vnfigne de la
prochaine victoire à gaigner5& vn mé-
morial d'icelle eftant jagaignee.-ceque
le Sauneur lignifia, lors que l'inftituant
il prédit fa mort à Tes Apoftres,& quand
il leur commanda de faire en fa m émoi
%t . , 7 rc,cçquy'ûmoitïah:Fdiéhscecyenmdme-
lAtmonal de \ \ %. T. -
u ç*foo*i rnorre^c eit a dire, eclebrez ce la cri h ce en
lucit.iî?. fouuenancedcce que i'auray fait pour
I. Cor. il. '.4 n , - r\ 1 • r
voitre rédemption. Or comme la nuict
quifuiuitTinftitiition de l'Agneau Paf-
chal,futla grande veille & la crife de la
deliurance des Hebricux5aufTi la minuit
du Sauueur fut le grand choc de noflrc
rédemption.
Uminultm L' article de cette minuicl^fut cli
fUin it<*r. plein mi-jour, quand il mota en la croix
L'agneav Paschal. 155
pour attaquer l'ennemy, &terraflcr nos
péchez à bras cftendusrc eftoit vne pro-
fonde minuidl de ténèbres fpiri tu elles,
efquelles eftciét enleuelis ceux qui pro-
curoient fa mort: minuit aufîi de ténè-
bres matérielles : carie Soleil & la Lune
indignez du forfait cômis en la perfon-
ne de leur createur,eclipferent aufli toft,
&cauferëtles ténèbres d'vne profonde,
extraordinaire, &: efpouuantable nui&,
au milieu du iour. Oeftoitlanuidt pre-
dicle par les Prophètes Amos & 1ère- £™os^£
mie. En ce tour là diât le Seigneur , le Soleil fe heu. 1. 4. c
couchera au midy .. &* /V comiriray la terre de if' „ ,
7 111 t ; tii Tcrtull.ad-
ténèbres du iour de la lueur. i tem, le Soleil luy uerf.ludeo.
-etlcouckéquanâ il ctloit encormidy. S.Cypr. 1. 2,
J T l J , ■ t ,,A aduerf. Iu-
1 t e m, comme la ceremonie-ae 1 A-daro.c.i-.
gneau Pafchal continua en mémoire du i Leja^e
bien receu en Egy prêtant que la Syna- %£%'£
gogue dura: de mefmes a efté inftitué le tufi*** à u
facrifice delà MeiTepourcontinuer &if »*»*»*&•
mémoire de la viclorieufe paffion du
Sauueur, tant que l'Eglifc voyagera fur
la terre &: c'eft ce que dift S. Paul eferi- ^
^\ r\- 1 ^ • 1 r. Cor. II.
uant aux C nrethens de Connthe. Tou- z6.
tes foi s &* quant es que ijom manvere^ ce pain
& boirez ce calice , <vous annoncercyj.a mort
du Sauueur tufques a ce qu'il tienne : c'eft à
direiufquesau grand iour.
ij4 L'a g ne a v Paschal?
Des cérémonies delà manducation de
lo^égneauPafchaL
7
L y auoit vn autre grand nom-
bre de cérémonies myftiqùes
enlamanducationde l'Agneau
Pafchal des Iuifs 3 qui en leur ombre
nous figuroient la vérité du noftre, &r
enfemble nous inftruifoient comme il le
faut manger pour en tirer fubftance de
vie.L'agneau desluifs eftoit immolé au
g vefpre5 hsv s-Christ s'eft donné en
i-w/lr-' l'Euch-ariftie^ en la croix, fur le velpre
tuerey Uteps du môde3&: à la dernière heure du iour,
i.foTi.18. commeparlel'ApoftreS.Iean.Cet A-
lÏjtgtMù gneau deuoiteflrerofty.-celamonftroit
VCj"y' • l'ardente chanté duSauueur3nous don-
nant en ce Sacremét fon corps alTaifon-
né &:coulouré à la flamme de cefte fien-
ne charité : de par mefme moyen nous
enfeignoit qu'il le faut réciproquement
tamour à- ïtccuo\y & manger auec vn amour di-
ttm L appétit 1 ni
it i\vm. uin : car c eit l'appareil &: lappetit auec
lequel les viandes fpirituelles doyuent
Méngèjat cftre prinfes p0ur bien nourrir nos ef-
Ui lutfi [eu- . V^ t.. . j
hment. pntsXcux quilemangeoient.>aeuoient
Expd.it. eftre Iuifs de iangj ou de reiigioir.pcr-
L'agneav PaschalI lyj
fonne ne peut manger noftre Agneau,
qui ne foit Chreftien, enfant des Chre-
ftiens}ou fait Chreftié par le Baptefme,
On lemangeoitenla nuict, ceft pourM<*wse'«»k
monftrer que noftre Euchariftieeft vn""' "
myfterc caché , & inuifibleaux fens de
iugement humain,&: cogneu feulement
àlafoy. Chafque père de famille lemâ-
geoit-* chafque Pafteur enfaParroifle,
comme en fa famille , & chafque Eglife
comme famille foubs vn Pafteur man-^»^.
ge l1 Agneau de Dieu : mais auec cefte
difference^que les Iuifs mangeoient di-
uers Agneaux en diuerfes maifons &c en
diuerstemps5eftant leur Agneau corru-
ptible, les Chreftiens mangent tous vn
mefme Agneau en tout temps hsvs-
C h rist Agneau incorruptible 5c im-
mortel, & vnfeulfuffifant pout tous &:
toufiours.On ne luy brifoit point les os:
cela marquoit alors l'impaffibilité de la
diuinitédenoftreagneauÏEsvsCHKiST
cachée foubs l'humanité 9 comme les os „•*" e
font cachez foubs la chair: & marque
maintenant rimpafîibilité de foncorps,
caché foubs les efpeces vifibles du pain
&: du vin: & partant la figure s'accoplit
parfaitement en noftre banquet: car
nous mangeons noftre Agneau,no feu-
1<$6 L'A G NE A V P ASC H AU
lement fans luy rompre les os, mais (ans
lefion quelconque de fa chair , tout en-
tier, tout vny3 tout immortel, fans Ja-
mais le confommer. La figure ne don-
noitqu'vn petit traid par les os ,1a vé-
rité va plus auant, & s'accôplit en tout
Ma^ê vi- le corps.Onlemangeoit viftement, c?e-
jitment. ft0jc p0ur monftrer, qu'il faut deuorer
ce myftere dVneviue & béante foy,fans
rcfplucheraueccuriofité de laraifon &
du fenshumain. De niefme fignifica-
tion eftoit la cérémonie , qui comman-
doit de bruilerlesrelicfs,s'ily enauoit:
Erujieria car cela vouloit dire que ce que nous
reiufs. ne pOUllonsc0mprendre,illefautbruf-
Uuaï». 1er au reu déchante. Le pain fans leuain
fignifioit lafincerité de côfcience qu'on
doit apporter en cefte table , corne l'in-
i. Cor. 58. terprete Sain cl: Paul. Les lai&uës ame-
***/»« 00 rcs niarquoient la penitencerceft pour-
tudimij. quoylesenfansdel'Eglife de Dieu de-
uantquefe prefenter à la communion,
mettent en bon eftat leur ame, pleurent
leurs péchez 3 s'en confeflènt & en font
pénitence. Les Iuifs eftoient ceints mâ-
geans leur Agneau, en ligne qu'il faut
cftre fur tout chafte en la manducation
de cefte chair virginale de l'Agneau fans
tache, car les reins font marques de lu-
ceinture:
L'a g ne a v Paschal 15*7
Xure ; de ceindre Ces reins, c'eft ofter les
premières caufes du péché de la chair,
&: Elire fecher la paillardife en fa fource.
&: partant S .Grégoire dit que Nom met- hom/if/
tons la ceinclure aux rems , lors que nous re-
frimons la lafciueté de U chair par la bride de
continence. Le bafton en la mai?} , &: les ce haflontn
foliers de peau morte aux pieds 5 à guife u m*i,K
de gens qui doiuent fe mettre en che-
min 3 enfeignoient que nous viuons de
cefte chair immortelle,comme pèlerins
mortels de ce monde , ayans pour fou-
uerain appuy de noftrepelcrinageje ba- e^J/«<?"
ftô de la croix5&: pour chaufïure de nos
pieds, la méditation delà mort: &: ce à
chafque pas & moment denoftrevie:
comme auflî a chafque pas nous appro-
chons le tombeau. Y a-il en tous ces
beaux lineamens &myfterçs figurez &:
accomplis , afTez dequoy recognoiftre
la vérité & le Sacrement de noftre
Agneau Redempteur,6: fa bonté &: fa-
gefTe fupreme, qui l'auoit figuré par fon
feruiteurMoyfe^ôcqûiFa accomply de
fa propre main?
Mais qui nous donnera les yeuxCo%««*
pour bien pénétrer ces œuures,la parole * E s v S"ST
pour les hautement louer, l' affection
pour les faindtement aymer, finon vous
158 L,:A GNEAV PASCHAL
ôfouuerain maiftre, qai en eftes l'ou-
urier ? Qui nous fera toucher les frui&s
de voftre chair & de voftre fang3finon
vous qui les dônez en vfage ? Qui nous
deliurera de Pharaon &: d'Egypte D fi-
non vous/quinousen auez voirement
deliurez : mais nous ingrats &: mefco-
gnoifïanSjauonsreprins derechef la ca-
dene de feruitude par nos péchez?
Trières à q cJollx Açneau venu au monde,pour
I F S V S- /V
Christ, effacer les péchez du monde en la pour-
pre de ce noble sâg,employé pour rou-
gir les pofteaux de la croix, & deftour-
ner de nous la violence de l'Ange exter^
minateur 5 defcndez-nous contre nos
ennemis en çefang5lauez-nQiis de nos
péchez en ce fang : abbreuuez-nous de
cefang3&: en ce fang efpandu en nos I
poiârincs^eftouffez les aifnezde TE-
• gypte fpirituelle, en laquelle nous fom-
. mes trop fouuent 5 &: que nous-mefmes
portos quant &: nousrl'amour du mon-
de, les plaifirs charnels , les folies &: les
fumées du monde: eftouffez les defirs
hautains de noftre amc endurcie , qui
'j'tfnt^Ho- comme aifnezd'homme,nous pouffent
mJ'r t à la vanité des chofes môdaines5eftouf-
bijie. fez les conçu pifeen ces Sz feux de noitre
chair 9 aimez fans raifon & engeance
L'A G NE A V P A S CU AL. I$Ç
brutale 3 ne cherchansquelefoin delà
terre, & les amorces des fens. Allumez
ennoz cœurs ce feu celefte,auec lequel
vous vous edes aflaifonné pour eftre
noftre Agneau Pafchal & délicieux
morceau de no ftre fertin^afin que nous
le puiffions receuoir auec le gain de l'in-
corruption, nous afTaifonnans nous-
mefmes par celte réception en holocau-
ftedefoiïefue odeur &rdebon gouft à
voftrc xMajefté. Rendez-nous fages pour
bien recognoiftrevos dons^faicltes nous
bons pour en eftre bien dignes , & for-
tifiez-nous en la vertu qui Fai&perfeue-
reren lavoyedevosfain&esloix,pour
eftre en fin receus es nopees où vous (è-
re z Tefpoux, &: l'Agneau, le donneur &
la viande de l'éternelle félicité.
L A M A N K E.
»7'
LzA tMzANNE.
O v s vovez icy Exod 1<r-
/ J Us ejt oient
le deiert d Ava-fix cents mil
b- r l>r~ hommes d<
le voiiin a\L-rj ûr.nts
gypte,&Moy-{— -'«
le conduilantia^^*-
, ■ lzod.U|7
multitude des38.
Hebneux en nombre de plus de
Çix cents mille , frelchement deli-
urez du lerua^e des Egyptiens de
des mains de Pharaon5qui viét dé-
lire englouty &: toute Ion armée
das les abyfmes des ondes mannes.
Aulli toil que la farine & le pain,
qu'ils auoient porte quant-& eux
d'Egypte, leur a failly, ils fe font
misa crier à la faim : car le ventre
n'a ny patience ny oreille, mefmes
i6l La Manne.
en vn peuple rude & enclin à gro-
der corne eft ceftuy-cy. Dieu bé-
nin & lib eral leur fit hier furie tard
Ltscaiiiei. voler les cailles à grofles hardes
Exod.u. ^r je carr)p ^ jont j[s furent re.
peus ? & vous en voyez encor
quelques vnes ; &: à ce matin pre-
mier iour delafepmaine i il leur a
faid: plouuoir la Manne qui leur
fert & feruira d'aliment iufquesà
ce qu'ils (oyent arriuez en la terre
promife. Ce font ces granis ronde-
lets & blancs de la grofleur & figu-
1.4 Manne re de Coriandres^qui tombans dru
coZtre. & menu du ciel , ont faict blanchir
Uoa.it. Ja lancJe pariemée : & ont ceffé de
tomber : parquoy toutlemonde
enramaffeàrenuy & à bonne me-
fure:qui en porte la corbeille plei-
ne fur Ton dos : qui le panier en la
main : qui dedans fa befacerles pè-
res de famille enuoyent leurs fer-
uiteursqui enfontlaprouifîon en
La M ANNE. tëf
bonne diligence : mais fur tous il y
a du plaifir a veoir ces petits enfans
demy nuds > qui ayans goutté ces
douceurs blanches y accourent
comme àvne grelle de pois fil-
erez : & s'entre-poufTans les vns les
autf es3font qui en ferrera plus dans
Tes pochettes, & en mangent aui-
dément , nefefouuenansplusdes
cailles du foir pafTé.Les plus grands i
'contemplent ce menu pain , &
I l'admirent y & chafeun dit en le re-
gardant M AN-HV , ceft à dire,^À^HV*
Qv; e s t-c E c Y ? & non fans rai-
fonrcar c'eftvne viande non veuë
&: pleine de merueille y & le Ciel
nenauoit onques donné de tel-
le y mefmesçncedefert fterile de
tout bon fruid : ils l'o nt veuë tom-
ber du ciel bel & ferain/ans en fça-
uoir aucune fource oucaufe natu-
relle : ils la voyent pofée entre
deux neges ou rofées, comme en*
i<>4 La Manne.
tre deux linges blancs : car vn peu
LéMdnn* deuant quelle defcendit, vne pe-
\%'J'UX m roiée s'eftoi< cfpanduë fur la
£xoi6.i4. terre pourla receuoir. & eftant ja
Rabb. Sa- r I » '
iomon.& deicendue, vne autre la couuer-
^fa'1 ' te ; cesmerueilles eftonnétles He-
brieux,& leur font direM an hy?
mais ils feront encor plus efton-
nez quand ils verront qu'elle ne
Httomboh tombera point leiour duSabat,
-u"taitS*' comme chômant la fefte. Que ce-
Zxo.i6.i6. lny qui en cueillira tous les matins,
plus que delà mefured'vn gomor
n&hm-t pour fa prouifîon,n'en aura pasda^
ixo^is uantage que l'autre qui en aura
cueilly moins, & que ce gomor fe-
ra la refe&io mefurée d'vn chacun
grand ou petit mangeur. Qu'elle
Fo»<i*«so-fondra& le refoudra en eau aux
Uq.i6.li. rayons du Soleil y & s'endurcira
prefentéeau feu dans le four, pour
eftre appreftée & cuitte en pain.
Quelle le conuertira en ce que
La Manne. ièj
chafcun voudra : & qui voudra ^tf*
auoirlegouft de chair de poulet, *X°;J'"J£
de veau , de perdrix , ou d'autres0^-
chofe à mander, il l'aura félon fon
delir : qu elle pourrira il on la gar-
de iufques au lendemain,/! cen'eft
leiour du Sabat. Pour ces merueiL
les ils diront toufîours M A n-h v ?
comme ne pouuans compren-
dre que ceft,&Ie nom demeu-
rera toufîours à la chofe en teimoi- M°yf<'
gnage de l'admiration. Moyfe
contemple le Sacrement prefent,
&iettelesyeuxde fon elprit cler-
uoyant,à la grandeur du futur my-
ftere : & hault-Ioiiant les dons de
la diurne bonté,inftruit ce peuple Manne^
groffier^commeil fedoitcompor-^4»r*-
terenla cueillette & vfufrui£t deEX0. ii
ce pain, il commande aufli à fon £ \^rcy.
frère Aaron, d'en retenir vn vafeHeb-9,4*
pour mettre en referue au Taber-
nacle quand il fera dreffé , en me-
1 iij
\66 La Manne."
moire éternelle des dons receus de
la main diuinexhacun ajaferréfa
prouifion>&: la Manne tombée
commence à fondre ,furgifTant le
«Soleil aflez haut deflus l'horizon,
& Rapprochant du Midy.
i67
LA MANME FIGVRE
dv Sacrement
de l'Autel.
E Sauueuradifertementde-
fcclaré que la Manne eftoit
vne illuftre figura du facre- £"£X4:
ment de fon corps , lors Num.n.7.
qu'inftruifant les Iuifs qui fe vantoyent pfal-77-M-
en leurs ancefires qu'ils difoyent duoir
mdngê U Manne du defert comme il efi efcrit.
T Y L E V R AS DONNE' LE PAIN
dv ciel : Et prenant occafion de
leur parler de la manducation de fa
chair vraye Manne du Ciel 5 il leur ref-
pond. En "Mérité , entérite ie^om <fol0an.tf.3r.
que ce n'efi fds Moyfë qui yous d donné le 3M4«
yray pain du Ciel : mais c'efi mon Père
qui vous donne le yrdy fdin du- Ciel. Et
vn peu après. Vos pères ont mdngedu de-
fert ld Mctnne & font morts 5 qui mdnge
ce pain vivra éternellement. Enfeignant
par ceftc allufïon &: comparaifon
1 iiij
i68 La Manne.
que la Manne neftoit que lombre &la
marque de fa chair : & que Moyfe na-
uoit donné qu vn pain figuratif du pain
qu'il deuoit laifler a fon Lglife , vray
pain venu du Ciel, fçauoireft fon corps
précieux apprefté foubs les efpeces de
pain, S.Paulfclori l'efprit de fon mâi-
ftre compare la Manne à rEuchariftie,
& la mer rouge au Baptcfme , comme
les ombres aux corps. Les faincts Pères
tauanne de pareille foy & doctrine , prefehent la
*n(cr''e "ï* Manne, comme vne belle peinture fai-
TufhZiftie âeen l'efchole de Moyfe, &: extollent
p*rs-cw. le S. Sacrement de l'Autel comme veri-
Alex" té exhibée en la loy de grâce. Or pour
Theoph. le mieux conceuoir , contemplons le
c'ioan;in^raPPort de lVn à l'autre, de la Manne
s.Amb.l.dc Iuifue & de lanoftre Chreftienne.
initiât. c. 8.
Scfafc/' Co)refpondance de la <J%fanne au S.
Sacrement de ï Autel.
i.
£^§ A Manne fur nommée pain du
ïgk Ciel parce quelle venoitdefair
***4*cUL «#i* appelle Ciel en la fainétcEfcri-
oyfeanxd» ture, (umommant les oyfeaux du Ciel,
C'\L , c'eft à dire de l'air, qui eft leur élément:
Matth.Ii.4. ne- n
noftre Sacrement eit vrayement pain
du Ciel,car il contient celuy qui vray e-
La Manne. 169
ment eft defcendu non de Fair mais du
Ciel. C'eftcequedifoitle Sauueur aux
Iuifs comme cy-deflus auons ouy; Ce Ioan-^3I#
riejl pas M oyfe qui y orna donné le <vray pain ^
du Ciei.mais ctflmon Père qui <vouâ donne le La Manne
njray pain du Ciel. Secondement la Manne {«tt'ptritr
eftoit vne viande extraiéte d'vne caufe **' *
extraordinaire , & faite par le minifte-
re des Anges , & non de la nature com-
mune jceft pourquoy elle eft appelle©
pain des Anges • car de dire que c'eftoit Glofa in
parce qu'ils en mangeoiët, ce feroit vne i^.lxod.
expofîtionimpertinéte5veuquela vian-
de de tels efprits eft fpiritu elle & pro-
portionnée à leur nature , félon que di-
foit Raphaël à Tobie. ïl/èmbloitlroiremet „ t
que te mangeois & beuuots auec 1)011* -.mats 1 nj-
fe d'y ne y'iande &* d*yn breuvage inuifible,&*
que perfonne ne peut >o/r. Pour la mefme
raifon elie eft appellee par S.Paul, vian-ï.Cor.io.
de fpirituelle, non qu'elle ne fut vifible m^wm».
& palpable : mais parce qu'elle eftoit ^iTn!ï u.c.
préparée d'vne main &: façon diuine. 14& l.n.
Les Naturaliftes ont bien recognu vnc'4*
genre de Manne donnée à la naturelle, y -,
quieitvne certaine rofee de miel, que commune
les laboureurs de Syrie ramaflent de$c"e(n'eat4t
1 t -i „ t 1 a mont Ltban.
arbres au mont Liban, & dont les Apo- Gai.i.5.<fe
thicaires vfent : mais celle- cy fut toute aliment.
170 La Manne^
autre en ces caufes & effeéts comme il a
efté di<ft, elle fut produitte par merueille
denouucauaudefertD &: tomboit tous
Tomtoiten *cs *ours ^aur 'e Samedy5en Hyuer & en
Hyuer&>en tout temps : & par merueille cefïbit au
tout cemps. Samedy, & continua en cefte façon lef-
pace de quarante ans & non plus , & ce
fut vn des dix miracles que ce peuple-la
voyoit continuellement au defert. C'e-
i ftoit donc vn aliment celefte/urnaturel
Trodurtio» &diuin. Cefte qualité conuient fort
Mann! ^ien * no^re Sacrement:car en premier
lieu le corps du Sauueur n'eft pas en-
gendré par voye humaine : mais par la
vertu du fainétEfprit&: par vne vierge,
qui font deux caufes extraordinaires.
En fécond lieu ce corps eftfaift prefent
en l'autel, fous les efpeces de pain &c de
vin par le miniftere des Preftres qui font
tes vnjires ^cs Anges de Dieu en l'Eglife . Ce font
Anges. eux qui corne inftrumens font ce corps
Mal.i.j, au Sacrement,vfans de l'entremife de la
toute-puifïànte parolle de I e s v s-
Christ,Cecy est mon corps,
&: pource, il eftfaid parles Anges 5 &r
c eft vn vray pain des Anges en cefte
^ qualité. Troifiefmcment la Manne fut
Vou/viaù- donnée pour viatique au defert d'Ara-
î*ff- bieiufques à l'entrée de la terre dç pro?
La Manne. 171
miiïïon:leSacrementnouseftdonnêaii
defert de ce monde iufques à ce qucTE-
glife voyagere , entrera vidtorieufe &:
triomphante en la terre des viuans , qui
eft la patrie celefte. Quatriefmement la
Manne reuenoit autant ramafTée en pe-
tite qu'en grande quantité : car perfon- t4(£ntltê
nen'enauoiten fin que la mefure d'vn^/e.
gomor^foit qu'il en euftplus ou moins
ramaiTé5&: cefte mefure eftoit égaleract
fuflîfante à chafcun, nourrifïant fans di-
fettel'homme fai£t,&:ne furchargeant
point Teftomac du ieune garçon :chofe
admirable à la vérité, qu'en vne multi-
tude de plus de fix cents mille perfon-
nes5 Se en vne inégalité fi grande de
complexions & d'eftomacs, la mefme
quantité fut égale dz proportionnée à
la portée d'vn chafeun. Cecy fe voit V^'f'?.
admirablement en TEuchariftie: carel-^/*
le n'eft non plus grande en vne petite
Hoftie,qu en vne grande: en vne pièce
qu'en vn tout, de le corps du Sauueur
eft tout en toute l'Hoftie , & tout en^fa™
chafque partie d'icelle , & fe donne éga- d e®rtt' "
lement à tous, foubs inégales pièces:
combien que pour le regard de l'effet,
ilproufiteplus à ceux qui font mieux
préparez, Cinquiefrnement la Manne
172 La ManneJ
5 donnoit à manger & à boire enfemble;
UMtnne ear c\\c fournifloit le pain deuant le feu,
ml"pr& & ruiffeloit les eaux deuant le Soleil:
hoire. c'eftpourquoylcsDo&eurs difentque
îomoîffn lcs^u^s dcmâdans de l'eau, murrnureret
£xod,itf. irçalicieufement, & de gayeté de cœur:
d'autant qu'ayans la Manne ils auoieht
dequoy mangera boire 5 ne plus ne
moins que lôg temps après eux Jes cinq
mil hommes qui man gerët au defert les
LeiàncL pains &: poiffons multipliez , eftoyent
?!nsl t rafïàfiez&abbreuuez par la viande mi-
ioan.x. raculeufe&figure de nôftre Euchanftie?
cefte mefme Euchariftie donne le corps
& le fang de Sauueur , vray pain & vray
breuuage enfemble,encor que ce ne foit
6 quenvne efpece.Sixiefmemét laMan-
Deux ««-ne eftoit couuerte &: cachée entre deux
uertesdeU , „ r
Manne. rotees5 le corps Se fang du bauueuriont
Giofaex couuerts &c cachez à noz fens & iuge-
îomon in ment, foubs les accidents extérieurs du
Exod.15. pain &du vin. N'y a-il pasaflfez là de
traids de femblan ce pour nous faire re-
cognoiftre le vifage de noftre Sacre-
ment?Et fi Dieu a efté iadis admirable a
figurer le patron de la vérité 3 ne Teft-il
pas encor plus à parfaire de poinâ: en
poindt la vérité félon le patron 5 & cou*
cherd'vnfi beau &: fi mefurc rapport
L a Manne. 173
les viues couleurs d'vn myftere nou-
ueau,furleslineamens de l'ancienne fi-
gure? mais voyons-en encor quelques
autres trai&s.
Que fo-nifioit UJembUnce de Corian-
dre en U <J%fanne.
Hilon grand Dodeur entre cr.\é*?rt'
S lesIuifsDeicnt que lespiecesde aikg.poft
graindecoriâdrebrifé,iettées mcd-
en terre germer aufli bien quc„ainde Co.
le grain entier, tout ainiî que les greffes nantie.
dVn arbre antez ou plantez, portét vie:
propriété de ce grain certes admirable,
&qui ne fe treuue en aucune autre femë-
cequei'ayeleu^nonpas mefme au fro-
mét qui eft vn des grains qui ont le ger-
me plus vif. L'ifcriture qui ne met pas
vn jota au papier fans raifon^compare la
Manne au grain de Coriandre^c'eft fans
doute pour marquer vne merueille ca-
chéeaux ombres ludaiques , que nous
defcouuros en la lumière de noftre foy,
laquelle merueille confîfte en ce qu'vne
feule partie de noftre Sacrementa vie
comme le tout , & que chafque pièce
d'vne Hoftie rompue contient autant
174 La Manne*
Hmp*** que l'Hoftie toute entière. Cefte mer-
ueilieaelteesbaucneeparvn autre trait
qu'auons dit cy-defTus de la quantité de
la Manne , qui eftoit égale en la proui-
fion,cncor qu'elle fut cueillie en mefurc
inégale. Difant donc lEfcriture que la
MannejVieille figure, eftoit femblable
au grain de Coriandre 3 elle donnoit la
peinture extérieure aux Iuifs^ nous fi-
gnifie à nous5 l'intérieure vie de noftre
Manne en toutes (es parties à la fem*
blance du Coriandre 5 combien que ce
foit dVne façon infiniement plusparfai-
dte:car nulle des parties du Coriandre,
n'eft tout le grain du Coriandre: mais
_ , toutes les parties du S acremé t font tout
Toateiles ^ l .
fartksd* oacrement, 8c toutes contiennent le
no/îresacrt- corps duSauueur, ônoutes font, le tout,
^" 'encorquepour raifon des efpeces, les
parties de l'Hoftie ne foyent pas toute
l'Hoftie 5 mais partie dïcelle.
La Manne.' 175
Le S. Sacrement garde au Tabernacle
comme la Manne enï Arche.
4
O vs auons ouy que Moyfe cô-
^jlmâdaàfonfrere Aarô,demet-
SIJ^FtredelaMâneen referuededâs
le Tabernacle, poureftre mémorial des
biens receus de Dieu> ce qui fut exécuté
auffitoftque l'Arche fut dreffée, dans
laquelle Aarô miftvne cruche d'or plei-
ne d'icelle Manne, &: l'Arche auec la **«**»»«
cruche3futcolloquceaulieu tres-faied.^^.
comme Saincl Paul tefmoigne efcriuât 3?
aux Hebrieux,de manière que laMan- Uco 9*4'
ne non feulement feruoit de viande 3c
de viatique,mais encorde mémorial. ia
vérité de ces traidls continue de fiecle
en fiecle en l'Eglife de Dieu, en laquelle
le corps du Sauueur comm e Manne ce-
lefre^eft donné en viande&en viatique,
&" auec ce eft laiïïe en referue , pour mé-
morial des biens receus de Dieu:carpar
tout où fe trouue le S acrement,par tout
eft le mémorial de la bonté du Sauueur
enuers nous.il s'eftaufïî gardé& fe gâr-L*c"H1'
era îuiques a la nn du monde auxEgli- îe^x A&
(c$> pour eftre porté aux malades, &{***■
vj6 La Manne.
s. iufl :.ap. autres qui en ont befoine,&: qui ne peu-
cputadvi- uent aller au temple& affilier en la Méfie
aor.Pap. pourlereceuoir. Telle a efté la pra&i-
ap^dkufc. ^ ^U temPs des Apoftrcs& de tous les
l.5.hiit.cip. fiecles fuiuans iufqucs auiourd'huy5
*ucmaux commcil appert par les cfcritsdeS.Iu-
maUdes. ftin5 S.Irenee 5c autres Docteurs de
Çufcb.U. l'antiquité fainéte.
c.j<. ?
Le pain des luifs porte nom de mer*
ueille, en figure du merueilleux
Sacrement de [Autel.
S
O mm e la Manne eftoit metv
ueilleufe en Ces caufes, en la
nature^ 5c en fes effefts $ auflî
Man-hv. portoit-elle vn nom ne fignifiant que
merueille &: admiration : car Manne
vient du mot M a n-h v 5 qui eft à dire,
ainfi qu'auons cy-defTus ouy,Qv'£ s t-
c E CY5 mot qui marque admiration 5c
ignorance defir de fçauoir en celuy qui le profère:
aeUca»(t »... \ l l , .
^ewive^- car parce qu il ignore la nature de la
mration. chofe 3 il l'admire 5c demande que c eft.
NoftreManne&>noftre Sacrement cft
fi admirable , qu'aucun nom ne le peut
déclarer, &apresqu'on la bien cofideré,
on trouue beaucoup plus facile de l'ad-
mirer
La Manne. 177
mirer que de l'exprimer parvn nom cor-
r-efpondant à ion excellence, au moyen J///,^
dequoy de tous les noms qu'il porte, 'ùtdnépcm
n'en a aucun qui luy cogiuienne mieux eJlre **fn**
1 \j- • rv. P*rvn nom.
qncManne3nom dadrniration,que Dâ-
uid a donné par vne perifrafe, appellant
lEuchariftie. le mémorial des merueilles de Me iai
Dieu^ui n'eltpas tant nom, que marque famtneiï-
. demerueille, & à cecy femblc le Sa»- lcrsf< D':ett'
ueurauoir vile lors quinitituant le Sa-
crement de fon corps, il dit à Ces Apo-
ûïcs^Fdiëlescecy en ma mémoire , corne s'ilLuc.rz.if?.
euft dift vlez de cecy ^ comme d'vn mé-
morial de mes merueilles : or en ce mef-
me nom de M a n , nous remarquerons
vne autre rencontre d'admiration de la *f f ?" H T
vieille Manne aucc l'inflitution de Ize^o.îc/
noftre nouuelle.xar corne les Hebrieux
eurent pris la leur en la main ^ ils dirent
s'efmerueillans ,Man-hv5 Qu'efl-ce-
cy?a laquelle demâdeMoyfe ne refpon-
dit rien finon en gênerai , Cejt lepam (jue cecyejl n
•le Seigneur ~)'ous a donné à mander. Mais le corP:-
• Sauueurprenâtle pain&rinlîituantfon Mar^
Sacrement, refpond en fpecial difant}Luc,
Cecy estmon coïcps, & pre-
nant la coupe, Cecyest ai on sang,.
comme s'il euft diét, vos pères iadis ont
dlâ3yw'ç/if-«c7,tenant en la main iavian-
mon
178 La Manne.
dequeieleur faifois plouuoir, &rvous
cncor prononças le mot de Manne5de-
mandez Qv'e s t c e c y ? le vous ré-
pons, & à vos pères, Cecy est mon
CORP S,CeCY EST MON SANG:
voftre Manne & voftre merueille, cer
ftoit mon corps en figure, &la Manne
queie fais & le mémorial que i'inftitue,
c'eft mon corps , non en figure, mais en
vérité .-Voila donc la merueille de no-
Us tffeâs de fl.re sacrem5t marquée au nom de l'an-
Dtetédetant . « 1. 1 • 1 1 11
piwqtSds cien , &1 admirable rapport delanou-
fo»t admira- uc[\c Manne , & merueille , en laloy de
pimfont^iU Moyfe, auec celle de la nouuelle , en la
honorables loy de grâce, & puis que tout eft icy
rlt3iaadmirable > & <IUC l'admiration eft vtile
"à nous,ôdionorable àDieu en ce grand
myftcre5contemplons-y encor lesfour-
ces d adrjtiration en fa toute-puifïànce,
fagefîe &t bonté , & voyons pourquoy
les fain&s Pères l'ont fi tresfort admiré*
•
La Manne. 179
t^ferueille de la puijjance de Dieu du
S. Sacrement de î Autel.
6
Iev fc mouftre admirable enD/'?4(/T
. C " r -rr rableçarfa
troisraços5pariapuîiiance5parf«,^4»cf,/"^
fa fagefîe, & par fa bonté , c'eft^# & bon
te.
pourquoyilagrauéles marques de ces 5^^
ftois vertus en chafque fienne œuure
tant petite foit-elle. Les forces naturel-
les des pierres 3 & plantes, & les armes
des animaux,marquent la puifTance du
Createur5l'ordre des parties de chafque
créature J'induftrie des grandes, &pe-^%^
titesbeftes &: l'addrefle d'icelles, font
veoirfa fagefTe, l'eflcnce & proprietez5^0"^
de toutes chofes^tefmoigrient fa bonté.
Tout ce qu'il a faid iadis en la Ioyde na-
ture, de Moyfe, de de grâce cft marqué
de ces trois crayons, &n.'y a rien où il ne
foit rendu admirable en trois façons,
à ceux qui ont les yeux de Tefprit ap-
prins à bien contempler la grandeur de
fesœuures. Mais fur tout il s'eft mon-
tré merueilleux en ce diuin Sacrement
comme dernier chef d'œuure de (es
doigts&radmirable codicile de so nou-
ueau Teftament. Il a faift paroiftre ç '
m ij
180 La Manne.
iceluyfapuiffance en autant de maniè-
res qu'il y a de rangs en toute la nature:
nous l'expliquerons en bégayant : car
comment pouuons-nous faire autre-
mennparlansd'vnfi haut efTeft, d'vne
puiflance infinie l Nous trouuons en
Touus ch0- toute nature vifible 3 la fubftance,* la
/rsjiraportet quantité, la qualité,le rapportera ftion5
IJcCfilî kpaffion, le lieu , le temps , l'afliet-
Unatttre. te,l'auoir, ôc rien plus. L'homme pJr
exemple a l'ame raifonnableD&: le corps,
qui font fa fubftance, il a fa quantité, I
YW*M': qui font fa longueur, fa largeur, & fohl
la quantité. M o %• ' ? r
La qualité, efpefleur : il a (es quahtez, qui font fa
le ^ort. cauleur, fa beauté, fa bonté &: fembla-
blesatours.il a fon rapport, car eftant
comparé &: rapporté! vn autre qui fera
pluspetit5moins bon,ou aufïi grand que
luy, il eftfurnommé plus grand, meil-
VaSîion. leuroupareil.il aaufli fon a&ion , car
il parle, il eferit, ou faid autre choie. Il
a fa pafïion : car il reçoit en fon corps ou
en fon ame , quelque imprefiïô de froid,
de chaud, de ioye, de feience, de tri-
Ulku. itefTe & femblables . Il fe trouue en
quelque lieu, en la ville , aux champs:
Le temps. & en que[que temps , au matin , au foir,
v e en Efté,en Hyuer. Il a fon affiette Se po-
1 fture : car il cil aflis,ou debout* Il a fina*
Dixcatei-o-
La Manne. i8r
lementfavefture,fon manteau, fes fou-L'4«£>/r
lierSj&rtout ce qui fe trouue en l'hornme
ou en autre créature corporelle 3 (s rap-
porte à lVn de ces chefs5qui font les dix
ordres de la nature affignez par les Phi- Arift.in
lofophes3comprtnans toutes les pièces ^fc#&
de chafque créature, félon tous lefquels
le Sauueur s'eft monftré tout-puiffant.
Voyons le premièrement en la fubftan-
Delà toute-pmjjance de Dieu en la
tranjfubflantiation.
I 7
O v r le regard de la fubftâce
qui eft la bafe de tout &: tient l
le premier rang en la lifte des Catego.
chofesDleSauueu^monftrefaSvBSTAN-
fupremepuiflance en fon Sacremét, en
ce qu'il châge par fa parole 3 la fubftance
du pain en celle de fon corps 3 &; du vin
en celle de fon fang: genre de miracle
voifin de la création, &: plus noble en ce
myftere que la creatioD&: tout propre àè
fbypour faire recognoiftre vn ouurier .
tout-puifrant:enlacreation3D/>«4^/>,d7*
a efié fdi£l\ il a commandé&d tfti creé0co m e ^£antm
Dauidchante5icyildict5 Cecy e stpûLji.*
m iij
i8*2 La Manne.
mo nc orps,& fon corps s'y treuue,
C e'£y ESTM0NSANG5& fon fang
ft& . y eft prefent. Alors fa toute-puhTante
parole fîteftrece qui n'eftoit point du
tout, maintenant elle faidt prefent fon
corps en vn endroit où il n'eftoit pas
vnpeudeuant: là elle changea le rien
en la créature , icy elle change vne créa-
ture en vne autre, & au Créateur en cer-
taine &çon. Si bié que les Preftres agif-
LesVreftm fans enia confecration par vertu de ce-
inftrumes de ^ ' «rr 1 -1 r •
citation, ite toute-puillante parole y ils font en
cefte qualité créateurs de leurCreateur.
Car changeans le pain au corps duSau-
ueur, &rendans ce corps prefent , ils
font auflï par fuite neceflaire, que fon
ame&fadiuinité, qui n'abandonnent
iamais le corps,foient prefens,&par tel-
le opération, ils produifent aucunemét
. , . r laperfonne diuine & le Créateur: ne
vxîrgtmen plus ne momsque la vierge gloneule a
de Bien, engendré I e s v s-C h r i s t Dieu &:
homme: &vrayemét eftappellee créa-
trice & mère de fon Créateur, encor
* qu'elle n'ait engendré ny lame ny la I
diuinité d'iceluy , mais feulement le
corps5qui a efté côioinâ: à vne amc rai-
sonnable^ hypoftatiquement vny à la
diuine perfonne 5 qui l'accompagnent
La Manne. 183
infeparablement.Et partant le myftcrc
de rincamanôDcomnie auffi de la tranf-
fubftâtiation, eft plus grand & plus no-
blejquçceluydela creatio'n: car l'effeét
de la création fut vne créature , fçauoir
le monde: & l'effeâ de l'incarnation,
comme auffi de la tranffubftantiation,
eft le Créateur , àrailbn de cefte fuite
de concomitance: &: quand bien on n,'y
confidereroitquelécorpsdu Sauueur,
l'efteéten eft toufiours plus précieux,
veu que ce corps furpaffe le prix de mil-
le mondes. Dieu donc fe monftre plus *' rj^l"
grand en ce changemeut, qu'il ne fit en puljfance en
I la création: &: après la création. & dc-ehan&e*ntU
» n j 1 rr 1 n. • creiturc en
uant le myltere de la tranilubitantia- vne autre.
tion, quand il a voulu donner preuue
de fa vertu , c'a efté premièrement par
la mutation dvne créature en vne au-
tre, comme eftaht telle opération , vne
propre marque pour tefmoigner le fou-
ucrain Maiftre de la nature ,& pour fa-
ciliter larfoy de la tranfTubftantiation
quifedeuoit faire en la Loy de grâce,
dupafti&: du#vin au corps & fang de
'fonfils. Ainfi pour première preuue L<ho«chan'
de la pui(Iance,u changea deuantMoy- EX0.5.&4.
fe la verge en ferpent, &: deuant Pharaô
&les Egyptiens , il conuertit les eaux
m iiij
184 JLa Manne.
d'Egypte en fang, & le premier miracle
parlequellE s vs-Chr i STfaiâ; hom-
me, ic monftra Dieu, ce fut en chan-
£«*»«» w- géant l'eau en vin : & le dernier remar-
quable qu'il fit en fa vie mortelle 5 ce fut
en changeant le pain en fon corps , &: le
vin en Ton iang,qu'il continue tous les
iours &r continuera en tefmoignage de
fapuitfance, tant que fon Eglife mar-
chera au defert de ce monde mortel,
comme il continua la Manne figure &:
parangon de celhiy-cy au delert d'Ara-
bie durant le pèlerinage des Hebrieux:
1 en laquelle auffi , cefte admirable muta-
Sap.ié.n. tion eftoit figurée. Car corne il eft did
au Hure delà Sapience, elle (e conuer-
tiflfoit en tout ce qu'on vouloit.
Ce changement efi njn miracle four
les fidèles,
8
Tf/^ÇT R cechangemét defubftance
(x^/ :nfubfi:ance neparoiftpaSaux
Vhfidelene ®^ fcns du coips , «nais aifc yeux
crott fmon ce de la ioy ieulemcnt , auffi eft-il fait pouf
^udvott les fidèles qui crovent fans voir j & non
S.Aucr. fer. t .„!.■.» { , \ . ,
dctcpi47. pour les infidèles & gens charnels, dont
U règle eft de rtentedre nenfinon ce qu'ils tou~
La Manne. ig5
chent 3dit Saincl: Auguftin. Les muta-
tions que faifoit M oyfe pour combatrc
l'infidélité de Pharaon & des Egyptiés>
&: donner preuue manifefte delà puif-
fance diuine frappoient les fens : com-
me aufïi les miracles du Sauueur &:
ceux qui après ont efté faiéts par l'es
Saincts > qui eftoierit pour planter la
foy:le miracle qui le fait en ce change-
ment comme aux accidens n'eft pas
pour planter lafoy,mais pour l'exercer
&: l'accroiftre, de celuy qui demande dé
le voir auec lefens,ilmonftre qu'il n'a
non plus defoy quVn infidèle: & qu'il ,
croit plus a ion fens qu'a la parole de natureu m-
Dieu 3quiluy annonce ce changement"'./^-
difant. Cecy est mon corps,
Cecy est mon sang: il mon-
ftre encor qu'il n'entend pas raifon , car
il y a plufieurs changemens naturels,
qui fe font en fecret 5 fans que les fens
s'en apperçoyuent quand ils fe font 5
comme quand l'eau fe change en fuc de
vin en la vigne3en fuc de cerife en vn ce-
rifier, quand le grain fe tranfmuë en la r»po»fi»
fubftance d'vne poulie , & quand Vnto4f^
œuffe forme en poufïîn, demeurant la
coquille entière & fans mutation au de-
hors. . #
i86 La Manne.'
* De U mejme puijfknce es accidem du
pain 0} du njin.
9
O MMEleSauucurfemonftre
en ce Sacrement Seigneui &
maiftre de la nature châgeanc
la lubftance , comme il a efté di<5t : ainfi
fait-il paroiftre qu'il eft tout-puifsât aux
accidés &: atours de la fubftance*, diftri-
buez aux neufordres qu'auôs affiliiez.
ïaccdeîs. ^n gênerai parce qu il leur aonne a tous
vne façon d'eftre furnaturelle qui eft fe
AaidcmÇans tenir debout fans fubie&,effeâ: autant
jubtett. fuula puilTance de la commune nature,
comme il eft à l'homme de fe tenir en
lait fans appuy. En fpecialil donne for-
ce à la quantité du pain , non feulement
La qualité d'eftre fans lubiect , mais encor de fai-
rfj>4«*f»«»ife-re l'office delà fubftance , &c feruir de
gedefnbfian- ^fe à ja qUalité,a ia faueur & aux. au- j
Sara. très accidens 5 &: produire auec eux vne
Gen. tu fubftance^comme en commandant à
x.v^q-. ^a fterilité de Sara, d'Anne, &: d'Eliza-*
ïu&beth. bech , & à la virginité de fa mère 5 d'en-
^Ltvir e gendrer il fit preuue de fa toute-puif-
Luc.r. fancc 5 de mefme fe monftre-il icy tout-
puilTant 3 quand il commande à des
La Manne. 187
accidens fterilcs d'eux-mefmes D &: fans v*«&»t
germe de fub (lance , produire, & pro- e^^nk'
duire vneffecl: au deiîus dp leur rang>
à fçauoir vnc fubftance , nature fans
comparaifon plus noble que l'acci-
dent , & de laquelle les accidens dépen-
dent du tout 3 comme (impies officiers
&: vafîaux 3 n'ayems rien qui ne releue
defon domaine. Ce font donc autant
de marques d'vn Seigneur tout-puit-
fantence myftere.
La mefme puijfance vérifiée aux acci-
dens du corps du Sauueur.
En la quantité
10
A puiflance diuine eft encoi> 'v
pluseuidenteau maniement des q_y a n-
accidens du corps du Sauueur : T I T A s*
... r . *, . Sans occuper
car il y tient la quantité toute entière /;c„.
auec fes dimenfions 5 fans occuper lieu:
toute en toute l'Hoftie , &: toute à chaf-
que partie, tant petite foit-elle,qui eft* ty6*1*
donner àfon corps Teftre femblable à "2.
celuy de l'efprit , &: fe faire paroiftre
Dieu tout-puiiTant. Ainfi Dieu eft tour,
partout , &tout en chafque partie du
monde3&noftreamepar tout le corps,
i88 La Manne.
& toute en chafque partie : le corps du
Sauueur n'eft pas par tout,eftât cela vne
prerogatiue refeniée àlafeulediuinité,
mais il eft en plufieurs lieux en mefme
temps &:en toutes les parties de l'Ho-
ftie • c'eftla façon d'eftre naturellcaux
**' Jn^ efprits & vn priuileee donné à ce co rps
frenansyn ^ v .* m f O r
tpre corpuL vny a la diuinite,& puis que Dieu don-
ne le pouuoir aux Anges qui font efprits
de prendre vn eftre corporel, fe reueftif-
fans d'vrie figure humaine, ou autre for-
me vifible 5 &occupans place à la ma-
nière des corps: il ne faut pas doubter
que par contraire efïày ,il ne puifTe don-
nera vn corps, mefme au fien déifié, la
prerogatiue d'eftre enceSacremët fans
occuper place en façon cl'efprit : & ne
répugne non plus à la nature dvn corps
îîejipiusdif- de n'occuper de place, qu'au feu de ne
feune chauffe, bruiler poinfparquoy comme le reu ne
t^a* corp de laïfïli pas d'eftre feu dedans lafournaife;
li^e. encor qu il ne bruflaft les enfans He-
Dan.;. brieux,aufïi le corps du Sauueur nelai£
Lx-vir'imti çc paS(je demeurer toufiours corps en et
&U gênera- r ; V
ttont-,es<on- Sacrement , encor qu il ioit lans occu-
»«"« *//«»- per place: &iï Dieuafaiét quclavirgi-
yktn. nire demeurait entière auec la généra-
tion & l'enfantement , effed du tout ré-
pugnât à la virginité;pourquoy luy fera
La Manne. 189
il difficile de faire qu'vn corps demeure
corps fans occuper lieu 5 veu que la vir-
ginité Se la génération font plus incom-
patibles d'accord,qu'e(tre corps & n'oc-
cuper point lieu ? L'Efcriture no us faci-
lite lafoy de ce miracle, enleignant que _ .
le Sauueur fortit du fepulchre fermé,^^1*'
&*qu'il entra en la chambre des Apo-
ftresles portés clofes. Son corps donc Lw/;""c*«.
n'occupa point de lieu alors, ou deux °an*
corps furent en vnmefmelieu aueepe-
netration de dimenfions , qui eft vn
effedaufli difficile 3 &: ardu à la nature,
&: feulement dépendant de la toute-
puifTance de Dieu.
zJJferueilles es qualité^ du corps du '
Sauueur en ce Sacrement.
M
A lueur., la couleur & femblables 5 •
qualitez du corps du Sauueur <^cf%\:
font encor icy en prerogatiue de * a s.
toute-puifTance inuifibles à l'oeil, ècm-,Le$^tC7i
cogneues a tous les autres fens. L'œil sau^nm-
void bien la blancheur ,1a langue gou-?'^'5*"*
fie la fauour , la main touche la quan-'™"
tité 5 mais ce font les qualitez du pain
&:duvin5&:nondu corosdu Sauueur:
igo La Manne.
que noftre bouche prend fans aucun
fcntiment des propres qualitez dicc-
luylors qu'il conuerfoitauec leshom-
Ladiùmté mes la diuinité neparohToit finonque
eacbeeen par \c COrps de sô humanité^icy le corps
, ^or^_ eft cache ne paroillant que parles acci-
chéaux«ca- dens du pain & du vin :il tient fon coups
inuifible fous ces accidens vifibles , fai-
fant de fon corps corne il vient. Ainfi fe
rendit- il inuifible par miracle deuant fa
refurre&ion, ainfi marcha- il fans pefan-
, teurfurles ondes-: ainfi après fa refurire-
$*umuï* clion cacha-il la fpendeur de fon corps.,
rn.trch.mt &difparut des yeux de Tes difciples-.ainfi
f«rïe*«. mota-il au Ciel fans pefanteur de corps*
^Admirables rapports du corps duSau-
ueur au mefme Sacrement.
V a n d vn corps eft en vn lieu
naturellement 5 chafque mem-
bre a (on rapport diuers à di-
uerfes parties dulieu5Iatefterefpond à
vn5les pieds à l'autrejesmains-à l'autre,
Lesparùes & ainfi du refte : car il eft eftendu: icy les
du corps du parties du corps du Sauueur ont leur
^ZlTJ rapport chafeune à leurs accidens , & la
sacrement, teften'eft pas qu font les autres mem-
bres, de tout y eft deftincl; & à part, &
La Manne. 191
neâtmoinsc'eft toutenvnc petite Ho-
ftie,&: quelquesfois en vne fi petite qua-
lité duSacrement,qu il femble eftre im-
poifible,que tout n'y (oit #onfufément$
auffi eft-il impofïible à la nature de faire
vn tel efïày , ny mefme de le compren-
dre ; moins encores de l'e^pliquenc'eft
voftre v ertu , ô I e s v s tout puifTant &c
fouuerain maiftre de la nature , voftre
fçauoir & voftre parole qui le peut.
Il y a encor vn autre diuin rapport de s^wl^a-
ce Sacremët,fîguré en la Manne^carco- Umentdot
mela Manne cueillie en quantité inega-we*ta"5*
lefetrouuoittoufioursenegalemefure:
de mefme icy vne petite Hoftie rappor-
tée bc comparée à vnegrande, fe trouue
égale , parce qu'en toutes deux, eft le
corps du Sauueur , auffi grand en l'vne
qu'en l'autre , &: qui plus eft admirable,
c'eft le mefme corps : de manière que
l'égalité n eft pas feulement à raifonde
laprinfe égale: mais d'vne mefme chofe
ennôbre,àfçauoirducorpsduSauueui; **»««.
receu tout entier de chafeun. Nous ad- zo,lyz:
mirons auffi corne vn rapport merueil-
leux envn autre genre, que la nuée, la ucobmhe.
colombe, les langues de feu reprefen-ioan.^.n.
tans le Sainft Efprit,faïfoyent vne cho-%^"
fe : admirons que les efpeces vifibleSAft .1 ?.
igi La Manne.
rapportées au. corps du Sauueur,font
affinée* vn Sacrement / Admirons que félon
femme d A- «. t» .. n ■•/«-' «
Mm. diuers rapports , hueeltoitvn furgeon
d'Adam , & prefque comme fille, eftant
extrai&cde fon corps, & neantmoins
femme,pour autre regard, item que le
li s v s- Sauueur eitoit Fils delà Vierge à raifon
uu& ^« ^e *°n humilité , & Père de la mefme
délavée. Vierge rapportée à la diuinité : fi nous
admirons la comparaifon de ces cho-
{es: certes entendans les rapports qui
font en ce Sacrement d'vn grand corps
àvnfipetitefpace des membres entre-
eux,&: d'iceux aux accidens vifibles,
nousauons dequoynous efmerueillcr,
ôc en noftre menîeille magnifier la puif-
fance de noftre Dieu!
Admirables délions du corps du
Sauueur.
*3
5. -vlvS^'A ctio n du corps du S au-
Catcgor. JK/^ ueur eft icy diuinement admi-
«œ* rable : car il nourrit (ans eltre
digéré, il nourrit , non comme les vian-
. s des corruptibles pour vn petit efpace
// nourrit a * . . . r . v . * Y '
l'immortalité, de temps,mais a ïamais aummortahte:
car il met au corps vn germe pour le ref-
fufcitdi
La Ma-nne* ig j
fufciter vn iour glorieux : &Iaprefenc«
de ce corps donne encor vertu de nour-
rir aux accidcs3ce qu'ils ne pourroyent
taire naturellement fans fubftance. CeL« *aid<?t
corps déifié monte encor plus haut: c^xnomiiïenî-
il nourrit Tefpritj &: agit en l'efprit , pre-
rogatiue niée à tout autre corps : f\ bien , ^own*
que comme il eft icy prefent à guiie d'ef- *nU
prit, auffi agit-il en façon d'efprit, 5c pé-
nètre l'ame par ion aétionj'embellitj'il-
lumine, la rend chafte3&:Iuy graueles
autres ornemens fpirituels. Si l'arbre de
vie refaifant le corps, & la Manne chan-
geant le goufl 5 eftoyent admirables en
leuradion : combien plus le corps du
Sauueuren lafienneen ce Sacrement?
car ceux-là if agifïbyent qu'aux corps,
&: ce corps agit au corps & à lame,
pour l'immortalité & pour la félicité
enfemble 3 comme venons de dire.
Le corps du Sauueur impafîible.
t4
E corps du Sauueur en ceSacre- #*
ment n'endure aucune lefion, p"*^0"*
bienquilpuiffecftre iniurié par
les âmes lafches qui le prennent indi-
gnement , ou par la mefcreancc des in-
fidèles qui font iniUre aux lignes exce-
n
194 ^ A Manne?
Sap.1^.17. rieurs 5defquels il eft vcftu , comme le
Roy de fa robbe^Royale.L'impaiïibi-
litéde la Manne refïftant au feu: & fe
conferuant le Samedy fans corruption,
qui pourrifïoit aux autres ioursd'impaf-
Exod lu. fibilité du buifïbn ne fe confommant
point, quoy qu'il fuft enueloppé ^lela
LesUbiti. flamme : Wmpafïibilité des habits des
Dcuc. 1.^.5. Hebrieuxqui durèrent entiers l'efpace
de quarante ans au defert fans eftre vfez
ny accouftrez : toutes ces impaflibilitcz
furent admirables, mais celle du corps
du Sauueur paffè la merueille de toutes:
car en toutes ces chofes , il y eut en fin
delà corruption >icy il n'y en a aucune
& n'y en peut auoir quelque chofe qu'il
aduienneaufignevifible- L'Hoftiefera
diuifée en plufieurs parties,le corps n'en
fera pas pour cela diuifé3mais demeure-
ra entier en toutes, comme le vifagefe
voit entier en toutes les pièces du mi-
roir rompu. L'eftomac digère lesefpe-
ces56c ne digère point le corps : les efpe-
ces s'efuanouïffent en vnlieu5le corps
laifTe d'y eftre : mais il fe trouue ailleurs
où le Sacrement fera. Les efpeces peu-
uent eftre bruflces du feu 5 rongées de la
befte 5 foulées aux pieds : mais le corps
efttoufiours impaffible^hors déportée
Là Manne. ïpy
de lefion 6c.de corruption 5 retenant
toufîours fa gloire & (on immortalité*
Il éfl enptufîeurs lieux en
rnejrne temps*
E lieu du Paradis terreftre eftoit 7.
cres-beau , commeiiaefté di&, careSoriâs
<5c comme il ne fepeut dire, &
la demeure d^damen iceluy delicieu-
fe5 & l'vn &: l'autre plein demerueille,'
mefmeà raifort de l'arbre de vie. Icy
le fécond Adam eftenfon Sacrement,
comme caché en l'ombrage de fon Pa-
radis , eftant luy feul l'arbre de vie , & le
Paradis des âmes dont il eft fefpoux : Se
tout efticy admirable.LeSauueuryefï,
ic il eft au Ciel enfemble. Il eft au Ciel
en (on règne tenant place comme les
autres corps ontla leur naturellement»
Il eft icy d'vne façon furnaturelle logé
petitement àlamefure des efpeces des-
quelles il eft affublé pour conformer fa
grandeur à noftre pctitciïe , & fa puif-
fance à noitre infirmité, combien que
fon corps nefoiten rknamoindry par
la petiteife du lieu5ains demeure aufïi
grand qu'il eftoit en la crois. Q^i pour-
ri ij
iç6 La M ANNE,
cmmtntu ra vojr cecy fans les yeux de lafoy ? èc
•Jr*/* m qui pourra encor comprendre cornent
$vfitun envnmefmeinftant, ilfetrouueendi-
""*' uers Autels, en diuers païs, & en la terre
& au Ciel ? certes perfonne : mais celuy
qui eft fidèle le croit 5 encor qu'il ne le
comprenne point^par ce que lEfcriture
leluyenfeigne: c'eft elle quidiétquele
Ma«.i^. Sauueur dôna fon corps à Tes Apoftres,
Marc.H, Jifant Cecy estmon corp sDdu-
quel antécédent s'enfuit qu'il eftoiten
diuers lieux en mefmc inftant : il eftoh
au fien naturel.naturellement 3 &facra-
mcntallement en autant d'autres3qu'il y
auoit d'Apoftres quile prenoyent. Il le
faut donc croire quoy que le iugement
humain ne le puifTe entendre. S. Paul
afleure comme le (cachant qu'il a efté
s Vaiti rauy au troifiefme Ciel : & toutefois il
ra»y. confeffe ne pouuoir comprendre com-
i. or. 11.2. ment . àiçauoirficefut en corps &en
ame > ou en ame feulement: & nous
croyons ce qu'il diâ: 3 quoy quil nous
femble difficile. Le Sauueur did à plu-
sieurs prenez^ ,Cecy est mon
corp s.,& par côfequcnt5il dit,qu'il eft
en plufieurs lieux 5 le meferoions-nous
donc 5 parce que noftre capacité ne le
peut comprendre ?mefurons-nous les
La M an ne^ 197
œuures de Dieu par la hauteur de noftre
tefte , rauiflànt le fceptre va fa tout e-
puiffante main, pour mettre en crédit
l'infirmité de noftre iugement?S. Paul
ne pouuoit entendre comment il auoit
efté rauy?laifïbit-il d'auoir efté rauy ? &:
nous fçachans encor moins que luy
comment il a efté rauy,laiflons-nous deu w.^
le croire? & fi nous fçauons qu'vne mef-
mevoixcnvn mefme moment donne
toute entière à dix mille oreilles, que
noftre ame eft toute entière en diuers
lieux du corps 3 qu' Abacuc s'eft trouué
en mefme heure en Babylone & enlu-Abacne.
dee lieux diftans de plus de cent lieuës3DanI4-3*»
pourquoy ferons-nous des difficiles de
croire icy l'aiTernô de la parole de Dieu ?
Nous voyons encor tous les ioursque
les cftoilles qui font au milieu du Ciel
font en vingt-quatre heures en tous les
endroicts du Ciel , qui eft pi us que fi vn
oyfeau voltigeant au-tourdela terrefe
trouuoit vingt &* trente fois en vn de-
my quart d'heure auLeuât & au Ponât,
& en tous les endroicts qui font entre
ces deux efpaces : eftimerons-nous que
la puiiïànce de Dieu foit courte pour
faire que fon corps foit en diuers en-
droits ? croy ez-donc âmes Chreftien-
n iij
198 La Manne.
nés à la parole de voftre Dieu tout-pùîf-
fant,&: fidèles admirez en ce fai&foa
admirable puiflance.
Le corps du Sanueur dejjus les
loix du temps,
16
E temps coule par fucce(Tion
&: regete tout en ce bas mon-
de : mais quand Dieu créa le
**• . monde 3 le temps commença
o'va'n- uns prefeancede temps, &:ne fucceda
x> q. point au temps , ains il commença fim-^
plemenû alors : ce mefme Dieu a mi?
quand il luy a pieu la bride au temps, &ç
l'aempefché de confommerles chofes
£W^4j;t5fubieétesàfadent, Les habits des He-
*>nftruez. brieux furent conferue? tous entiers,
eut.^,5. coiTjmeilaeftç di&,refpacedequaran-r
te ans,&: fe mocquerent du domaine de
ce ronge-tout; le petit coufîndefirinç
Çz la fiole d'huyle de la vefue nourrifiie-r
xç. d'Heliejdura plufieurs mois, qui ne
pouuoitfuffirequ'vn iour :1a Manne fe
vhmUl çorrompoit en vingt-quatre heures , &:
\ cgA7° tenait bon quarante huift heures, ve-
L*\Ume nantie Sabbat ; voire ençordura piu-
durapi». fieursfieclesconferuée dedans l'Arche
heurs Jtedes. ' t,
Hcb.9.4. envne cruche d pr. Ces œuures eltoy et
La M an ne, 199
admirables : mais leSauueur fe mon-
ftre en fon Sacrement beaucoup plus
admirable qu'en ces ceunres-là : fon
corps fe treuue prefent en l'Hoftie auffi
toft que les paroles de la confecration
font acheuées3&:fe trouueen vn mo-
ment fans attache d'aucun temps pré-
cèdent ,' à la façon que le mode fe trou-
ua faidt & le temps5fans qu'aucun temps
eut prcallablement précédé. La prefen-
ce de ce corps dure en vertu de cefte pa-
role, comme en vertu delà mefme, la
production des créatures continue &
continuera iufques à la fin du temps, ne
fe monftre-il pas donc en ceft endroicT:
tout-puifTant maifhedela nature 5no-
ftre Rédempteur?
De l'afiiete admirable du corps du
Sauueur au Sacrement.
7 9.
Ovs auons cy-deflus touché, categona
l'admirable afïiete du corps dus l TvM
Sauueur en ce Sacrement, &: deE
tant plus que nous y penfons de tant D//?/w^0„
plus auons nous de quoy admirer la di- deimenbm
ui ne vertu, &côfefrernoftreinfuffifan-^^HT1'
ceencepoincx corne aux autres. TouSript.
les membres font icy diftin&s Tvn de
o iiij
7C6 La M a n n e^
l'autre ; ayans leur propre rapport entre
eux , quoy qu'il en foit des accidens du
pain& du vin: qui n'admirera la gran-
deur de Dieufaifant vne telle diftindio
de membres j retenans leur quantité en
vn fi petit efpace ? les referrans en vn
petit poin<S5 &: leur laiffantle large de
leur dimenfion Se capacité? & qui ne
s'efmerueillera encores de voir qu'on
tourne l'Hoftie, qu'on la haufle, qu'on
Tabaifle , & que ce corps diuin fe tienne
toufiours ferme en ion entre-jent? &
ziSqUI. que combien qu'au mouuement du Sa*
crementil change de place , qu'il ne
châge pourtant !a fituation d e (es parts?
Nous voyons quelque chofe fembla-
ble au Ciel : car tout ainfi que le Soleil
eft toufiours fur la terre , encor qu'il
nous fcmblegyrant fous la terre Anti-
pode 5 eftre fous nos pieds, de mefme
par femb!ance3encor que les parties
delà quantité de l'Hoftie changent,
neâtmoinsles parties du corps duSau-
ueur demeurent en leur arroy de Ma-
jefté.La raifon humaine admire Dieu
en l'aiïîete & mouuement naturel de ce
grand corps celefte, icy lafoy extolle
la grandeur de Dieu en la pofture ad^
mirable du corps déifié de fon Fils,
La Manne.1 201
Les habits du corfs du Sauueur.
iS
D AMcnfon innocence eftoit 10.
richement veftu, &toutesfois^gona.
.. ,y- • r, Habere.
nud5&: après quileutorrenie,
fut affublé d'vne pelifTe morte &neant-
moins rendu nud5toutcecy eftoit ad-
mirable: car comment eftoit-il habillé
& nud.nud & empeliffé enfemble?C'eft L'ameitt(ie
qu'en ce premier eftat5ilauoitramere-nckeme»*
ueftuë de toute forte de beaux habits, ye^ue'
de iuftice,de chafteté,de charité,de for-
ce , de tempérance 3 & d'autres fembla-
bles accouftremens 5 & n'en auoit au-
cuns fur le corps , auffi n'en auoit-il
pas befoin. Quand famé fut defpoùillee J^*^*
de fes habits , elle fut honteufe de fa nu-
dité & de celle de fon pauure corps,
qu'il fallut couurir 5 pour couurir au
moins vne partie de la honte de l'ame:
donc Adam eftoit veftu&:nud3nud&:
veftu par diuerfes confiderations. I/an-
tithefe efticy plus diuine &" plus mer-
iieilleufefans comparaifon : carie corps
du Saiïueurn'aaucuns habits, &titèàni-Leeo ^fc
moingstoufiours très - richement veAu^s^e»?.
mais c'eft de fes diuins habits de gloire
immortelle : il cft luifant par fa lueur
202 La Manne.
en vne cruche d'or. Ces œuures eftoyét
plus que le Soleihplaifant par fa beauté,
plus que tous les aftres : admirable en
cela,& admirable encor dequoy il cou-
ure cefte fiéne robbe de gloire3& prend
celle du pain & du vin 5 cachant laMa-
jefté defaprefence foubs ces efpecesvi-
fîbles pour fe familiarifer à noftre ca-
Comparai- pacité : toutainfi quilcachoit fa diui-
foodel'incar- • / r ï i i n
natio»auec niteioubs le manteau denoftrt nature
VEuchartjiie, humaine, ne paroifTant qu'homme, &
£m£w!"*neantmoins cftant Dieu & homme en-
jatnets tercs. -
iemblement pour nous faire iouïrdefa
douce conuerfation : ainfi la Manne fi-
gure de ce myftere mefmeence poin<ft
eftoit couuerte de deux rofées^dont IV-
uMannenc tomboit deuantla Marçne5luyser-
entre deux 1 • . i j,
rofées cy^f uantcle première couche, l'autre après,
jmat*'t*- comeilaeftédiét.Voyla cornent Dieu
lUau. s'eftmonftré en ce Sacrement Seigneur
fouuerain delà nature vniuerfelle.
Comment FEuchariflie efi <vn recueil
des merueilles de Dieu.
i?
Est-ce pas donc vn abrégé
des merueilles de Dieu que ce
■diuin myftere ? &: Dieu ne s'eft-
[1 pas fait voir admirablemët admirable
La Mannl 203
en ceft abrégé merueilleux fîiamaisen
aucune autre fienne œuure?Il a faict pa-
roiftrefagrâdeuren deux générales fa-
çons, Fvne en faifant desmerueilles à
parc , l'autre, qui eft la plus diuinc, en les
affemblanncomme vn Muficien quino *****$**
feulement fçait debeaux airs tous feuls,
mais auffial'art &la grâce d'en mettre
plufieurs enfembîe , & feruir l'oreille
d'vne riche &: nombreufe harmonie
compofee de diuers accords appointez.
Apres qu'ilfe fut monftré merueilleux L%cmmepe„
en la production de mille créatures, iltitm^de.
fit l'homme recueil de toutes -.ilafaift
depuis le mode créé , mille & mille œu~
ures admirables fur le commun cours r , • ,,
Le [>o !S inAX}-
de la nature: tantoft en la fubftance des^c'.
chofes^tâtoftaux accidens:il a changé, E*od.3.&
comme nous aupns dict, le bois .en fer- iofû.io.i*.
peut, changeant la fubftance & les ac- Lefi»-
•cidés,&:par mefme forte de merueille,^ e3,1"
les eaux en fang : il a arrefté le cours du Le fer.
Soleil contre l'impetuofité de fon ex-4Regf^
rr -i r • n 1 - 1 1 r Les ténèbres,
rremeviteile:il a raicT: defeendre le feu Exô.io.«.
du Ciel contre fa légèreté: nager le fer L^™*«-
furfeau, contre fa pefanteur. , obfcurcy Nmâ.|«fj
le vague de l'air par ténèbres extraordi- 5^
naires^rendugayablela mer dedans fes
abyfmes3ouuerr le fein de la terre , con-?
204 La Manne^
tre fa folidité:fai6t en vne nuid germer,
rieurs. fleurir2&: porter fruiét à vn boisfec con-
Num. i7. 8. tre la fterilitétfaift parler les beftes con-
^anejjcpar- ^ ^cur capacité. En fomme il a mon-
Num.2i.3o-ftré qu'il eftoit Seigneur delà nature,
faifant des œuures furnaturelles fur
toutes les pièces d'icelle.-mais eftant Ve-
nu en propre perfonneen fon monde,
& voulant fe partir du monde il a laifTc
vn miracle feul en grandeur au monde,
&: chef-d'œuure digne de fa main , & de
fa mémoire, contenant feul le recueil de
toutes les merueilles qu'il fit iamais5foit
en créant le monde par fa toute-puifïàn-
te parole, foit en le gouuernant par fa
diurne fagefTe 5 foit enleconferuantpar
fa bonté infinie: recueil contenant fon
corps précieux , Se furpaffant le prix de
mille mondes: recueil oùilfefaift ad-
mirer , comme fouucrain maiftre de
toute créature , commandant àlafub-
ftance des chofes &: à leurs accidens :
commandant aux dix rangs Catégori-
ques,aux dix Ordres,c eft à dire , à tous
les Ordres del'vniucrs. Dauid confide- -
Pfal.g.i. rantladiuerfité& beauté des créatures
s'eferia difant , 0 Seigneur que ton nom efi
admirable par toute la terre : mais confide-
rant ce futur myftere , il chanta d vn au*
La Manne. 205
tre ton difant , Le Seigneur a faiSl "V# mé-
morial de fes merueilles^ &: adioufte pour pralm-110-
déclarer quel ilefr,// a donné a manger l
ceux qui le craignent. C'eft fon corps qu'il
donne à (es enfans : car les viandes du
monde commun 3 il les donne aux be-
fies 5 & aux hommes , bons & mauuais:
ce corps il l'a donné à facherc mereEf*
poufej appreftéen ce Sacrement auec
l'appareil de toutes Ces merueilles5vray e
marque defa grandeur, vraye Manne,
porte-nom demerueille, vray pain des-
cendu du Ciel: vray <don tiré des plus
grands threfors de fa toute-puiflante fa*
gelTe , &: de fa toute-fage bonté.
Comme Ufoy prend force de ce
Sacrement.
20
ÏÉ&?? E premier pilotis & article de LePrm'er
^l<^l n. r > n j • article deno-
j?I|K^noitrc roy5 ceit de croire en jiï8crc<wce.
^^-^ Dieu tout-puiflant : car par la
commence noftre Credo^ fur cefte
bafe s'appuye le fondement de tous les
autres poinôts de noftre religion. Or la
foy de ceft article eft admirablement
exercée D aydée & augmentée en la pra-
tique de csdiuin myftere : car autaot
ïo6 La M Anne*
de fois que nous communiôs, que iidtfS
oyons la MeiTe, que nous participons
ou encor méditons 5 ce facré banquet:
autant de fois croyons-nous que Dieu
efttout-puifïant, ayant faiét, &:renou-
uellant tous les iours, par fa tôute-puii*
faute parolle 3 la merueille de (on pré-
cieux corps 5 auec leftonnement des
Anges &des hommes , &: de l'vniuer-
f elle nature: autant de fois plions-nous
àl'ohehTance de la foy i l'humilité de
nos fens &: iugement, qui ne voyent icy
s.tdftm goutte: autant de fois acquerons-nous
sîhcnce.i. nouuelle force 5 &: nouuelle grâce , à
4-C34- croire la toute puifsâce de noftre Dieu.
liomlô C'cft Pourclu°y lcs feinéts Pères , fain&
ad pop. ' Iuftin3fain<ft Irenée,fairiél Chryfofto-
Ancio. & me5fain<3: Ambroifc, faind Cyprien,
MaTth?:"1 faind Auguftïn & autres Dofteurs,
s.Amb I. prefehent toufiours la toute-puhTance
demmat. dc Dku fur j Q dc l'Euchariftic,
mylt.c.9. r t
s Cyp.l.de Se rappofent aux hérétiques comme
cœn ^om- marque certaine d'iceile puilTance, ÔC
pfal.jf.111 comme les Patriarches & Prophètes
voulans môftrer que Dieu cft tout pui(-
fantj'appellét Créateur du Ciel & de la
terre3de mefmes voulans les fainds Do-
cteurs extoller la toute-puifTance du
Sauueurjmecrentensiuant ce lien chef-
La Manne^ 207
d'œuure. Et comme le diable iadis per-
fuada & fit efcrireà quelques infcnfez^/^
Philofophes , qu e le monde n'auoit pas éffiibifr u
efté créé, mais qu'il eftoit éternel &fans^i'/- ,
commencement, pour aitoiblir dau-i?,».
tant la fcy de la toute-puhîance du
Créateur : de mefmes a-il fufcité en nos
fiecles des errans , qui nient la prefence
du corps du Sauueur en ce Sacrement :
afin d'effacer par leur herefie la plus no-
ble marque de fa toute-puifïànce,& ren-
uerferle plus fort pilotis de noftrefoy,
& le plus bel ornement de la Religion
Chreftienne.
De la bonté du Sauueur en ce
Sacrement.
21
pft^A contemplation de la puif>
Ëgjfà^.fance de Dieu nous faid ad-
^mirer & aymer : nous auons
donné quelques enfeignemcns de (à
puiflànce en (on Sacrement, difonsvn
mot pour y marquer la bonté. Vn pro- mtHre\ji
pre argument d'amour eft de donner de donner.
fes biens pour le profit de celuy qui les
reçoit : ainfi Dieu a monftré à l'homme
2o8 La Mannè.
de l'aimer Dluydonnant Tertre, &de mon-
de créé. Vn argument de plus grand
amour, c'eft de donner de fa fubftance*
celuy qui donne de fon fan g propreté
monftre plus amy que celuy qui faicl:
Amom de ^ vn prefent de fa bourfe. Dieu a donné
An fis. ' f°n Filsvniquc/ubftancedefafubftan-
sic Dcus ce, & ce Fils s'eft donné à nous , alliant
loan!?'.uT fa diuinité auec la famille de noftre pcrc |
Adam3& fe faifant noftre frère pour no-
ftre falut, pouuoit-il plus eftroi&ement
&: plus amoureufement fe donner que
fe donnant tout à nous, &:fe faifant vn
au ec nous , pour nous déifier auec luy
&: faire héritiers de fa gloire? Or com-
me en Fincarnation il a fai& don de
toute fa diuinité à l'homme 3 ainfi de
toute fon humanité en ce Sacrement.il
l'a donné à la mort vne fois en facrii
fice fanglant pour noftre rédemption*
Il la donne icy tous les iours en facri-
fice non fanglant, &en viande pour
nous appliquer le fruiâ: de cefte rédem-
ption* lia marié fa diuinité à noftre
humanité 5 quand il s'eft faiâ homme;
Màtth.ui ^ marie fon humanité à la noftre^quand
3-4» il fe donne icy. C'eft pourquoy ce
Sacrement eft appelle feftin de nop-
ces: Car la chair du Sauueury eftfain-
âement
La Manne* 309
Ûemcnt vnie auec la noftrc pour la ren-
dre chafle & fertile enfembleà produi-
re de belles a&ions^&la mefme chair
eft le plat du feftin pour engrefler nos
âmes des celeftes vertus, & donner ffm*
mortalité à nos corps. OdouxÏEsvs
quelle eft voftre bonté: & quelles font
vos amours icy ? dédaigner vousioin-
dre par deux fi eftroi&s nœuds , de ma-
riage & de viande, auec fi baffes &fi
chetiues perfonnes que nous? le Sei-
gneur auec le feruiteur ,1e Roy auec les
vafîàux , Dieu auec les créatures , Dieu
auec les pauures pécheurs/ Et quel eft
voftre amour en ce diuin mariage & en
cefte nourriture ? Quel R oy voulut on-
ques efpouferfaplus pauure vaflale, ÔC
quel père aliméterde (on corps (es en-
fans ? les mères nourrirent voirement
leurs enfansdeleurlaiét,quieftvn fang
blanchy, mais quelle mère nourrit on-
ques Ton enfant de fa propre chair t ô £«/*'#
diuin mariage :o dium banquet ! o ma-;^*
lingabufiur ôc immortel ennemy des
hommes, qui as troublé ces nopees &£,^^^
ce banquet 5 fnppofant au lieu du vrayjp*«;«i
Efpoux & du vray Dauid , & au lieu de WK"
CL \ ■ J 'CL TJ 1 J ' ,Pa>MickcL
celte chair deinee, vne Idole de pain! 1 pv-g.,i?.
mais c eft en l'Eglifequc fauflement tuw-
o
21 o La Manne.*
1 as fai& appeller reformée, que tu as fup«
cnans.
poic cefte Idole, & non en VI glile de
Dieu, Eglifede ceux qui ont mieux ay-
mé prelter l'oreille à la vanité de tes
. m eteries, que croire auxparolesde veri-
omnective- tc> non a CC1^C vraye colomne de vente,
'té. efpoufe qui ne peut errer afliftée de fEf-
i.Tim.3.1;. prjc ver;tai)je > qUi cognoifttrop bien
lonefpoux,favoix,fon meintien,&4bn
entre-jentj&fçaitle bon mets de fa ta-
Emanvel. ble,-& n'a garde de le quitter. Quico-
EÙ7.14. gnoiftle Fils tout-puifTant ,fai£t pour
lo^inut- nous Emanvel, c'eft à dire Dieu auec
nation. . ^ . . _
noiti^loïs, qu il s'en faict homme , viuant
aucc nous , parlant auec nous en propre
perfonne , mais fpecialemcntfe donnât
Enficonmr- àaous en ce nuptial banquet , c'eft icy
fatton. Q,^ jj £^ pjus que jamajs Emanvel:
carenconuerfantauec nous mortel de
vifible,ilnele fut qu'vn peu de temps, ;
auec moindre vnion 5 auec peu de gens
vc , & en la feule Iudée. Mais par ce Sacre-
r//?^. ment,u elt touhours trcs-eitroictemcnt
vjiy auec nous, comme cfpoux &: com-
me viande auec tous ceux qui fe veulét
marier auec luy, &: en prendre leur réfe-
ction : &cenon en vn pais feulement,
mais en autant de lieux que celte Eglife
Catholique & vniuerlcllc adore ce fien
La Manne.^ in
Efpoux5 depuis le Leuant iufques au
Ponantjdu Midy au Nort, & par toute
la terre. Vn marié quandil fe part d'auec
fafemme5vnpere d'aueefes enfans3vn
amy d'aueefes amis fignifie plus queia-
maisfon amour faidfc vnfeftïnjainevne5'^"^
bague pretieufe3& monftre qu'il fe vou-™"^^
droit laifTerfby-mcfme prêtent s'en £j£r»fr*ft»i.
lant3s'il pouuoit eftre en pi u fleurs lie UxLa^ence%
à la fois.I e s y s-C h r i s t a accomply
tout cecy dvne façon diuine: car à la
veille de la paillon 6c de fon départ de
ce monde,il monftra fon ardent amour Ioan* li- u
à fes en fans, seyant ayme^ les fiens qui
.eftoientdu monde jl les dymd à la. fin ' : c'eft à
dire, leur monftra fon amour plus que
iamais. Le mefmeSauueur fit fon ban- Lifeftin<
quet auec fînguliere lignification d'à- ■
m o u r , di fa n t : / 'dy grmdem et defire de ma 't -
gerceJlePdfcjue dueeveus ^ non la Mofaï-
que5 mais la vérité delà Mofaïque^eftâc
luy-mefme l'Agneau. Finalement il a Laya(tHfm
laîfTé pour bague & mémorial fon prq-
pre corps, & foy-mefme pour eftre tou-
fîours prêtent auec fes amis en la ma-
nière fufdi&e j 6c leur eftre toufiours
Emanuel.
oij
i\ï La Manne^
La charité enuers Dieu ^J entiers
le prochain yaydéepar ce
Sacrement.
22,
lia libéralité attire les cœurs5fi la
table faid les amis :& fi l'amour
engendre ramour,qnelleperion-
ne le trouuera fi agrefte &: fi glacée qui
ne foit alléchée par cefte bonté infinie $
gaignée par ce feftin, faifie d'vne diuine
flamme en lafrequentatiô de ce Sacre-
ment? & quelle amenedeuiendrafain-
dement enflambèe de l'amour de fon |
Redempteur/e Tentant fi delicieufemét
feftoyce; & fi tendrement careffée de
luy^&fi eftroiâement vnie auec luy ?
qui aymera-elle fi elle n aime ccfte bon-
téfauec qui fera-elle amitié , fi elle ne la
faict auec vn fi libéral efpoux? Et de qui
fera-elle auoureufe 3 fi elle ne l'eit d'vn fi
ardent amy?
Vamtur d* Qy E fi c\\c ayme fidèlement ce fien
fro ïam, efpOUX ^ g^ «confidere attentiuement la
nature de ce mariage & feftin , il nefe
pourra faire qu'elle. n'ayme quant ô£
quant fon prochain 3 & fes frères Chre-
ftiens pour l'amour de fon efpoux5quâd
elle verra qu'ils font ay mez de luy 5 ap-
La Manne. 2ij
peliez en mefme feftin 5 &fai&s mem-
bres d'vn mefme corps: &: que pour fai-
re & fignifier cefte mutuelle amitié , il
s'eft donné en viande &: en breuuage
foubs les fymboles du pain &: du vin,
qui font fai&s deplufieurs grains &de
plufieurs grappes: corne ailleurs auons . . ,.
di&.Etcertes 1 Apoitre pour exhorter deUdchife-
les mariez àfainCtement aymer leurs dec-
femmes, tire fes plus forts argumens de p c'5'%s'
ce myftere : comme eftant l'exemple
d'vn mariage parfaid 5 & d'vn amour
parfaict : mariage dehsvs-CHRisT
aucc fon Eglife , à laquelle il s'eft libéra-
lement donné 5 auec laquelle il s'eft vny
de ces deux liens tres-eftroi&s d'efpoux
& de viande : pour laquelle raifon aufîî vtmbvipi
l'Euchariftie a toufiours efté le figne dV/5'w^^'v-
mon 3 de paix 5 &: de chante, & pour la^
mefme on donnoit anciennement le'
baiferenlaMefîe5dequoy nous auons
la cérémonie de paix que l'on donne à
baifer. Et voila cornent cefte fouuerai-
ne fageffe nous attire par fonS acrement
à fon amour 3 6c àceluy denoftre pro-
chain;
o iij
214 La Manne^
De lœfegtjfc de Dieu en ce mefme
mjjîere.
H
fWtjfà Oyons quelques trai&s de la
fe^^^ diuine fageffe , qui eft le troifîèf-
fcJw4Vme craion de fa grandeur en ce
fien Sacrement.Carileft fi bien dreffé
qu'il eftaiféàvoir que ceft elle qui en
rtou,*,10'eftla maiftreffe ouuriere : commeauflî
l'Efcriture le dit. Lafapienceabaflyfa mai-
fon^ & taillé fept colomnes , elle a aujù immolé
Jes Hojli&s 5 à méfié f on >/'«, <& appreftéfa ta-
ble. Cefte maifon ceftl'Egli(e5ces co-
s Cyp cp. lomnes font les feptSacremens d'icelle:
f*f* c*' le vin méfié, c eft fon fang précieux: & le
sacr. mets de cefte fienne table, c'eftla Man-
Çàliâ* , & ne de fa precieufe chainainfi l'ont expli-
luàxos. quel^s Pères anciens &nommeement
c 2. S.Cyprien. Or comme la fagefïè hu-
jT'fî maine fe monftre en bien ordonnât,
fapffe, en bien auemolant , & en bien enfei-
ordonner. gnmt : car ce font les vryseflfc&s d'vn
4ffembUr. 9 • j . -/ 0 . ,.
Enfenner iage entendement : ainlila bapiencc di-
Ordonner. uinefe fai<â paroiftreen ce Sacrement
orluur Par niefmes efïais. Vn fage Orateur fe
monftre en la belle méthode de fes dif-
cours: vnfage Capitaine à bien ranger
La Manne.' 2rj
vne armée, vn fage archite&e à bien
cimmetrier les membres d'vn édifice,
ëc ainfï des autres fages ouuriers.Vn fa~
geMuficienà bien afïèmbler pluiîeurs '*lPeMjr
parties de Mulique &: les lier entre-elles Mytmtàdéi.
d'vn bel accord. Myrmecidés fe fit ad- Char admt-
mirer par Ton induftrieufc fageflfe 3 quâd pj-J' j c
il fit ce Ghar tant renommé à quatre n.i. 39- en-
roues, que l'aide dvne mouche cou-Ka""rea<im"
uroit: ce meruemeux Nauire equippeidem.
de mats.de voil es, de de cordages, d'an- Ln.rei&ner
cres, de gouuernail5& de toutes les pie- ^.m^-
ces que Taille d'vne abeille couuroit£#-
aufsi : mais fur tout la fagcfTe fe monftre
'abien&eificacemét enfeigner lafcië-
ce & la vertu , & c'eft fon plus haut til-
tre. En toutes façons la diuine Sapicn-
ce reluit en ce Sacrement; fon ordon-
nance y eft admirable: car quelle plusLWr* 5^
belle ordonnance peut-on deiirer que'-cert ce Sa-
d'auoir tire rat de belles figures de reps"™*1""
en temps ? Que dauoir donné la vé-
rité après les figures , couche les trai&s
vifs furies anciens linéaments ? Que de
donner après auoir promis.- de donner
en la loy la plus parfiicle, vn Sacre-
ment de toute perfection : vn Sacre-
ment de chanté en la loy d'amour ? d'a-
uoir dreflfé aux Nopccs de l'humaine
o iiîj
2i6 La Mànne.
nature aucc le fils de Dieu , vn feflin
nuptial de la chair de ce mefme Fils?
VaffemhUge Ceste fagefTe eft encor icy plus ad-
£/ w'^mirablc en affemblant: car laffcmblagc
mu, furpafTe toute merueille. Dieu &la na-
ture y font aflemblez, s'y trouuant le
corps du Fils de Dieu, en vertu de fa
toute puiflante parole,fon ame par fuite
du corps auec fa diuinité, & par confe-
quentlePere & leS.Efprit, & l'entier
& facré fenat de cefte diuine Triade,
toutes les merueillcs fur la nature y font
aflemblees,come nous auons di£t:tou-
Vbîfiicrit tes les âmes & les corps des fidèles y
corpus font alTemblez en vn, comme plufieurs
gregabun- grains en vn pain,&plufieurs raifins au
tur vin, afTemblez comme aigles diuines
Match 14. autour du corps de leur Roy, did faind
as Chryfoftome,Mais quelle fapience d'a-
s.chryf. uojr apprefl;é ce diuin morceau ft con-
in.^.cor.xoifonnémentàrinfirmité & capacité de
noftre nature, foubs le gouft &fenti-
. ment du pain & du vin 3 viande à nous
tres-familiere?
La Manne/ 217
Lajagejfe diurne en enfeignant
en ce myflere.
*4
E dernier & plus naïf trai&der^/g»*-/.
fagefTe 3 c'eft efficacement en-
feigner. Quelle plus grande fa-
pience, d'auoir icy donné le moyen
d'apprendre 3 d'acroiftre & fortifier la
foy & la charité.-fondement &: couron- n/ôy.
ne des vertus Chreftiennes5 comme il LcfîerattC9*
a efté dicTt? d'y apprendre l'efperance &
les autres vertus ? Car mangeant ce
morceau nous receurons vne arre do
l'immortalité 5 & comme chante l'E-
glife, vn ?d?e de la gloire future. Et ne feF1utura:
peut raire que par la preience d'vn ùpignus
braue chef que nous y. croyons ferme- (*atur-
ment, combien qu'il foit inuifible à nos d'cllf
yeux , le courage &: le cœur ne nous *»"""*£*•
croifTe iî nous fommes fidèles foldats.
Et comme les malins efprits fi nous les
croyons prefcns 5 nous efpouuentent
encor que nous ne les voyons pas des
yeux corporels: par contraire cfïecT: &
à meilleure raifon , fommes-nous en-
hardis voire éleuez au ciel par la prefen-
ce que nous tenons certaine ? denoflre
ii8 La ManneT
Sauueur: nous apprenons encor icyla
Urtiîiion. rdigion, la plus noble perfe de la iuftice
Chreftienne , par laquelle nous hono-
rons Dieu ^ luy preftant l'hommage de j
fouuerain culte deu à fa feule Maiefté;
ce qui fe faict icyauec fouuerain appa-
reil : car en premier lieu il luy eft of-
fert facrifice , qui eft vn culte de fupre-
me recognohTance , incommunica-
ble à tout autre qu'à Dieu, Et facrifi-
ce non des corps des beftes, comme
en la vieille loy .mais du corps de Dieu$
auquel il a efté fouuerainement ho- \
noré, duquel il a efté appaifé 5 par le-
quel ilacombatu les puiftances de fes
ennemis capitaux 5 & en qui il.iugera
les viuans & les morts. De manière que
le culte eft fouuerain, & l'offrande ne
peut eftre plus grande: &: comme cet
a<5te de religion eft tres-honorable au
Créateur, aufsi eft-il tres-falutaire a fa
créature , qui receuant ce bien 5 & ce
corps de la libéralité d» Dieu, le luy of-
fre en holocaufte, en action de g race, en
remifsion des péchez & leremerciede
fes dons, par ces propres dons, comme
par figure en la lpy de nature & de
Moyfe, les Sain cts l'honoroient luy rai-
fans offrande des biens qu'ils auoyent
L a Mann e, 219.
receusdeluy. C'.eftlabellc confsiou
decegrand&deuotRoyDauid. Tou~
teschofesfontdtoy 9 &nous fanons donné ce1 -Vzï^-19-
que nous duons receu de ta main. tenutre* ver
Av mefme Sacrement nous auons la tmemftfgmf*.
leçon d'humilitéjVoiâs noftre S cigneur Lbtimil,te'
paroiftre entre nous en habit pauure de
familier; & en petit équipage 3 & moin-
dre beaucoup que Dauid quand il vint Dauia.i.
au Preftre Achimelec ; paroiftre reueftu Reg.i.
d'vn habit non fientes efpeces du pain
de du vin, cachant farobbe de gloire,
pournous eftre plus accoftablery auons r
* • -■ , r . J n La potence.
vne leçon de patience, voyans n.oltrc
Rédempteur endurer fi conftammét &
fi longtemps, lesiniures quefouuétles
mefehans luy font par leur mefereance,
par leurs péchez , par leurs blafphemes,
lefbulansaux pieds>le jettans aux flam-
mes, iniurans Ton nom, encor que ce
foit Tant lefion de Ton corps : y auons le-
çon d'obeyflànce , en ce qu'il fe trouue vAtiffm**
prefent fans faillir à la voix de fon vicai-
re quel qu'il foit, proférant les paroles
de fa toute-puiffance fur le -pain& le vin.
En fomme nous y auons la leçon de
toutes les plus hautes vertus, donnée L'e*'m?f<f*'
par l'exemple de noftre Rédempteur,^, efflcaa;
façon d'enfeigner claire Se pregnante,
220 La Manne.
de laquelle ilvouloitquenous fiffions
eftat difant, le <voui ay donné exemple afin
que 'vous fàùe^ tout ainfi que y ont myaue^
yeu faire. Il nous auoit donné exemple
de bien faire en viuant & en conueriant
auec nous par quelque efpace de temps:
icy il nous donne à tous le patron &:
l'exemple de fcs diuines vertus pour
les imiter. Voila les merueilles de no-
ftre S acrement fans eomparaifon plus
grandes que celles de la Manne, Se plus I
dignes pour lefquelles nous difions
Mamy-Ma n-h Vj Qi£efl-cccy ? car ny les hom- j
mes ny les Anges nelespeuuent affez
admirer.
Colloque de louange &/ dUflion
deç-racesà Dieu.
Ve refte-il donc 5 ô Seigneur
tref-puiffant , tref-bon &tref-
fçauantjfinô éleuernos coeurs
à la contéplation de ce voftre diuin S â-
crement, &: y admirant les merueilles
de voftre grandeur 5 vous rendre grâces
immortelles devos biens-faiéts immor-
tels ? mais qui pourra dignement con-
templer le prix ^l'excellence dece bc-
La Manne. ïti
nefiee3fîvous ne donnez yeux & lumiè-
re pour le voir?& quelle lâgue fera fuffi-
fante pour vous en dire grand-mercy?
Moyfe confidcrant vos biens-faicts ôr
entonant vos louanges difoit , Que /dDeut.32.;
terre oye les paroles de ma bouche. Ma dothine
dégoûtera comme pluye , ma par o lie difti liera
comme rofee: comme lapluye déliée fur l 'herbe y
& comme la forte pluye fur la "Verdure. Car
iinmqueray le nom du Seigneur Dieuidonne^
magnificence à noflre Dieudes œuures de Dieu
puijjanc font parfaites : car toutes fes <voyes
fontiugement.Ccft. icy où il feroit befoin
d'vn tel Orateur, & d'vntellangage:car
ceft pour haut-loûervn don qui furpaf-
fe tous ceux que les Hebrieux receu-
rent iamais : &: magnifier vne œuure
qui porte toutes les marques de perfe-
ction diuinement grauees de la main
ouuriere d'vn Dieu tout-puiflant , tout
bon5& tout-fage:mais quâd bien Moy«
le feroit prefent5&: que fon langage fuft
lamefme éloquence 5 fife trouueroit-il
court , pour dignement parler icy de
voftre Majefté 5 ô Seigneur. La langue
des Anges bégaye en ce my ftere icy5 6c
nous y demeurons muets à mefure que
nous en voulons plus dire. Noftxepius
forte louange^ c'efl l'humble confeflîon
222 La MannïJ
de noftre infuffifance , de noftre plus
grand effort eft d'y coternpler eniîlen-
ce voftre grande vertu3d'y admirer auec
refpect 5 voftre admirable fageffe5d'y re-
mercier auec amour ^voftre infinie bon-
té .' Cequenous defirons faire ô doux
I £ s v s5tout le temps de noftre mortel-
le vie5afin qu'ayans bien recogneu le
bénéfice de cefte Manne &l mcrueilieu-
Mannec* çQ pafture de noftre pèlerinage 5 nous
due la vie r . . * °
eteyneiu. puifiions îouir de celle que vous tenez
Apoc, 1.7. cachée pour la vie future & patrie celé-
itérés threfors de voftre félicité.
LES PAINS DE
PROPOSITION.
ara
W
LES <? tAlNS DE
Pr.o p o s i t i on,
E s douze Pains °* .
mis fur table, fix
à chafquebpur,
apylez Tvn fur
l'autre y &..vns
fiole- d'or au def
fus pleine d'en-
cens tres-pur3font ceux que l'Efcri-
ture appelle les Pains de Propor-
tion ouPains des faces.comme qui ?a;m%
diroit Pains expofez&misenlieu/dC,?îo
public &c fâcré deuant la face de
Dieutilyafoubs cenomvndou-
ble ipyiîere caché que le pinceau
n'a fçeu exprimerais font faites par
les fçyls Preftres^ dç ues-pure fan-
P
%i6 Les pains
ne^pefans enuiro hui£t liures cha£
cun 3 tous Pains de riue & bien ap-
preftez 3 mais ny moufflez ny gue-
à . . res gros eu efgard à leur poids, à
cauie qu'ils iont lans leuain. On en
offre toute la fepmaine 3 &Ies faut
renouuellerpourchafqueSamedy
& en foubftituer de tous chauds:
ceux qu on enleue cèdent à la nor-
riture des Preftres. Ils font douze
parce que c'eft ioffrâde de tous les
enfans d'Ifraël départis en douze
lignées , par laquelle ils font vne
commune adfcion de grâces .reco-
gnoiffans leur vie & conferuation,
UubUde venirdefaMajefté. La table où ils
Sam. fontpofez^eft fai&e de Setio, bois
{>recieux & incorruptible: elle eft
ongue de deux coudées 3& large
d'vne, toute dorée de fin or,&en-
^'o»gw»rrichie dvne corniche d'or^aufïï,
qui règne tout a 1 entour.orlee d v-
ne double couronne de quatre
DE PROPOSITION. tlj
doigts de large,l'vne deflus y l'autre
deflbubs. Elle eft pofée fur deux
tréteaux faidts de mefme bois, logs
d'vne coudée &c demie,quarrez 6c
appointiez fiir des pieds taillez à la
dorienne. Sonlieueftau Septcm-Mt/«2I '**
trion du cofté droi6tduSan6luai-P4",ï"
re, ayant à gauche vers le Midy > le
chandelier d'oràfept lampes y &
entre-deux l'Autel des parfums
Mais qui eft ce braue Cheualier ac- D_auid
compagne de certains argolets qui
i parlemente auec Achimelec le
grandPreftre,gardien de cesTains,
& comme il femble tout eftonéde
le voir ?C'eft {ans doubte le vaillant
Dauid, qui fuyant la fureur de Saiïl
I eft venu en la ville de Nobe à la
f liafte & à la defrobée , & demande
[ quelque chofe à manger, car il eft
prefle de la faim, Achimelec igno-
: rantducas & tout esbahy de voir
1 fi à l'imporueu auec fi petit train?
zzS Les pains de pb o po $1
vn des plus grands Capitaines &
Princes de la Cour du Roy 5 luy
parle auec eftonnement & luy dé-
clare qu il n'a rien que des Pains de
propofition dédiez au feul vfage
des Preftres , neantmoins qu'il en
pourra manger en telle necefïité
auec fes gens moyennant qu'ils ne «
foyent immondes d'aucune faleté -,
nommément de femmes. Dauid :
repart ques'iine tient qu'à cela ils
n'ont aucun empefchement pour
n'auoir touché leurs femmes de
plufieursiours.Au moyen dequoy
il en va prendre fa réfection , &lî
emportera encor le coutelas de
de QoZl a$ Goliat cy deuant par luy dédié &
laifle en la maifondeDieu , oiîil
pend enueloppé d'Vn linge facré.
C'eft pour en vfer aux guerres de
Dieu, & en railler en pièces les en-
nemis de fon nom.
22^
ze corps d r Sc^tr-
V E V R CONCEV DE LA
Vierge par [opération du S.Efprit,
fîgnifiépar les Pains de propoftion
paifiris de farine tres-pure fans le-
uain.
ï
E s Pains &ces offrandes fi- £«p"W«
guroienr îadis noitre Eu-^;„^ -
chariftie que nous auons de»''E««W-
£ claré eftrelevraypain. Mais^'c riIÎ
ilny auoit alors que les efprits relcuez Hicrofol/
entreles Iuifsqui penetraffentle fecret cat" h-
du myftere caché: maintenant il eft aifé "h^Ô.
a tout Chreftien delevoir^efrant Pef- inI-* «c
corce déployée & le rideau de la figure \££*
tiré. Il ne faut que ietter les yeux aux li-
neamens anciens pour recognoiftre la
Vérité prefente.
L a farine tres-fîne &: fans leuain dont Sanskita;^
ces Pains eftoyent paiftris , fignifioit le
corps de I e s y s-C hrist conceu
P «j
330 Lzs Pains
par hruure du faine* Efprit, de la tref-
pure fubftancede la Vierge.-fans leuain,
ceftàdire fans péché originel nycor-.
Letton ruption aucune : car le leuain en TEfcri-
rure lignine quelquesrois malice &in-
fettiô . Ainfi parle le Sauueur à fes Àpo-
DuPtari- ftrcs diùnt. Garderons du leuain desHa-
Match.x*. rifâ&ànUwtin d'Herodes c/ttieft hypocri*
tu. fieice dit-il ailleurs. De mefme façon de
l!acî£iS' Parler S.Paul di£t. Mangeons non en leuain
D-Herodes. yîeil, ny en leuain de mauuaijlié, &de malice y
Marc.81.5. md'ls m pain fans leuain de pureté & de Mérité,
ijftaLie- Le pied de la fimilitude eft en ce que'
"*»»• comme le leuain altère &enaigrit lapa-
fte : ainfi le péché change, enfle , & cor-
rompt la beauté &: repos de l'ame. Les
Pains donc fans leuain font marques
du corps du Sauueur conceu fans alté-
ration de malice. Ils eftoyent appeliez |
Pains des faces ou à deux faces, &:mar
quoyent deux myfteres en ce nom , co-
rne prophétiquement ont efeript les an-
ïwhas10"' c*ens Hcbrieux,nomméement le Rab-
in c.ij. bin Ionathas qui viuoit long temps
pod.Gai. deuant la venue du Sauueur. Les my-
fteres font qu'au fa crifice futur du corps
duMeffiasilyauroit changement d'v-
nefabftanceenvne autre, comme d'V-
nç face en vue autrejtern^quc deux na-
de Proposition^ 231
tures Se deux faces, la diuine & l'humai-
ne 5 feroient afTemblées en la perfonne
d'iceluy Meffias offert Se facrifié fous la
figure , efpece 3 Se face du Pain 3 Se en la
fubûancedela chair: Se partâtles Pains
facrezdela table du Sauueur font véri-
tablement Pains de deux faces Se de
deux natures 5contenans lefdidls my-
ileres en vérité, corne ceux-là les conte-
noyent de nom Se en figure. 'Ils cft°yétj ^#,*4f
offerts tous les iours 5 pour les enfans '
d'Ifraëlpar les Sacrificateurs Iuifs , co-
rne le corps du Sauueur par les Preftres
Chreftiens pour] tous les Chreftiens en
laMeffe. Lesfeuls Preftres Iuifs les fai- ^ffî
foyentjes feuls PreftresChreftiensauflï
font le Sacrement Se facrifice de ce
corps : car à eux feuls eft donné cefte x
puiflance priuatiuement à tous autres
îeruiteursdela maifon de Dieu,foient-
ils hommes ou Anges.
P ™)
i$i Les Pains
Comment le corp du Sauueurefl ofr
ferttous les tours ><& renouvelle
toutes lesfèpmaïn es.
2,
E corps eft offert tous les ioiirs*
^^ en laMefTe, &: referué à linftar
des Pains de proposition pour'
les-enfans de Dieu en memoi^
Matt.^.9. redelamortdu Sauueur, &a£tion de
Luc n.?. grâces des biens quilnous faiéfcpourle
^^""fouftientâtdel'amequedu corps, Ceft
'S.Cyp.l.de hoftre vray Pain fepmanier & quoti-
or/0™|a(3ien,ditS. Cyprien & les autres Do-
5. de facia âeurs derEglife,queluy-mefme nous a
cap.4 & s enfeiçmé luy demandér.Il eft renouuel-
ferSom levnerois la iepmaine : carencor qnil
monce.ç. {bit offert tous lesionrs3ceft principale-?
\tm ment au Dimanche 3iour de repos des
Chreftiens/ubftitué au Sabat des Iuifs,
auquel on s'afTemble en TEglife pour re-
nouueller Toffrâde d'iceluy corps 3 aucc
Vne chaude & récente deuotion enl'af-
(emblée de toutes les âmes fidèles. Oeil
toufiours vn mefme corps immortel Se
glorieux3maisileftrenouuellé de rnulti-
plié3parce qu'il fe trouue en plufieurs èç
nouuejles efpeces du pain & du yin.
DE PROPOSITION. 2JJ
Le commencemet & la fin de la com-
munion efi la charrié, loraifon
& ççntemplation,
Es Pains de propofition repo-^^f^
foy en t fu.r la table dorée, &fur le L'encens.
dernier d'iceux , corne fur le ' tout^T"^'
eltoitpotce vne noie dor pleine den-^Apoc.5.8.
cens tres-pur : laquelle cérémonie nous
enfeigne que le corpsde noftreSeigneur
veut repofer en vne ame reueftuë de
charité qui eft l'or du temple de Dieu: &
que la fin & la cime de la cômunion de
ce corps5doit eftre l'oraifon &: contem-
plation intérieure, fignifiée aufli parla
fioled'or, &: par l'encens pofé furies
Pains. Car la fiole&rl'encens 3 en lafain-
fte Efcriture , marquent la prière des
Sam&sr&.Porle plus précieux métal de
tous, nous dénote l'amour & charité ce-
Iefte,Ia plus noble affection de l'ame, S£
de laquelle la celefre Hierufalem eften^
richie, &: d'icelle toutes les œuures
Chreftiennes doyuent eftre compofées,
ou pour le moins eftofreesmômécmcnt
la communion de ce Sacrement, Sz-s/cremrti*
crementdafreaion &: d'amour.
234
Les Pains
Le corps duSauueur fîgnifié par la ta-
ble des pains de proposition.
La t ah le ex
cellente en
mature ey
«nfacon.
a table despainsfai&e de bois
de Setin, matière incorrupti-
ble, dorée par tout de fin or,
courônéed'vnc double cou-
rône, & façônéc d'vn merueilleuxarti-
ficeiufques auxpiedsdes treteaux,figni-
fie lemefme corps du Sauueurconceu5
corne venons de dire,de la fubftance de
la Vierge, nette de toute corruption , &:
douée de toute forte de perfections qui
peuuenteftreenvn corps humain râla
séblance de cefte table excelléte en ma-
tière, &: admirable en façon. Iesvs-
Christ donc cclefte Pain , repofe en
Iesv s-C hrist, comme le Pain de
proposition repofoit fur ceife table: Se
lefus-chrijt eft offert par luy-mefme , comme ces
tjiiAutei, pajns anciens par le Preftre Achimelec:
uuMctT ^e maniere qu'il eft enfemblément l'of-
frande offerte, la table portant l'offran-
de, &le Preftre la diftribuant, en ce
facrifice non fanglant: tout ainfi qu'il
eftoit au facrifice fanglant de la croix,la
vi&ime,ie Sacrificateur, & fAuteWÀ-
settr enjem
kit.
DE PROPOSITION. 235
gncau offerrje Preftre offrant, &la pier-
re portant l'holocaufte bruflé au facré
feu de fa charité infinie.
Signification du Chandelier.
5
Este table eft au Sâ&uaire du
codé duNort>ayant le châde-
lier d'or à fept lampes,du cofté
gauche vers le Midy5&: l'Autel des par-
fums tout auprès tenant le milieu entre
le chandelier & icelle table. Ces chofes £ *"*"
& leur pofture portét my ftere.Le chan- ^ijfaZedc
délier fignifie la clarté 3c la coenoiffan- *>/>«*.
ce que l'on peut auoir de Dieu en ce ' ^ * "
monde^ou bienl esv s-C hrist mef- an.i.
me illuminant fon Eglife par les (cptf^band4m
dons de fon Sain 61 Efprit , comme par 1 ÏS v s-
fept lampes & fept eftoilles, & fur tout Christ.
luy faifant voirie myftere du Sacremét ai^
de fon corps 5 l'excellence duquel ne Scro.1.?.
peut eftrebien entendue fansgrande lu- £z^'/f ~
miere d'enhaut & fans grande foy & fa- hom .6.
gefTe diuine. Cefte coçnoifTance de Hefych.5.
• LCUIC 2.4-
Dieu & ce myftere , a efté premièrement Afcendam.
communiquée aux Iuifs , efclairez au Era.14.14.
Midydelaloy, ôc donnée aux Chre-
ftiens iadis idolâtres fïgnifiez par le
Septentrion 3 ou le chef des rebelles.
236 Les Pains
auoit faiâ: Taffiette , &: le throfnc de fou
orgueil.Et partât la table desvrais pains
depropofitioneftauSeptétrion au co-
ftédelEglifecompoléedes Payens en
la loy de grace.xar c'eft elle en qui a efté
drefféeen effeft la table du corps du
Sauueur, vray Pain du ciel, & aux Iuifs
feulement en figure.
Le cœur du iùfle, IzAutel
des parfums.
6
'Autel des parfums, qui efloit
entre le chandelier &la table
Soir & ma- M^gS^ des Pains , & fur lequel on
*'»< brufloit a Dieu,foir &: matin,
7X&.8!° 'es tres-foûefues odeurs , fîgnifioit, di&
Giofaibid. Philon Iuif > la mémoire que l'on doit
Vanteides zuo[r jes biens receus de la diuine bon-
parfumstme- t % ,
moiredes te, & 1 action de grâce qu on luy en doit
Hensreçeits faj^e# Qet Autel eftoit dedans le Tem-
L PiiTlb lu- ple 3 ayant deuant foy T Arche d'AHian^
dzus,Quis ce^cachceDlusauantauS a inc t des
ScS S a 1 n c t s : & après foy il auoit l'Autel
l3.de vka des holocauftcs5où l'on fàcrifioit les bc-
Moiis. ftesà la porte du Temple , de manière
quetoutes ces chofes faifoyent en leur
pofture^vne croixDou vn homme eftédu
DE PROPOSITION. I^J
en croix. L'Arche eftoit au licude la tefte:
vers l'Occident Tau tel des holocauftes, V*rckjè
des Ïambes & pieds vers l'Orient le châ- i'Jûtelie
delier,du bras & cofté gauche tirant au ro»***^
Mîdy:la table aux Pains de propofitiô,^^"^
du*bras& cofté droiét, regardât le Nort: Uer&u
S/ l'Autel des parfums^ dekpoi(5trine& j*J]j*tt
du cœur. Ceft Autelinterieur cû no ftr c Le/œUrd»
cœur. U*Autelde £)/e»,diâ:Saind:Gre- "#*> Jv«-
goire.e/î lecœurduiufie , auquel le feu diuin s# cj'u'
doit toufiours brujîer3parce que d'tceluj 5 il f dut l.*j. moral.
fans ceffe attifer la flamme de charité entiers czl^}:V
JDieu.El Sain (S Auguftin diâ^tien chaf- i.Rcgi.*."
I que vray Çbreflien.y doit auoir deux : *Autels^ s Au5- fa.
ïyn en ïame/es~ftondat a l'autel intérieur du xc^m^"
Temple d'autre au corps^ redondant à tufutel
extérieur des holocaufies , ceft à dire que
quiconque veut porter dignement le
nomdeChreftien, il doit eftre pur en
lame &chafte au corps. Ceft donc en
ceft Autel regardant l'Arche d'alliance
figure de Iesvs-Christ > voifin de la
table des Pains propofez, que nous de-
uons rendre grâces àDieu:ïnais dequoy
& comment?
238 Les Pains
Dequoy (0 comment nous deuons
remercier Dieu.
7 1
S^SjîEOvs entendons dequoy *&
jiti.onât H^^|l commet il nous faut remercier
féep*?rji*. fcJwîa Dieu,par la copoimon du par-
tkdétpar* fum qu'on brufloit deiTus ceft Aurel ma<*
fims* teriel.Les ingrediens du parfum eftoiéc
quatre, méfiez à poids efgal à fçauoir la
goûte &r parangon de M y r r h e, c'eft
leur degou-
rh£. à dire la plus precieufe liqueur
l'on y- tant de la Myrrhe :rOnyche, genre de
Le G A t.-
BAN.
x*£m cïns
petite coquille:le Galban odoriférant,
chaiTefcrpcns:& TEncens mafle & trer-
pur. Ces quatre ingrediens faifoient les
marques des quatre parties de ce mode
hjI vifible , ce di<ft le dofte Philon. La
Qaisb*- Myrrhe, qui diftille fignifiant l'eau:
re.rct.diui. l'O n y c h e , terreftre & feche , la ter-
re:le Galbanon odoriférant, Pairs
l'encens tranfparent & montant, le
F e v. Le parfum donc de cefte compo-
sition c'eft vne leçon , nous mettant do-
uant les yeux tout le mode es hierogly-
fes de (es parties , & nous enfeignant
vne générale recognoifTance des biens
quereceuons de Dieu; premièrement
DE PROPOSITION. 239
des corps &" delà nourriture du monde .
creé.-mais fouueraincmentdu corps de
fonFiîs^limeininfiniement plusdigne
que mille mondes 3 corps donné vne
fois en l'Autel de la croix par facrifice
fanglant, & en l'Autel de Ton Eglife,ïuf-
ques à la fin du monde, par facrifice no
fanglant,foubslesefpeces du pain.
Les vertus necejjaires four dignement
remercier Dieu: jf) le iujîe exa-
men de nos exactions.
8
|3)#£ E mefme parfum nous apprend ^°f'°0r,in
||*flW auec quelappareil nous deuons '
wft faire cède action de grâces : car
ces quatre ingrediens aromatiques mêl-
iez enfemblepour faire de la poudre à
parfum, nous enfeignent qu'il faut re-
cognoiftre&: remercier la diuine libéra- Mejiaugtitt
lité auec l'accord & mifture des pliis^fj*» "~
bn 1 r 1 r jî> COfi* des ver-
dits vertus, de roy,d'e(perance, ci o- tw.
raifon,dechafteté, de charité 6r autres p«r/*w pi-
plus belles vertus Chreftiennes. Nom*'^:^ >*
faifons dit S .Grcgokc Je parfum de ta corn-
pofitio aromatique Jor s qu'en t >Autel des œu~
ures fainâies nom donnons bonne odeur de pu-
reté,par la mixture (p multiplicité de plu fleurs
aâiotts
S. Grego
240 Les Pains
. "Vertus : car ï encens de bonne odeur 3 ejl donné
plus finceremet a mefure cpunjne njertu eji ioin-
cle auec l 'autre. Or les ingrediens pour
eftrebien mixtionnez deuoyent eftre
pilez & réduits en poudre: laquelle pul-
Pulutri/er uerifation enfeigne l'examen diligent
qu'il nous faut faire de nos actions te
comportemens:)afîn de ne nous trom-
per en gros en la mcfcognoiiîànce de
nous-mefmes. Puluerijer les drogues aro-
matiques, dict le mefme Doiteur , c'efi
conftderer&toncher par le menu nosyeYtu$&
œunre^& les réduire a la fubtïlité d'yn exa-
men occulte &fecret:car cejl ainÇi quelles doi-
ucnt.ejlre nnfes amant le Tabernacle de Dieu
pour luy eftre déplaçante odeur»
Souveraine recognoijfancedeue a
Dieujeuly donnée en
[Euchariftie.
L eftoit défendu d'emploier
ce parfum pour autre que"-,
pour Diev. Cela fignifîoit I
Jque l'action de grâces que
nous deuons à Dieu, eft fupreme &: in-jl
communicable à la créature, &: qu'au-
tremétnous remercions Dieu &autre-
mcnCjl
DE PROPOSITION. 241
ment les Sain cts3&: autres bienfaiteurs.
Dieu par adoration & latrie, corne fou-
uerain : les autres par vn culte moyen
comme inftrumens decefte fouuerainc
bonté. Or cefte fignification d'action
de grâce fupreme , eft trefconuenable à
noftre Sacrement &r facrifice, fignifié %'««
parles Pains de propofition : car en cc-^°c^aiei
luy eft faiéte fouueraine mémoire du»^»^-
fouuerain bénéfice de noftre rcdem-r/^"*
ption 3 & grâces rendues à Dieu auec
fouueraine magnificence 5 à fçauoir
auecl'oiFrâdedu mefme corps qui nous
aracheptez: offrande infiniemét agréa-
ble à la diuine Majefté. C'eft pourquoy
cefte aftion eft appellée Evchari- Ucf>ar;jiu<
s t 1 abonne grâce, ou action de grace>
prenant fon tiltre &; fon nom plus com-
mun &: plus illuftre ? de fon plus digne
&: plus remarquable effecl:.
Le corps du Sauueur viande des
fanftifieX^
10
R ces Pains n'eftoyent mangez
que par les Preftres de Leuites
gens fanétifîez du feruice &trein
du Sanctuaire : par laquelle cérémonie*
3'
242 Les Pains
le S. Efprît nous fîguroit que les Chre-
ftiens doyuent manger le Pain de la ta-
ble Chreftienneauec finguliere pureté,
s'ils le veulent manger vtilement3& que
chafeun doitauoir en cefteaâion^ame
ornée d'vne fainc1:ctéfacerdotale5parce
[u il fait en icelle en certaine façon Pof-
îcede Preftre : car il offre le corps de
Iesvs-Christ 9 auec Iesvs-Christ,
& auec fon Vicaire officiant,iI mange le
Pain pofé & offert fur la table facrée , &c
en cetiltre Sainct Pierre appelle tous
Us Chu- les chreftiens Preftres & Roysirentftin-
i.Pec.x.?. w &* Roydufdcripcature. Car encor que„
les lais n'ayent point le caractère de
Preftre , parlant proprement D non plus
que deRoyjils font neantmoins appel-
iez en gênerai Preftres de Roys à la fuf-
diâe façon y &: entant que tels il font
fan&ifiez ayans droict de manger le
Pain fan difié.
DE PROPOSITION. 243
Que fignifioit la table des Pains de
propojîtion , & les chandeliers
multij)lie7j>ar Salomon.
il
R il ne faut paflcr fous filcceque D''*/«w«
^ f I . l & dix cba-
Salomon ht long temps après dtli€tSt
dreffer au Temple qu'il édifia, Rcg«7-45>.
dix tables des Pains de proposition, de %'*** *
dix chandeliers d'or,decuplant le nom-
bre, cinq tables & cinq chandeliers au
cofté gauche de l'Autel des parfums
vers Midy , 6c cinq au cofté droict vers
le Septentrion , au lieu queMoyfen'a-
uoit mis qu'vne table au Septentrion,
Scvn chandelier au Midy 5 eftant l'Au-
tel des parfums au milieu, ainfi qu'il a
efté déclaré. Ce furcroy &: magnificen-
ce myfterieufe fignifioit que la lumière
delafoy &rla nourriture Spirituelle des
âmes fideles.feroit fans çomparaifofî en uiaww
plus grande abondance du temps duc?-*» vw»,
vray Salomon I esvs-Christ <zndU(:U ■"?'
l'Eglife baftie par luy , qu'elle n'auoit
cfté en la loy de Moyfe : éc c eftoit bien
la raifon auffi, puifque luy , le Soleil
cfclairant &le vray Paincelefte, eftoit
■dcfçendn en terre pour y faire l'Efté > &
C.4.O.
Ezech.
Apoc.ïx.i.
244 Les Pains
apporterla'c'artédu Midy auxmyfte-
res diuins, donnant la grande moiffon
partout le monde &les Pains de pro-
pofition furgeonnans en abondance de
s.Hiero. in 1 unique Pain de fon corps^comme par-
le Sainét Hierofme , Sainft Iean en fon
Apocalypfedefciare par vne autre allé-
gorie, la ipiendeur que Salomon auoit
figurée par ces chandeliers, quand il dit
qu'il a yen une femme dffuhlée du Soleiljous
ce nom de femme entendant FEglife&r
par le S oleil lignifiant la grandeur de la
lumière fpirituelle dont elle eft afliftée
en la loy de grâce. Malachieaufïi auoit
prediâque par toute la terre on offri-
roit Toblation monde 3ceit à dire que
le corps du fils de Dieu 3 &: le pain cele-
fte feroit offert &diftribué en abondan-
ce en la maifon de Dieu, qui eft ce que
Salomon auoit encor fignifié dreflant
dix tables , nombre de généralité , &c ce
au temple de Dieu3figuredei'Eglife.
Malac.i.
DE PROPOSITION. 24?
La pur été du corps necejjaire à Ujam>
cle Communion.
IL
[Aïs quefignifioit ceft aduertif-1, ***"
femét d'Achimelec offrant à Da.
uid,&àfesgenslefacré Pain à la
charge qu'ils n'euffent touché femmes?
Il fignifioit ce que nos fainérs Docteurs
enfeignét^àfçauoir, que pourfeprefen-
teràlatabledenoftre Pain de propofi-iw g/ le
tion.il faut auoir non feulement l'amc^5^
1 1 / c 1 pourdigne-
pure de peche3& ornée de vertus, corn- méprendre
me il a efté dicl : mais D encores le corps lecorPi<it*
netdefoùillure. >Acbimelec , di et Sain ci
Hierofme 3 ne voulut point donner les Pains
de propoÇitiondux gens de Dautd^ que premiè-
rement il n'eufi ouy qu'ils nauoyent approché
leurs femmes de trois iours. Quelle donc
doit eftre la chafteté des Chrefties vou-
lansvferdela table du Sauueur quieft
fon propre corps ? corps vierge &: con-
ceu d'vne Vierge 5fource & threfor de Différence
toute pureté, & infiniement plus pre- <^ p*'»* <k
cieux queles pains depropofition?//^rf^^r^
dieile mefme Doâcur .autant de dijfercn- rifite.
ce entre les Pains depropofition^ <& le corps de ^Hieto-\n
,-/ -n 1 1 t r> 1. i.cp.ad
t brijt, comme entre r ombre &le corps J image Tir.
qiij
t^6 Les Pains
otdonnance ^ [a >en>é \es fio-ares des chofes X venir &*le$
des^ùojlres. 7 r r ' 1 r o> X n
In Condl. *>hojes reprej entées par les pgur es pdjs? es .C eft
Elibet. pourquoy les.Apofires & leurs fuc'cef-
d^omms. ^curs ont fain&ement ordonné que les
dcconfccr. laiz qui veulent communier s'abftien-
&Conai. nent j jeurs femmes pOU1: le moings
46. trois îours deuat& autant après la eom-
munion:& que lesPreftres qui commu-
nient tous les iours & manient cefte
chafte & diuine chair , viuent fans fem-
me 3& foyentà guife d'Anges, chaftes
toute leur vie.
Ceux qui communient jainttement
prennent forces & armes de la
Communion.
*3
i*Evxdonc qui mangent ce
>5sâ vray Pain de propofition au ♦
Parangon de Dauid ayans l'a-
me nette de le corps •> font non
feulement rendus plus forts pour faire
tefte aux tentations de Satan, & refiler
r , à la concupifcence : mais encor pren-
Le coutelas r , 1
ieGoiiat. nent le coutelas de Gohat, prennent
mcfmes fur leurs ennemis addrefTes &r
armes propres pour vaillament affaillir
& mener les mains es combats du Sei-
DE PROPOSITION. 247
çneur5& tailler en pièces les troupes de
Satan du monde Se de la chair ,&: gai-
<*ner la victoire d'vn vi&orieux cobat.
Brefue exhortation à U pureté pour Je
prefenter auS. Sacrement.
*4
A 1 s helas ! combien eft petit
le nombre de tels combatans?
Combien peu y a-il qui fepre-
fentent à cefte diuine table auec le ref-
pecl: & la netteté que le Pontife Achi-
melec requeroit de Dauid , &: de (es
gens,pour fes Pains de propofition om-
bres & figures du noftre? Combien peu
qui imitent la faindteté de Dauid &: de
fes foldats en ce celefte banquet? Com-
bien peu qui imitent celle de nos pères
anciens & de noftre mère TEglife naif-
fante ? Que fommes-nous deuenus?
Que faifons-nous? A quoy penfons-
nous? Oùauons-nouslaiffë efchapper
cefte antique ardeur à nous commu-
nier: & cefte antique fain&etédes pre-
miers Chreftiens pour nous bien com-
muniera Qu'eftdeuenuëla chafteté de
cefte Chreftienté premiere?Où voit-on
comme^iadis la preife des belles ames3
q iiij
148 Les pains de prop,
fainctement amoureufes de cet efpoux,"
èc fobrement gourmandes de ce fien fe-
ftinî S'il y en a encor 5 comme il ne faut
pas doubter qu'il n'y en ait plufieurs
milliers cachez dedans l'oratoire du
Sanftuaire de la maifon de Dieu , le
nombre pourtant en eft toufiours petit
au prix de celuy qui a efté , & qui de-
uroit & pourroit eftre : fi nous auions le
courage ôc le gouftdenosdeuanciers.
Venez y donc &rprcparez-vous y , ô a-
mes fideles3prenez vos habits nuptiaux
Prouerb.?. pour vous prefenter àl'Efpoux fouue-
raine fagefle : aiguifez l'appétit de vos
cceurs:approchez-vous de la table qu'il
vous a préparée : mangez le Pain vif
qu'il vous a afTaifbnné , le vin celefte
qu'il vous a méfié: Pain qui donne la
vie éternelle, vin qui vous abbreuue de
la félicité: rempliriez le feftimilya en-
cor des places vuides, &: accroifTez vo-
ftre gloire faifans croiftre le nombre des
inuitez.
249
l'OBLATION DES
Prémices.
L'OBLcstTION DES
Prémices de h 'Pen-
tecôte.
Ovr bien en-
tendre com-
ment cefte af-
fembleecelebre
le facnfice des
Prémices , il
vous faut con-
ceuoirla forme du Temple.où el-
le le faid. Le Temple des Iuifs vul- EzcchT4o.
gairement, ceft ce grand enclos &*r-
de murailles ayant cinq cents cou-
dées en quarré dans œuures:mais
parlant proprement c eft la mai-
ion baftie dans iceluy clos vers le
boutdei'Occident, magnifique-
ment couuerte : large , & haute
de vingt coudées, ëc longue de
2J2- L OBLATION
fbixâte:diuifeeen deux membres:
le premier defquels eft de vingt
coudées de longueur, le plus facré:
LEDS* TSNCT car ceft le Sainct des sàincts,
SAINGTSIieu de l'Arche d'alliance, ou per-
ieSainct. , i r • -
lonne n entre que le louuerain pon-
tife vne fois Tan. Le fécond a de
longueur les quarante| coudées re-
liantes, &eniceluy eftpofé l'Au-
vjutcUei tel des parfums vis à visdelaporte
parfums, du premier Sanctuaire , ayant de
chafque cofté cinqchâdeliers d'or,
& cina tables aux Pains de propo-
rtion, comme ailleurs auons di£t.
j»t*hh*u j^ ce^ Autel chafque Prince des
des Pjdis de T. •
vrtpofmo». Preftres offroit encés a Dieu a tour
d'office ^foir & matin, à la façon
fcachar. quefit Zacharie père de S.Iean.Le
Luc lm refte du clos.eft fans toiâ:,diuifé en
UsfAruu. deux grades courts ou paruis, eftat
chafcun long & large de cent cou-
dees^borné du collé duMidy &c du
Septentrion de certaines maifons,
des Prémices. 153
appellees Gazophylaces , comme Ga^hyU_
qui diroit Thefaureries. Ce font""-
if 1-» n t Thtf4(ire«
habitations des Prèitres & Leuites, ri«.
& lieux à garder les threfors facrez,
ayans après des allées &petites mu-
railles employées au refte de f efpa-
ce. Le premier paruis feparé par1'^""'*
vne petite muraille du fecond,ayât
vn portai au milieu, ceft le lieu ou
les Preftres font les facrifices fur ce
grand Autel , qui cft vis à vis du
Temple, ou vous voyez cinq eu-c«»/w.
uiers à dextre, & cinq à feneftre,
pleins d'eau à lauer les entrailles 5c
pieds des viclim es. Et du cofté gau - '
che ioignant la muraille de fepara-
tion prés le portai vne cuue de fon-
te apellee mer,à caufe de fon enor- h*.
me capacité:carelleadix coudées
de diamètre, & cinq de profodeur.
Et c'ert la fontaine ou les Sacrifica-
teurs Iauenc pieds &mains,vouIans
faire leur Gicrifice. Le fécond paruis îf ^C9rJ
I parais.
Z/4 L'OBLATION
eft le lieu des laiz , & ce petit fiege
éleué au milieu d'iceluy en forme
Le baudet ou \> r 1 C > n 1* 1 i* •
•fibafMt du d eleharaut, c eit vn haudet d ai-
*°/ar 9 rain, quarré de cinq coudées, &c
haut de trois, où 5alomon& les
Roys des Iuifs après luy fe tiennent
durant le feruice.
O R cefte grande multitude
d'hommes , qui font au premier
paruis 3 ce font les Preftres & Leui-
tes. Et cette autre qui eft au fécond,
c eft le peuple, illec tous alfemblez
pour la folemnité de la nouuelle
ôblation des Prémices de la moif-
fon, & fefte de la Pentecofteren la-
Sscrifces cîueUe°t)lation après plufieurs fa-
freàUàbUi crifices finçlans 5 à feaupir de fept
des Premicer. p 1 \ , -, *
agneaux, de deux moutons, d vn
bouueau , offerts en holocaufte:&
d'vn bouc offert pour le péché, on
offre àDieu deux pains de froment
au ec deux agneaux en hofties paci-
fiques, C eft à dire d'adion de gra~
des Prémices. 3^5
ces 3 ayant chafcun contribué Pof-
frande de (es Prémices aux Pre-
ftres félon la loy. Au premier par-
uis il n'y a que lesPreftres : au fé-
cond les femmes font feparees des
hommes en vn oratoire à part. Et
tous tant hommes que femmes >
voyét ou tout ou en partie le facri-
fice., quifefaidtau paruis des Pré-
fères: parce que l'Autel eftéleué àwor*»/?^
dix coudées de hauteur, & les mu- IZdeL J
railles de feparation des paruis, àtff'4^
I I 5 Et ds qmnxe
trois feulement. Ils oyent encoH" *»/««*»
plus ailement lavoixdesPreitres,iofePh.i.y.
des inftrumcns de Mufique ., {kil^c^,
des trompettes , qui ioiient pen-
dant que le facrifice brufle.Les fept
agneaux , le veau gras , les deux
moutons font ja confommez par
le feu fins aucune referue , fauf
leurs peaux: car c'eftvn holocau-
fte, c eft à dire facrifice tout bruflé,
genre de facrifice. auifefaid tout
%j6 L'OBLATION
à Dieu fans en referuer rien, ny ,
aux Preftresny aux laies. Le bouc
eft auffi tout reduiâ: en cendres,
parce qu'il eft fai£t en commun
pour le péché du peuple : car s'il
eftoit pour vn particulier , vne
- partie de la victime feroit gardée
aux Preftres par la loy du facrifice
propitiatoire , qui leur donne ce
lesïrtjkn droi6t. C'eft pourquoy l'Efcri-
pe*2™tles turediéfc, qu'ils mangent les pe-
ofc.48. c}lez du peuple, c'eft à dire les fa-
crifices offerts pour les péchez du
peuple.
Vohiaticn Les deux pains qui font le corps
& le cœur de ce facrifice j font pai-
ftris de fine fleur de froment,com-
meles Pains de proposition, mais
depafteleuee,au lieu que ceux-là
eftoient{ànsleuain,qui eft vn om-
n<,»ds& bragemyfterieux. Ils font formez
en eafteaux ronds, le Pontife les
offre
des Prémices. 2/7
offre maintenant à Dieu, les elle-
uant au Ciel par remarquable céré-
monie auecles agneaux pofez def
foubs^ les tournant du Midy au
Septentrion, & du Leuant au Po-
nant, & prie Dieu auec ces paro-
les. Regarde ton Sancïuaire Seigneur,
&de tafaincle habitation du Gel,^^
& beny ton peuple IJraè'l , $ la terre Dcu:- M-l5-
que tu luy as donée, amjïque tu l'as iu-
réànos P ères ,t erre ayant affluence de
laicl <& de miel. Apres celle éleua-
tion , il retiendra les pains & les
agneaux pour ion droift. Tout le
monde elt en prières & deuotion,
adorant la Maj efté diuine > implo-
rant fa mifericorde,&rendant grâ-
ces à fa bonté,non fans môftrer les
élancemens intérieurs dehime par
les mouuemens extérieurs &ge(les
du corps. Celuy-là leue les yeux
au Ciel.ceftui-cy frappe fapoictri-
ne, Pautre ioindfc les mains , plu-
r
Z$$ L'OBLATION
fieurs inclinent la tefte & flechif-
fentlegcnoùil:lesvnsontles yeux
fichez à l'Autel, fumant encor du
facrifice des vi£times bruflées: les
autres aux geftes du Preftreefleuât
fi ceremonieufement les pains po-
fezdefïusles agneaux:quelques-vns
font attentifs aux pains & agneaux
mefmes.-maisonne peut pas bien
voir la contenance du vifàge ny les
niouuemens des mains&des yeux,
d'autant que tout le monde regar-
de à l'Autel, & prefque tous font
peindsà dos& peu à pourfil, &
moins encor à front. Mais par ce
peu qu'on en voit, on conie£ture
bien que les plus fpirituels iettent
i»ifsfe*re. leur penfée au myftere caché foubs
iCor.xo. J'efcorce de la cérémonie. Car ils
fontaprins queleurloyeftvnelo-
gue tifTure deplufîeurs peintures,
enfeignant laverité de ce qui fe fera
du temps du Meffîe. au moyen de-
des Prémices. i^
quoy ils ne regardent pas tant l'ap-
pareil des lacnfices des beftes&des
pains nouueaux, que ce quieft fi~
gnifié par iceux. Et nefauc pas dou-
ter que Dieu ne face voir à plu-
fîeursja future lumière de la loyde
grâce. Certes àcontemplerlevilage
de cePreftre vieillard peina; à fret,
aucoftedroi&del'Autel.Jeuantles
yeux au.Ciel & ioignant les mains,
toutrauy & tourextafié, on colli-
ge qu'il a eu quelque (eçrette reue-
lation du grand blé que Dieu pro-
met aux fiecles avenir, par lafelte
de ce facrifice de pains nouueaux,
&qu'il en glorifie en (on a me la di~
uineMajefté,defîreux fi tel eut efté
le bon plaifir de Dieu^d'eftre viuat
fur la terre parmyfes enfans,en icel-
le faifon: & enfemble qu'il dict en
fon cœur tout cecy.O Dieu d'Kraël,,
que vous eftes grand > magnifique,,
éc admirable es œuures de vos^
r ii
zGo LOBLATION
35 mains i "grand à faire des chofès
^grandes^magnifiqueà obliger les
» hommes parles grands biens > &
» admirable à choifîr les temps &
„ fàifons à bien faire ! vous auez à la
» feule iuffion de voftre viue parole,
yy créé de rien le Ciel & la terre , &c
„ tout ce qui eft entre-deux > pour
„ en faire prefent à l'homme voftre
„ créature, ôoieceffez de l'obligera
„ tous momens , de nouueaux bien-
3>fai6ts: vous auez en particulier af-
„ fifté de mille benedi&ions ce vo-
» ftre peuple Hebrieu , luy rompant
» de main forte les cadenes dVn cru-
3, el feruage , le retirant d'Egypte, &c
» de la tyrannie de Pharaon : luy
« donnant Tappennage d Vn pays
,y delai6l& de miel, vrayes délices
y y delà terre, &: le faifant depofitai-
yy re de vos fain&es loix & fecrets:
3> ce font à la vérité de grands cffcâs
3, de voftre bonté: mais ie voy qu'el
des Prémices^ \gi
lefeva eftendre fans mefure plus»
que iamais aux fîecles & peuples»
futurs,non feulement de la Palefti- »
ne, mais de toutl'vniuers, lors que »
le Rédempteur Meflias , que vous »
auez promis, que nous attendons, >j
&: que ces facrifices nous figurent»
& predifent dVn langage fecret/e- »
ra venu fe facrifiant foy-mefme en »
offrande de pain nouueau,&vian-^
de d'immortalité ! ô temps heu-»
reux qui verras naiftre ce Seigneur! »
ô peuple heureux , qui feras fon»
peuple, conduit parfesloix& vi-»
uantdefi table! ô que ne fuis-ie»
enfant de ce fïecle-là, & membres
de ce peuple ! Sa pein&ure nous»
donne conie&ure qu'il parle ainfi. »
r iij
TR OIS FE STES
des Prémices
ludaïques.
Ë s Iuifs reccurent com-
mandement au defeit d'of-
frir à Dieu les Prémices
des nouueaux frui 6ts de
la terre de promiiïion, lors
qu'ils en feroiét paifîbles pofTefTeurs, en
trois feftes de l'an. La première eftoit le
£*/c.M" lendemain de Pafques, en laquelle ils
leuit.iî. donnoyentvne gerbe des premiers ef-
lofcyh.1.5: pi es, fur le comencement desmoiiTons,
cicanuq. je{qUej[cs Cn ja iudée fe faifoyent com-
munément enMarSjOu en l'entrée d'A-
uril } parce que le païs y eft fort chaud.
La féconde fecelébroit au cinquantief-
LdVênteco- lr»e i°ur après, qui pour ce eftoit appel-
fitj.cwquan- lée la Pentecofte , en laquelle on offroit
ùefnkiomr. non ju grain corne en la première fefte;
mais deux pains de bled nouueau , auec
plusieurs facrifices fangians preallables.
Latroifiefme eftoit après k quinziefme
des Prémices^ 265
de S eptembre, en laquelle on donnoit
les Prémices des fruicts recueillis 5 quiLesVrmke*
eftoyent, froment, orge, raifins, oliues, JnlSe°/clT
grenades, figues Se dattes. La plus cele-.M«<fc
bre des trois eftoit la Pentecofte,&: par-^^> ÎL
tant la loy l'appelle amplement & iknsgejevigne,
queuëlafefte des Prémices, &fon io\itd'oliut'T> „
* ri 1 « r - ri. n grenadier .H-
tres-folennel, &tres-iainct ; &:accom-|Mier(£.
pagne Toblation d'icelle, &: de toutes *&*.
lesefpeces de facrifices Iuifs, qui font ^g1**^
trois , L'H OLOCAVSTE,lePRÔPI*- Lyra.in c.
TiATOiRE.&lePACiFiovî: odes llUuk;
1 11 r j^tt a* Trou fortes
faicidela plus noble efpece a Homes de facrifices.
permifes,à fçauoir, de fept agneaux, Ho
LO-
d'vnveau gras, de deux moutons enp^pj. '
holocaufte à l'honneur de Dieu , d'vn hatoi-
bouc en facrifice propitiatoire 5 pour j*'^/*"
auoir remiffion du péché, &deux agne- Manne des
aux auec les pains en facrifice pacifique f4eriPMm
pour a&ion de grâces. Oeft la fefte &
foblation des Prémices, qui faiét le
fubie&du prefent tableau.
r mj
264 L'oBLATION
La çJMejfe oblation nouuelle en la
Pentecofle des Chrejliens.
1
jj^Este oblation &: ces Prémices
g3& de pain nouueau en la Penteco-
jfte font vnc des plus illuftres figures
du Sacrement &: facrifice de la Mefïe
vrayement nouuelle oblation5&:vrayes
Prémices du fromet de la nouuelle loy.
Ainfi l'ont remarqué les anciens Pères,
s.ircn.i.4. ^ entre tous S.Irenée fort difertement.
ZeSauueur, dift-il, enfeignant fis difciples
£ offrir les Prémices defes créatures à Dieu^no
comme luy eflant necefiiteuxjndisà fin queux
ne fuffent inutiles & mefcognoijjdnsjlprintle
pdin qui efi ld credture3&*renddnt grdees dic~iy
Cecy EST MON CORPS. SemhLtble-
ment il confeffaque le Calice y qui yientde la
credture jftoit fonfangy enfeignant ld nouuelle
oblation du nouuedu Tejldment que CEglife
m ff tîînt ^e ^ mdLm des ^foflres 5 & [offre par
lehrée par les Ivniuers aDieu nofire nourricier en Prémices
spofircs. fa dons -au il nous d faiêl en la loy de çraceje-
Malach.i. , Il t f / - j ci xf
Ion que Malacbias l auott predict. Ma vo-
lonté' N'EST POINT EN VOVS
DIT LeSeIGNEVP. TOVT-PV1S-
SANTllENE PREND RAY POINT
des Prémices.' 165
LE SACRIFICE DE VOS MAINS, Lefacri§a
par ce qvedv Levant av^ÎI"
PONANTMON NOM ESTGRAND facrtfices
E N T R E L E S G E N T I L S , D I T L E lu'J5 5* mt
SEIGNEVR TOVT PVISSAN T.Pdr
lepjuelles paroles , adioufte ce Docteur 5/<r
Prophète fignifie mctnifejlement ce oui efl ad-
uenu l car ce premier peuple a cefié d'offrir à,
Dieu ,&à Dieu eft offert facrifice monde par
toutlynit>,?rs>& le nom de Dieu glorifié entre
les Gentils.Y âiùnt doc allufion à la vieil-
le figure , il dift 3 que le Sauueur difant,
C E C Y EST MON CORPS, Ôc^CeGY
estmonsang,& traniTubftantiant
le pain en fon corps , & le vin en Ton
fang ■i enfeigna ks Apoftres & difciples prop£ttfa»l
de donner à Diea les Prémices de fe$ #****#•
créatures , & luy offrir vne nouuelle^^"'1"
oblation du nouueau Teftament,quis.chryf.îri
eft la vérité du Sacrement &: facrifice l9^9Vt
delà Méfie, figurée par Toblation des cont. Marc.
Prémices, que venons d'expliquer, & la cap.ii.
Prophétie du Prophète Malachias^que lS aeauir.
S.lrenée cite pour la mefme vérité , &c. $<.
auec luy S. Iuftin j S. Chryfoft. S.Hie- ^Hiero-in
rofme, S. Auguftin,Tertullien,^r autres 1 Mal. &:
gran as Docteursde IfHglife Mais voy- alli-
onsles traifts delà vieille oblation re-
fpôdâs vis à vis au corps dèlanouuelle.
2 66
L'O BLATION
Deplujîeurs traifls de [ancienne obla*
tion rejpodans a la "vérité au Sa-
crement $ facrifice de la
çJKeJfe.
ffitë E s Pains des Prémices eftoyët
'«y fai&s de fleur de farine de fro-
& ment & ronds en faconde ga-
la matière fteau , c'eft la matière & la forme de nos
ÎÏUTÏ Hofties.Le Preftreles éleuoit deuantle
peuple en figure de croix ; lePreftre éle-
ucl'Hoftieconfacrée pour la faire ado-
rer & en faid plufieurs fignes de croix.
Lenom. Lefacrifice des pains eftoitMiN-HA,
M iN-H a , c>efl. ^ fore non fanglant : la Mcfle eft vn
facrifice demefme genre 3 fans effufion
defangj&r vrayemétl'oblationMiN-HA
predi&e par Malachias. La figure eftoit
appellée par laloy, facrifice nouueau:
que Moyfe nomme encor eîi langage
Hébraïque- &: Syriaque,M i s s a5c eft à
dire oblation riche & fuffifante,mot qui
ne fe trouue en toute la Bible, Tïnô pour
Malach.i.
Sacrifice
npuueat».
MifTa.
Peut. 16.
fîgnifier cefte oblatio nouuelle^comme
enfeignétlcs Do&eursHebrieux.Tout
cecy conuient aufïi naïfuement à la
Meffe : car pour le regard du premier
des Premicê^ î6j
nonvl luy conuient de tout poin <5t,veu La M*//*/*-
qu'elle eft fingulierenient vn facrifîce^/f"w0<'"
nouueau en toutes fes parties: en fon of- ïojfrantà
frandc , en fon Preftre5& en fa façon.
L'offrande eft du tout nouuelle : c eft
vnfruidt nouueau produit d'vne terre
nouuclle:le corps duSauueur engendré
delà Vierge: vn pain nouueau5vn pain
vif 5 immortel &: glorieux : le Preftre^pr^.
nouueau auili,leFiIsde Dieu^l'Oind
de Dieu , Roy des hommes &: des An-
ges 5 & n'y en eutiamais vn fembiable,
ny fera cy apres.La façon toute nouuel- l4f"f<
le , car l'offrande & le Preftre eft la mef-
me chofe, & Pvn & l'autre font cachez
foubs les efpeces du pain & du vin, tout
en l'vne & tout en l'autre efpeces,& tout
en chafeune partie d'icelle , en fa propre
quantité ? en fon immortalité &: en fa
gloire 5 quoy que nosfens& iugemens
n'y voyent que les fîgnes extérieurs, fa-
çon de Sacrement & de facrifîce du
tout nouuelle & incogneuëàlaloy de
naturel de Moyfe.
:o».
268 I/OBLÀTION
Du nom de^fejp.
4
^SVant eftdumotde Missa,
îî îrs s A j lliSre? Mcflè,nom propre de la vieille
s.ciem.ep.3 ^ftEs* oblation > il eft demeure tout
Ahrdl2sln7; entier 5 à la noftre , & luy eft fi bien affe-
3 <c> l?> cte & approprie ? qu'il ne lignine plus,
S: Alex, ny nomme autre chofe que le facrificc
Tclcfph. de ^°y de grace.-commeiadis il neno-
cpift.i. moitque celuy de Moyfe. Si bien que
s.Arnb.i.ç. piuficurs grands Doclenrs ne doub-
s.Aug.fcr. tent point , que cène loitvn mot He-
51.de temp. brieu5 & le mefme qui nomma l'ancien-
^.Lcon. ne oblation des Prémices , & vn des
ep.8i.& 88. premiers que les Apoftres donnèrent
Ronfde. au facrific^ de TEuchariftie. Ce qui eft
confecr.i rendu vrayfemblable , parce que plu-
rnaihas. fîcurs anciens Pères Grecs. & Latins en
Canh.can. ont vfé.-comme font S. Clément fuccef-
3- feur de faind Pierre , Abdias qui a eferit
Aaath.c.47Ja Vlc des Apoftres ou en Grec ou en
dc.c6£d.i. Hebrieu.Item.S. Euariftie Pape feant
MlfFas- lan io 6. Telefphore feant lan 117. S.
Ambroife,S.Auguftin, S.Leon5itemle
premier Concile Romain , le fécond de
CartageJeConcile d' A gde,&: plufieurs
autres anciens autheurs des quatre pre-
des Prémices. 269
miers ficelés, & tous l'ont vfurpé com-
me vn nom vfité entre les Chreftiens,
qui eft vn argument qu'ileftoit laiftè par
tradition des Apoftres , encor que l'E-
glife vfaft en ces commencemés de plu-
sieurs autres principalemét en la Grèce.
Quelques Docteurs l'ont eftimé Latin
àcaufe de la femblancedes fyllabes &:
du fommais l'argument ne conclud pas
qu'il foit pluftoft Latin que Hebrieu,
veu qu'il a les fyllabes & le fon pareil en
Tvne &: en l'autre langue, & fi le Latin le
veut prendre pour iby par ce tiltre,rHe-
brieu aura le mefme droift: &: par mef-
me tiltre chacun tirera à fa langue mille
mots eftrangers a la moindre femblan-
ce , & fe mettra en dâger d'eftre furprins
en crime d'iniufte vfurpateur ou mau-
uais interprète, comme il. eft aduenu à
OptatusaumotCEjp ha s,quilapenfé
eftreGrecàraifon delà femblance desICr,K^
fyllabes du mot Cephale, tefte : par
mefme mefeonte les Latins diront aufïi
que les mots Hebrieux A lm a,M a s- a l m a>
sa, CERA,&femblables font feulement ç*^ A>
Latins,parce qu'ils en ont le fon:&: cha- s*cm toutes
que lâgue dira que le mot Sac eft feule- H?*? de
menf de ion creu , parce qu il îe trouucj;^tru.îilofK
eu toutes de meûne fon &:fïguifîcation,
%JO L'OBLATION
Il eft doncpo.ur le moins auffi vray-fem-
blablc^que le mot M i s s a eft Hebrieu,
que Latin. Que fi quelqu'vn veut tenir
fermement qu'il eft venu du Latki plu-
Hencontre&oR que <Lc ïHcbricu 5 ie m'y aecorde-
mcrutiUtufe. ray plus volontiers.>pour vn feul regard,
qui eft que cefte rencontre cafuelle du
Latin auccTHebrieu., eft plus merueil-
leufeque l'Erymologie prinfe à deflein
de l'Hebrieu : carilne peut eftre adue-
nu fans prouidence diuine5qu'vn mot
Latin fe foit fi heureufement fondu Se
allié àl'Hebricu > qu'il femble du tout
Hebrieu^ vnmotHebrieufoitfi ad-
uehantau Latin 5 qu'il femble du tout
Latin, Se qu'ils ay et efté employez pour
faire femblable office en diuerfes lan-
gués &: iojx : l'vn pour nommer en He-
brieu en la loy de Moyfeja figure du fa-
crifice du corps du Sautieur: l'autre
pour nômer en Latin , la vérité du mef-
me facrifice en la loy du Sauueur : &:
que le plus excellent facrifice de tous
ait efté baptifé d'vn femblable nom en
fyllabes&en lignification parles deux
plus nobles langues du monde:en figu-
re par l'Hébraïque, & en veriré par la
Latine. La vieille figure donc rapertoit
noftre facrifice en (a matière y enfofor-
DES PREMICES.^ 27I
me , en (a cérémonie 5 & naïfuement en
fonnom.
L <x tranjfubftatiation quiJefaiÛ en ce
Sûrement figurée far le leuain.
S
Lyaencor plufieurs traits my-
fterieux en la figure ancienne,
qui nous fonteognoiftre la ve-
rite de no lire Euchariftie : mais trois
principalement : l'vn eft du leuain , Vau-
tre du temps, & le troifiefme des facrifi-
ces preallables à l'oblation.Il a efté diâ:
que ces pains eftoyent fai&s de pafte le- Lei a^m«»x
uée, lefquels eftoyent éleuezen obla-*/k*'\
tion parle Pontife auecles agneaux. xlmz'lit
Lors, didt l'Efcriture, le Sacrificateurejleue-
rales agmdux auec les pains des Vnmices en
les tournant datant le SeWnenr. De manière
o
que les Pains eftoyent mis fur les
agneaux3& tous enfemble eileuez.C'eft
vn diuin coup de pinceau tiré de la
main de Dieu en la planche de la figu-
re 5 tious enfeignant non feulement La
prefence du corps de fon Fils vrayA-
gneau fans tache , au facrifice delà Mef-
fc: mais encor la façon en laquelle il y
ejft faift prcfent>qui eft par tranflubftan-
2J1 L' OBLATÏON
tia.tion 3 ceft à dire par le changement
delà fubftance du Pain en la fubftan-
j*^"4'"^" ce du corps du Sauueur , caché foubs
bUaudes les efpeces diceluy pain. Le leuain
?*™à*ï*°- cy-deflus nous a efté marque du mal,
lJ &ilelticy du bien par contraire qua-
lité , comme fouuent en l'Efcriture
vne mefme choie a diuers ôf contraires
Dieaiyon vfages^à raifon des contraires rapports.
Gcn.4?.9. Ainfile Lyon entant que c'eft vn ani-
Apoc5 ;. mai R0ya[ & folt 5 j} marque Dieu : en-
tant qu'il eft cruel de félon 5 il marque le
lyon™ Cmy Diable.Parquoy le mefme Sauueur ex-
i.Pct.5.8. prime le vice parle leuain en vn en-
droift, &r en l'autreil compare fon Egli-
u**2?QUr fealapafteleuce. Le leuain donc nous
Matî.i<ï.<r. fïguroitauxPains des Prémices la traf-
fubftantiation, comme ja fouuent il a
vontUbien. efté di<ft , & faudra cncorledire. Voicy
Inci3.11. lapcînture. Le leuain change lapafte
uîJffïb- naturellement, ^chauffe^l'enfle., & luy
jiantiation. donne ame & vie en certaine façon 5 éc
*£feuJoUd6 autant qu'elle en eft capable. La parole
Liuain. de Dieu leuain furnaturel 3 change ^uffi :
le pain: &: parce qu elle eft plus puifïante
que la nature, elle pafle plus outre aufïi
car elle change non les qualitez, com-
me le ieuain naturel en lapafte, mais la
fubftance
DES PREMICES. 273
fubftance:elle laiflè les qualitez vifibles,
& change le dedans: elle anime vérita-
blement ce pain , &: en faift vn pain vif,
changeant la fubftance d'iceluy en la
fubirance de la chair de l'Agneau de
Dieu, I e s ysX 11 ri 5-t , fignifié ^Lespain, „
les deux agneaux offerts auec les pains ul agneaux.
en ce facrifice. Les pains & les agneaux
efleuez parle Pontife , eftoyent choies
diuerfes & faifoyent vne feule oblation:
zcy où la vérité eft vniquemcnt accom-
plie, diuers élemens font auffi vne mef-
111 e oblation: car l'Agneau eft foubs les
cfpeces du pain &: du vin , & quand ces
élemens font multipliez Se offerts en di-
uers endroic~ts,ceft toufiours vn mefmc
Agneau 3 ëc vu mefme facrifice. Au
moyen dequoy5cetrai& couché en la
vieille figure, difoit que le facrifice fîgu-
ré par le pain des prémices 5 feroit vn fa-
crifice vnique de chair, foubs les efpe-
cesdupain 6^ du vin , auquel traict le
Sauueur donna fes viues couleurs infti-
tuant le Sacrement defon corps foubs p^rçwj
ces élemens. Or la dualité des pains & ******
des agneaux employez en vn lacnnce,
n'eftoit pas oyfîue ny fans my fterc : car
elle fignifioit deux natures en vn I esvs- Dw*i*f«r«.
Christ 2 la diuine ; & l'humaine : deux
f
^74 L'oblàtio'n
Deux ^r-chofes en vn Sacrement:la terreftre;, qui
tm* font les accidens vifibles , & la celefte,
qui eft le corps du Fils de Dieu & fa gra-
Deuxpu- ce: finalement fignifioit deux peuples,
*es% les Gentils &; Iuifs , vnis en yn chef, te-
dui&s en vn , &: faicïs vn pain en ce S a-
crement & facrifice. Etainfi cefte diui-
ne Sagefïe non feulement nous enfei-
gnoit par ce linéament figuratif, la pre-
iencedefa chair en rEucharifticmais'
encorda qualité de fa perfonne3& la
manière auec laquelle elle nous faicl: fa
chair,&:nousvnitàfa chair. Voyons ce
quel'Efcriture en a diâ auec les anciens
Docteurs Hebrieux &: Chreftiens enri-
chiflans la figure parles brodures de
leurs do&esexpofitions.
L e Sacrement &Jacrifice du corps du
Sauueurjouls les ejpeces dupainpre-
di£l en ï Ecriture , £g/ enjeignépar
les Do fleurs Hebrieux.
6
rû!.7i. ^m^S Av ï d auoit'predi&noftre Sa-
17 ' h W*n crem^t & f^crifîce par ces pains
g4Psvv éleuez. il fera , dit-il > fermeté en
terre au plus haut des montagnes : &fonfrui£i
fera élezéttu defjus au Liban: ou félon la fra-
DES PÛMICE S^ 27J
fe Hébraïque yllyaura ~»ne parcelle de fro-
ment en terre au Commet des motagnes, &fon>
fruicl fera éleué par de (Jus le Liban. Ces pa-
roles nepeuuent fignifïer autre froment
ny autre chofe , plus naïfuemét que nos
Hoftics confacrées eontenans le corps
du Sauueur,vray froment en terre3vray
pain &: lolide fermeté de nos âmes éc
corps.-fruicl: vrayementêleué, non feu-
lement furlacimeduLiban3maisencor
fur les hauteurs & puhTances celefics.
Parquoyles doctes Hebrieuxont dift Rabbi
fot f t\ • 1 Salomon
rmement a ce lens i que DauiajnpfaI
châtoit icy vne forte de petits gafîeaux 1^
ou galettes delicicufcs. quiferoyent of- vcl^1-
fërtes en facrifice du temps du Meffie.
Nos maijlres, dit Rabbi Salomon,^ bon-
ne mémoire , ont entendu par ce mot , vn genre
de gafle aux ^qui fe feront du teps du Mefie^ du-
que i aufi tout le Vfeaume efl tfcrir. E 1 1 o u s
le urs commentaires Hebrieux extollct
iufquesau ciel la manducation &my-
ftere de ce pain & ces gafteaux^qu'ils di- Barachias*
lent encore deuoireftrede la grandeur «piicans
de la paume de la main. Et Rabbi Bara- ^dcf.
chias expliquant ces mots de i'Eclefia- Quidcft
fte:Qj' EST-CE OVI A ESTî'jC'lST^f
C E Q^V I SERA APRES , adlOUlte, cric.
•f uc tout ainf que leur premier Rédempteur à ^'^£9.
ni
Îj6 L'OBLATÏON
la MAnmfçAHOîr Moyfe leur auoit donné lin pain de
merueilles ., qui fut la Manne : ainfi le fécond
Rédempteur (le MctCiâS)teur en donner oit^n
plus merueilleux^ qui fer oyent ces gafl eaux. Et
àcecy le mefme Rédempteur faitallu-
Ioan.6. fîondilantj Cenefl pas Moyfe quiyousa
donné le pain du ciel : ceft mon Père qui voqs
donne le pain du cid^ entendant fon corps,
ainfi qu'il a eflé déclaré au tableau de la
Rabb. Manne. Et les Rabbins parafrafent en
infuo. mefme fens les paroles du Pfcaumecy-
Targum, defïus alléguées : il y aura, dicl: vn d'en-
Gal.l.io. ^ 11 \ r
c 4 tr'eux, y ne parcelle de pain en terre au jommet
in Pfal.71. des montaignes.Ceft à dire , dit-il , ily aura
"># facrifee de pain au chef des montagnes de
l'Eglife 5 ou au chef des Prefires que feront en
Mo*f*o^ ÏEglife. Caries montagnes del'Eglife
les Âfltm font les Prélats &c Preftres dicclle 5 s'ils
&gensç*r- portent leur nom dignement : d'autant
iAnts' qu'ils font efleuéz fur le vulgaire 5 com-
me montagnes fpirituellesfur la terre,
par fainâeté de mœurs,& prééminence
dedo&rine. Cefte figure doc saccenv
plit literalement tous les iours en l'Egli-
(e3quand.les Preftres difans la M e(Te é->
lcuentlafainfte Hoftiefurleurtefte,&:
quand les fidèles Chreftiens mangent
ces diuins& délicieux gafteaux en la ta-
ble myftique de noftre Sauueur. Les
DES P REMICES. 277
anciens Iuifs ne pouuoyent pas efcrire
plus clairement de la figure de noftre
vérité parmy les ombres de leur loy : &
celuy qui ne voit cefte vérité efclatantc
au facrifîce de la loy de grace5il eft aueu-
gle en plein iour & pire que Iuif.
Tefmoignages des Hebrieux Jur la
tr anjjub fiant iaticn (0 manière
en laquelle le corps du S au -
ueur efl prefent en
l Eucharifiie.
7
^^^ A façon en laquelle le corps du
§!&<# Sauueur eft réellement prefent
^"^ enrEuchariftie^aeflé non moins
difertement couché es efcrits des He-
brieux5que l'aiTertiondefa realité. Ce-
fte façon comprend deux poin&s 5 l'vn
regardele commencemét de cefte pre-
fencc^ôr enfeigne comment le corps
d^i Sauueur eft rendu prefent au Sacre-
ment de l'Autel, le fécond regarde l'e-
ftat d'icelle prefence, &: déclare cornent
il y demeure prefent. De tous les deux
nous auons parlé au tableau delà Mao-
ne difcourans en ieeux de la toute-puif-
fance du Sauueur^ icy nous en parleras
fi»
Î78 V OBLATÎON
auecletefmoignagedes Docteurs He-
brieux & Chreftiens, pour déclarer en
Comment^ manière d\icellepreiençe,la (blidité
iluJclTeji delafoy Catholique fur la tranflubftan-
fatft prient nation. Surle premier poinctlafoy &:
riftte '*' doctrine Catholique tient que le corps
Conc.Tri- du Sauueur fe trouue prefentau Sacrc-
dem.ief. menr par tranfiubftâtiatiomc cil à dire.
13 c,4.can. 1 r j • \
x. nonpardeicentedu cieien terre,ny par
nouuelie production, mais par change-
ment de la fubftâce du pain en la fubitâ-
ce du corps du Sauueui\,né de laVierge.
La mefme foy &: doctrine dict 3 qu'il y
demeure dVne prefence diuine 5 fpiri-
tuelle gr fupernaturelle., auec la quanti-
té tans occuper lieu , auec fa Majeflé
fans fe monftrer^item qu'il y eft immor-
tel &rglorieux3mais inuifible aux (ens &:
incomprehenfible à la raifort &: iuge-
AutMeau roent humain ^ comme il a efté dicl: ail-
&u Manne, leurs. Et c'efi çn fomine ce qu'en eferi-
uentles Docteurs tant Hebrieux>que
Chrefiiens. LesHebrieux comme cy-
deuaat nous diiions, au tableau des
•Pains des fa- pa'ms $c propofition 3 en feignent que
hieaudcs ces Pains eitoyent appeliez Rains des
v*tmçra~ faces:parce qu'ils figuroy et vn facrifîcc,
^"* auquel il y auroitdu pain au commen-
cement 3 de de la chair à la fin: ç^r la (ub-t-
des Prémices. 279
ftance du pain y feroit châgée en la fub-
fiance du corps du Meffie^demeurans
entiers les accidens extérieurs: &: feroit
vn facrifîce à deux faces, vne extérieure
des pains , que lesfens verroient , &: vnc
interieure5delafubftâce delachair^que
la feule foy apperceuroit. Ceft pour-j^^
quoy auffi le mot Hebrieu,LEHEN, mis & chair.
encelieu^adoublefi^nificatiôxartan-^11^'
tort il lignifie pain3tantoft chair : fi bien seraflîm.
queoùnoftre verfion dit : illuy offre les Q^'lç>'Q «7«
Vains depropojitio , on tourne auiii, II offre t?,
la chair de to Dieu. Et S.Paul log temps a-
près vsât de mefme façô de dire,ce qu'il
appelle Pain, il le nomme aulïi^IeCorps
du Sauueur. LesmefmesHebrieuxex-
pliquans les paroles d'Ofée. Ils se-0£ g;
RONT CONVERTIS EN SON
OMBRENT VIVRONT DE FRO-
MENT, Nos mai (1res , difent-ils j efcriuent Rab.
fur ces mots, qu'en la yenue du Rédempteur il y Ha°darfan
dura tranfmutation de nature en froment*, KtinPfal.15^.
le RabinMoyfe furies paroles du Pfeau- Gal.l.i*.
me, Q^V I DONNE DVPAIN A TOV- Rabb.Iu-
T E chair. Car y dit-il, le pain au il don- ^as !*J
nera c ejt ja chair 3 & cecy fera y ne grande Gal.l.i o.
mer mille % cap. 6.
L'oblation donceft pain au com-
mencement ; mais après les paroles de
f iiij
2.8o L'OBLATION
la confecratioft.elle eft chair, fe tournât
la fubftance du Pain à la fubftance du
corps du Sauueur,par la vertu de fa tou-
te-piaffante parole laquelle ayant peu
Tranfmu- faire tout le monde de rien 5 peut tranf-
ttuonatu- muer vne" fubftance en vne autre. Ce
s.nnui. changement s'appelle tranifubftantia-
Jeba tion en lEçlife Catholique, mis en vfa-
Ktmhi. ge depuis cinq cens ans pour fermer la
Gahl.ru, bouche à lheretique, qui deflors s'eft
efleué contre la vérité delà foy>eftant
au refte la chofe auflî ancienne que l'Eu-
chariftie. Car au mefme inftant que le
Sacrement fut inftitué par leSauueur5la
tranffubftantiation y fut en vfage5 quoy
commenta que le nom ne deuft naiftre que long
Sàuuêutà*- temps apres. Quant eft de la manière fe-
YHSHY6 Cti *- "■ ^*">—'
ïEucbarfte. Ion laquelle le corps du Mefïie demeu-
voyGihtï. reroit au Sacrement après y auoir efté
6IC c'4' rendu prefent parla tranflubftâtiation,
les mefme Hebrieux ont dit qu'il y de-
uoiteftre inuifible&: impalpable, &ccn
plufieurs places enfemblemét, ce qu'ils
croyent aufïi du corps du Prophète He-
lie fe trouuant en plufieurs lieux en mef-
me temps s as eftrc veu ny touche. Ainfî
le tefmoignent les Rabbins es mcfmes
endroiéts de leurs expofitioris.
DES PK EMICE S. 2.8l
Tefmoignages des Docteurs Chrejlies
delà tranjjiibflantidtion & ma-
nière du corps du Sauueur
en FEuchariftie.
8
^S Es Chreftiensontefté d'autant
|^ plus fermes & clairs en la foy &
^ doctrine de la tr an (Tu bftan na-
tion & manière delà prefence du corps
du Sauueur en fon Sacrement, qu'ils
ont eu de meilleurs maiftres que les an-
ciens Hebrieux. Leurs maiftres ont efté
le mefme Sauueur, Soleil de vérité & ^d^w
illuminateur desfecrets celeftes 3 &: fes^W*^-
Apoftres remplis delanouuelle lumiè-
re du S. Efprit.-aulieu.que les Hebrieux
n'auoy ent que Moyfe & les Prophètes,
qui n'enfeign oient que par ombres &r
énigmes. Voicy ce qu'ils ont diét de ceft
admirable changement 5 que nous ap-
pelions traniTubil:antiation:)&: de la ma-
nière que le corps du Sauueur demeure
au Sacrement.
S . I u (lin . Nomfommes apprin s que la 1/ia- S. Iaftin
de ( le pain &: le vin ) dont nojlre chair & ApoU.
fan g par le chagemet dlcelle font nourris^ ejlat
conjacree par la prière & parole de Dieu^ ejl la
chair &le fan ?de I E s v s-Ch R I st incar-
S.Iren
c.31.
282 I/o BLATION
ne\ ccft à dire la Cubftance du pain & du
vin çit changée en lafubfîance du corps
de fan» du Sauueur.
Sainct Irenée difputant contre les
hérétiques qui nioyent que Iesvs-
Christ fuft tout-puiffant 3 Comment,
dit-il, croiront-ils que le pain confier i foii le
corps delmsv s-C n r 1 s t ? c'eft à dire,
s'ils ne croy et qu'il eft tout-puifTan t , ils
ne pourront pas croire qu'en l'Euchari-
ftie5le pain foit changé en (on corps3par
fa parole,ne pouuant eftre faitvn (î haut
changemct5par autre parole que de ce-
luy qui peut faire tout en parlant, com-
s.Cyrili. nie il a faid le monde en difanr.
Hicrofo, Sainct Cyrille de Hierufalem. //
myftao-. . . tourna Udis en la ville de Cana l'eau en yin-Je-
qnel a quelque femblance auec le fin*, leftime-
rons-nous donc moins digne d'ejtre creu^difint
S. C h ryfo. ^j[ a changé le y in en [on Jang?
pop. Antio. S.Chïyioiiomc.Varcequele Verbe dicl,
Cecy est mon corps, obeyjjons
&* croyons le regardans des yeux de lafoy:
comme s'il difoit, ces paroles ,Cecy
est mon corps, font paroles du tout-
f, ; puiffantSc font ce qu'elles fignifîcnt,il
83. in Matt.feut donc obéir &: croire ce qu elles cti-
fent. Le mcfme Dofteur fur le mefmc
fubiect de la tranffiibftantiation.Zc* c/;a-
des Prémices] 28$
fis queno-ws vous proposons ne font pas œuvres
d'humaine yertu. ceft Dieu qui lesjancîife&
les chao-e^nous nenfommes que les wftrumens.
S. Grégoire de Nyfïè. Nom croyons que^p^g-
le pain deuement fanclifiée pir la parole du 0/â^z<r.
Verbe de Dieu,ej} changé au corps du Verbe de catech.c.j7.
Dieu. Item. Le pain de Ï^Autel au commen- cl^m r
a . arc* s-BaFcl1»
cernent ejt commun ^rnavs après ejtre jacrihe en
la Mefje il eft appelle le corps de Christ,
<<?• left véritablement.
S.Iean Damafcene* Le pain <& le vin s.ican
méfié eflfupernaturellement changé an corps de D*ma£ 1.4.
à- J J r h- - : % , ' £ . defidec.
Christ par l inuocatw&venue dub .zjfirit. t
Et ce ne font pas deux , mais "vne mefme chofe.
ThzophyhSic.C e pain eft trans- formé en Theophyl.
la chair du Seigneur par la benediciio myftique m 6 ' oan*
des paroles fecrettes, & par la venue du S. Ef
prit. Voyla quelques Pères Grecs 3 les
Latins de mefme efprit &r pareil ftyle.
Tertullien. Le Sauueur printle pain &* en Tertul.1,4.
fit (on corps difant . Cecy est mon ™nt:
J J i j j Maroc. 40.
CORPS.
S. Cyprien. Ce pain quenoftre Seigneur s .Cyp.de
prefentoitàfes JDifaples fut faifl chair par la cœn.dom.
toute-puijfance du Verbe, fe changeant non en
apparence mais en fubftance, Il veut dire que
lesefpeces extérieures des élemens, la
quantité3la couleur, &: faueur , demeu-
rent en pied^mais que la fubftance ime-
284 L'OBI ATI ON
rieufe fe change à la fubftance du corps
&fangduSauueur.
s.Amb.1.4. s. Ambroife.Ce pain deudnt les paroles des
Sdcremens ejt paimmais après la confecratio le
pain eflfatcl; chair. Et ayant monftré que
cefte confecration&changement fe fait
par la parole de Dieu, il ferme fa côclu-
fion àî^nt^Si la parole de Qn RiSTd efié
fi puiffante que de donner eflre à ce qui rieftoit
point ^obi en plws ejl-d croyableqiï elle peut fai-
re que les chofe s qui ejloient cy-deuant \foyent
changées en y ne autre} Mais efcout'e Dauiddi-
fantj. l a parle'et les choses
ONTESTE/FAICTES. IlA COM-
MANDE' ET ELLES ONT ESTE'
cree'e s. le te reffonds donc que deuant la
confecration le pain neftoit point le corps de
C H R ï s Tj mais après icelle , cefi le corps de
Chris T.Ceftluy qui ta di£h& a efié fait y
S Atig.fcr M* commandé <&* il a eflé créé.
i8.de ver- S. Auguftin prefque enmefmes ter-
mes, le njorn ay dici que deuant les paroles de
Christ, le pain efl appelle 'pain 5 mais après
S.Remiç. quelles font pronocéesjl nejlplm appelle pain^
in c. io.ep. mais le corps de C H R I S T .
2,Cor% S.RemyEuefquede Reims. La chair
que le Verbe de Dieu le Pereaprinfe au y entre
qjirginal&vnie en fa perfonne , & le pain qui
ejl confacré fur t .Autel 0 cejl *V# corps de
des Prémices.' 285
ï E S v S-C H R 1 s t} car toatainfi que celle
chair efi le corps de C H R I S T : de mefme ce
pain Ce change au corps de C H R I S T3 & ne
font pas deux maison corps. Il veut dire que
la tranfïubftantiation ne produit pasvn
nouueau corps de I e s v s-C h r i s t,
mais qu'elle faict que le mefme corps
qu'ilprintauvétredelaVierge/e trou-
ue en ce Sacrement après la confecra-
tion , n'y reftant d'iceux élemens que
lesaccidens.
Paschasivs. Encor que la figure du PafchafiiTs
pain&duyin je trouueen ce Sacrement: il iifjecorpj
faut ncantmoim croire, qu'après la confecra- &fang.
tioniln'yaautre chofe 3 que la chair &* fang mx'1'
deCHKIST. ■ Commet
D e tous ces tefmoignages nous çol-coi^d»
ligeons l'explication de deux poincts, $*»»'»"$
quiconcernoyent la racon en laquelle^ Sacremet.
. le corpsdu Sauueur efl auSacrement de
l' Autel.Car premièrement nous enten-
dons, que le corps du Sauueur eftfaict
prefentau Sacrement par tranfïubftan-
tiatio5c eft à dire par châgemét de fub-
ftance5cedantla fubftance du pain a la
fubftance de fon corps, qui fuccede en
vertu de (a toute-puiffànte parole; &:
parce que l'ame & la diuinité ne laiiTent
iamais ce corps;tout Iesv s- Christ
286 L'OBLATION
eft au Sacrement, fon corps en vertu de
Ctmmmtii faparole^fon arae& fa diuinité par fuite
y demeure, necefTaire. Secondement nous appre-
nons que tant que leurs efpecesfonteii
leur entier , le mefme corps demeure
foubsicelles auec fa quantité5fa beauté,
fon immortalités: fa gloire5mais fuper-
naturellement &: d'vne manière fpiri-
tuelle&diuine, fans eftre apperceu fi-
non des y eux delafoyDainfi quel'auons
cy-deffus déclaré de non déclaré, eftanc
la chofe ineffable. Au moyen dequoy
les Pères aduertiflent fouuent de ne
confulter point icy les loix de la nature,
ny le rapport des fens &: iugement hu-
main5mais de croire fimplemét à la pa-
role de celuy5 qui peut tout àc ne peut
mentir.
Pourquoy le Sauueur a voulu que fon
corps fufi caché & non vifible ,
en ce Sacrement.
9
L fera bo de notter maintenât
pourquoy le Sauueur a donné
fon corps voilé des efpeccs du
pain & du vin , &: non defcouuert&: vi-
libje: car cela nous enleignera qu'il a
des Prémices. ï$j
efté bon& fage, non feulement en nous
faifant vn don ineftimable : mais enco-
res en la manière de le donner. Les rai-
fons principales notées par les laincls
Pères font celles-cy. La première eft
. r i ! | c* Vr entière
priniedela nature du Sacrement: car raifon ^rinçe
puisque tout Sacrement eft vn figne v[-deianature
fible d'vne chofeinuifiblejl falloir qu'il4*8"™*-
donnaft fon corps en ce Sacrement
voilé foubs quelques fignes vifibles,
comme font les accidens , la couleur, la
blancheur, &: lafaueur , 6c femblables
choies qui peuuent frapper les fens, &:
donner aduis àl'ame de quelque chofe
fecrette. Ques'il Feuft donné ouuerte-^rt,*k"»-
ment ce n euicpomt eue myiterieuxba-^^^^
crement,mais vn fimple don de ionnoftre^fi'-
corps.La féconde raifon confifte félon ™q'\\[ -
S.Ambroifej&S.Auguftin.auecS.Cy-ep.^dCo"
rille.enceque cefte façon eft rres-con-14o{Jm.mV
uenablepour fecounrnoitre innrmite,de Sacr.c*.
à la naturelle,&auec facilité. Car nous1*"-
preuons ce diuin morceau foubs lappa-apujUg'ra.
reil & température de chofes commu-tu. deconf.
nés, & familières à noftre court, à Ççà-*'*'-y¥Jm*
uoirfoubs les accides du pain& du vin: s.ican.r>a-
aulieu qu'eftant mangé auec le fenti-mal/4/c>
ment de les quahtez naturelles, c eiiits.Tho. p.t,
cfté vne prinfe du tout infupportablcq-7'^ j.c.
288 L'OBLATION
en deux façons: car premièrement il ne
fe pouuoit faire que les fens ne con-
ceuffent naturellement horreur d'aua-
ler la chair humaine en fa propre figure,
mefme eftant creuë. Secondement ils
n euifent oneques efté baftâs à fuppor-
ter l'efclat d'vn corps fi lumineux, ny la
prefence d'vne fi glorieufc Majefté3n en
S■P^L'Tic£]lcilfefuftmonftré, Sainft Paulfut
%iclàJrt rendu aueugle pour auoir veu ce corps
Sauueur. en fa fplendeur:&: s'il failloit que Moyfe
eIo^h -; parlant aux Hebrieux voiîaft fa face
z.Cor.j.ij. rayonnante5qu'iisnepouuoyent regar-
der autrementreombien plus a efté con-
uenableque Iesvs-Christ voilaft
fon corps, fans comparaifon plus ref-
fplendiflTant que la face de Moyfe, pour
s'approcher de nous fceftre mangé de
Vcxeuue Povr troifiefme raifon, cefte inuifi-
tUufoy. bilité nous donne vn fingulier moyen
d'exercer noftre foy , £c mériter la feli-
Bie hettretix Clt^ en croyant & nc voyant point , fe-
eeuxqui lonlamaximedu Sauueur, qui appel-
crcyentfam je bien-heureux ceux qui croyent fans
Ioa.io.i9. voir 5 c'eft à dire -qui adiouftent foy à la
parole de Dieu 5 quoy que le fens &: la
raifon humaine ne pénètre la chofe^
creuë: voire encor la trouue repugnâte
des Prémices.1 289
àfes Loix.cômeiladuienticy^oùnous
croyons eftre le corps du S auueur, en-
cor que lcsfensne s'apperçoyuent que
des accidens extérieurs du pain & du
vin 3 foubs lefquels il efl prefent , & que
le iugcment humain ne puifTe compren-
dre la poffibilité de cefteprefence. Que
fi le corps du Sauueur par cefte conuer-
fîoneftoit rendu vifible&les accidens
changez D comme il fuft faiét au miracle
des Nopces de Cana, auquel l'eau auec ioan. 1/
ks qualitez fut changée en la fub fiance
& qualitez du vin , il n'y auroit aucune
foyàle croire: n'eftant cela vn obieft
de la Foy, ny fecret caché5ains vn c&Gt^^ :J
euidentDnon feulement à la raifon3 mais wcfep
encores aux fens. Il n'y auroit non plus iu'n
de mente ; Car en ce que le Jem ou la ratjonuzbt.ii,
peut tirer preuue 5 la Foy na aucun loyer 5 did:
vn de nos Docteurs. Au miracle de Ca- ^Greg-
na & en autres femblables il n'y au oit
aucun befoing de foy, mais de bon fens
pour en faire l'effay 5 comme fît alors lejoan lXii
maiftre du banquet , qui tefmoigna que
levineftoit tres-bon n'en ayant eu que
le fentiment : car iln'en pouuoit auoir la
foy5nefçachant alors rien de ce qu'a-
uoitfaid le Sauueur; encor qu'il nen
viftl'efFeéb&cequeles Apoftres creu-
t
ne voit
290 I/OBLATION
Zdfyfa rentencela^nefutpasla conuerfionde
miracle Je *> eau en vm (veu qu'ils le virent de leurs
V*au tournée propres yeux &c la vifion n'eft pas foy)
m ***• mais la diuinité du Fils de Dieu fecrette
ouuriere de telle œuure patëte; & le mé-
rite de leur foy ne fut pas auffi de voir la
côuerfion de l'eau en vin , mais de croi-
re &: pénétrer des yeux delà foy 5 celle
diuinité de iEsvs-CHRisT'lâquelle ils
^^^.^^nevoyoient pas des yeux corporels.La
ratjonpour quatriefme raifon pourquoy Dieu nous
^"«yk»donefon corps cachéfoubs des fignes,
dt calomnier. r * i
Les.cbrejiies c'cit afin de defrober le myltere de ce
appcii^^n- diuin mets, delà veuë & prinfe des infî-
\**r%!stoîs. deles,&;leurofrer l'occafionde calom-
Tenui.in nier les Chreftiens •. cars'ils les appel -
t?olc-7' lovent Anthropoïdes. & mangeurs de
Minutius i-i r & r . & ~,
Fdix m chairs humaines5cômetcfmoigneTer-
Ociaiiio tullicri 5 Minutius , Eufebe , &: autres
hifl ci. anciens Pères pour auoir ouy dire qu ils
Oriç.cont. prenoyent le corps del e s v s-Christ
Athcna^ cn vn ccrra^n banquet , où toute sfois
orat-pm l'on ne voyoitque du pain & du vin:
Chnftian. qu'euflènt-ils dit, & de quels ciimes les
euffent-ils chargez 5 s'ils euffent enten-
du ou veu, qu'ils mangeoyent ce corps
wfonp.urfc en fa figure naturelle.'
garantir deS F i n a lement par cefte façon le
Sauueur a garanty la Majefté de fon
des Prémices, 291
corps de plufieurs inconueniens 3 des
beftes , de des hommes , aufquels il eut
efté expofé en danger d'eftre fouuent
iniuriéen fa propre figure: au lieu que
le cachant il ne peut receuoir affrôt ny
lefion qu'en vnerobbe non fienne,ceffc
à dire aux efpeces du pain &: du vin 3en-
corque les criminels ne laifTent de por-
ter la condemnation de leur crime^ fai-
fansiniure àfon Sacrement.
Comme U vieille oblation des 'Pré-
mices commença en U ïPentecofte, -
ainfla noftre nouuelle.
10
E s deux derniers traicts figurans
!a 'Meffe 5confifte partie en la
circonftance du temps auquel la
vieille oblation fuft inftituée & mife en
pratique: partie auxfacrifices qu'il fail-
ioit offrir preallablement. Ces deux li-
neamens ont efté diuinement accom-r.
plis. Le temps de ce facrince fut le cm- <:'*/?*»»<»»-
quantiefme iour , nombre qui porte J^™"^
marque de remiflîon des péchez 5 &deï,Cuit.tj.
liberté & franchife : enfigne dequoy i°n.
1 • u Nuro.4,
ce cinquante en cinquante ans chacun
rentroit en la pofïè'ffion des biens qu'il
t 5j
2ÇZ I/O BL ATI ON.
auroit anparauant aliénez, fans aucun
rembouriemét de deniers au mefmean
la terre n'eftoit point labourée ny fe-
mee: de les Leuites eftoient affrâchis du
feruice du Temple eftans paruenus au
cinquâtiefme an de leur aage.Tout ain-
fi donc que l'ancienne offrande fut or-
donnée au defert ,àe practiquée feule-
ment en la terre de promillion au temps
prefix de la Pétecofte,à fçauoir la moif-
fon recueillie cinquâte iours -après Paf-
ques,nombre deremiiTîon:de mefmele
"* f acrifîce de i'Euchariftie fut inftitué par
le Sauueur citant encor voyageur au
defert de cemonder&mis en pratique
parles Apoftres après la defeente du'
Tentée Sainfl Efprit^ur de Pentecofte , iour
de cinquante iours de pardon & de re-
miflîon , mettant en porTefïïon du Roy-
aume promis , les enfans de Dieu qui
Tauoyent perduriour de générale moif-
fon recueillie de toute forte de biens. Et
comme les facrifices fanglans de trois
fortes,holocauftes,propiriatoires,& pa-
cifiques, precedoientla vieille oblation
des Prémices : de mefme le facrifice fin-»
glant de la croix figuré par ceux-là, pré-
céda la practique de nôftre nouuelle
oblation. En ce temps donc & a poind
des Prémices. 193
figuré, les Apoftres commencèrent àcaMejfe
célébrer la MefTe:&: offrira Dieu les tTms^!\
Prémices de l'admirable & immortel ^«J?^-
froment du corps du Fils de Dieu •• ietté "«>/'«..
enla croix, pourmourir : ayant germé
au Sepulchre pour reuiur£,&: eftant
monté à la dextre de fon Pere5 &: re-
cueilly aux greniers celeftes pour y ré-
gner à iamais. Les oblaticns des Prémi-
ces , qui iufques alors auoient efié fai-
lles en figure, enla loy de nature ou de
Moyfe, nettoient qu'orge &r moiffon,
commencée : cette cy fut fur la grande
moiffon, les folemnelles Prémices: & la
grande oblation de froment celefte , &:
pain vif,&: la vray e Pétecofte,&: le vray
Iubiiédu S.Efprit operateur de ce Sa-
crement, & Sacrifice, duquel parlant le
Sauueur auoitdid. Les paroles cjueie vous Ioan'6«
dis ce font ejprit & w: Comme difant, les
propos que ie tiens delà manducation
de ma chair,ce ne font pas propos qu'il
faille entendre charnellement , comme
font les Capharnaïtes , qui longent vne
chair morte, &: dépecée en morceaux:
mais fpirituellemé5d'vne chair viue,que J^jJ^
mon ciprit fera prefente,poureftre don- txfife** ta
née d'vne façon fpirituelie, fins mort & bJ€audm
tans aucune letton, tout ainii qu'il nt la pnfcb*»*.
t iij
194 L'OBLATION
conception de ce mefmc corps,par œu-
ure fpirituelle au ventre de la Vierge
fans cohabitation charnelle D- de fans le-
fion de la virginité.
LaMejfe commencée iïeftre célébrée
par les dpojîres en U
^entecofle.
ii
E fu t donc en la Pentecofte,
que les Apoftres 3 nouueaux
Sacrificateurs 3 donnèrent
commencement à la prati-
que du nouueau facrifîce offrans l'o-
blation fuffifante, &: celebranslaMef-
fe & & l'Hoftie pacifique du Pain du
Ciel Se de l'agnau immortel en la nou-
S. uptjkt uel]e lo Sainft j ues fut le premier
des premiers _ ' T. t> r • . ,
qui ctubraia en lerulalem , comme toute 1 antiquité
Mtiïe> tefmoigne , & les autres Apoilresàpres,
tant en Ierufalem qu'ailleurs. Alors
vrayement cefte diuine & première
troupe, Prémices de la loy de grâce,
commença à manger les gafteaux
délicieux promis à la venue du Meflias,
Se à communier non d an en an 3 de
mois en mois 3 de Dimanche en Di-
manche,mais tous les iours: caria vian-
de eftoit inufitée , & fauoureufe à mer-
DES PuEMÏCES^ 29J
ueille,&: les âmes en perpétuel appetir.
ils ejloientperfeuerans , dit fEfcrtture, en U A#>s-
doctrine des' ^pojlns- en U communie n de U
fraction dupaw &és oraifons.llsy alloier tout
lesiours. C'eftoit après quele S. Efprit
fut defeendu : car auparauantil effc dicl
feulement , quils perfeuer oient en Voraifoni
ils perfeueroyent donc tous les iours
après la defeende du S .Efprit grand ou-
urierde ce myftere : Efprit qui a'uoit
porté le feu celefte aux eftomacs , la
poinéte à la langue , &les amours es
cœurs des humains, & cfpâché les eaux E%dam
mondes.predicxes parle Prophète, ngu- dam.
rées parles anciens cuuiers du temple Ezcch-3*-
dé Salomon , fontaine de Dauid, eaux £J] cuuiers
de grâce, des Sacremens,du Baptefme,*^^»^
de Pénitence, & autres:toutes propres à ^ • g
nettoyer les entrailles &r pieds des Ho- Zach.ij.î.
fties offertes, &: des hommes orfrâs,c eft
à dire à mondifier les cœursjcs adions,
intentions & affections de ceux qui of-
friroient lcFils de Dieu, leurs bonnes
oeuures,& eux-mefmes comme holo-
cauftes mis fur l'Autel de fa Majefté. O
{\ Moyfe fefuft trouué en cefte Pente-
code & en cefte nouuelle oblation &:
Sacrement de vérité, qui enauoitiadis
tracé la peinture 3 de quelle reuerence
t iiij
Pfal.115.
2ç6 L'oB. DES PREMICES.
l'euft-il adoré ! Et fi Dauid euft peu a-
uoir quelque place en la table de ce pain
pacifique,&: de ce vin immortel , com-
me il auoit es faGrifices anciens, de quel
appétit euft-il gourmande cefte celefte
chair, & de quel fouhait euft-il dit de ce
diuin breuuage, Ieprendrdy la coupe dept-
lut^fr inuoqueray le nom du Seigneur] Si Sa-
lomon après auoir paracheué Ton ma-
gnifique Temple, euft eu ce corps pour
l'offrir à Dieu à la manière de M elchife-
dec, (ans effufion de fang & fans mort,
combien euft-ileftimé plus riche & plus
honorable l'appareil de la dédicace de
ce feul facrifîce , que des milliers de
bœufs, moutons, & taureaux, qu'il fit
brulerfurl'Autel?ô âmes Chreftiennes,
âmes efleuees & contemplatiues,reco-
gnoiiTez les dons de voftre Seigneur,
célébrez fouuent cefte Pentecofte : of-
frez cefte oblation : prenez les Prémi-
ces de ce froment déifié, &: offrez luy les
voftres, afin qu'vn iour vous ayez place
en la table de félicité, où ce mefme S ei-
gneurfera la viande & le Roy du ban-
quet.
'-97
LE PAIN DELIE.
299
LE TAIN ry E LIE.
'Ave z-vous
as compaffio^î
du bo Elie qui
dort à l'ombre
de ce geneure,
plus femblable
àvn mort qu'à
vn homme dormant? voyez-vous
fbn vifàgeblefme & desfaidt , &c
baigné de fueur froide? (ateftene-
gligément panchée vers la terre fur
le collé , fes yeux entr'ouuerts , les
bras iettez cà & la, nul fi^ne de
refpiratio en la bouche \ & toute la
pofture du corps eftendu^come s'il
venoit de rendre I'elprirr Certes vn
peu deuant outré de frayeur &ac-
cablé de iailitude^demâdoit àDieu
30o Le Pain d'Elie^
que ce futfonbo plaifîrdel'ofter
de ce mode^afin d'eftre deliuré vne
fois pour toufîours, des angoiffes
qu'il fentoit en fbname,cnlaper-
• fecution de cefte cruelle tygreffe
lefabel, qui auoitiuré par fes dieux
qu elle le feroit mourir dedans
vingt-quatre heures : & s'eft en-
dormy à l'ardeur de fa prière,
fbubs ceft arbriffeau y qui n'eft
guiere propre , ny pour faire om-
breny pour aider au repos : car il
Hfim&te&çft nain 3 & fes fueilles ce font au-
tant d'efpines qui ne parent point
le Soleil, & piquent la chair, & la
terre en eft parfemee tout autour:
qui fai£t conic&urer quelefàindfc
homme fans eflite & fans chois,
s'eft ietté au premier lieu où il s'eft
trouuéhorsd'aleine, & où la foi-
bleffe de fon corps Ta plante: mais
Dieu qui a toufîours les yeux ou-
uerts aux peines de à la fauue-
Le Pain d'E lie. 301
garde de fes feruiteurs, luy a en-£ es'XH'
uoyépour confolation&fecours, .
ce diuin iouuenceau, quieft prés
de luy auec vn Pain cuit foubs la
cendre & vn pot d'eau. C'eftvnL ,
Ange reueftu de figure humaine:
car ainfî fe monftrent communé-
ment ces efprits'aux hommes. Le
Peintre luy a fai£t le vifage Iumi- '
neux en forme d'efclair , reprefen-
tant par cet efclat fa nature fpiri-
ruelle &c fubtile , fa perruque vo-
lante en arriere^eft de couleur d'or:
il luy a mis aufïi des aides au dos fe- SeiafcL
Ion que Tefcriture mefmes le de-
peind^pour fignifierla vicefle de
îeurmouuement. Vous les voyez
eilen dues en Pair inegalem entj'v-
ne mouftrantle dedans & l'autre
le dehors,merueilIeufement belles
& arriftement tirées. Les guidons
d'icelles 8c les deux groiles pen-
30i Le pain d Elje.
nés premières font de couleur de
verd Iuyfant, comme celuy d'vn
Paon, les autres de mefme rang,
font entremeflees de iauln étran-
ge, rouge, & bleu à guife d'arc en
çicl: les cerceaux & petites plumes
qui reuetiffent les tuyaux de cel-
les-cy, &c les autres qui fuyuent en
diuers ordres, font riopiolees à,
proportion des premières: le du-
uetquicouure le dos de Taille eft
corne vue entaflurede menues &
petites efcailles de diuerfes cou-
leurs mifes fur du cotton. Sa robbe
Sa ràbe. c'efl- vne effcolle de fin lin brodée
dVnouuragefubtiltout autour.
Çucite fa n- La refe&io qu il porte pour cebo
fi*»* Prophète, ne femble pas grande
de prime- face, ne confîftant qu en
Pain & en eau: qui font les deux
plus communes & vulgaires pic-
ces duviure de riiomme:mais l'ex-
Le pain d'Elie. 303
perience montrera bien que cefï
vne viande & breuuage diuin : car
Elie en fera fubftanté & fortifié
cheminant l'efpace de quarante
iours & quarante nuidts , iufques à
ce qui! fera paruenuà la merueil-
leufe montagne, où Dieu donna
iadisles tables de {es loix. Cepen-
dant que ie ^arle le bon vieillard
dort toufïours, & ne penfe ny à
boire ny à manger, ny au chemin
qui Iuy refte a faire pourfe detra-
perdu danger: parquoy l'Ange IeI Rc ,
pouffe pour la féconde fois, &
Pefueille l'aduertilfant de prendre
quelque nourriture , & marcher.
S'il vous plaid attendre qu'il foit
debout, vous le verrez ceint de fi
grande ceinture de cuir fur vne
/butane cendrée y longue iufques
à my-jambe , couuert d'vn petit
manteau volant* & qui ne faudra
304 Le Pain d Elie.
d'obeïr auffi-toft aux paroles de
l'Ange , & s'efloigner tant qu'il
pourra de la fureur & prinfes delà
Royne. Le voila debout qui tire
ja pais à grand erre pour gaigner la
montagne d'Oreb.
L E
LE &JIN UELIE FI
GVRE DV SACREMENT
de ïtsiuteL
I E Pain d'EIie fut
pour certain, v ne
figure de noftre
Sacrement & de
plufîeurs myfte-
rcs cachez en ice-
luy.
Nous auons dit
ailleurs qu'en l'Efcriturc tât du vieil que
du nouueau Teftament , le pain fignifïe
généralement le corps du Sauueur; en-
tant qu'il eft donné en viande pour le
lbuftien des âmes de l'immortalité des .
corps,ainii leremie parlant du corps du s,Mtt«,r^«
Sauueur dit en la perfonne des Iuifs ar- f?¥ Vutn*
reftans en leur confeil de le crucifier, el
Mettons le bois enjon P<tin,cçft. à dire don- Xcrtulli
nons les tourmens de la croix à fon 4 cont.
corps, corne les anciens Pères l'ont ex- it"y^
pliqué. Et le Fils de Dieu mefmcs did Christ,
de ioy Jifuis UPdin du Ci*/, En ce gênerai pfîf:
306 Le Pain d'Elie^
tilrre donc le Pain cLElie figuroit ce
corps , & cefte" viande 5 mais beaucoup
plus fingulicrement en ce qu'il eftoit
merueilleux en toutes fes caufes^ffe^
& circonftances , qui font autant de
traiûs tirez fur la vieille figure en repre-
Lac<t»fetffi~ fentation naïfue delà vérité qui deuoit
àente.Dteu, fL1iure après. Premièrement donc ce
&Ja» ^e'painfutenuoyé de Dieu parle feruice
Leprrjire de l'Ange, ce traidt eft accomply en
Ange de noftre Sacrement .-car il nous eft donné
Kahch.i de Dieufpecialemctparleminifteredu
*.7. ( Preftre3quieft appelle Ange de Dieu
s.Diom.l. enpefcrjturc parce qu'à la façô des An-
en. . gesilenfeignelesautres^diaS. Denys
Areopagite: car comme les Anges fu-
perieurs illumin et les inférieurs par leur
îcience3ainii les Preftres communiquét
leur doftrine aux membres inférieurs
s.Hiero. del'Eglife de Dieu. Ange auffi félon
Sainâ: Hierofme, parce quil eft média-
teur entre Dieu & les hommes ,&: an-
nonce au peuple la diuine volonté: fi-
5.Chryfo. nalement Ange de Dieu5 ditft S, Chry-
hom.i.in i. Toftome^parce qu'il ne parle pas de foy-
mefme,maisenuoyédcDieu.C'eftdôc
ïtindefro- ceft Ange qui confacrenoftre Pain par
ment. Ja parole de Dieu , qui le faidt chair par
lavertud'iceluyDquile diftribue par fa
Le Pain d'E'lie. 307
comifïïon. Secondement ce Païnd'E lie
fut vn Pain de.froment,car fi c euft efté
d'autre matière, I'Efcriture l'euft fpeci- ^mrl cn g*-
£> « r- r r Vi fi eau.
e-&rut vn pain laçonne en galteau
félon la forme des pains cuits aux cen-
dres j ce traie! eft encore accomply en
noftre Sacrement: car cefte matière Se
cefte fîgure3c'eft celle de nos Hofties qui
fontlc froment ^ le Sacrement,^ les ga- r«M/«^
fteaux admirables du Meffie, defqucls;™^'^
cy- deuant a efté parlé : que veut figni-
l'Efcriturejdiiant que ce pain eftoit cuit
foubs les cendres?
Que fignifie £ Ecriture par l* cuijfon
du 'Pain d'Slie foubs les cendres.
2.
'î^f^f ^COR- °ïuc nous nc fçachïons
fipsgfo comment ce Pain fut cuit ibubs
** • ' les cendres par l'Ange ,,nous
croyons neantmoins qu'il fut a (foi-
fonné de cefte façon ; car l'Ecriture le
dicl: : & parce qu'elle ne dit rien fans
cauie^il ne faut pasdoubter que foubs le
creux de ces cendres 5 elle n'ait couuert
quelques myfteres propres de noftre
Sacremét.Ces myfteres font trois entre
plufieurs autres, que les plus fpirituels^^J^
pourront voir.L'vn eft la mémoire de la «i»s***<«r,
u ij
Luc.n.i?.
Vhumilitê
eu lils de
Lue a.
Gcncf.i8.
ludit.
7.4.
Ioan.:.tf.
308 Le Pain r>'E lie»
charité du Sauueur. Les cendres font
les reliefs du feu &: de la chaleur parlée:
ce Pain donc cuit foubs la cendre chau-
de méfiée auec des charbons vifs, nous
figuroit noftre Sacrement vray mémo-
rial inftitué pari e s v s-Ch ri,st5&
comrmîdé d'eilre célébré en fa mémoi-
re 3 & en recordatiô de fon amour &: de
fa mort: & partant c'eft le vray Pain cuit
foubs la cendre , c'eft a dire^apprefté
auec les marques &charbôs ardensde
fa charité 3 de de ce qu'il a enduré pour
nous. Le fécond rnyftere enfeigné en
cefte cuiffon, c'eft la grade humilité du
Fils de Dieu en ce Sacrement:la cendre
c'eft vne chofe menue & de vil prix , &:
partant hieroglife d'abaiffemét & d'hu-
miliation 1 comme nous enfeigné la cé-
rémonie naturelle de toutes les nations
qui en ont vfé en cefte fignifîcatiô.Ainft
Abraham par humilité s'appelle poudre
îk cendre, & s'abaiffe au nom de cefte
chofe. Ainfiles Hebrieux deBethulie
fupplians la diuine Maiefté de les fecou-
rir^iettoyent delà cendre fur leurs teftes
par humilité. Ainfile Roy de Niniue
Payen s'humilia feleuant de fon Thrô-
ne5&feant fur la cendre. Le Pain donc
cuit foubs la cèdre c'eft Iesvs-Christ:
Le Pain d'Elie. 309
vray pain du ciel humilié. Or s'eft il hu- W*« >*«*•*
inilié non feulement en fe faifant hom "pjfi^&en
me, &: mariant fa Majefté auec 1 infirmi- jon $acr*mà
té de noftre nature ; pour y endurer les
tourmens & opprobres de la Croix:
mais encore fe donnante viande a fa
créature foubs la figure &: l'habit d'vn
élément frefle & commun a du pain &:
duvin:fe donnant à manier corne vne
chofe morte &rinfen(iblc : fe donnant à
mâger & aualer à des panures pécheurs:
tous ces degrez d'humilité nous font
reprefentez és.cendres, & praétiqu-ez en
ce Sacrement. Abonne raifo.n doncii
fut figuré par vne marque de grande
hu milité, à fçauoir par la cendre , en la-
quelle le Pain d'Elie cuit.
Le troifiefme myftcre ce fondes my- ¥ilf™i'
J . , J L Eucbartfta
itères de ce Sacrement cachez ioubs les fl^,~ >,,:î-.
efpeces du Pain & du vin5eomme foubs fap**i*
des cendres 3 myfteres de l'amour &a
grandeur de Dieu &: des effedts admi-
rables de celle viande j que les âmes de-
uotes fentent plus facilement , que la
plume ne peut dire. Et comme la gran-
de Majefté du Sauueur marchant viii-
ble en terre cfroir muffée foubs le man-
teau de noftre humanité, efîeclÉant fa
toute puiflfance , fagefle fé bonté 5 en
u îij
3io Le Pain d'Eliï."
l'œuure de noftre Rédemption foubs la
foibleiTe,folie,& ignominie de la croix:
de mefme couure-il en ce Sacrement la
gloire de fon corps foubs le voile de ces
fymboles^cendres d'infirmité, &fai et
ioûer inuifiblement de la main fa fupre-
me vertu, pour le fouftien & falut de
nos âmes & corps.
Que nous fîgnifie lejommeil d'Elie
fonbs l ombre du Geneure.
y!fct8g£ Este diuine main nous a
* peint par d'autres traicts èc
couleurs non moins admi-
• râbles, les trois myfteres fufdids &plu-
Eliebrmant, r • j
h Sapeur heurs autres encor en vn autre coing de
tputrt'enU ce tableau. C'eft en Elie dormât à l'om-
c
ll/JX,
bre du Geneure : car nous y voyons le
Sauueur fommeillant en la Croix : la
mémoire de fa paffion , &: les plus gran-
des marques de fon amour, &: humilité:
ïnUt.c ^cs P'L1S nauts f^crets du Sacrement
*+.'&*;. de fon précieux corps. Le geneure corn-
muhémét cefr vn petit arbriiTeau, naif-
fant en lieux fablonneux &: fteriles, fans
beauté extérieure: n'ayant pour fleurs
Se pour fueilles que àcs pointes piquan-
Le Pain d'Elie^ 311
tes.Eliedortlas&rrecreu à l'ombre de
cetarbrifTeau.N'eft-cepaslanaïfue re-
prcfentation du Sauucur, angoifféde
tourmens, couronné d'efpineSjdoimat
en la Croix? arbre d'humilité . ombra- La Croix,
géant fa grandeur: fupplice des malfai- *j^ Jt*
deurs, couurant (on innocence : arbre
d'efpines, de peine, de pauureté? Ne
font-ce pas les marques de la teneur de * '
la vie pénible de nofîre bon Roy3&: de
fonfommeil douloureux? Les meimes
circon fiances nous marquent encores
les qualitez de noflre Sacrement mé-
morial de fa vie &: morticar eftât iceluy
coniideréexterieuremcnt,ilnernonftre
rien qui ne foit petit3difficile3Tans fruift,
fans fleurs & fans beauté pour lesfens,
& tout efpineux pour le iugement hu-
main reuefche à croire les chofes qu'il y
trouue répugnantes à fafuffifance, &:
s'en pique & s'en ofFenfe 5 comme iadis
les Capharnaïtes de les autres enfans de
ténèbres qui font venus après. D'autre Ioan ^
codé le mefme arbre eft toujours verd, Ugtnw*
& (es e'fpines font fes fueiiles, & beauté: H«»r^
fon bois brufléchafTe les ferpens, &ksy" v*1
charbons portent vn feu fi ardent & vi- chiffe les
f uace, qu'ils durent vn an entier foubs la &?""•
cendre .-pour laquelle raifon Daqid les ^.' "14"
u iiij
312 Le Pain d*ElieJ
carbones appelle charbons de defolatwn^vcc qu'ils
rfa° ii°ni. bruflent viuement & consomment effi-
cacement. Ces qualitez nous font vné
fecrette peinture de l'intérieure vertu &r
beauté de la croix du Sauueur, &c de
fon Sacrement.xar tout ce qui y paroift
répugnât *a la fenfualité,c'eft verdure &
beauté à lame fidèle : c'eft preuue de la
puiflance&r amour de I e svs-Christ
Le uu de la enuers nous: le bois de cefte croix & de
ce Sacrement, c'eft à dire, ce qui paroift
plus dur en l'vn &: en l'autre, eftât bruf-
îé en la méditation du feudiuin: dont
pfal. 38. «> Dauid difoit, Le feu brujleraen ma médita-
tion- eftant attifé de cefte meditation,il
chaffe loing les ferpens, c'eft à dire les
mauuaifes penfees que le vieil ferpent
faictgliffer en noftreame pour nous pi-
quera faire mourir : cela mefmcs en-
gendre en nous des charbons de chari-
té qui eftans couuerts foubs la cendre
d'humilitéjne meurent iamais. Voyla le
sômir fous geneure dechifre* Mais foubs l'ombre
gêneur*. "C ce geneure Elle dort : c'eft lame
Chreftienne qui prend fon repos en la
méditation du Sacrement de l'Autel,
qui eft l'ombre, c'eft à dire mémorial
de la mort du Sauueur, comme il a éfté
diftrcar comme l'ombre reprefente le
Le Pain d'Elue 313
corps 3 ainfileSacrementreprefente la
pafsion: &: comme le corps eftpreient
aucc l'ombre, ainfi le corps du Sauueur
au faind Sacrement.
Le chemin d'Elie depuis F ombre du
geneure iujques a la montagne
dOrel?,& de l'eau aluy don-
née auec le Pain.
'4
O v b s cefte ombre il nous
faut véritablement repofer
en la lafsitudedenospcrfe-
cutionSjCommeEIiey dor-
moit en figure, fuyat la rage de Ieiabel:
car il n'y a aucun plus fouple &folidc
repos , parmy les trauerfes de cefte vieS^'f"-
pénible, que la méditation de la mort
du Sauueur ioinâe auec la perception
de fon corps : ce que Dauid parefprit
Prophétique auoitiadis enfeigncdifant
à Dieu en laperfonne de tout Chreftié
affligé : Tu as apprefté deuant moy y ne tablev^lll,l-
contre ceux oui me troublent : & partant
l'Ange reprefenfànt la figure, refueiile
Elie , & l'exhorte à mander du Pain fi-
gurant cefte table.xe qu'il execute,& en
cft fi bien refaicl qu'il en prend force .&
314 Le Pain d'ElieT
courage pour marcher quarante iours
&: quarante nuicl:s5iufques à la monta-
gne de Dieu,fe detrapant delà perfecu-
tion delà Royne:quifontencores deux
Mm?*™"*' royftetcs tracez en la figure pour noftre
vérité : car ceft cfpace de iours fignifie
laduree de iioftic pèlerinage mortel,di-
uifé en quatre aages comme en quatre
dizainesren l'enfance, en Padolefcence,
en la ieune(Te3& en la vieillefTe.'&mipar-
tyde iours &denui6h5debiens &: de
maux, de confolations &: perfecutions.
Ce chemin continuel d'Elieiufques en
Oreb : c eu: le progrez qu'il nous con-
uientfaireà monter par fainctsdefirs bc
foufpirs,&: par bonnes œuures iufques
au Commet de la perfection Chreftien-
nc D félon la mefuredelagracede Dieu
communiquée à chafcun:& de ce fom-
met fc guinder d'vn vol victorieux de
la mort, &: du monde,à la haute monta-
gne de Dieu5noftre félicité. Or en ce
pèlerinage noftre vray Pain & fouftien,
c'eft le corps du Sauueur donné par fon
An ge5 à fçauoir par fon Prcftre3comme
il a elle dit.
Le Pain d'Elie. jij
Signification du pot d'eau.
5
A t s que fignifîe le pot d'eau
donné auec ce Pain ? c'eft la
grâce diuine donnée auec le
Sacrement: ainfi eft-elle figurée parle
Créateur qui la donne & la promet , en
telle figure 5 difant par Ton Prophète E-
Zechiel. fefpctndrdy fur vom vne eetu pure^
à fçaaoir cefte grâce, &: le SauueurEzcch.3^.
crioitau Temple. Si quelquVh afoifquihî-
y itnne à moy & boiue 3 parlant de la mef- oan,7*37«
me grâce "ceft cefte eau qui nous effc
donnée pour rafrefchirnoftre laflîtude:
qui nous donne force , & nous faid
monter aifément à la montagne de
Dieu, pour nous mettre en pofleflîon
du Ciel. Qui euft penféde prime-face
qu'à l'ombre de cefte figure fufTent ces
beaux myfteres cachez? Et combien en
ya-ilencor que l'amecontemplatiuey
remarquera? mais n'en y a-il pas afTez
icypour admirer cefte infinie fagefïe en
la peinture de Ces fecrets ? cefte fouue-
raine puifTance en la grandeur de Ces
ceuures?ccfteiupreme bonté en la lar-
ge (Te de Ces biens ? Certes ce fut vn _
1 * r ■ 1 r r r Prineytnct
clair teiinoignagc de fa tref-fage pre- ,&©«».
3i6 Le Pain d'Eli^
uoyance de tirer fi long temps deuant
lestrai&s du Sacrement de fon corps:
Vmu. vncaufli belle marque de fa vertu , d'a-
uoirdonnéàElie vn Pain de telle for-
ce qu'il peut entretenir la vie, &: fournir
la vigueur de quarante iours entiers à
vn corps debile,trauaillé &: trauaillant:
vn figne euident de fa grande miferi-
Mifmcorh. corde*, d'efpoufer fi paternellement le
foingdVne fiennecreaturemortelle, &:
luy enuoyer vn efprit immortel : Se vn
defes enfans d'honneur pour luyferuir
en fa neceflité , de pannetier Se d'ef-
chanfon : mais qu'eft-ce au prix de ce
qu'il a faiâ laiflant les armes &: le gage
defon Sacrement àfon Eglife militan-
te? donnât fon humanité Se diuinité? fe
donnant tout &dVne manière fi diuine
Se fi conucnable à noftre infirmité ? Ce
qu'il fit alors pour Elie, neft-ce pas vne
peinture, vneprefentation &vne om-
bre parangonnee à la viue image , à la
vérité Se au corps? Qui pourra donc , ô
Seigneur, dire, ou encores comprëdre
les trai&s de voftre fagefTeen ce Pain?
de voftre grâdeur en ce my ftere? de vo-
ftre mifericorde en ce feftin ? Et que
peut autre chofe icy la mortelle foiblef-
fe,finon bégayer en parlant^ Se admirer
1e Pain d'Eljje.* '317
en filence la hauteur de vos confeils de
la douceur de vos grâces^ vous en re-
mercier du profond de fon cœur en
l'humble eonfeflïon de fon incapacité.
LE SACRIFICE
PROPITIATOIRE-
LE SACRIFICE
^Propitiatoire.
tH EPreftreluif vient d'of-s*^* .
is&â r . i r -r 1 vropttiatotre.
rnr le iacnhce annuel Leuit. 4. &
de Propitiation , afin*,&7'
d'appaifer Dieu & ob-
tenir de luy3 pardon & grâce pour
foy & pour le peuple, dés péchez
comis, On a porté le fang de la vi-
ctime fur l'Autel des parfums affis
deuant la porte du Sandhiaire ap-
pelle Sainct desSaincts, ***j*
ou eft l'Arche de Dieu , &4a chair ~""J"
d'icelle victime aeftéconfommee '
au feu auec la tefte & la peau y hors
de Hierufalem, fins que perfonne
en ait mangé : ceux qui l'ont faicfc
bruflerfelauenthors les portes de
la ville, d'autant que félon laloy ils
310 Le SACRIFICE PROP."
jmmdts. iont reputez immondes par ce fer-
uice, & ne peuuent feutrer ny Te
trouuer en la compagnie de leurs
frères, qu'ils ne foient purifiez par
l'eau d'expiation.
s#rifc« «- qn ceIebre maintenant vn autre
utc réfection.
lacrincepour le péché aufli, mais
cotraire en cérémonies à celuy qui
vient d'eftrefaiét. Car il fe réitère
tous les iours, & le fang de la viei-
llie n'entre point auS âduaire^mais
eft offert fur l'Autel de Tholocaufte
dans vn baffin d'or, comme vous
voyez. Les homes delà lignée Sa-
cerdotale mangent en ce paruis ià-
cré la chair de l'Hoftie & en font
fandifiez^au lieu qu'en ce premier
* làcrifice, elle eftoit toute confom-
meeparlefeu,& rédoit immodes
ceuxquilafaifoiétbrufler corne il
a efté dit. Il n'y a aucune femme au
banquet,ny aucun home immon-
deicar la loy n'y reçoit que les maf
\cs,8t iceux lanclifiez. Trois
TROIS ES PECES DE
SACRIFICE.
O v s auons diâ
ailleurs
qu'il y auoit trois genres*|^^;
de facrffiçes obfcurémenn/^o/i^
pratiquez en la Loy deF/,eCT'"s-
nature , & expreffément
ordonnez en -celle de Moyfe : le pre-
mier eftoit de Tholocaufte, tout adref-
fé àlaloûangedeDieurlefecoiadPaci-
fique^ordonné pour action de gracesrle
troifiefme Propitiatoire , pour appifer
Dieu . En ce troifiefme gère de facrifice Desh*"5
# D quatre pieas,
on offroit vne des fix eipeces de beftes D*sotf***£,
licites, àfçauoir^ou debouine, ou de
moutonnaille5ou de capraille 5 ou fi c'e-
•ftoiët'oyfeauxjon prenoitoupigeoSjOu
moyneaux, ou tourterelles. Tous figu-
roient ou le facrifice de la Croix, ou ce-
ïuy de la MeAbjOU tous les deux enfem-
ble. Le premier dont eftfaid mention:
auprefent tableau fignifioit apertement
le facrifice de la croix P èclc fecondy
321 Le sacrifice
celuyde l'Euchariftie 3 voyons-en les
marques.
L e facrifice Propitiatoire qui
proprement fîgnifioit celuy
de la Croix.
z
I nous confiderons attentiue-
mér le rapport de la figure, nous
y recogijoiftrons aufïi toft la ve-
VMfwC*n.àxk. Ce premier facrifice Propitiatoire
Lunette- fe faifoit vne fois lan& non plufieurs.
uTiié! & C'eft la marque de l'vnique facrifice de
Leuit.15. laCroix,qui n'a efté faiét qu'vne fois en
Luc1 19 l'an du Sauueur5c'eft à dire durât fa vie,
anôc temps du vraylubilé du S eigneur:
&: faiâ fans pouuoir eftre réitéré. C'eft
ce que déduit Sainft Paul efcriuant aux
Hcbrieux. Encefie Volonté nom (tuons eftê
iuftifie^par toblation y ne foisfaiâle du corps
delzsv s-C hris t. Et après ay ât di&
que les Preftres Iuifs ne pouuoient effa-
cer le péché auec leurs facrifîces fanglâs,
Hebr.io. il adioufte,mais I e s v s-C hris raydnt
1 1. offert 'vnfeul facrifice pour les peche^ efldfits
éternellement a Iddextre de Dieu. Ce facrifi-
ce donc ne peut eftre réitéré eftant le
Sauucur triomphateur de la mort&nc
Propitiatoire. 325
pouuant plus mourit^&rfeftant cela ne-
ccffaire. La féconde circonftance eftoit 2
qu'en ce facrifice annuel 5 le fan^ de la,Lff*ngp*r~
viéhme de Propitiation eitoit porte fur </„ ^rjr,OT,c
TAutel des parfums affis deuantle San-
ctuaire figure du Ciel, comme Sainft
Paul l'allegorife.
Le fangdu Sauueuraufïi?ceftà dire
le prix defonfanga efté porté iufques
au Ciel3&:mis deuant les yeux de Dieu,
qui en confideration d'iceluy fang ef-
pandu à fon honneur pour les hommes
leur fai<5t pardon -de leurs péchez s'il ne
tient à eux. Troifiefmement la chair
delà viftime eftoit toute confommée ToJtu
au feu aueclatcfte & la peau : hors d\ick<»r brujiee,
camp^quâd on eftoit au defert 5 ou hors
Hierufalem, depuis qu'elle fut choifie
poureftrelelieuàfacrifîer. Le Sauueur
a efté crucifié au mont Caluere hors de vhoiMfc
Hierufalem, fon corps bruflé par trois Xx»aélZ
feux & confommé iufques à la mort: rro«/<«*,
par le feu de fon amour infiny^qui le fai-
foit volontaire viftime à fon Père pour
nos péchez: car par le feu de nos pèches
mefmes, qui luy caufoyent la mort, par
le feu des opprobres 3 blafphemes de
tourmens qu'il endura en fa Pafïion, en
laquelle remarquablement fa peau fen-
x lj
514 Le s acrifi c e
tit ce feu, quand elle fut cruellement
defchiréede coups de verges, comme
auflîlatefte couronnée d'efpines, de le
facré vifage fouillé de crachats. Finale-
tetdeux nient perfonne des facrifians ne man-
dernteres ctr- . L r . r _
confiances, geoit en ce facrifice Propitiatoire : per-
fonne ne mangera en ceftuy-cy : & ceux
qui faifoient brufler la chair de celle vi-
ctime ancienne eftoient immondes &
fedeuoient purifier de l'eau expiatoire
pourr'entrerenlacité: ceux qui firent
mourirleSauueuront efté rendus abo-
minables deuantDieu,&s'ils ont voulu
rentrer en la cité de fa Hierufalé, qui eft
fon Eglife, il a fallu qu'ils fe foyent puri-
fiez par l'eau du Baptefme. Voila de
poin<5tenpoinc1:,&: crayon par crayon,
la figure accomplie du facrifice de la
croix, quia véritablement efface nos
péchez & donné abondante grâce de
paix& de propitiation,mais qu'on l'ap-
plique r3ar les moyés ordônez de Dieu,
qui font les S acremens,mais finguliere-
ment le facrifice & facrement deTcu-
chariftie.
PROPITIATOIRE. 325
Le fécond genre defacrifice Propitia-
toire figure de ÏEuchariflie.
t
L ne faut pas douter que com-
me ce premier genre de facrifî-
ce Propitiatoire fut accomply
enfoblation delà croix , le fécond ne
lait efté en vne autre:car fi rien n apaffé
ea figure en la vieille loy a tant fut il pe-
tit, queleSauueurnedeuft parfaire en
la loy de grâce , & fi luy-mefmc a fou-
uétprotefté qu'il accompliroit toute la
Ioyiufquesàvnpetit iotta, &queplu-Matth.f.
ftoft le Ciel & la terre faudront , qu'vn l8uc tl6tl?t
feulpoinft fuft laiffé arrière fans eftre
parfaid, qui oferapenfer qu'vn facrifice
fi remarquable que ccftuy-cy, n'ait efté
paracheué félon toutes (es circonftan-
ces?Or l'accompliiTement eft tres-clair
enl'Euchariftie. Elle fe réitère tous les
iours comme l'ancienne figurercar tous
les iours on diâ la McfTe,le fang eft mis
fur l'Autel, & offert a Dieu en icellc
MefTe , la chair du corps du Sauueur y
eft mangée tant par les Préfixes, que par
les lais , qui en qualité de Chreftiens &:
vrays fidèles font cenfez aucunement
x iij
$ï6 Lésa crifice
iPct.i.9. Preftrcs&Rois^côme les appelle faind
sacerdoce Pierre,&entant qu'ils fe preparët deue-
Rval' ment à la communion par pénitence &
autres œuures de pieté, ils font enfans
mafles de la lignée Sacerdotale, ayans
Tameforte&non efféminée, encor que
ce foyent femmes & ieunes pucelles.
?.. Cefte chair eft mangée envn lieu fainft,
c'eft à dire en la maifon de Dieu qui eft
l'Eglife Catholique 3 & en fon Temple
ordinairement, de fi c'efl: en vne maifon
priuée où les malades la mangent , c'eft
toufiours en l'enceinte delà maifon de
Dieu; & cefte chair fan ftifie ceux qui la
mangent purement , & fans foùillure
d'aucun péché mortel.
jiuec quelle différence les facrifîces <&
Sacremens ludaïques & les
Chrefiiens font Propitia-
toires.
4
SjastàJ Es Sacrifices Iuifs faifts pour le
$1>/^ péché eftoyent Propitiatoires,
pîeb,I°'4' iSÙk^ & impetroyent pardon, non de
leur vertu , car comme dit Sain A Paul,
il efl impofiible que les f>eche%Joiet effdce^jtdr
Itfdng des tduredux & de boucs ; mais à rai-
Propitiatoire, 327
fonde la religion & pieté de ceux qui
les faifoient , proteftans par iceux la foy
& fefperance qu'ils auoient au futur
Meflîe, Iesvs-Christ: en cefte façon
Dieu leuc promettoit grâce, difantde
l'homme deuot. il offrira facri fie e , eSWeLeuir.4.
Prefrre priera pour tuy^&le péché luy fera par-
donné. Ilseftoyent doncimpetratifs deEXOPerc
pardon par la foy &: vertu des offrans, opcranns'
laquelle Dieu acceptoit : mais non pas
operatifs de pardon , finon en figure; le
facrifîce de FEuchariftie qui eft la vérité
de tous , porte grâce quant & foy & par
foy, comme tous les Sacremens de la
loy de grace.car ayans efté inftituez par ?oUraUOyUt
l'autheur de grâce Iesvs-Christ.& sûrement
parle Maiftreenperfonne, & non par ^ yfon't
Tentremife de Moyfe feruiteur, & eftantVr*"/* &
payée la finance denoftre rédemption A>-
en fon fang precieuxiceftoit bien la rai-
fon qu'ils euffent en eux la vertu que
ceux la figuroient : & puifquc le threfor
eftoit compté, qu'ils donnaflent argent
comptant la remiffion des péchez. Par-
quoy les Sacremens Chrefticns portent Ex opere
grâce d'eux-mefmes,& ce par leur actiô °perato-
en vertu de la prerogatiue à eux donnée
parle Sauueur:ôr celuy qui les reçoit
en bonrçc difpofition 3 il proufite par
xiiij
328 Les acrifice
^deuxvoyes,àfçauok parle Sacrement
qu'il reçoit, &: par la propre deuotion
_ r ' au'ilyapporteraulieuquelesHebrieux
le feront T. ^ rr ,^. r ?i f T
^iw». nelauoyetqu e lalecoderaçon. Leurs
Num ii< Sacremens eftoientfalutaires comme le
Serpentd'airainaudefert:carcen'cftoit
pas de (a propre vertu qu'il guarilToitla
morfuredes ferpens, ains de lafoy de
L ceux qui le regardoyent félon le com-
mandement de Dieurluy neftant que
la butte des yeux&Tobieâ de cefte foy:
mais les noftres font falutaires en façon
d'vneprecieufe Teriaque , qui porte
quant&foy l'efficace de fouueraine me-
decine,&fî elle entre dans vn eftomach
préparé, elle faiftvn fouuerain effed
pourlefàlut du corps: ainfi les Sacre-
mens delà loy de I esvs-C hrist,
ont en foy la vertu de falut. Ainfi le
Baptefmeja Penitence,& autres Sacre-
mens de remifïion, effacent le péché en
l'ame , &: tous portent grâce par leur
a&ion, mais principalement l'Euchari-
ftie , contenant icelle le Créateur de
grâce Iesvs-Christ: les autres
ayans le fruift feulement, elle l'arbre &:
les pommes enfemble: les autres don-
nans les ruhTeaux , elle donnant la fon-
taine encor.La mefmeEuchariftie aufli>
Propitiatoire. 329
entant que facrifice, donne grâce &re- £ntant i»*
miflîon des péchez 3 impétrant delà di-/"^"*
uine bonté pardon à celuy pour qui elle
eft offertexar ce corps eft fi précieux de-
uant Dieu , &?Dieu en a tant efté glori-
fié 5 qu'il ne luy peut eftre prefenté fur
l'Autel qu'auec gain de fa bonne grâce :
mefmes qu'il eft prefenté en chef parfon
propre Fils 3 qu'il ne peut n'auoirpour
tres-agreable, &:à qui il ne peut rien re-
fufer : ( les Preftres ne font que les vicai-
res vifibles &: médiateurs de l'aâ:ion:)le
don & le donneur , l'offrande &: l'offrâr,
eft le mefme.)&: l'vn & l'autre infiniemét
agréable aux yeux de la diuine Majefté.
L'Euchariftie donc eft vn facrifîce pro-
pitiatoire figuré par celuy des I uifs en4a
manière que venons dédire.
Tefmoignages desancies Pères Latins
$0 Grecs >monftr ans que le facri-
fîce de la Mejfe efi *Pro-
ptiatoire.
5
A 1 n c T Auçuftin. Par plufieurs „ â -
anciens Jacripces que Ion offrait four cp 57#
les peche^eftoit fignifié ccftuy facrifi-
ce,<tuquel ejlfaifte la y raye remijjio despeche^
330 Le sacrifice
chacuneji le fan? duquelnon feulement nefipas prohibe
uptnvàu ( comme en ceux-là ) mau offert a tout le
iauutur. monde , & tout font inuite^J, le boire. Et en
Ai;-1: . la cité de Dieu il efcrit qu'en l'Eglifc on
c.i5. offre & offrira le facrifice pour le péché
iufquesauiour duiugement:mais non
au delà 5 parce qu'alors il n'y aura plus
perfonne à qui les péchez puiflent eftre
remis.
Vji»uUu Et en vn fermon qu>ii a fa& jes jn,
utmr. nocens parlant de l'Autel ou 1 on dict la
idem ferm. Meffc,Làydh-i\fereJpddlefinjrdeCHKiST
s.Ambr.l. pour les pécheurs. S, Ambroife parlant de
i.offic.48. TEuchariftie , I e s v s-C hrist s'offre
foj-mefme comme Preflre pour nous remettre
no^peche^Et en l'exhortation aux vier-
ges , il appelle ce qui eft offert à l'Autel
vne Hostie salvtaire, par la-
quellele péché du monde eft effacé,
S. Cyprien en vn fermon diâ que
^"/^"'rEuchariftie eft vn holocaufte pour
taire. .... L
idem in ex- purger les îniquitez.
hort. ad S . Hierofme. Si on commande aux gens
s'cypr fer. ^dts ^e s'abfienir delà compagnie de leursfem-
decœna mes pour mieux prier : que doit-on penfer de
dommi. » lEuefque qui offre tout les iours à Dieu les >/'-
SHiero.in c1.lr1Ji > r «
c. 1. cp. ad. crimes fans tache four fes péchez, & ceux-là
Vcu n ^uPeuP^^
v.dcSczt. S .ChvyCo&omc. Le Preflre comme dmbdf-
Ur
Propitiatoire. 231
fadeur & orateur intercède enuers Dieu pour
tout t'vniuers,afin de le rendre propice, non feu-
lement aux peche'xj.es njiuans • mais encor des IcIcm *" £
trepajje^. E t en fa liturgie ou formulaire maôfaiuta-
de faMeffe^ilprie Dieu ainfi. Faiâlesnousrishom^
idoines à "Vous prefenter des dons & facrifces % ^' '
poumos peche^Ç?* pour les ignorances du peu-
ple • & fouuent appelle TEuchariftie
Hostie salvtaire.
E t S. Bafilc en fa MefTe auffi. Faites gg£
nous dignes, àit-il^riant Dieu, de y ou* prç- do.°
fenterdeuat yous auecnjn cœur net^ty* de yous
feruir & offrir ce yenerablefacrificepozr effa-
cer nos peche-xjfr la malice du peuple.
S. laques en la fienne.iVo#$ vous offrons s.iacob.in
cefacripce non fanglant pour noç^peche^ & ltur°'
les ignorances du peuple. ' s.Iuftdia.
S. Iuftin Martyr efcrit que le facrifice log.contra
de la vache que Ton oifroit pour les me- Tryp 0j
féaux en la loy deMoyfe^ftoitla figure
del'Euchariftie offerte pour l'expiation
des péchez. _ s CyriII
S.Cyrille de Hierufalem. Nous offrons Hierofo.
I E s v S-C H R 1 s T occis pour nos pechex>a- Catncch-
r j t , • 1 myltag-;.
pn de nous rendre , & aux autres propice celuy
qui efl trcs-beningm
En fomme tous les Do&eurs Catho-
ques Latins & Grecs de mefme foy &
langage que ceux-cy> ont enfeigné que
33^ Le saqrif.ice
le facrificc de la MefTe eft ;le vray Se vni-
que facrifîce des Chreftiens , inftitué
te facrificc par I e s v s-Christ , pour impetrer de
n'ïn *paiU ^lcu remifïion des péchez. Le facrifîce
ficnfice de fa Croix n'eft pas le facrifîce des
cbrefie». Chreftiens , encor qu'il foit le fonde-
ment delà religion Crreftienne.Carles
Chreftiens ne peuuent ny le faire eftant
le Sauucurimmortel5ny le defirer,d'au-
tant qu'ils feroyentfemblables aux Iuifs
qui le crucifièrent. C'eft l'Euchariftic
„ , .„. qui eft le feul & propre facrifîce des
VEttchdYtflte * . n . j l , l
eftiefawfict Chreftiens, ordonne pour ramenteuoir
chrejiie*. celuy de la Croix : pour en appliquer le
mérite , Se comme le Baptefme , la con-
firmation , & les autres S acremens , en-
tant que S acremens., remettent les pé-
chez en vertu du facrifîce de la Croix,
ainfi l'Euchariftic en tiltre de facrifîce
applique la remiffion des péchez gai-
gnée en la Croix 5 & en cefte façon eft
facrifîce Propitiatoire. Cefte doftrinc
eft félon Dieu Se félon raifon ? car puif-
Jefus-chrifi que ! E s v s_c h r i s t eft Prcftrc eter-
rrejtreeter- i m
plument, nellement félon l'ordre de Melchife-
pfai. 10^. jec ^ ji faut qUe je facrifîce inftituè par
luy félon cet ordre, qui eft celuy de la
Meffe,&non autre, foit Propitiatoire,
pouree que c eft l'office eflfentiel du Pre-
Propitiatoire, 333
ftre d'offrir pour le peché,comme faincl:
Paulefcrit. Tout Pontife chotfi des hommes Hcbr.$.
ejl ordonné pour les hommes es clwfes qui font
de Dieu Jour offrir des dons & fdcrifices pour
lepeché.l e s v s-C hrist, donc corne
Preftre s'offre foy-mefme en cefacrifice
pour nos péchez , &: ce parle miniftere
des Preftres fes vicaires, tout ainfi que
par eux il enfeigne, baptife,confîrme, &;
exerce les autres offices & S acremens
de Dodeur & de Rédempteur. r« Unna
L a raifon . veut aufli que puifque l'o- œmres ^nt
raifon/aumoinc^e ieufne,la pénitence, „',. '
& les autres actions de pieté , pour eftre
honorables de plaifantes à Dieiijlap-
paifent & obtiennent deluy la remif-
fion des fautes commifes : cefacrifice
qui eft le plus haut honneur que l'E glife
prefente a Dieu 5 & la plus diuine de
toutes lesadions fain&es,ait force de Moyfe.
1 appaiier & gaigner fa grace.Moyfe ob- Danid.4.
tint pardon pour plufieurs milliers de *4*
pécheurs ; Daniel confeilloit au Roy de
Babylonc de rachepter fes péchez par
àumofmes , ces œuuresdonceftoyent
propitiatoires , &: comment ne le feroit
lefacrifice du corps du Fils de Dieu,
offert par fon Fils mefme, &: par Ces mé-
bres en fupreme culte de fa Majefté?
334 Le sacrifice
l'enneny des hommes n a-il pas efté ex-
trêmement enuieux de maling de vou-
loir ofter cefte créance de l'efprit des en-
fans de Dieu ? & ceux qui ont creu à (es
fraudes contre l'honneur de Dieu, con-
tre la doctrine de fon Eglife , ne font-ils
pasmiferablemét enforcelez&; du tout
indignes de iamais auoir remiffion de
leurs fautes ?
En quelle façon le facrifice de la Mejfe
& les Sacremes remettent le péché
puifque la croix efl noflre en-
tière rédemption.
6
A i s fi le facrifice de la Groix eft
noftre entière rédemption , & le
prix infinyde tous nos péchez, ôc
de mille mondes , fi tant y auoit de pe-
cheurSjCommentdifons-nous que le fa-
crifice de la MefTe eft propitiatoire, &:
^^J2x^lesSacremens&: les bonnes œuurcs?
nJplfaïut. A celaierefponds que le facrifice de la
Les sacre- Croix c'eft la maiftrefTe fontaine de no-
Pïtftre falut.Le facrifice delà MefTe&r les
J*i»t. Sacremens font les ruiffeaux par lef-
quels le mérite de la Croix découle
en nos âmes, & fans lefquelsce mérite
PROPITIATOIRE. J5JJ
nous feroit infructueux: le Baptefmeeft
vn de ces ruifTeaux, comme la Confir-
mation , &r les autres Sacremens : le fa-
crifice de la Méfie en eft vn aufîi : & par
eux la Croix eft falutaire , mais aux
Chreftiens feulement : caries Turcs &
les Paycns n'en reçoyuent aucun rruid,
parce qu'ils n'ont aucun Sacrement ny
facrifice par lequel ils puifTent ouurirla
porte de ce mérite, &: faire découler en
eux les eaux de rédemption &falut. La
Croix leur eft vne fontaine bouchée,vn
verger fermé, vn threfor caché, parce
qu'ils n'ont nyles tuyaux ny l'entrée3ny
la clef,quileur dône le moyen d'en eftre
prrticipans. La MefiTe donc non plus^^™?'
que les Sacremens n'eft pas vne nouuel- fan$ a^uc*-
le rédemption , ny autre que celle de WlQn%
Croix: mais elle eft vn excellent moyen
d'appliquer celle qui a efté fai&e en la
Croix. LesSacremés en font les moy-
ens entiltre de Sacremens, l'Euchari-
ftieaucc priuilege, en tikre de facrifice
&de Sacrement enfemble.
Les bonnes œuures font bonnes &: i«s<,„„„
propitiatoires non d'elles mefmes: mais *«»>■«-
parce qu'elles font fondées fur laCroix,
& fans cet appuy elles font inutiles à la
vie éternelle. Parquoy les Sacremens,
La Croix în~
336 Le sacrifice
le facrifîce delà Mefle,les vertus, les
a&ions de pieté3.toute la religion Chre-
ftienne, prend vie, force & vertu de la
Croix: les Sacremés en font les canaux:
les bonnes œuures,les frui&s.-rEuchari-
ftie eft la grande clef : caries Sacremens
profitent feulement &: font propitiatoi-
res à ceux qui les prennent en bonne
difpofition, le Baptefme remet le péché
feulem ent à celuy qui eft baptifé : la pé-
nitence à celuy quilafaift, &c ainfi des
autres: l'Euchariftie entant que Sacre-
ment donne grâce feulemét a celuy qui
cômunie : mais entant que facrifice,elle
proufiteàtouspour lefquels elle eft cé-
lébrée, d'autât que c'eft vne action tref-
noblc,faidte auec vne prière générale &:
tres-efficace , àraifon du prefent qu'elle
Me(çefsàâ à Dieu,& partant vn moyen gène-
moyZ \*n* rai auffi de l'appaifer auec le corps de
rai four ap- fon Fils,qui a tout pay é &: qui peut tout
mmiïdïu obtenir. Parquoy fila MefTe eft di&c
Croix. pour les iuftes, elle leur impetre accroif-
Touriesm- jfcment je grace & la vertu de perfeue-
vo»rUspe- rer:fi pour les pécheurs repentis , elle
<heitri- , r leur obtient pardon: fi pour les inipeni-
ddes. tens,elle leur obtiet repentance: il pour
les infidèles, elle faid que Dieu les con-
uertitD& ainfi elle proufiteà tous les vi-
uans:
La
PROPITIATOIRE. 337
uans:fi elle eft appliquée pour les fainéts Vour **."*
r rr 11 1 u r motredes
tref pailez 5 elle les honore: il pour ceux*,*».***,
qui font en Purgatoire, elle diminue rtux-
leurs peines.Quefiron voit fouuent la^,^
Meflfe eftrc diète pour plufieurs qui
neantmoins demeurent obftinez en
leurs vices 3 c eft leur faute quilespriue
de ce fruict.-maisla MerTe n'eft iamais
pour cela fans fruid: car elle proufite à
quelqu'autre. La Croi« donc eft tou-
jours le fond de noftre entière rédem-
ption : les Sacremens font les moyens
pour l'appliquer en particulier à chaf-
que Chreftien viuant & difpofé: le fa-
crifice delà MefTe , à tous 3 ainfi qu'il a
efté diét : & par tout le fang efpandu en
la Croix eft le prix & la paye de noftre
rachapt.
Lefacrifice de la Aiejje auec les Sa-
cremens eft honorable a la Croix.
7
O aï m e le fa crifice de la Mef-
fe & tous les Sacremens de
a l'Eglife prennét leur vertu du
mérite infiny de la croix 3 auf- „ ,
fi l'honorent-ils en la contribution dl-
celle vertu;car autant defoisqulls don-
y
338 Le sacrifice
î$^*' nent grace,autant de fois donnent-ils
occafion de louer la première caufe d'i-
celle grâce : ne plus ne moins que natu-
rellement vne Aigle, vn Lion,vn Dau-
phin 3 vne Efmeraude , & toute autre
•créature noble, portant par fa bonté ou
beauté quelque vtilité ou plaifir à l'ho-
me,l'excite*a la louage du Créateur qui
luy a eflargy cefte bonté &: beautérainfï
lesSacremensportans grâce , portent
en leur action tefmoignage du mérite
-de la pafliô du Fils de Dieu, fource mé-
ritoire de cefte grâce : mais fur tous les
lefaerifice myft§res Chreftiens,le facrifice delà
deUMejfe M elfe excelle en cela pour deux rai-
honor écran- ri • » 1
dcmentccUy{ons :Ia première , parce qu il contient
deUcroix. en foy ,prefent lemefme corps qui nous
a racheptez en la Croix, &: exhibe en ce
corps,la fontaine de noftre rachapt : au
lieu que les autres Sacremens, comme
il a elle di<5t, ne donnent que les ruif-
LaMejfe feaux# La feconde:parce qu'il repreien-
viuereprefen- ... u cS J A
utiondcU te nairuement 1 action de ce noitre ra-
ttoix. chapt,àfçauoirlapaffion duSauueur,
& le facrifice de la Croix : carie mefme
corps qui fut offert en la croix efticy of-
fert: en la Croix par facrifice fanglant,
icy par facrifice non fanglât.-enlaCroix
il fut immolé ,icy il left encor , mais là,
propitiatoire. 339
auec occifion &: effufion violente de
Ton fang:icy il eft immolé à la façon
qu'auons dic\ àfçauoir auxefpeces du
pain 6c du vin , & par icelles reprefenté,
comme chofe morte &: infenfibl'e $ en
viande, en breuuage , & fon fang efpan-
du à la femblance de vin , mais demeu-
rant toufiours fon corps Se fon fang,
fans aucune lefiô3immortel & glorieux.
En la croix aulïîfa puiflance paroifToit^
infirmité.-fa bonté, malice5 &c fa fagefTe, & dlu
folieicarlesmefcreansle voyoientpau-M#-
ure,lecroyoientimpotent, le blafphe-
moient comme mal-faicteur,&: le baf-
foùoient comme fol, encor qu'il fuft en
foy tout-puiflant , tout-bon , & toutfa^
ge:tout cela eft represeté au facrifice de
laMefTe. Car en l'extérieur ne paroift
qu'infirmité aux infidèles, ne voulans
croire que le Sauueur puiffe faire que sô
corps y (bit prefentreile leur femble auffi
impieté , ceftpourquoy ils l'appellent
idolâtrie: elle ne paroift qu'vne chofe
folle,d'où viét qu'ils s'en moquét corne
dVne farce: eftantneantmoins l'action
du Fils de Dieu , &: la plus belle œuure
de pieté & de religion qui (bit en l'Egli-
fe de Dieu. Pour ces raîibns elle honore
la vertu delà Croix: elle la prefche ,1a
y y
hlance
croix
340 Le sacrifice
communique, & la prefente fur tous les
Lefacrifceh myfteres Chreftiens. Auffi a-elle efté
donné pour ordonnée de la main de celuy qui auoit
honorer u iadis tracé es vieux facrifices toutes les
Z7r.edeU %ures dcIa Croix, & quia bienfceu
x.Cor.K.i*. dreflcr vn facrifîce enla loy defa grâce
qui reprefentat icelle pafliô traiit à trait
naïfuement & efficacement. Et comme
il la fagement ordonnéc,auffi l'a-il feule
choifie pour la mémoire tres-honora-
ble de fa Croix. Parquoy laduerfaire
quidift quelaMeife euacuë l'honneur
de la croix , eft vn infigne menteur , vn
maling trompeur, &vn impudent ca-
lomniateur, & veutluy-mefme euacuer
l'honneur de la Croix, &priuer les hu-
mains du fruift d'icelle par ces menfon-
ges,impoftures,& calomnies, obfcurcif-
fantla vérité, deceuant lesjames, & ter-
niffanc les avions de pieté.
Propitiatoire^ 341
JLefacriJice de U MeJJe vtilepour irn-
^ Jtetrer de Dieu toute forte de hieri;
& quil seftend a toutes
perfonnesjaufaux
damnez^.
8
V 1 s qj- e le facrifice de la Mef-
fe eft propre pour impetrer la
remifïion des péchez 5 il eft aifé
de colliger qu'il nous peut ayder à ob-
tenir toute forte de biens s'ils nous font
vtiles: car il eft plus difficile d'appaifer
Tire de Dieu &: le flefehir à mifericordç,
nous eftant enhemy par noftre péché,
que d'obtenir tout autre don de luy lors
qu'il nous eft amy. Nous fçauons aufli viucharî-
que les anciens facrifices eftoient offerts V0»,7*7£»-
non feulement pour le péché 3 mais en- cUasfiurifc
cor pour plufîeurs autres fins tempo- f"* , r
ielles5dont s enfuit que le facnnee dcfto.inrfal.
FEuchariftie 5 quia kiccedé à tous les *s-
anciens , comme Saincft Chryfoftome; com.Jl
Saind Auguftin^Sainâ: Leon5 &: les u«f icg.1.
autres Doéteurs del'Eglife remarquent, sjLcofcr.
peut eftre offert pour les mefmes fins ,8.^ pair,
autrement la vérité feroit moindre que domin*
y i]j
34* Le sacrifice
ïafîgure5qui eft vne chofe àbfurde.Que
les facrifïccs anciens fufïent employez
pour obtenir d autres dons que de ré-
mifïîon 5 il eft euident par la Sainde Ef-
criture 5 qui nous dicl que les Hebrieux
offroyent des victimes pour la vie du
i.EfdV. R°y Darius & de Ces enfans. Item , que
Hciioa.i. Onias grand Preftre offrit pour la fanté
Mâchai. d'Heliodore. La MefTe donc à meilleur
tiltre,peut impetrerceque les oblatiÔs
Iudaïques impetroyent : car elles ne
contenoyent que la figure du corps du
Sauueur, &l'Euchariftie l'exhibe prê-
tent. Et de iaictca eftéla pra&ique de
i.Tim.i. TEglife désfon berceau. S. Paul com-
Meffe mande de raire prières publiques en 1 E-
s.chryGn glifepour les Roys de perfonnes publi-
as \mbtoO <clues:>àfîn dauoirpaix3lefquelles prie-
^.defacr. ' res les faincls Pères , Sain cl: Chryfofto-
*-vAlc- me.Saincl Ambroife,SainclAu£uftku
59.ad Paul. & autres ont expoie de celles qui le font
Theoph. & aufacrifice de la MefTe. Tcrtullien con-
i.làTim! Armant ceftecouftume. Nom fitcr'ifions,
z.Tcrcul.ad di&-\\fourlefalut de ï 'Empereur. S.Augu-
sTuain ^n sfcflt °luc ^e ^on temps certains
c.8. °' 'Preftres furent direlaMeffe &: offrir fa-
crifice en vne maifon pour en chnffer les
Diables qui l'infeftoyent & la rendoiët
inhabitable. Saine! Profper tefmoignc
PROPITIATOIRE. 343
auffi que lefacrifïce de la Méfie fut of-
fert pour vne femme poffedee, qu'icelle \- Pr°rPcr4
n j i- v rr : ~ .„ Aquitan. de
eftant deliuree on 1 oirrit encor en actio prididio.
de traces. Sainâ: Chryfoftome en plu- Dci.c. 6.
fieurs lieux faid mention de la coullu-homr}j80'^
me de l'Eglife à dire laMeiTe pour lesn. in Ad.
fruiâs de la terre ;& le tefmoignage de^^*
S aind Cyrille de Hierufalem eftilluftreHierofoi*.
encecy,en ce qu'il eferit en vne de fesCat"h- S:
leçons fur le propos de la Méfie, difant, my *s*
lèpres quiceluy facrijkejpirituel, & culte no
fanglantesl parfaicl ^fur lamefme Hoflie de
propitiatton nous prions Dieu pour la paix
commune de toutes les Eglifes , pour la tran-
quillité du monde ,pour les Rois , pour les fol-
dats , pour les malades ? pour Us afflige^: E n
fomme pour tous ceux qui ont befoih
defecours.
L e facrifice de la çJWejfe <vtile aux fi-
dèles trejj>ajfè% qui font en Purga-
toire, ^r) honorable à ceux
qui régnent au Ciel.
5^J^f A foy &r couftumede l'Eglife a
^|:^V toufiours efte auffi d'offrir àoieu
■ «»«*«le facrifice de la Méfie çourv"?}« tref'
les âmes des fidèles trcfpaffcz 3 non*
y m
344 ^ E SACRIFICE
pour leur faire remettre leurs péchez.'
mais pourimpetrer de Dieu allégement
des peines deuës à leurs pechcz,s'ils sot
en Purgatoirercar ceux qui font en En-
fer font eternellemcnr retranchez du
corps de I e s v s-C hrist, de inca-
pables du fecours de fon fang précieux:
De laquelle couftume parlant Sainét
S, Chryfo. Chtyfoftomc.Nonfdns edufe, dit-il,d eftê
ho. 69. ad or(loriné p^ les tApoflm de faire commemord-
pop. Anti. ^ t J, t ^ rr n r
& hom. 3. tl° des p de les trejpdj]e%jtux my fier es reformi-
ep.ad Phi- ddbles(au facrifïce de la Meffe,) cdr ilsfçd-
lp* uoient bien qutl leur en venait ungrdndgdiny
&* ynegrdndelftilité'Sdon laquelle foy S.
conf.c )n Auguftin fut prié par fa mère de prier
11,13. ' Dieu pour elle après fon trefpas en la
MefTe. Elle , dit-il, nerriduoitpds chdrgé de
luy drefferl'n mdgnifque tombedu : mais auoit
feulement fignifé quelle defiroit qu'on eufi me~
Lanière e mojre J^fc m l^ut€[ auquel elle tfdUOlt Lif-
S.Auguftm . r 1 - r 7 SI
oyoittous les je de Jeruir njnjeul tour^Jçdchdnt que a teeluy
iours UMefejioit dtfiribuee ld yittimequi A E F F A ce'
Colo.1.14 V OBLIGATION QJV I N O V S
J5- ESTOIT CONTRAIRE, ET MENE'
EtN TRIOMPHE l'eNNEMY. Ce
qu'il accomplit en enfant fidèle, faifant
dire Toffîce des trefpaffez &la Meffe en
fon enterrement, & l'aidant par cefte fa-
çon pluftoft que par larmes:ce que luy-
TROPÏTIATOIRï. 34 J
meime tefmoignc5difantà Dieu: Nous
ne pleurafmet point, Seigneur , aux prières que
nowPvousfifmes lors quon yous offroit lefdcri-
fce de noJireprix.Et recitant^cela monftre
que c'eftoitlafoy&religiô de toute l'E-f ril" J,ere'
glife.S .Epiphane aufn met cefte couftu-.?» r/ ne fat
me entre les dogmes de fEglife Catho- #*£•*'«
lique 3 & teimoigne , comme après luy Epiph. h«-
S. Auguftir>,que Aerius fut Anathema- ref.57.& in
tile comme hérétique, pour auoir tenu leofl ^ s^
qu'il ne falloit point offrir le facrifice de ^ug.dehç-
la MefTe pour les trafpaffrz. lf- c; 5U
L a mefme Egale a offert auili en tout moire des
temps3facrifîce en action de grâces de la &**»#*.
victoire des Saincts bien-heureux qui
font regnans au Ciehc'eft pourquoy on
dit la MefTe en leurs feftes ; non qu'on
leur facrifie5comme calomnioient iadis
les heretiques3& Paycs:mais on remer-
cieDieu dequoy il les a faidt victorieux,
&ferefioùit de leur gloire. Ce que S.
Auguftin déclare, rcfpondantà la ca- &z ciu^c. tj
lomnie des hérétiques. Qui eji celuy d'en-
tre les fidèles 5 dit—Il-, qui vit tamais lePrejlre
ejldnt à lu4utel dire en fd prière , tenons offre
fdcrifice 0 Pierre,, 0 Paul, 0 Cyprien , y eu que
ccjld Dieu &* non à eux quonfdcrifie dans les
Eglifes dédiées à leur mémoire: Et ailleurs en
meimes termes : Nous ne drejjons pas des
eu.
346 Le sacrif. propitiat.
autels des Martyrs , encor que cefoit en leurs
mémoires. Car qui ouyt iamais aucun Prélat
Idem cont. 0fficjant £ [^^tel aux lieux des corps Sainëls-
Fauft.l.10. JJ # r r l
aire > Nom njout offrons Jacripce 0 P terre y 0
Paul} 0 Çyprien}mats ce quon offre >eft offert à
Dieu qui a couronné les Martyrs , encor que ce
foit aux lixux dédiera leur mémoire. De la-
quelle do étrine il appert comme le fa-
crifîce de la MefTe non feulement eft
Propitiatoire pour les pechezanais vti-
le pour obtenir de Dieu toute forte de
biens 3 &: qu'il s'eftend à toute forte de
perfonnes, exceptez les damnez :& co-
rne le facrifice delà Croix eftvn thre-
for gênerai &: foncier , pour tous les
membres de l'Eglife de Dieu , viuans &
trefpaiïèz, prefens Se à v enir 5 ainfi le fa-
crifice de laMefle eft vn inftrument vni-
uerfel&rmoyenneurpourouurir Rap-
pliquer le mérite de ce threfor à cha-
cun.
?47
LESCINCLPAINS
ET DEVX POISSONS,
349
LES CINg^&dlNS ET
DEVX POISSONS.
Elv y qui efi: en
la copagnie de
Iesvs nepeuta-
uoir faute de bié
Voyez-vous, ce
grand nobre de
^cns afïis à cen-
taines Se cinquantaines fur ces Iidts
& capifleries d'herbes & de fleurs
durenouueau, prenans leur réfe-
ction au milieu du defert ? Ils font
enuiron cinq mil hommes, fansc/B*m;/k-
t r i • Mac. 141.
copteries femmes & les petits en-
fans : qui fuyuans plufîeurs iours
le Sauueur, ont ouyla parole de
telle ardeur,& de tel gouft,queny
prenans garde fe font trouuezfans
350 Les cinq^Pains
viures en ces lieux montagneux &
ft'eriles de tout bien/auf de foin &
de fleurs. Ils bâquetent neâtmoins
à fbuhait auec vne merueilleufe
abondance de viures : quoy que
leur prouifîo n'ait elle que de cinq
Pains d'orge & de deux Poiflbns,
qu vn ieune -garçon delatrouppe
auoit par accident quant & jfoy.
jwïïÏÏ. O quecegarç5fera vniourfoubs
5«/^^c/r/ffile nom de Martial ', grand Pafteur
innoceTt!' & noarriflïer des âmes Chreftien-
^a i/finc. nes ^s Pais Aquitains! Celle proui-
vide Baro. f]on eftoit cafuelle &fort iniuffi-
fànte pour vn il grand nombre de
gens : mais la prouidence diuine
n a pas efté fortuite ny petite^ayant
bien feeu commander à la difette,
& faire naiftre' l'abondance dVne
nouuelle Manne au milieu du de-
fert, & repaiftre de viande maté-
rielle, ceux quelle auoit repeu du
pain de (à fàincte do&riae.Car elle
et devx Poissons. 3/7
a multiplié les Pains & les Poiffons
de telle benedi&ion, qu'ils fuffi-
fent pour faouler tous ces efca-
dronsde table, armez d'aufïi bon
appétit que depuiffant eftomach.
Tous mangent de ces Pains & de
ces Poiflbns autant qu'ils en veu-
lent, & les Apoftres font les efcha-
fons&.efcuyers trenchans, autant
ermerueillez que ioyeux de voir
que le Pain & la viande croift en
leurs mains , à mefure qu'ils la di-
stribuent à leurs hoftes. Mais Phi-
lippe & André font eftonnez fur
tous: caraufliauoient-ils fur tous
appréhendé la grande multitude
de mode * & le peu de viures qui fè
trouuoiten ce lieu. Le bon Philip-
pe difoit que deux cens reaux de
miches ne fiitifoient pas pour en
douer àchafcunvnpetit morceau
àguifede pain bénit, & ces cinq
pains portez par ceft enfant ne
3/2. Les cinq^Pains.
ioan.^. 7. montoyent pas trois fouis. Et An-
dré donnant aduis au Sauueur def-
di&s Pains &c PoifTons, adioufte
que cela n eftoit rien , comme à la
vérité il n' eftoit pour vn fî grand
nombre de perfonnes y meiurant
les viures & les mangeans auec la
règle du incrément humain, &non
de lamaindiuine.Cepenclatquils
feruent & admirent la merueille,
leurs penfîonnaires sacquitent de
leurdeuoir, fans efpargnernyleur
peine en mangeant , ny la viande
qu'on leur met fur table : ceux qui
ont défia remply leur eftomach
rempliflent encor leur poche, &
n y a celuy qui ne ferre quelque
pièce de ce Pain : les vus par ne-
ceificépour prouifion : les autres
par deuotion encores : comme
pour reliques : & après tout cela,
les Apoftres rempliflent douze
corbeilles des reliefs.Tout le mon-
de eft
etdevx Poissons. 35^
deefttranfporté d'aife &: d'eiion-
nement , &: préfèrent le Sauueur
à Moyfe 3 ayant rrouué la façon
de couurir de la main, la table au
defert, au lieu que Moyfe nauoic
fçeu que faire tomber la Manne
du Ciel fai&e de la main des An-
ges^ non produire defabene-
diction, & s'en vont prendre re-
folution de faire leur chef le .Sau-
ueur, &c crier viue le Roy i mais luy
qui eft créé Roy par '(on père , bc
qui porte en fa cuifle&en fon ve-
rtement le cartel efcnt ,roy des Apoc )jp
Rois et Seignevr des16-
5EiGNEVRs5&quieft defeendu
en terre pour eadurer les ignomi-
nies & non pour iouir de la gloire
du monde5n'a que faire de tels éle-
cteurs , ny de tel Royaume :par~
quoy il s'en ira plus auant au défera
fe defrobant de leur ele&ion & de:
leurveuë.
%
LE tMlKzAC LE DES
cincl Pains, tableav
de ÏEuchariflie.
1 Emerueilleux ba-
quet dreffé en la
folitudefutvn ta-
bleau de noftre
Sacrement, corne
es figures qui iuf-
Tableau* /^^^^^^^^M <iucS ^CY ont CÛé
antres, r^ — 5 _âU déclarées : mais
différent en aage Se en la main de l'ou-
urier : car les figures fufdi&es font ta-
bleaux antiques , crayonnez félon le
deffein de Dieu voirement , mais par
rentremife& parle pinceau de Moyfe?
ceftui-cy fut de l'inuention du Sauueur,
&auecce > tiré tout frais de fa propre
main. Parquoy ceux-là fignifioient de
loin g, la table de l'Euchariftie5&: l'au-
theur d'icelle en diuers fubiefts $ ceftuy
en fut Fentrée 5 & la monftroit prochai-
ne en la propre pcrfône de foh autheur :
et devx Poissons, jj/
les autres marquoyent noftre diuiri my-
ftere5 comme les vieux Prophètes pre-
difoyentle Mtffie à venir longues an-
nées apres:ceftuy-cy le monftroit quafi
prefent : comme Sainct Iean Baptiite
monftroitauecledoigtleSanueur, Vour«Uo$
Et partantjCÔmenos docteurs remar^"^^
quent,rEuangelifte Sain cl: Iean, grand miradcdts
fecretaire des intentions de fon maiftre, ctn<i **ins
... r • i a r aneclefer~
voulant taire le rapport du lermon que m™,/*
leSauueur fit de la manducation de farz»ùarià
chair, a mis en tefte la narration de ce
miracle 3 comme vne pièce de mefme
fubiec\neceiTaire à l'intelligence du fer-
mon,& à la foy du feftin5que leSauueur
deuoit drefTer quelque temps après. Et '{"J**
parceftemethode^ceftefupremefageffe
nousafagement enfeigné, comment il
nous traçoit petit à petit le chemin de
fàid & de parole.* à la foy du myltere de
fon corps précieux 5 faifant des miracles
fur l'aliment qui deuoit cftre fymbole
d'iccluy myftere, & nous déclarant le
deffein du futur banquet de fa chair,
foubs les efpeces d'içeluy pain,
Voicy les trâicts du tableau de les
couleurs de la peinture.
356 Les cinq_Pains
En quoy le miracle des cinq Pains
figuroit lEuchartflie.
1
E miracle fîguroit l'Euchari-
ftie généralement, parce que.
ce fut vne réfection merueil-
leufe corne eft celle de l'Eu-
chariftie.-merueillcufe en ce qn'clle fut
fai&e tout au contraire des repas com-
muns , au commencement def quels les
viandes font en plus grande quantité &:
Mtmeàtux vont diminuant au progrez3iufques à
atcrotfjmèu ce qu'il n'y en a plus. Icy tout au re-
bours , au commencement il n'y auoit
que bien peu de viures5àfçauoir cinq
Pains & deux Poiffons , &: ces viures
alloient croiflant au progrez à inefure
qu'on lesdiftribuoit & mangeoit, &:la
fin fut pleine d abondance. Cefte mer-
ueille fe voit encor plus grande en l'Eu-
chariftie , en laquelle vn feul corps du
Sauueur fufrit à toute l'Eglife , il y a dé-
lia feize cens ans : il fe multiplie fans
eftre multiplié , eft mangé fans eftrc
Multiple- confommé: car fi on confacre cent mil-
hu. le Hofties , il eft. en toutes , & s il n eft
quVn: bc s'il eft prins de cent mille bou-
et devx Poisson s. 357
ches, ileftprins tout entier de toutes,
&: n'eft confommé de perfonne, & ne le
peut eftre : c'efl: le premier traic-t de fem«
blance du miracle des cinq Pains terre-
ftres , & de noftre Pain vnique du Ciel: *««■***
les autres menus trai&s confident en ce
que ce miracle fut faict au Pain parla
bénédiction du Sauueur , fut faict au
defert /fans peine de difficile appareil,
&: la viande diftribuée par les Apoftres,
&la réfection dônée à l'ame & au corps:
car il ne faut pas doubter que la foy^ef-
perance 3 la charité , lerelpeft,la reli-
gion & les autres vertus ne fuffent plan-
tées es cœursde plufieurs qui virent vne
ceuure fi admirable fai&e par leSauueur
pour leur bië.C'eftpourquoy ils le vou-
lurent créer Roy. Cestrai&s ont efté
naïfuez & couuerts de leurs viues cou-
leurs en l'Euchariftic : car elle fe fait
au Pain parla benedi&iondu Sauueur
qui opère en fecret par fa toute-puifTan -
te parole, maiftrefîe ouuriere de ce Sa-
crement , fe faid au defert de cefte vie :
car en l'autre il n'y aura plus de Sacre-
ment, fe faiéfc auec toute fimplicité,auec
du pain & du vin feulement, &: les paro- Magnifiât
[es de confecration,aulieu que les an-^'0":^
r • c ' 'C r r • r- facrifi ce de
h
ciens facrifices Iuift fe faifoient auecK^J/?;?.
2 iij
i
358 Les ci n qJP a i n s
peine &r trauail , auec tueries 5 lauemens
•& bruflémens des victimes. Que fi on
Vie de cérémonies en laMefTe 5 cet ap-
pareil eft facile, &fi ne touche pas l'ef-
fence du Sacrement & facrifice, mais
feulement la décence. En fomme ce fa-
crifice & feftin'fc faicl: par le miniftere
des Apoftres3&des Préfixes qui leur
pntfuccedéj &fefai£t pour planter &:
4» talUau&Kc croiftre en lame (comme ailleurs
deu uiune. auons déclaré ) la foy , l'efperance , la
charité 3 la religion, &: les autres diuines
vertus, vraye pafture de nos efprits : &:
pourgrauerau corps la viguerde refuf-
citer glorieux au iour du grand refueil
des mortels.
Les deux Poijfons figure du mef-
me Sacrement.
3
E s PohTons par autre fymbole,
nous lignifient le mefme Sacre-
s.Aug.I. ^T5413 ment. NoftrePoifJoncefi hsvs-
que luyfcul a peu ejirefans péché en l'abyfme de
Tertull.de cefie mortalité \come en U prof 'oniité des eaux.
bipt.ci. Le mefme ont diâ: Tertulien ,Optatus
Mii.i :j. Mileuitain , cité par le mefme S . Augu-
et devx Poissons. 359
ftin,&plufieurs autres pères :& deuant L'5hhtUfs:1
eux tous , les Sybilles lauoient eient & i^c*
appelle le Sauueur Poiffon.Mais le mot
Grec îffii dont elles vfent5contient vn
remarquable anagrame, qui ne fe trou-
ueneau Latin , ne en aucune autrelan-
guercarles cinq lettres dont il eft com-
pofé3font I E S V S-C HRISTFILSDE l**}\ W?°*
DievSavvevr. C eft donc noltrer
PoifTon : parquoy le PoifTon donné en
viande à l'Eglife, c'eft Iesvs-Christ,
donné en la table de l'Euchariftie. Et
n'importe qu'en ce miracle,il y eut deux
Poiffons : car tous deux fîgnifient vu
mefme I e s v s-Christ Dieu & hom-
me 5 comme auffi les cinq Pains: & n'eft
pas necefïaire qu'enla figure toutes cho-
ies foy ent femblables a ce qu'elle ligni-
fie. Les Chreftiens encor parfuitedu
chef font appeliez Poiffons : Nom naif-
fons en l'eau , didt Tertullien , comme petits
Voirons à lafemblance de noflre Poijfbnlisvs
Christ. Car c'eft l'eau du Baptefme,^/ Wa£
qui nous engendre félon I e s v s-f°™-
Christ , à fon cfpoufe l'Eglife : & J^p.ci.
tfeuxqui nefont Poiffons de ces eaux,
perhîent en la mer de ce monde.
2 iiij
360 Les cin q_P a i n s
Pourquoy il neflfaicl mention â\iu*
cune boijjon en ce miracle ,& des
autres circonflances
à iceluy.
4
E s Euageliftes ne font men-
tion d'aucune boifïbn en ce
miracle, reftâtvray-séblable
que cômela Manne donnoit
.enfemblément à boire &: à manger :.de
mefmes ces Pains&Poifsôs multipliez:
& cela conuient au myftere: car puifque
ceux qui fqiuentl esvs-C hrist font
Poiflbns, dont la nature eft de ne boire
point , ceux-cy n'auoyêntque faire de
breuuage ,efta*ns ja faiéts Poiflbns du
Sauueurencroyâsenluyicôbien que le
myftere eftpluftoft en ce que parcecy
eft marquée vne rare fingularité du S.
Sacrement: car tout ainfi que la feule
Manne , £< les feuls Pains &: Poiflbns
Bw-wd7,nourriflbient& abreuuoient enfemble:
tnantffjk- de mcfme le Sacrement en vne feule ef-
(*»>u. pece nourrit &abreuue enfemble: & qui
le mange il boit &: mange enfemblé-
ment, eftant le corps du Sauueur vian-
de Se breuuage enfemble>à la femblâce
0
ETDEYXPOISSONS. 361
de la Manne Se de ces Pains Se PohTons
figures d'iceluy.Or pour les autres cir- Les autres
confiances de ce miracle . nous remar- c'rcoliJlanccs
n r r - r% • miracle.
quons qu'il a eue faicl: au Printemps, Aupmefs.
fur le tard , audeferf, deuant ceux qui.
auoyent ouy & fuiuy le Sauueur, eftans
lesinuitezaflis furie foin. Ces circon-
fîances veulent dire que le Sacrement
de TEuchariftie eftoit inftitué au renou-
ueau fpirituel du monde; quand Iesvs- Pral.105.31.
Christ deuoit bien toft enuoyer ion
fainét Efpritpourrenouueller la face de
la terre, &rfairefonnouueauTeftament.
meliorant le vieil,efcriuât vne nouuelle
loy, vneloy degrace,furle tard, c'eflà
dire à la dernière heure du mefme mon-
de, &; au defert du monde,qui efl: la du-
rée de cefte vie mortelle : & le deuoit
faire pour ceux qui croiroyent à fa pa-
role^ qui le fuiuroyent conftamment
iufquesà la fraction du Pain, Se qui
dompteroient leur chair Se mefprife-
royentlesvanitez mondaines , faifans
fpirituellement ce que ceux-là faifoient
corporellement. mangeans afiis fur le _. , .
r • r 7 n r Toute chatr
foin au d elert. Car toute chair efl foin , & f0!n.
toute fa gloire efl comme la fleur du champs EGmo.*.
dit Efaie, Se qui matte fa chair Se ne
faidt conte delà verdure Se beauté du
362 Les cinqJPai ns
monde,celuy-làfait litière du foin, &:
eft affis fur le foin digne d'eftrc repeu de
la bénédiction duSauueur par le feruicc
de fcs Apoftres,c eft à dire de rcceuoir la
viande immortelle en l'Eglifc de Dieu
par la main de fes vicaires, qui font les
Pafteurs & Preftres.
Pourquoy le peuple voulut créer Roy
le Sauueur , (0 pourquoy le
, Sauueur s enfuit*
S
e s peuples ainfi raflàfiez s'é al-
loyent créer Roy le Sauueur,
non en le priant,mais en le con-
traignant d'accepter le Royaume : ce
queluy preuoyant n'attend pas qu'ils
viennent, mais de bonne heure fe def-
robbe d'eux ,&: s'enfuit à la montagne*
pour prier. D'où venoit ce defir aux
hommes., &: pourquoy refufoit I esvs-
Ch r 1 sTcefthoneur,puisquileftoit
Roy du Ciel & de la terre, & feul Roy à
bon tiltre fans releuer d'aucun? Si pour
le miracle ils le vouloient faire Roy,
pourquoy n eurent-ils la mefme volon-
té, quand ils voyoiét qu'il chaffoit les
Diables des corps , & faifoit obeïr à fes
et deyx Poissons, 363
commandemens ces efprits puifïans,
malins, &: rebelles? quand il comman-
doir aux malades ? quand il faifoit voir
les aueugles&: marcher les boiteux?Ces
merueillesnemeritoient-elles pas aufïi
bien le diadème que cette réfection du
defert? A la vérité fi on les confidere en
leur grandeur, elles meritoient vn diuin
refpe&& recognoifïànce-.mais ce mira-
cle auoit quelque chofe de particulier Vtemmt
quipouiToit ces hommes à ce defir &2?AfrfîlJ*4
deiTein. Premièrement c'eftoit vn mira- Exod.16.
cle non oùv. Moyfe auoit faifl; voire-1 'J4rim'
ment defeendre la Manne du Ciel , Elie I'4.l6t,#'
auoit faiét croiiîre la farine & l'huile en
faueurde la veufue:mais Moyfenefît
pas la Manne de fa main , comme le
Sauueur ce miracle, &: ce que fit Elie
il le fit par vertu empruntée de Dieu, &
non fienneje Sauueur auoit multiplié
ces Pains en fes mains, Se de fa propre
bencdi&io.Cecyleur faifoit croire qu'il
eftoit le Meffias, & le Roy promis à If-
raël5&: partant ils le vouloient déclarer
Roy.Secondement les autres miracles
du Sauueur eftoient particuliers, affe-
ctez principalement au bien Se falut de seade caufe.
ceux qui eftoiét deliurez & guaris. Ce-
ftuy-eyfut vn miracle vrayement pu-
364 L e s cin qJPain s
blic:faicl:àlaveuëdetoutlemonde!)&
au proufit de chafque particulier^ qui
donna vndcfir vniuerfel de recognoi-
ftre le Sauueur d'vn honneur public, &
le faire chef de ceux qu'il auoit obligé.
Troifiefmementilsrecognoifloict que
cefte réfection eftoit vn bien-faid di-
gne d'vn Roy: car le principal office
dVnRoy, ceftde conduire &: nourrir
{es fubieds • c'eft pourquoy ils font
comparez aux Pafteurs5& appeliez Pa-
fteursdes peuples ,ils le voulurent donc
proclamer Roy à la façon que les fol-
dats Romains faifoyent leurs Cefars
Empereurs , & les autres nations du
monde5 leurs premiers Rois : mais le
2.0UAT. f> y n '
u Ro^^Sauueurn eftoit pas venu en terre pour
<fcÏEsv$ emporter le Royaume de la terre, ains
CHRIsr,pouryeftabîirle Royaume des Cieux,
qui eft le domaine de fonEglife5 en la-
quelle il eft Roy des Iuifs , & y règne
aux cœurs de fes fidèles fubieftsda terre
eft trop baflfe&: trop petite pour vn tel
Roy, c'eft le Ciel qui eft le vray throfne
de telle Majefté:la terre n'eft que le fea-
ufcahta» beau de fes pieds. Sagement donc il
itjeu. mefprifa cefte Royauté\,&nous laiflà en
FiaLiop.i. l'eXemple de fonmcfpris , vne belle le-
çon de fuir les honneurs du monde3cô-
frùfitfnt.
Jieurs dit
peu^ile.
Homer.
Iliad.i.
Fhilo lu-
cLsHs.l.de
agrictil.
et devx Poissons. 365
mebiés fuyars&rperiiTables& de ne fai-
re eftat que des prefens du Ciel , fiables
&: permanés, &feuls dignes d'eftre don-
nez d'vn Roy t.out-puiilànt, & d'eftre
feuls recherchez de la créature raifon-
nable 5 capable de fimmoi talité.
Dieu nourricier de toute créature,
njraye nourriture de je s enfans.
6
I ces bonnes gensvoyans que
I e s v s-C hr.ist les auoit fi
magnifiquement & fi miracu-
leulement raflafiez , le vouloient faire
Roy & l'honorer d'vn hôneur qui tient
le premier rang entre les grandeurs de
la terre, comme nous venons d'ouyr,
qu euffent-ils penfé , &: qu euffent-ils
voulu faire, s'ils euffent peu entendre
que ce Seigneur eltoitceluy qui nour-^^;,
ritiadis leurs pères audefert : ains qui «''<£•■<«
nourrit au Ciel les Anges &: les efprits ttrre'
bié-heureux des mets de fa félicité? qui
donne à manger à toute créature? qui
tient table ouuerte fur le vague de l'air,
fur la face delà terre, dedans les entrail-
les delaterre^ dedans.les abyfmes des
eaux, fourniffant aux oyfeaux du Ciel,
&ttrce
S.Aik
$66 Les cinqJPains
auxbeftes de la terre, aux hoftes des
eaux,& a tous animaux leur propre ali-
ment^ leurproprc viande en leur pro-
pre région , qu'eufTent-ils diâ s'ils euf-
fent eu les yeux de leur ame ouuerts à la
grandeur, hauteur, & profondeur de ce
miracle,fans comparaifon plus admira-
ble que celuy qu'ils admirèrent tant , &:
l'eftimerent digne de recompenfe de
R o y au t ê ? C efî beaucoup fias grdnd miracle,
traa.14.in dit S .Auguûin Je gouuernemer du mode que
Ioan. la réfection de cinq Pains&deux Poijïons dô-
me à cinq mille hommes :&"puifque ce mira-
cle eftfi grad,pourquoyces homes s'ap-
perceurét-ils pluftoft du petit? N'eft-ce
pas d'autant que la plus part ils n'auoiët
pas l'entière foy du Meflias, qu'ils efti-
moient voirement grand homme,mais
non pas grand Dieu? Et qu'eufTent-ils
di6t encores s'ils eufTent fçeu que ce
I e s y s- mefmeSauueur vouloit donner fa chair
t-. H R I S T N ...
munit de fa a manger aux hommes, & les en repai-
poprechrtr. ftre à rimmortalité,auecl'appareild'au-
tant de miracles que lanature peut ad-
mirer ? Ne l'eufTent-ils pas incontinent
prononcé non feulementRoydes hom-
mes, mais de tout l'vniuers?ains n'euf-
fent-ilspas creu en bien difcourant qu'il
cftoit Dieu du Ciel & de la terre ? Car
et devx Poissons. 367
c eft le propre de Dieu de Te pouuoir
donner en viande foy-mefme fans di- leProPr€ &
minution &: {ansintereit: luy ieuldon-^y^^.
ne auCiel fa diuinité en viande de beati- **.
tude: & feul en terre donne pour noftre
falut,le corps de fon humanité 5 fans
qu'il en foit côfommé, c'eft le faift d'vn
tout-bô&tout-puifTant Seigneur. Les
Rois mortels peuuent bien dreiTer de
magnifiques feftins, tels que fit Affue-A-
rusDque Holofernés,que Salomon,que Hcft.
Cleopatra , que plufieurs Empereurs ï*^.
Romains: mais ce n eltoit pas de leurp^^
fubftance3ny de leur corps qu'ils eftoiét Aown.
libéraux: c'eftoitdes corps des belles,
&: d'autres pièces eftrangeres prinfes du
feindelanaturerDieu fculfe peut don-
ner aman ger,côme feul il efttout-puif-
fant,inexpuifable & incapable de dimi-
nution.Et fi ces chofes font fi grandes:
&: fi nous croyons & voyons ce que
ceux-cy ne croyoient & ne voyoient
point:fi nous voyons la prouidence du
Sauueur a gouuerner&nourrir tout cet
vniuers, fa chanté à nous nourrir de fa
chair en la table de fon E glife D fa vérité
à nous promettre encor le mets de fa fe-
licité3&:que n'admirons-nous fes bien-
faits pour l'en haut-loiïer & luy en ren-
La r Arête
cdufc a ad-
miration.
S. Aug.
uzdi. in
Ioan.24.
368 Les cinq^Pains
dre grâces immortelles? La multitude
defesmerueilles nous esblouit-elle les
yeux commevn efclat lumineux à guife
de Soleil? La fréquence de fes prefens,
nous 1 éd-elle moins admirable fa gran-
de libéralité? Que fi à la façon des mor-
tels nous ne prenons garde aux œuures
que Dieu fait en la nature tous les iours
comme eftans accouftumées & com-
munes, prenôs au moings garde à la ra-
re excellence de cefte table , couuer-
te d'vne viande qui vaut plus que toute
la nature! Les Hebrieux raffafiez des
cinq Pains & deux PoifTons, ne pen-
foyent point au grand miracle que Dieu
faidt, nourrifTant l'vniuers, parce que
ceftvn miracle fréquent & commun^
neâtmoins ils admirera celuy des cinqvainsy
non pour efire pi }m grand , di£t Sain cl: Au-
guttimmais pour ejire plut rare & moins ac-
couftumé. Que n'admirons-nous donc la
rareté de noftre Sacrement 5 puifque
c'eft le miracle des miracles 3 n'en ayant
point de pareil, & ne pounant eftre
rendu vulgaire par fa continuation
comme les miracles de la nature? Que
ne crions-nous en nos cœurs, viue le
Roy des Rois ; règne le Roy des Rois:
gloire immortelle au Roy des Rois,
qui a :
£T DEVX POISSONS. 36$
qui a donné vne réfection de fi grande
merueillé ? faoulant d'vn Pain &d'vn
Poifïbn, qui eft ion facré coxps3nô cinq
mil hommes pour vne fois., mais autant
de miliers d'homes 3 & de femmes qu'il
y a eu au defert de ce monde depuis fei-
2e cens ans, & qui en iaoulera encor au-
tant qu'il y a de miliers d'ames Chre-
ftiennes d'icy à la retraite du monde?
Quilesfaoulera comme illesafaoulez,
non au corps en nourriture matérielle;
& à la vie caduque &: mortelle 5 mais en
Tefprit à l'éternelle félicité. Viuez donc
ô Roy des Roys,vrayeviede nos âmes
frcorps.RegnczôRoydesRoys^vraie-
ment digne de régner! Gloire immor-
telle à vous ô Roy des Roys 5 tres-fage à
bien conduire 3 tres-puiflant à bien dcf-
fendre5tres-bening à tendrement nour-
rir les brebis qui vous fuiuent par les
monts bc deferts fterilcsde cefte vie
mortelle 1 ô quand fera-ce que nous
ferons en la haute montaigne de voftre
éternité pourprendre fansfinlapafture
de vous mefmes , vraye feUcité de ceux
qui vous auront fuiuy par les fermiers de
vos diuiries Joix?
LE SAVVEVR PRESCHANT
dv Sacrement de son corps. j
37i
i^^gk^^y
Jti> e^^ts
LE SAVVEVK &KES-
chant dv Sacrement
dejon corp.
E Sauueur du monde E»u&naz*
parle , le Verbe diurne ^
prefche , &Ia fuprême
façefle difcourc du Sa-
cremenfdefoncorpsenla iynago-
gue de Capharnaum, oiî plufieurs
grands miracles ont efté faidts de
fa main. La prééminence de l'O-
rateur & la dignité du fubieit, mé-
rite l'oreille attendue. Iamais hom-
me ne parla de telle matière , ny de
telle façon'. Il aveu que le peuple
le fîiiuoit affriandé du miracle des
cinq Pains, & des deux Poiflbns y il
prend occafîon de leur defîr terre-
Aij
2oân.i,4$<
372, Le sàvvevr preschànt
lire de les inuiter au celefte baquet
de (à chair, qu'il fé va drefTer pour
ceux qui croiront en luy, & auront
l'appétit de leur ame bienfaidt.
Oyez ce qu'il dit. le fuis le Pain de
vie yvo^ pères ont mangé la isttan-
ne &font morts:Cefiuy-cy efl lePain
défendant du Ciel, afin que celuy qui
en mage ne meure point '. le fuis le Pain
vif défendu du Ciel, celuy qui mange
ce 'Pain viura éternellement : ^J le
Pain que ie donneray cefi ma chair,
laquelle ie donneray pour la "vie du
Um.6. monde. Les luifs , di£fc PEuangelifte,
vflriuent entr eux , dijant y comment
nous peut cefluy-cy donner fa chair a
mangerai E s v s leur dicl: En vérité,
en vérité ie vous dis ,fî vous ne man-^
ge^ la chair du Fils de l'homme & ne
beuue^fon fang, vous naure^ point
de vie en vous. Qui mange ma chair
&/ boit monfangjl a la vie éternelle^
iele refufiteray au dernier ioun
dv Sacr.de son corps. 373
car ma chair efl njrayement 'viande
& mènfang eft njrayement breuuage*
Qui mange ma chair & boit mojang%
il demeure enmoy y *çij moy enluy.
Comme le Père njiuant ma enuoyê>
aujïi je njy à cauje de mon Pere,& ce-
luy qui me mange y njiurd au fi à cauje
de moy. Cejl le Pain qui ejl descendu,
du Ciel, non comme vos pères ont man-
gé la tJManne <& font morts, quiman-
?e ce 'Pain njiura éternellement.
Tels font les propos du Sauueur.
Les Apoftres & ceux qui croyent
en luy /ont rauis5 mais il y en a d'au-
tres qui ont l'oreille dure &lecœur^^"
gros ,iugeans iniquemetdefespa-Ioan-*-60*
rôles, &fe fcandalifans téméraire-
ment du myftere qu'ils n'entendét
point,&difentenbarbottât ivoicy
njne dure parole, %$rj qui la peut ouir ?
mais iesvs pénétrant leurpenfée,
•& leur fecret murmure , les corrige
& leur di£t , (jcy njousfcandalife-il ?
A iij
374 Le Savvevr preschant
Quefera-ce donc Ji vous voyelle Fils
de l homme monter où ilefloitpremie-
remet: Ceft le/prit qui vinifit, la chair
ne prouftte rien. Les paroles que ie
vous dy font ejprit & vie.
Ainfîles rend-il dociles : mais ils
demeurent neantmoins aueugles
& obftinez en leur mefcreance y &«
s'en vont de (à compagnie. Voyez-
Caphvnai-vous comment ils rident le front
%*£*,& s>en allant & regardant derriere?Ce
premiers font gens ckarnels & outrecuidez
tares. enfemble ^ ne voulafts rien croire
quinereuienne au compte de leur
fens.Ce font les Patriarches de tous
ceux qui feront la guerre au S acre-
ment du corps du Sauueur.
POVRQVOY LE SAV-
VEVR FIT LE SERMON
de TEuchariftie deuant
que rinftituer.
i
E Peintre qui
fçait parfaiâe-
mentafTortir fon
ouurage3met pei-
ne entre autres
chofes 5 de ioin-
dre fi dextremét
f.es commence-
mets à leurs fins,
& fi bien addoucir les nœuds des par-
ties difTemblables 3 que rien n'y paroiffe
de cru & forcé en la liaifon : mais tout
foit conuenablement conduit & abou-
ty auec proportion de frâî&s &: de cou-
leurs. La fupreme Sapience maiftreflTe
des fciêccs &: des arts , a gardé cefteloy
en toutes fes œuures. Et c eft au (fi Ton s g u &
faiefc 5 idttd'mdre en fd force d'un bout a tau- n.n,
îre ;& gouuermr toutes chofes fu du ement:>&
A iiij
Continua-
fit»* lices.
Le Prh
temps
y/6 Le Savvev'r p-REs'cHAtfr
Us dijpofer à U mefure , du riobrc & dnpords.
S elon cefte reigié5elle côtinuë le bran*
le de ce monde mobile , accouplant les
extremitez auecles extremitez 5 par des
moyens conuenables : ainfi faid elle
fucceder le iour à la nuid par I'entremi-
Vauhemf fe de l'Aurore, &lanui6t au iourparle
iiatrke._ Vefpre,voifin de tous les deux : lEfté à
rHyuer3par le Printemps mettoy-en &
l'Hyuerà l'Efté,par l'Automne faifon
médiatrice : & ainfi en toutes fes autres
oeuuresdecetvniuers. Quand donc le
Fils de Dieu fouueraine fagefTe5eutar^
refté ou confeil de fon Père 5 &: de fon
Sainct Efprit3de marier vn iour la gran-
deur de fa diuinitéà lapetitefle de no-
fixe nature, &refohi en mefme temps,
de nous donner auflî bien en viande
qu en rédemption ? le corps qu'il aurok
prins de lafamiile d'Adam, il commen-
ça deflors de drefTer petit à petit , les fi-
lesfigmes. gures que nous auons cy-deffus par-
courues &c autres fcmblables qui font
en fon liure , commepremiers appareils
du feftin5&efHtjafai& homme &: par-
venu au poinct qu'il falloit accomplir la
- vérité, &couurirbiétoft la table facree
, , des mets de fa pretieufe chair 5 il donna
Miracle iet ^ .,. r i
€\*i p*ir>s. vn cflay merueuleux fur du pain , çom-
dv Sac r* de son corps. 377
nie nous auons veu , & incontinent
après il prononça ce beau fermon 5 qui
fut comme vne générale proclamation
du banquet^coulourant par lefclat d'vn
infigne miracle 3 &: par la viuacité de fa
voix, les crayons des vieilles figures , &
ioignant les images païTées à la vérité
prefente auec l'entremife voifine du pa~
racheuement de ce lien ouurage. Delà
m efme méthode vfa-il pour la prépara-
tion des autres myftcres, de fa Mort, de
fa Refurredion, de fon Afcenfion,de la
venue du Saincl:Efprit,du Baptefme3&:
autres Sacremens: caroutreles figures
anciennes qu'il en auoitiadisordônées,
il en tintencorplufieurs propos vn peu L'Sw»
deuantqueleschofesfufTentaduenuës,^^^
&: les S acremens inftituez : parquoy ce *r*i s*cre-
fermon fut comme vne liaifon dernière meni(îeuant
rrr queUittiftl"
de tout le pâlie auec le prefent 5 des om- tuer.
bres auec le corps 3 3c comme vne Au-
rore parlante , annonçant la venue du
Sacrement de l'Autcl^Soleil des myfte-
resdefon Eglife.
378 Le S AVVEVR P R E SCHANT
^Première cauje pourquay leSauueur
anjoulu donner fa chair à mander,
&y fonfang a boire.
2
ip^A première caufe potirquoyle
^Sauueura voulu donner (a chair
à mâger5 &: fon fang a boire, c'eft
d'autant qu'il efttres-bon&rtres-iibcral
enners nous,commeilaefté jafouuent
declaré.Ilauoit prins le corps de nous,
&: parce quec'eftoit pour nous, il le
vouloit employer & redonner en Sei-
'ie dZcr. gneur magnifique, c'eft à dire en autant
de façons qu'vn corps peut eftre vtile-
ment employé &: dôné,fçauoir en prix,
en viade,en vnion,&: en figne d'amitié.
Celuy qui donne vne perle de grande
r»pris. valeur pour rachepter fon amy de cap-
tiuité,illa donne en prix: qui luy met
quelque fruicx exquis fur table, c'eft en
ZnviaJe. aijment: & ]e mary qui fe donne en ma-
riage, il donne fon corps en vnion à fa
Envmon. & 3 ' X -
Enfigm. remme:& la bague qu'il luy lailie fe par-
tant d'auec elle , c'eft en figne d'amitié.
Le Sauueura donné fon corps en la
Croix pour noftre rédemption , & en
iceluy"( apayé la finance deuë à la diuine
gurtrefa
$on$
dvSacr.desoncorps. 379
iuftice, pour la rançon du gère humain,
il a donné le mefme corps en la table de
fon Sacrement enfeftin nuptial , pour
nous eftre viande, &pour faire vnedi-
uine vnion auec nous , & par mefme
moyen Ta laiffé pour arre de fon amour.
Donc la caufe maiftrefTe pourquoy il
nous a donné fa chair a manger, &: fon
fang à boire, c eft la bonté,fa libéralité,
&fon amour infiny.
Remèdes de la chair du Sauueur
çournofire mifere.
3
SÉfSlS A féconde caufe pourquay le
Sauueur nousadonéfon corps
à manger , ceftla mifere de no-
ftre condition, laquelle il vouloit pater-
nellement fecourir pour l'amour deme-
furé qu'il no9 porte. Ce qu'il a fouuerai-
nemét accôpli par le don d'iceluy corps
car par l'vfage de cefte diuine chair &:
de ce fang deifique , il a faictledeuoir
d'vn vray père, & d'vne bonne mère
•enuers (es enfans: &: auec ce , il adroite-
ment , fagement & efficacement reparé
toutes les brefeaes de noftreeftatfpiri-
tuel, &:procuré auec remèdes , oppolez,
s-;
.Amour du
ftre.
£,4 viande
défendue.
Gcn.1.17.
Matth.
La viande
commandée,
Matth.
%6. x6.
îoan.^.54.
380 Le S avvevr preschant
front à front.» la reftauration & fa^ut de
nosames&: corps. Lepere donne tout
ce qu'il peut à l'enfant qu'il a engendré
de la femence d'Adam :1a mère fali-
mente & l'éleue de fon laiéfc 3 qui eftjvne
partie delafubftâcedefon corps^nour-
riflànt & abbreuuant enfemble.Le Sau-
ueur,quinousacngendrez enfonfang
par le Baptefme, s'eft dôné tout à nous,
nous donnant fon corps : car enfuitte
d'iceluy, nous auons fon ame & fa diui-
jiité, auec laquelle il eft infeparablemét
vny. Et pour tres-delicate nourriture5il
nous donne non vne partie defafub-
fiance 5 mais tout fon corps & tout fon
fang 5 defquels chacun eft enfemble-
métvraye viande5&:vraybreuuage.La
viande nous auoit perdus, par la viande
il nous remet : la première viande fut
prohibée auec menace de mort. Tune
mangeras point de l'arbre de feience de bien &
de mal-^car le iour que tu en mangeras tu mour*
ras. La féconde eft commandée auec
promefTe ee vie.Prene^mangez^cjuiman*
ge ma chair & boit mon fang , il a la yie éter-
nelle. La première fut mangée reellemët
par defobeiflance, & nous tna^la fécon-
de eft mangée réellement par obeïflàn-
ce,&nous viuifie; lapoifonfut verit-a-
dv Sac r. de son corps. 381
blement auallée 5 l'antidote auffi eft vé-
ritablement prins , & non par fîgure.La
chair du premier Adam nous engendre
& tire à mort àc à confufîon$ la chair du
Sauueur, fécond Adam > nous vnitala
vie &: nous nourrit à l'immortalité &à
la gloire éternelle.
Deux mauuaijes vnions de la chair
dzAdam auec nojîreame yrepa+
rées par la chair du
Sauueur. "
Aïs voicylepoind capital de
l'antithefede la chair du Sau-
^J3 ueur contre celle d'Adam. La
chair d Adam eft la fourcedetous noz
maux, à raifon de deux vnions3dont
elle fe ioint à noftre ame : l'vne eft natu- rnia» natu-
relle, qui Ce faieft au ventre de la mère rfedeJ*
parnecefiite., l'autre morale qui le raict^wan0i
auec liberté d'amour , quand ramefuitdmfS-
, • 1 n 1 • •• V»ton mo-
les appetits*de celte chair corrompue. r<tUt
La première vnion3eftle coup de no-^«»<frg«-
ftre première mort ; car par icelle , Nou*™*^ ™^xm
Jbmmts mgendrç^jn inicjnire^jfr conems en in iniquita-
pechez, félon que diftle Roy Dauid, &«buscon-
redus fouillez au premier mitant de no- rui.jp.
k
382 LeSavvevr preschant
^ ftre eftre , Se venons au monde auec la
r.^e'w"- marque de la malédiction originelle,
ennemis de noftre Créateur , diuifez dt
luy &en nous-mefmes 5portans quant
L'amortie & nous le cartel de rébellion 3 & la ma-
umpùcTç ncreciVne cruelle guerre > que cefte
maffe de corruption faidt incefïàmmct
à noftre ame,luy iettant les ténèbres
d'ignorance a l'entendement, le feu de
conc.upifcence à la volonté, l'oublian-
ce du Ciel & des chofes futures à la me-
1L T'yl' moire. La mefme vnion cft caufe que
multitude c- les efprits des hommes font multipliez
dtdwijion. ^ diuifez entr'eux : car autant de corps
quis'engeridrent de ia chair de femence
d'Adam, autât font d'ames créées pour
les vnir à ces corps, & les animer; com-
me les enfans d'Adam fe multiplient
de corps , de mefmes font-ils rendus
diuers d'efprit par cefte génération. La
rnUiât vo- féconde vnion de la chair auec l'ame,
hntéauecu accrojft; & empire les maux qui vien-
eban d'Ma. . n r n. v
nent de celte première: careitant lame
vnic par amour àfachair5fwiuantfes ef-
frenez appetits^'oubliant du Ciel & ne
Sttmïbo- viuantque des vanitez &: voluptez de
mede Dieu, la terre : elle eft de tant plus rendue en-
nemie de Dieu & éloignée de Ion ami-
tiô> qu'elle ferend peruerfe : &c detant
x> v Sacr.de soncorps. 383
plus diuiféeen cllc-mefme 3 endurant
vne continuelle tyrannyc de fa chair 3 à j^^T1
qui eiles'eftfai&e cfclaue parcefte vo-
lontaire vhion , &: de qui elle eft fans
pâme fuperbement harafTée & piquée à
commettre nouueaux péchez, qui luy
font autant de bourreaux qui la gehen- E/? (aurt de
nent à chafque moment. Cette raefme^W"'"'
vniondiuife les hommes entr'eux : car
cherchant chafeun les commoditezde
fa chair, &: s'addonnât au vice3il n'ayme
que foy-mefme, &: fespropres commo-
ditez 3 Tes honneurs , fes richelTes & vo-
luptez, hait tous ceux qui l'empefchent
&: les perfecute: & de là fourdent les
difTenfionSjles diuifions, les guerres, de
tous lesexcez d'enuie , de paillardife,
dauarice , &:femblables forfaicts quife
commettent au monde. Et voyla com-
ment la première vnion de la chair d' A-
dam auecrame5eit la fource,& la fécon-
de eftlecôbledetous noz maux, nous
diuifantdeDieUjde nous-mefmes, en
nous-mefmes , &: entre nous.
En contrequarre de ceûe chair, & de u chiir ^
ces pernicieux effeâs , le fécond A- Same»tre~
dam I e s v s-C h r 1 s t, nous fournit la med€dei
r , , % *. maux de ecl-
iienne douée de contraires quahtcz&r^ <TMam.
efFc&rice de contraires çeuures. Par-
384 LeSaweH pre schà*? t
quoy la chair du premier Adam eft fale-,
infecteD& peftilétieufe : celle du fécond
Adam, pure,fain<fte5virginale , & en vn
mot chair de Dieu : la chair d Adam
produite dVneorde iemence, eftioin-
éteauec noftre ame 5 & nous met en
la famille d'Adam : la chair du Sau-
ueur engendrée d'vne vierge par l'œu-
Tffc&lcU ure du Sainâ Efprit , nous eft donnée
ehéttrd» pour eftre vnie auec nous^&r nous
vniràDieu,êc nous faire Tes enfans,
Tourisme, non par neceffité de génération , mais
par oeuure & par deuotion : & par
Teweecorp. cefte vnion fomenter nos ames \ les
nourrir & embellir : pour rhabiller au/fi
les defeduofltez de noz corps^addref-
fer leurs mauuaifes inclinations 5 eftein-
dre leurs concupifcences , les purger &c
r'affmer à la fembiance du fien 3 leur
imprimant au furplus le germe dVne
glorieufe immortalité^ t encor que ce-
VnUnreêUe fte vniô ne foit naturelle à la façon que
tlZtZ icnoftrc corps fcioinftànoftrcarac, clic
»°ué4 eft neantmoins reelle5veritabie \ Se tref-
intime à guife de viande & de bruuage^
de d'vn facré &diuirï mariage , par le-
quel nous fommes faids vn efprit auec
Dieu, par Ventremiie deeefte chair de
fon Fils vnie à la noftre:ibmmes vnis en
nous
i>v Sacr.de son corps. 385
nous-mefmes , obeyfïant noftre chair
fandifiéeparicelle^à la loyde fefprit,
vnis encor entre nous5& fai&s vn efprit
& vn corps en noftre chef fouuerain
Iîsvs-Christ 3 parle nœud de fa
precieufe chair , donnée au Sacrement:
voyez- vous les effe&s oppofez ? Parla â^V^
chair d'Adam nous fommes rendus pe~ noûs/fpan
cheurs,feparez d'auecDieu, d'efprit &^*W
de corps 5 les corps multipliez 3 Se les ef-
pritsàmefure des corps 5 les hommes
diuifez entr'eux par inimitiez engen-
drées de l'amour de la chair 3 & chafque
homme diuifé en foy-mefme5 rebellant
fa chair àl'efprit,parla chair duSauueur
tous ces inconueniens font reparez vn
parvnauec vncaufïi admirable fageffe
qu'abondante grâce.
D 1 cefte viande donc donnée en an-
tidote de la première viande, 6c de cefte
facrée vnion en remède de celle qui
nous perdoit , prefehoit icy le Sauueur.
Oeft le fens & le but de ce fien diuin
fermon.-car difant qu'il cttlePain de >/>,
le Pain yif descendu du Ciel. Que ce vain efl ioân^.^$t
fa chair , quil donnerait four la Trie du monde:
il déclare qn'il vouloit donner fon corps
en viande & en rédemption. Etadiou*
fiant après. Qui mange ma chair & h oit mon
B
3$ 6 Le Savvevr preschant
fano-, il a U >/>> éternelle ^& te le refufciteray an
dernier iourxar ma chair efl vrayement ïian-
de> £7* mon jangejl vrayement hreuuageW fi-
gnific les effeéts de cefte viande, con-
traires aux effe&s delà viâde d'Adam $
la viande d'Adam caufe de mort , bou-
conde mort 5 de terre & dangoifleja
viâde du Sauueurfourcede vie.Pain de
vie^Pain du Ciel3chair de lieflc & de re-
furreâion. Quand il à\(X^ Qui mange ma
U chair du c™ir & boit monjangii demeure en moy } &
satura moy en luy > il montre qu'il donne fa chair
Mpretme. cn vnjon5 en Iiaifon d'amitié , & en per-
pétuelle arre de fon fainâ amour enuers
nous. Il a donc donné fon corps en ce-
tte vie pour noftre bien en toutes les
manières qu'il pouuoiteftre donné: en
rachapt, en viande, en remède & en ga-
ge, pour noftre deliurance , nourriture,
guerifon &; foulas, &: le donnera au Ciel
en gloire. A-ilalTez donné? eft-ilaflèz
libéral defe donner fi libéralement, &
par tant de fois & façons, & fe promet-
j»ir4t/W*treencores pour le Ciel ? Et fommes-
Telbommes nous a^eZ ingrats de ne recognoiftre (es
biens }?ffcz iniques de ne nous donner
à luy qui n'auons rien que de luy ? affez
endormis en noftre ingratitude & ini-
quitéjden'vferliberalementdefesdons
dvSacr.de s'oncorps. 387
pour nous vnir fain&ement auec luy,
& entre nous-mefmes par Tes dons pour
la vie éternelle? Que n'a-il faict5que n'a-
il inuenté^que ne fait-il , que nïnuente-
il ce diuin Efpoux pour gagner l'amour
de fon ame fidèle ? Et que faifons-nous.,
qu'employ ôs-nous pour gagner le fien?
Et de qui eft-il amoureux3ce Prince in-
finiement riche, puifTant & beau , finon
dVnepauure,chetiue,& laide créature^
qu'il veut enrichir?ennoblir,& embellir
pour la rendre digne de fon Royaume?
Et commet la pourchafTeroit-il par tant
de moyenSjS'il n'eftoit la mefme bonté>
O bonté infinie/ageiTe infinie , puifiàn-
ce infinie , rendez noz âmes fainâemét
amoureufes de voftre beauté ! Efclairez
les diuins rayons de voftre celeftefcien-
ce , & fai&es les dignes de voftre fainft
amour!
Bij
388 LeSavvevr preschant
L orgueil (0 la fenjii alité contraires a
lafoy, & les premiers ennemis du
Sainfi Sacrement.
,:f 5
[p|| Orgveil &: la fenfualité font
incapables d'entendre les mer-
ueilles de Dieu, & indignes de
receuoir Tes biens-faiâs. Nous auons
ouy les promefiTes diuines du Sauueur
parlant delà manducationde fa chair,
&des frui&s éternels dïcelle^ilyauoit
dequoy admirer la hauteur du myftere
&: la libéralité du donneur, & bonne
ioati.*.a. occafionde dire ce que fain et Pierre ef-
merueillé diâ après. Tu m le* paroles de la
<vie éternelle. Il y en eut neantmoins qui
au lieu d'eftre efleuez en admiration fu-
rent frappez à la mort 5 des paroles de
vie 3 parce que l'orgueil &: le fens les
auoit rendus mauuais auditeurs delà
verké3ennemis de la lumière 5 & infufh-
fans à regarder plus haut que le iugemét
humain ne pouuoit atteindre. Aumoyë
dequoy la vérité parloit,& eux fe tuoiët
à la voix de la vérité eftimans ou quel-
le ne peut faire ce quelle promettoit,
& donner fa chair à manger, ou que fi
DvSACR. DESONCORPS. 389
elle le pouuoit faire, ce feroit vne chofe
inhumaine &: barbare, ils entendirent la
chair , diâ: Saind Auguftin , à la façon s. Au*,
au on la defmembre en >» corps mort 1 ou corn- "a<a- XJ;
i . J , 7 / 1 7 ■ » Ioan.&m
me on la y end au marche ^&la chair nenten- pfaim.9g.
doit point ce qui efloit appelle chair. Ils penfe-
rent que le Sauueur deuft dépecer Ton
corps à petits morceaux , & leur feruir
en table > cuit & appareillé , comme les
corps des beftes : & parquez fur la ter-
raffede leur charnelle imagination, &
pouffez de l'efprit qui aueuglelesefprits
au lieu de s'édifier , ils fe feandaliferent
perfides en leur cœur , groffiers en leur
penfée, &:blafphemateurs en leur lan-
gage, & diCoycnt: Cornent nom peutcefiuy-loan.6. 51.
cy donner fa chair à manger ? iroicy <vne dure
parole , ^ qui la peut endurer ? Par le pre-
mier interrogat, ils monftroient leur in-
crédulité, ne fepouuans perfuaderque
le Sauueur peut accomplir ce qu'il pro-
mettait : par le fécond ils faifoient voir
leur orgueil , condamnans le mefme
Sauueur , comme voulant commettre
vn cruel forfait, en fe tuant foy-mefme
& en donnant à manger la chair humai-
ne , fi tant eft qu'il peut faire ce qu'il di- Vwg>»U&
foif.gens du toutaueuglez en leurar-{^^
rogance & fenfualité : car ils aaoient vngment.
B iij
390 Le S AVVEVR PRE SCHANT
peu deuât veu mille miracles fai&s de la
main du Sauueur : Se les auoient creuz
fans demander,C o m m e n t?& au lieu
dauoirapprins à croire plus facilement
par tant de belles oeuures, ils demandât
Comment. j[Cy5 C omme n t /plus incrédules que
iamais. Mais pourquoy font-ils mainte-
nant fi reuelchesàlavoixdu Sauueur?
pourquoy n'ôt-ilseftéauparauât fi feru-
puleu x & fi referuez ? Pourquoy n'ont-
ils aufli bien demandé 3 C o m m e n t il
faifoit veoir les aueugles ? marcher les
boiteux ? fuïr les Diables ? &: de frefche
merueille, comment ilauoitrafiafié les
cinq mille hommes,de cinq Pains &: de
deux Poiflbns ? leur Comment euft
efté plus à propos & plus pertinent : car
ils euifent eu moyen d'entendre, qu'il
faifoit ceschofes enau&orité&en loy
demaiftretout-puhTant,&:tout-fageJ&
cefte cognoiffance leur euft perfuadé
qu'il accompliroit puifiamment & fage-
ment^ce qu'il promettoit difertement
de fa chair , ençor que cela femblaft im-
poffible &: abfurde à leur fens &: iuge-
iLTfXtr*ment:mais qu°y?ils eftoient orgueil-
n l'ame. leux , & l'orgueil leur auoit faiât perdre
la mémoire du pafïè , & leur bandoit les
yeux pour ne voir ny la vérité prefente?
dv Sacr.de son corps- 391
ny preuoir la future : & en vn mot les
faifoiterrans obftinez, c eft à dire héré-
tiques* Voila les premiers côtrerolleurs, P,emiers
premiers perfecuteurs , & premiers hc-Sac^amtam
retiques fufcitez contre la vérité du S.'4""'
Sacrement ; voila les premiers auteurs
de Qv OMODO, de C O M M E N T , au juBeurs
modèle deiquels le Diable a façonné^ Qj °-
tous les autres , qui depuis fe font mo q ° ^_°
nopolez contre Dieu pour attaquer les ment?
myfteres de Ton Eglife, par Qvomo-
d o , & par Commenta nommeé-
ment pour esbranler ceftuy- cy, comme
le plus hautain & plus répugnât à la fen-
fualité. C'eft l'orgueil & la chair, qui les
a rendus mutins, &: rebelles cotre la do-
ftrine de I e s v s-Christ , & prefom-
tueuxà condamner ce qu'ils n'enten-
doyent point- Ainfi TArrien fe mo-
quoit de la foy Catholique, fur la gène- Les AmeK
ration du Fils de Dieu , voulant en-
tendre ce qu'il ne pouuoit,&ne vou-
lant croire ce qu'il deuoit, que Dieu
euft engendré vn Fils : & au lieu de Gentrattm
dire en Chreftien , I e crois, il de- dt*Frh&
mandoit en Philofophe,C omment? ^"-
encor que l'EfcritureraiTeuraft claire- pfai , 09\
ment de la vérité de cefte eeneration,& 4- .
1 t. ,, , fl ^ - * - Ineffable.
luy dit d autre part qu elle ne fe pouuojȣ&(,,. g.*
0
%çi LeSaVVEVR PRESCHANT
comprendre , &: qu'il falloit croire &
les rayent non queftionner* Ainfi les Payens & les
nud! " ' heretiquesferioientdelafoydelamort
olel e s v s-C h r i s T:ne fe pouuans per-
fuader.,qu'eftant luy Fils de Dieu , &:
Dieumefme^euft voulu oupeu, endurer
la mort, &: difoient: Comment fe peut-
il faire qu'il ait enduré?
itsmoder- A v i o v r d'h v y les mefereans à l'i-
ws. mitation de leurs anceftres donnentdes
cornes contre le mrime roc 5 & difent,
Commet peut eftreprefent le corps du
Sauueuren l'Euchariftie ? Comment
peut-il eftre enplufieurs lieux fans oc-
cuper lieu ? eftre mangé fans eftre veu?
expofé aux iniures des mefehans^fans
Jefion ? Et parce qu'ils font hautains ils
ne veulent rien croire qu'ils n'entendétj
& perdent la foy & Tentendementjtous
femblables à leurs pères, &nôméement
aux Capharnaïtes : quoy qu'en autre
extrémité d'herefie 5 lefquels , d'iCt Sain et
s A A u gu ftin , n'entendoyent point 3 parce quils
trad ?7. in ne croyoknt point 3 & le vrophete diât^fi yous
ioan. ne croye^^ous n'entendeç^point, varlafoy
IL tttHl CYQiyt *+ « y , fît
pourenttn- nom jommes y nu a Vieu 3 ^t* par l entende-
dre. ment nous fommes ijiuifie^. *A dherons pre-
mièrement par Ufoy ; afin quil ayt dequoy e-
jlre vivifié par l'entendement: car qui ri adhère
dvSacr.de son corps. 393
il refifle , & qui refijle il ne croit point, llejl
contraire au rayon de la lumière qui le doit pé-
nétrerai ne détourne pas la Hjeuèjnah il ferme
Nntendemet. Demefme ceux-cy veulent
fçauoir en Philofophes, &c non croire
en Chreftiens, & deuiennent mauuais
Philofophes., & perdét le nom de Chre-
ftiens.L'Eglife de Dieu &les enfans de
Dieu ne font pas ainfi. Us croyentàla
voix de la vérité , quidiâ: 3 Le vain que ie
donnetay ceflma chair^ & après ils l'enten-
dent autât que les myfteres diuins peu-
uent eftre entendus en l'ombre de cefte
mortalité, &: attendent de les voir au
Ciel face à face 3 de à defcouuert 5 quand
ils verront toutes chofes en Dieu.
Expofition des -paroles du Sauueur,
C'est l'esprit q^v i v i-
vifie, Lachairne pro-
fite rien. Les paroles
qje ie vovs dis sont
esprit et vie.
6
'Estoit la couftume du Sauueur
de parler couuertement des plus
hauts myfteres 5 a fin d'eftre ouy auec
attention :Car lefecret de Dteu^iGl S ain £t
loaii.i.i?.
394 LeSavvevr pre s c h a n t
S.Aug. Auçuftin , doit rendre les dutiteurs dttcn-
traft. 17. in t> Vf- • 1 1
Ioan. tifs 0* non les aliéner : mais quand il par-
loitobfcurement,ils'expliquoitàlafin
pour ofter occafion derrer.Ainfi voy-
Ioan. 3. 4- ons-nous qu'ayant did à Nicodcmus
cjuilfdilloit rendifire pour eflrefauué , il s'ex-
pofa difant , qu'il falloit eftre baptifé
de l'eau & de Fefprit , & qu'il entendoit
vue génération non matérielle , mais
fpirituelle. Demefmes quand il eut dit,
JDemohJJe^ce Temple , ££♦ te le reédtfierdy du
rro/yîe/we/owr'l'Euâgelifteadioufte pour
l'explication , Ordi(oit-il cecy du Temple
de [on corps. Voyant donc le S auueur que
lesCapharnaïtcs s'offenfoient de fes pa-
roles, leur donnant vnfens abfurde Se
tel que la fantafie leur forgeoit , il corri-
ge leur fens charnel, & leur explique le
fien y & leur diâ : Cecy vous fcandalife-tl >
Ioau. 4 Queferd-cc donc fi ~Vom yoye^le Fils de l'ho-
me monter 3 ok il efloit premièrement > Il veut
dire, vous eftes des gens fen'uels, &ne
voulez croire que ie puifTe faire ce que
vous ne pouuez comprendre^vous efti-
mezquece nVeft vnechofe impoflible
de vous donner ma chair à manger &:
qu'elle puifle fufîire pour tous , ny don-
ner la vie éternelle , & que penferez-
Vous,quc direz-vous , quand vous ver-
dvSacr. de son c or ps. 395
rezqueie porteray cefle chairau Ciel,
d'oùie fuis dcfcendu , pour la prendre
en terre? quand vous entendrez que ie
fuis Dieu & homme enfemble ? Certes
voyant vne œuurefi difficile vous au-
rez occafion de croire cefte-cy moins
ardue : car il eft de foy plus difficile de
porter la chair au Ciel , ce qu'aucun ne
fit iamais5que de la donner à manger en
terre , ce que plusieurs ontfaict.encor
que ce n'ait efréàlafîiçon que ie la don-
neray. Parquoy ou vous deuez croire
queie puis donner ma chair à manger
veu que ie puis faire vu échoie plus dif-
ficile: ou fi vous ne le croyez vous eftes
pour entrer en vne plus grande incrédu-
lité & condamnation quand on vous
dira que ie fuis monté au Ciel 5 auec ma
-chair. Le Sauueur ne nie pas qu'il ne LeSauucur
doyue donner fa chair à manger, mais il d/«> io*-
leur di& qu'il eft Dieu tout-puifiant3car^4"f*
autrement ilneferoit pas defeendu du
Ciel,&qu'eftant Dieu il peut faire plus
que cela 5 &: que s'ils ne croyent , leur
orgueil en eft caufe, &: leur fenfuaiité,
vrayes barrières, & empefehemens de
la foy. Il adioufte. La chair ne profite
rien : cejilefprit qui yiuifie , les paroles ijue
ie vous dy font efyriî& ajie% Il leur ofte
.oan.i.
La chair au
S diseur
taufïoun
uiruté.
If
Manière
rituelle.
396 Le S AVVEVR PR.ESCHANT
doucement la caufe qui les feandalize,
&: did3lachair comme vous l'entendez,
&:lamanducationquevous vous ima-
ginez eft charnelle &ne proufite rien:
mais celle que ie vous annonce eft fpiri-
tuelle&: donne la vie éternelle, les pa-
roles queie vous dis font efprit & vie3
&: voftre penfée n'eftque chair & arre
de corruption: ma chair fera voirement
donnée , &: vrayement vnie auecles
membres de mon Eglife: mais non pas
feule &: fans ame 3 comme la chair des
beftes , qui n'eft que pour le corps , ains
eftant viuifiéedemon efprit 3& de ma
diuinité, à raifon de laquelle ? elle don-
nera la via , 6c vnira à la vie ceux qui
la mangeront, comme elle eft vnie à là
vie de mon ame,& de ma diuinité5& fe-
ra donnée non d'vne manière charnelle
à pièces & à lopins , comme la chair
morte, mais fpirituelle comme chair vi-
ue,immorteIle > & incapable de fedion,
&: corne cefte chair a efté véritablement
prinfe delà fubftancedela Vierge, ma
Mère , mais dVne façon fpirituelle , par
la vertu du Sainft efprit 3 &non par
opération d'homme :ainfi fera-elle vé-
ritablement donnée , mais d'vne ma-
nière diuine,& non charnelle 5 la chair
DV SAC R. DE SON CORPS. 397
& le iugcment humain n'y apperceurôt
rien finô quelques accidens extérieurs ,
de la couleur , figure & faueur • mais les
yeux de la foyj pénétreront le myftere
caché. C'eftce qu'a voulu fignifier le
Sauueur 5 pour accoifer le murmure des
Capharnaïtes 3 & les releuer de la ftupi-
ditédeleur chair aux fens fpirituels de
fa fainéte parole.
LÏherefîe toujtours charnelle , $0
amoureuje des extrémité^
7
ÛMMeTennemy des hommes
pratiqua des fupofts charnels
pour les oppofer à la parole de
vie3& empefcher le Sacremet
de la chair du Sauueur au prochain ap-
pareil du feftin:aufiîena-il fufeité d'au-
tres pour interrompre & arrefter le pro-
grez du feftin ja drelTé.Cc font ceux qui c<w*re /« ti-
en nos derniers fieclesfe font bâdez co- ^7^ W(^r'
trel honneur & magnificence de ce re- '
ftinjuy oftans fafubftance &: fa vérité,
& difans que la chair du Sauueur ny
cft point, mais feulement fa figure D &
qu'il n'eft point queftionicy dVnemâ-
ducation réelle de la chair prefente du
398 Le Savvevr prêchant
Sauueur comme eftant cela charnel,
mais fpirituelle pratiquéeparlemoyen
de la foy qui fait prefentle corps du
Sauueur , Se le mange fpiritucllementé
cfcWi*»"Ces gens font charnels auflî bien que
u<*r ftmtua- les Capharnaïtes , &r pouffez de mefme
ZrT> , r vétd'orgueiLrenuerfentla vérité : mais
Ils/ont touj- °" • i î r-> i
ours auxex- par contraire batene ? les Capharnaïtes
înmttt^ interprètent les paroles du Sauueur du
tout charnellement, & ceux-cy du tout
fpirituellement: ceux-là acculez-en vne
extremité,n'y croyans que chair, c^uxl
cy acculez en vne autre extrémité, n'y
mettans quefprit:& les vns & les autres
ne voulans recognoiftre finon ce que
leur dit leur fantafie, Se partât charnels,
infidèles , & orgueilleux, par diuerfes
tmftnjuâ- VOyes jLa fenfualité de ceux-cy Ce mon-
ftre en ce qu'ils penfent eftre vne chofe
charnelle 5 que la chair du Sauueur foit
Leurmcrc- prefente au Sacrement;leur incrédulité
étl,te' eft en ce qu'ils ne veulent croire à la
parole de Dieu, qui di& qu'il donnera
vrayement fa chair à manger. Leuror-
L«ror£««7.gueilencc qu'ils préfèrent le iugement
dé leur fensà cefte parole ,& condam>
nent l'ordonnance du Sauueur, encor
qu'ils facent femblant de défendre Ces
loix, Orils errent en trois façons, pre-
DvSacr.deson CORPS. $99
mierementcn ce qu'ils cftimentque la
prefence de la chair du Sauueur en ce
Sacrement foit charnelle : caria Prc^n-r^"^w"
ce d'vne chofe ne faicl: pas la charnalité, n\fl \*%
mais la manière : fa chair fut veri table- à*™&-
ment de de prefence réelle, conceuëau
vétre de la Vierge $ cefte prefence pour-
tant ne fut pas charnelle, parce que la
manière de la conception eftoit du S.
Efprit. Quand il mota au ciel, fon corps
fut prefent en autant d'endroiâs qu'il
pénétra : la prefence fut réelle , mais
neantmoins fpirituelle ; parce qu'elle
eftoit appuyée dVne eau (e fpirituelle Se
diuine & non naturelle. Quand il fe fît
voira Sainft Paul,il eftoit prefent, &fa
prefence fut véritable & reellermaris fpi-
rituelle , ceft à dire d'vne faço non vul-
gaire & commune à la nature. Demef-
iîic donc la chair du Sauueur eft réel- L*p*fa«
lement prefente en l'Euchariftie: mais slZ'fur^
non charnellement , comme la chair Sainû s*~
commune eft prefente fur la table: elle ercmentf
y eft par traniïubftantiation • par voye *
furnaturelle : parla tout-puiiïànte pa-
role du Sauueur : elle y eft inuifible,
impalpable , immortelle , & inconfom-
ptible , &: fi fpirituelement &* fi diui-
nement 3 qu'il n'y a que les y eux de la
400 L E S A V VEVR PRESCHANT
foy qui la puhîent apperceuoir5& parce
que ceux-cy n'ont que les yeux de leur
chair &; iugement charnel, c'eftpour-
quoy ils nient celle prefence, &enfai-
gnent vne félon laueuglçmentde leur
chair contre la vérité, &JahTent la vraye
foy par vn imaginaire p a r-F o y 5 de
font ftupides & infidèles en leur fen-
fuelle foy.
Contradiction des errans en leurfauU
Je (çij imaginaire foy.
8
E s mefmes errans s'enuelop-
pent en contradiction, nians
dVn codé que la chair du
Sauueur foit réellement pre-
fente en i'Euchariftie,&: disâs de l'autre,
qu'elle y eft par efjprit & par foy : car fi el-
le n'y eft réellement 5 elle n'y peut eftre
preséte par efprit &: par foyrd'autât que
nul effort ny del'efpritny de la foy 5 ne
i*f°ynt peut faire prefente vne chofe qui eft ab-
AofeTfr^ fcntcrla foy non plus quel'efpritne fai&
fi»t*s. pas que les Hebricuxpaffent prefente-
ment la mer rougc,qu'iis mâgent laM â-
ne au defert , que Iofué arrefte le Soleil,
que le Sauueur foit coceu auvêtredela
^Vierge
DV SA CR. DE SON CORPS, 40I
Vierge, qu'il refufcite, qu'il monte au
Ciel,qu'il iugeles viuans & les morts,
encor qu'elle croyc toutcela; fieeux-cy
refpondent que la foy imagine ces cho-
ies , comme prefentes , encor qu'elles Fcy mtë'
foyent abfentes,ils confeffent donc que j*^.
comme la prefence de ces chofes n'eft
qu'imagination 3 demefmelafoy qu'ils •
ont de la prefence delà chair du Sau-
ueur au Sacrement eft imaginaire, &:
qu'ils ne la mangent que par imagina-
tion, comme ceux qui en dormant fon- »
gent qu'ils font bonne chère, ôc ne font
bonne chère que de leur fantafie , telle yunie />«■
foy n'eft pas la foy quifaid l'homme fi-/0i'£tf-
dele:ny telle refe&ion n'eftpas vraye-
ment refeâion , ny telle viande vraye-
ment viande : c'eft vnefoy , vne réfe-
ction &vne viande de fantafie. Orleioan.s.
Sauueur a dit quefa chair eft vrayement
viande ,& fon fang vrayement brenage,
donc la foy &lepar foydeccux-cy eft
vne infidélité charnelle y & vne réueufe
imagination contraire à la foy de Dieu. lt " "o£m
Ce font les enfans de rEglifeCatholi- *»»/««
que, qui vrayement mangent par foy le *^ ™f '
corps du Sauueur : c'eft à dire d' vne fa-"'
çon fpirituelle , ainfi qu'il a cfté diéh
& auec la foy requife : par laquelle ils
C
402 Le Savvevr preschant
croycnt à la parole de Dieu : croyent
que fon corps y eft prefent, comme didt
fa parole; croyent qu'ils le prennent
réellement, &le mangent réellement
comme il la promis ; croyent qu'il peut
faire ce quil a di&, & qu'il ne fèift rien
Ldfo /?«if/« clu* contrarie ai fa bonté & fageffe, &:
& u yraye comme leur foy eft fidèle 5aufïi eft leur
maducatton. manducation véritable, & au contraire
la manducation pratiquée par ces er-
rans en leur Cène eft toute charnelle :
carilsn'y prennent rien plus haut que
du pain, &: n'y mangent auffi que du
Foy deVhe- pain^ & n'y croyent rien que la foy d'vn
ZS&Ï; Turc * d'vn Iuif > &. d'vn Payen tout
bubu. charnel, ne puiftè croire: Car quelle dif-
ficulté y a-il de croire laprefence d'vn
morceau de pain , qu'on voit ; qu'on
goufte5 & qu'on apperçoit des fens.?
Lefens literal fondement des autres y
contre les mejmes errans.t
9
E s bonnes gens fe perdent
encor es erres de leur fpiritua-
lité: car voulans interpréter la
chair du Sauucur& fon fan g,
& toute cefte manducation fpirituellc-
D V S A C R. DE SON CORPS'. 403
ment , félon leurs fens, difans, qu'on ne
mange cefte chair que par elprit de par
foy5ilslaiiTent la propre &fondamétale
intelligéce des paroles duSauueur3&en inuuwtnci
prennent feulement vnemctaphoriqne/WdWf»-
contrelaloydetout bon Théologien, r^e*
qui doit premièrement entendre & fer-
mer le fens literal & propre de TEfcritu-
re y &: après fur iceluy fonder le fpirituel.
Par exemple jl'Efcriture di&que Dieu
planta vri Paradis terreftre , que les He- £xc"j *"
brieux pafferent la mer rouge,que Sam-
fon lia des renards par la queue , que, ,. .
t-\ • A 1 °r> i- " i_- j in Iudith. iç.
Dauid combatit Goliath en duel , &i.Reg. i7,
chofes femblables: fi quelqu'vn vouloit
tellement fpirituaïifer ces hiftoires^quii
en niaftla vérité literalc,& dict , que
le Paradis terreftre n'eft autre chofe que
l'Eglife , la mer rouge , le Baptefme , les
renards de Samfon,les hérétiques: Go- Sens aB ^
liath , l'ennemy du genre humain : Da~ v*i**.
uid,I e s v s-C hrist, de que du refte
il n'en a efté tien du tout:ilferoit Vn fens
fpirituel voirement, mais il renuerferoit
le fonds de rhiftoire5& commettroit vn
facrilege cotre TEfcriture ,qui recite les
chofes fufdites 5 comme vrayementad-
uenuës riiferoit cequeiadis fatfoiétles
PrifciUianiites qui allegorifoient à leur
404 LeSavvevr preschant
Ln J* "/«Hanta fie tous les pafTagcs & fens literaux
SjïugXdc de 1 Ecriture qui cftoiet contre leur hc-
hxrcf.yo. rciic,commc eicrit SainctAuguftin.De
mcfmcallcgorifcnt ceux-cy difans qu'il
n'y a que la manducation ipirituellc &
myftiquede la chair du Sauueur ; car
puis que le Sauueur a didtquefa chair
cft la vraye viande, &: fonfangle vray
breuage, & que qui mange fa chair, au-
ra la vie éternelle, il faut par ncccffitc
fuppofcr vne réelle manducation dVne
chofe réelle, 6V après adioufterla fpiri-
Lyon, Sathu. tucllc &: allégorique : ainfi on trouuc en
1 i>u .58. MUbriturelc mot de Lyon , mis pour le
yt*"* Diable, & le mot de Loup pour vn faux
m atth.7.15. Prophete:ccfont des lignifications mé-
taphoriques &c fpirituellcsimaislcs mef-
mes mots font mis ailleurs en leur pro-
pre vfage & fignifient des beftes , & fur
la femblancc de ces mots propres, ceux-
là ont eftè transferez, pour fignifier le
Diabic, & le faux Prophète. Parquoy
s'il y a vne manducation de la chair; du
Sauueur toute fpirituclle, ccft à dire
qui Ce faic~t feulement par cfprit , fans
réelle prife d'iccllc chair, il faut necef-
fairement qu'il s'en trouue vne pro-
pre &: réelle fondement de cefte-cy:.
laquelle manducation réelle ne peut
dv Sach. de son cor ps. 405
cftrc qu'en TEuchariftic côtenant rccl-
lcmcnt la chair & le fang du Sauucur,
vraye & propre viande : vray cv propre
breuage. Mais n'eft-cepas vnc intelli-
gence charnelle d'admettre vnc réelle
nunducation de la chair du Sauucur?
.. . c La manlu-
ouy 11 nous 1 entendons a la façon ocs<a:ion l0».
Capharnaïtcs humaine & (en{uctiei£"P* -/"
mais la manducation que l'Eglifc C'a- 9J£*£ i9m
tholiqueenfeigne, &: quauons déclare, n.iu.
e(t réelle voirement • mais fpiritucllc,
mais diuinc & pleine dcmcrucilles , 6\:
marques &: tcfmoignagcs de la puiflan-
ce, bonté Se fageife du Créateur: &:
quand les anciens Pcrcs refutet la man- c««&»«*
ducation charnelle, ils n'entendent ia-fjr/f;r"n-
mais ccftc-cy,ains feulement fcU& que
lcsCapharnaïtcs Ce forgeoicnt.cv que le
Sauucur corrigea par les paroles qu'a-
uons cxpofces-commcils tcfmoignent
aflez, quand toutes &: quantesfois qu'ils
parlent de ccfîc charncPc manducation
ils mettent en auant les Capharnaïtcs,
comme autheurs de la refucric5& mon-
trent aufli clairement que la manduca-
tion de laquelle le Sauucur prefehoit
cft de la réelle chair d'iccluy , encor que
la façon de laprendre en (bit fpiritucllc»
Citons en vn ou deux pour tous.
C iij
406 LeSàvvevrpreschant
S.Hilair.l. s . Hylaire Ceft le Sauueur qui diàl , Ma
chdir eft la njraye Viande, & mon J ange jt le
. qjray breuuage.Qui mangera ma chair & boi-
ra mon fanjr^ il démettre en moy &* moy en luy.
il n'y a aucune occasion icy de doubter de la Mé-
rité de la chair & dufang duSauueuriear félon
fa parole & félon noftre foy, ceft njrtyement
chair & "Vrayement fang : & ces chofes prin-
fes & bues par nom font que nom fommes en
Iesvs-C h ri s t^&I e svsChrist
Ce (ont les m mm% tfeft-ce pas la Mérité ? ^4 ceux-là ad-
erras de nos . n ■ t r
ûeQÏis, vienne n'ejtrejd \ véritables ,qui ne croyent point
que I E s v S-C H R I S t fait "Vray Dieu. Il
veut dire qu'il faut prendre les paroles
du Seigneur en leur naïfue &literale fi-
gnificatiô.DemefmeS.Auguftin. i\7o#*
auons 5 dit-il5 ouy le Maiftre 'véritable 5 le di-
uin Rédempteur, g?» le Sauueur humain 3nom
recommandant Çon fang noftre prix, il nom a
parlé defon corps 5 defon fang, il a diâî quefon
corps eft yidnde grfonfang breuuage. Quand
donc nom recomondant telle- viade, tel breuud-
Çefî njom ne mage^ma chair &* beuxez^ mon
ÇangÇtiom ri aurez point de "Vie en njom. Et qui
diroit cecy de la rviefi ce ri eft oit la yie>Or ce fe-
ra la mort à l'home , & non la yie , a celuy qui
aura eftiméla njiemefongere. G'eft à dire
qui péfera que le Sauueur ne peut ou ne
veut doner fa chair & fonfang côme Ces
dv Sac r. de son corps. 407
paroles le fignifient, celuy eft incrédule
& frappé à la mort. Les autres d odeurs
parlétde mefme lagage que ces deuxey.
Deux fortes de comunion yla feule fp-
rituelle,& la Sacramentelle.
10
SÉ3WB E s anciens Pères ont voiremêt
tfP/^ recogneu vne maducation tou-
lËJkk te fpirituelle de la chair du Sau-
ueur,quifefai<3en oyantlaMefTe , âà^jj™0'
méditant la grandeur de ce banquet5en tueiie.
prenantUa chair du Sauueur feulement
par vœu 5 par defir3 &: par deuotion:
mais ils ont donné cefte doctrine- fans
preiudice de celle que venons d'oûir:
car ils ont toufiours creu & eftimé cefte
manducation réelle, que par nom pro- u ma„du-
pre ils ont appelle Sacramentelle 3 SccttionSacn-
ontprereree a la première quand elle
eft faiâe fain ctement. Comme aufli
ils ont préféré la feule fpirituelle à la Sa-
cramentelle, fi ellen'eft faiéte auec deuë
préparation s iugeans à bon droid qu'il
eft meilleur d'oûir laMeflc deuotement,
ôrcôtemplerles myfteres de cefte vian-
de, & communier en cefte façon fpiri-
tuellement 3 que de communier auec
C iiij
408 LeSavvevr. preschant
confcience de péché mortel, &profa-
nerpar ordure la table du Sauueur, &
Lamandu- cette manducation Sacramentelle ne
*£*"£**'* laifTe pas d'eftre fpirituelle , car ellefe
îeTue'crftl faiâ-par voye furnaturelle , & diuine,
rituelle. comme il a efté did: mais elle eft appel-
lée S acramentelle par diftin&ion à eau-
fe qu'on y prend le Sacrement, l'autre
porte Amplement le nom de fpirituelle,
parce qu'elle fe faicl: par efprit feule-
ment, fans prendre réellement la chair
T _. „ du Sauueur:&cefte Communion fpiri-
fau. tuelle n eit proprement que deuotion
entiers le Sacrement : comme la facra-
mentelle,eftla fomption réelle du Sa-
crement, laquelle doit toufiours auoir
pour compagne infeparablela fpirituel-
le: car autrement elle ne proufite rien,
&: peut beaucoup nuire t la fpirituelle
peut eftre vtile fans la facramételle.Les
tes caihoii- enfans deDieu vfent de toutes les deux.4
î!eZ°mrZ'- car*'s communient &: facramentelle-
rituellement ment & fpirituellement : lesmefercans
crÇacranuu- font priuez de Tvne &de l'autre. Car
nianslapreiencedu corps du bauueur,
ils oftent le cœur du Sacrement , &fe
priuent de la communion facrarnentel-
îe: & n ayans la vraye foy du Sacremét
ils ne peuuent communier fpirituelle
dvSacr.de son corps. 409
ment : car fans la foy nul S. Efprit,&:
nul Sacrement n'eft proufitable,& font
charnels en leur fantafie, comme les
Capharnaïtes en la leur.
De la diurne fagejfe & honte ^ de U
folie & mefcognoijjance des hom-
mes en ce Sacrement.
11
Aïs deuant que partir de la
furfacedece tableau3arreftons
vnpcu les yeux de noftre en-
tendement furla contemplation de ce-
tte diuinc fagefTe prefchant delà com-
munion de fa chair, &de noftre baiTef-
fe 5 ne fçachans recognoiftre la douceur
de (es diuins bénéfices : confîderons
d'vn cofté la libéralité du Rédempteur,
&de l'autre l'ingratitude des hommes,
la prudence duMaiftre , &: la folie des
difciples. Le Sauueur après auoirrepeu
le peuple de pain terreftre,il propofe de
donner leceleûe : defubftituer le Pain
vif au Pain mort : le Pain de famé au
Pain du corps: & voicy les hommes qui
après auoir receu & mangé le premier
Pain 5 &eftimé le donneur digne de la
recompenfe d'vn Sceptre 3 ne veulent
4io LeÇavvevr preschant
entendre le Sauueur prefchantde l'ex-
cellence du fécond : encor quefes pa-
roles foient tres-claires : ils murmurent
en leur ignorance contre la bonté & fa-
gelïe de leur Docteur, dequoy il pro-
met odeur veutdônervn Paindu Ciel,
vn Pain deïfiquerdonner non vn corps
eftranger3maisleiien propre5nô la chair
des beftes, mais la chair deDieu. Ilsfe
fefidalifent dequoy il les veut vniràfoy
par fa chair, déifier auec foy par fa chair,
&les nourrir , non pour vingt-quatre
heures 5 mais pour l'immortalité ^ ilsfe
deffient defonpouuoirjS'offenfentdefa
bonté, 6c condânent la fagefTe de fes pa-
ïoan .éjt. rolcs,autât que les entendre, CoWtfftfow
/>e#f,difent-ils donercefluy-cy Jacbair à man-
ger>ô infenfez difciples,&: par trop obli-
uieux ! & comment vous a-il peu cy-de~
uant repaiftre plus de cinq mille que
vouseliïez.) de cinq Pains de de deux
Poifïons 5 &: faire venir l'abondance en
Matth.i4. la difette & k fertiiité au defert? Si vous
ioan.^. croyez qu'il ait faiâ: cet œuureen vertu
de tout-puiflant,pourquoy demandez-
vous commentil vous peut donner fa
chair? Pourquoy eftimez-vous qu'il ne
puifTe accomplir ce qu'il dict 5 encor
que cela vous femble impoffible ? Vous
dv Sac r. de son corps- 411
di&es^Voicy Iwe parole dure^&* qui la pour-
r^/ô^r/rpEtquelleparoletrouuez-vous
fi dure? Qu'auez-vous oùy fortirdela^^7^
bouche dece bon Maiftre,ô délicates mïlCïiial-
oreilles ?ô difciples douille ts^qui a fi ta-'**««^^
dément feri vos poitrines ? Quels pro-™"**
posa-il tenus qui vous femblêtfi dursaIoan 6 s
au aller? Il a dift qu'ile/r/e vain dtfcendu du
cid^quHl ejl le Pain yif^qutl ejî le Pain de >/e, ,
que qui mano-e ce Pain yiura éternellement ^que
le Pain qu'il donnera c'eflfa chair pour la vie
du monde : que fa chair ejl la yraye^iande^gr
fonfangle^ray breuuage.Ccs paroles iont-
elles de fer ou de pierre 3 comme voflre
poi&rine? ne font- ce pas paroles de vie,
&r de vie eternclle?paroles de falut & de
confolatiô? la vie vous deiplaift-elle ? le
falut vous fcandalife-il? &lacofolation
vous donne-elle au cœur ? n'eftes- vous
pas difciples malins , d'eftriuer contre
vne fi amoureufe leçon ? & malades de- Mamuah iif-
fefperez , d'entrer en frenefic à l'â\idi-ctPUs &
ion d* vne telle voix,& d'vn fi bon™
médecin , de à la promeife de la vie
ternclle?Et fi ces paroles fi amoureu-
fement proférées par ce doux Agneau,
vous femblent intolérables , corn
mentendurerez-vous celles qu'il pro-
férera à fon grand-iour contre vous,
m mu an m^m
ides.
4I2LeSavvevr preschant
& cotre tous ceux qui auront efté mef-
creans , comme vous 5 quand il dira,
quand il prononcera, quand il tonnera
m , cet arreft dernier & irreuocablc . Afe--
VAtrefi der- ,, ,. ri
nier. njous-en d auec moy maudits , au feu étemel,
Matth.i*. préparé au Diable & a Ces ^Anges. Sija dou-
41 * ceurde l'Agneau èc Sauueur du mon-
de, vous eft intolérable maintenant,quc
fera la rigueur du iuge des Anges ôedes
hommes , condamnant alors voftre in-
fidélité ? Mais fi vous trouuez de la dif-
ficulté à l'intelligence des paroles du
Maiftre 3 pourquoy ne l'interrogez-
vousen bons difciples , afin d'en eftre
Le <tyfy/«inftrui(3s?Si vous auez conceu quelque
doitmerro- opinion de ce Maiftre à raifon deS mer-
cerie M<*>- *■.-, ., - . .
fit*. ueilles quilaraiCt deuant vous , pour-
quoy eftimez-vous qu'il nepuifte vous
déclarer ce qui vous eft difficile? pour-
quoy condamnez-vous fadodrine de-
uant que l'entendre fpourquoy vous
departez-vous de la compagnie de la
vérité qui vous veut enfeigner?
dv Sacr. de son corps. 413
<^Aux deuoye^ de ncjlrc
fïecle.
iz
Aïs vous , ô âmes efgarées en
ce dernier fiecle 3 qui allans
en arrière auez abandonné la
compagnie de ce Maiftre, à l'imitation
de ces vieux errans:qui lortis de la mai-
fonde Dieu, auez quitté la table & le
feftki delachairde fon Fils, pour aller
prédre vn morceau de pain de la gueule
des loups : pourquoy imitez-vous les
Capharnaïtes que vous condamnez ?
pourquoymurmurez-vous côme cux5
de la puiûance, ou de la fageiTe de celuy
qui dit, Le pain cjue ie donneray ceftma chdirï Ioan-*-5<
Pourquoy ne croyez-vous ce qu'ildiét,
puifque c'eitla bouche de la vérité qui
parle & ne peut mentir?pourquoy don-
nez-vous loy & mefure à fon bras^disâs
qu'il ne peut faire qu'vn corps; Toit fans
occuper lieu , &: qu'il foit en metme
temps en diuers lieux , au Ciel & en la
terre &: en plufieurs Autels?ne pourra-il
rien faire qui foit deiîus la volée de vo-
ftrecerueau? Mais quelle foyeil: la vo-
ftre,dene croire rien finonceque vous
4T4 LeSavvevrpresc&ànt
fcns vous tefmoignent3ou que voftre ef-
Toyde ?hi- prjr Comprend?N'eft-ce pas la foy d'vn
hulnhÙ? infidèle Philofophe3 qui luit les erres de
la créature, & ignore la toute-puifïàn-
cedu Créateur? Et quel iugementcftle
voftre de reie&er la foy Catholique fur
ce grand myfiere 5 pour ne le pouuoir
entendre,veu qu'il y a mille choies en la
nature quelesPhilofophes n'entendent
point? Et pour ne les entendre les reiet-
LW^r^-tent-ils ? Mais pouuez-vous entendre
thn. cômentleSauueuraprins chair humai-
ne fans femece d'homme? Cornent nos
#„,»''" corps redui&s en cendre refufeiteront?
Lefeud'in- Commet les corps des damnez brufle-
^r' ront fans eftre confommezdes flammes
éternelles 5 Vautres myfteresde noftre
foy? Et fi vous le croyez fans le pouuoir
entendre , pourquoy ne croyez-vous
ceftuy-cy ? S'il vous fembleplus diffici-
le 5 tant plus auez vous dequoy admirer
la puiffance de Dieu , & de tant plus
poy <ku mériter en croyant. Si vous croyez que
dL. Dieu eft tout-puiliant , pourquoy ne
croyez-vous qu'il puiffe faire ce qu'il
De fa fagef. jjft s qUi a fai& tout par fa feule parole?
ftm Si vous le croyez tout-fage, pourquoy
ne croyez-vous que ce qu'il ordonne
eft bien ordonné > encor que voftre iu~
dvSacr.de soncorps. 415
gemcntnepuifle atteindre le fecret de
ion ordônance?Si vous croyez qu'il eft D«p**i«.
tres-bon , que nvfez- vous Amplement
dudonde(aMajefté?Pourquoy diâes.
vous que ceftvne chofe charnelle d'à-
uoir fa chair à manger ? n'eftes-vous pas
orgueilleux en voftre bafieHe., croyans
pluftoft à l'infirmité devoftrciugement,
qu'à la grandeur de fa toute-puiftance?
intolérables en voftre folie, côdamnans
ce que fa fagefle ordonne ? ingrats en
voftre infidelité3refufans la viande qu'il
vous offre pour voftre falut?ô bon Ie-
sv s^ô bon Maiftre^ô bon Pafteur, illu-
minez5enfeignez,reduifez ces pauures
errans5ces mauuais difciples, & ces bre-
bis efgarées.'&conferuez nous enlafo-
liditéde voftre fain&efby 5 au giron de
noftre bonne merevoftreloyalleEfpou-
fe,pour y prédre toufiours la refeétiô de
voftre fainde chair. Nous croyons que
vous nous la donnez réellement & non
en figure: car vous auez difertemëtdift.-
Le pain que te vous doneray cefima chair pour Qr'^T'
la y ie du monde .Nous recognoifïbns que Parolesde
vous auez les paroles dévie en Padmini- S,A"S- .
ftratiôde voftre corps& de voftre fang: \QJ*?
nous fçauos que vo9 eftes la vie eternel-
lc3 6c que vous ncdonez en voftre chair
416 L e Savvevr pkeschant,8«:c»
& en voftre fang finonce que vous e-
ftes, comme parle vn de vos Sainâs.
Nous adorons en la confefïîon de no-
ftre infirmité 3 incapactré & mifere , la
hauteur de voftre puiffance3fagefTe &:
bontéencediuin &:myfterieuxfermon
au myfterc qu'il enfeigne , & y reco-
gnoiffons aucc les paroles de vie,la fon.
taine de vie5dequoy nousvous rendons
grâces immortelles , &fupplions voftre
Majcftédenous faire fi fainâementv-
fer du Sacrement de voftre précieux
corps ,quepariceluynousfoyons vnis
àiamais auecvous3&faicl:s dignes d'e-
ftreàiamaisaffisauCiel en la table des
bien-heureux à la vie éternelle.
LE
4^7
.D
LE LAVEMENT
DES PIEDS. '
LE LAVEMENT DES
PIEDS PREALLABLE
à ïinfiitution de ÏEu-
chariftie.
l'E s T auiour-Le5"w«f
i mtnge* 1%A
d huy le quatorze™ p*/:
zielme de la
4M q*a-
tor^iefme de
la Lune de
première Lune^
du renouueau:
e Soleil vifîble
eft couchédm-
uifîble fùrgit & reluit. Le Sauueur
du monde a célébré la Pafquelega-
le,& s'en va dreffer le grand & ad-
mirable feftin du Sacrement & fa-
crificc de fon corps, le foubftituât
à l'Agneau Pafchal des Hebrieux.
Ils'eitleuéde table & a defpoiiil-^
léfarobbe conuiuiale.afin de la- <*«/"'«*»•
7 i \ n n lozn 13. 4
>f
Dij
cérémonie
h Sanucur
4» lattement
uer les pieds à fes Apoftre
4io Le lavement
remarquable cérémonie. Voyez-
vous comment ce doux Agneau
ceind dVn linge blanc, fai& l'of-
fice dVn petit ieruiteur lauant les
pieds à fes feruiteurs , & les efluyât
dumefane linge: il les a jalauez à
tous , fauf au bon Pierre , lequel
voyant fon Maiftreveniràfoy &
fe mettre à [es pieds pour luy fai-
re le mefme feruice , qu'il a fai6t
à fes onze compagnons , tient
bon &: luy protefte , qu'il n'endu-
rera iamais qu'il luy Iaueles pieds:
maisoyant la menace à luy faidte,
d'eftre priué de fon partage , s'il le
refuie , il fe dédit promptement &
vaillamment, & fe prefente àlauer
non feullement les pieds, mais auf-
fi les mains &Iatefte i demeurant
neantmoins autant eftonné , que
ij£?i!fe confus en foy. Et certes non fans
mboie». raifon,car i'efclat de cefte voftre
infigne humilité , ô bon I e s v s,
DES PIEDS. 411
eftourdit lesfens esbloiiis de ce
pauure mortel, &luy rauit par ad-
miration lame hors du corps. Cet
efclat eft fi grand, qu'il peut efton-
ner tous les hommesxomme la lu-
mière devoftre diuinité , rauit en
admiration & en crainte, les puif-
fances du ciel. Qui ne feroit esbahy
de voir le Maiftre profterné deuât
fon difciple : vn tel Maiftre de-
uantvntel difciple?devoirla Ma-
jefté dvn tel Roy fe courber à la
bafleffed'vntelferuice ? Et com-
ment pourroit ce bon vieillard ne
craindre , ne s'eftonner , &c ne s'ef-
frayer de cefte profonde , & extra-
ordinaire humilité de fon Roy?
nerefufer fes pieds , pour eftrela-
uezde la main de fon Dieu, n'e-
ftre honteux de fe voir fi humble-
ment feruy , de la grandeur qu'il
adore ? Mais que peut dire ceft
humble Apoftre voyant fonRoy
D iij
4-iz Le lavement
&fonDi^u agenouillé deuâtfby,
pour luy lauer les pieds? voyant ces
bras tous-puifïans trouflez > &c
ces diuines mains ouurieres des
EftoillesduCielj & de mille mer-
ueilles en terre , nettoyer les ordir-
res de fes pieds ? Ces doigts tous
purs &c tous mondes', toucher les
fales arteils , & les plates de fà frefle
mortalité? Ce maintien, ces mains,
ces yeux,ces geftes, que la peinture
luy donne , ne vous femblent-ils
f„ pas parler" ô âmes Chreftiennes!
Secrets dif- r T ■>
coursdeiu- & vous dire en iilence , que ce bon
pope <jf«- ^Lp0^:re j-^ en çon cœur ^ £ mon
yy doux Maiftre , qu eft-cecy ? vous
„ me Iauez les pieds ? vous vous age-
„noiiillez deuant moy ?vous vous
„abbaifïezàmes pieds? Et quoy?ne
„vous eftes-vous pas aflfez abbaiffé
hiU. dauoir pris , eftant Dieu infiny,
*>la forme dvn homme , & vous
yy élire marié à la plus balle famille
DE* PIEDS. 413
de vos créatures raifonnables ? de»
vous eftre fai£t petit enfant 3 cita- »
dinde Nazareth, & pèlerin de la,,
terre ?d'auoir enueloppé voftrein-phllip
finie grandeur , dans les drapeaux y>
de noftre petitefle ? pouuiez-vous yy
vous plus humilier , que de vous„
anéantir prenant la condition d'vn u
petit feruiteur ? choififlantlestra-^
uaux , la pauureté 3 lemefpris du
monde , fans vous ietter encor à
mes pieds? vous Seigneur me la-
uez les pieds ? vous Roy à voftre5,
vaflal ? Dieuàvoftre créature? fti-3,
preme pureté à moy indigne pe-Le5^"«
cheur?Etquepeuuent dire les An-
ges j & les Aftres de vous & de*'
moy^Seigneur , regardans le fpe-"
£tacle d'vne telle antiftrofe ? voyâs ?
le valet eftre feruy par leur Mai-3'
lire, & leur Roy eftre fai6t ferai-"
teur du valet ? &c leur Créateur
eftre à genoiiils deuant fa creatu
5>
3>
° D iiij
4*4 Le lavement
35 re ? vous me lauez les pieds y a
35 Seigneur, &c ie le permets ? Et les
5> Anges & les Aftres qui me voyét,
53 ne matidiffent-ils point mon or-
53 gueil maintenât y dequoy iele per-
^ mets? Et les créatures de la terre ne
33 courront-elles pas fur moy à pre-
5> fent, fi voftre puiflance neles em-
33 pefche? gardez-moy s'il vous plaift
35 ô Seigneur y de leur indignation!
5> Si ie fuis orgueilleux , voftre humi-
lité m'y contrainâ:. C'eft- elle qui
53 m'a commandé : ie protefte que
53 fay protefté , que vous ne me laue-
2> riez onq les pieds : voftre humilité
^ a voulu eftre la maiftreffe y ie luy ay
3:>obey,& luis deuenu orgueilleux
53 en m'humiliant , & en obeïflant:
55 contentez-vous ô Seigneur de ce
53 qui eftfaid', & permettez-moy de
» prendre voftre place, & d'eftre vn
5> peu orgueilleux en vouslauant les
55 pieds^puifque ie lay défia afTez efté
DES PIEDS, 42,5
en endurant que vous les lauiez à»
moy créature pechereffe ! Tel dif- >>
cours, ô diuin Apoftre fai&es- 1» s**** *
vous en voftre penlée furl'humili- f£j^
tédevoftre Seigneur! mais atten-
dez *n peu , vous verrez.bien d'au-
tres eflais , & d'autres exercices de
ceftediuinevertu.attendez quand
il fe donnera à vous à manger &à
boire, reueftu d'vne robbe d'ex-
trême humilité, de la mince blan-
cheur, de l'humide rougeur, de la ^»s*™-
petiteile de rreiles accidens: quand
il entrera dedans vos entrailles, &
s'abaiffera non feulement deuant
vous, mais encor dedans vous : at-
tendez cefte nui£t prochaine ,
quand il fera prins comme vncri-
1 / t En fa baf*
minel : garrotte comme vn larron, ^ J ï r
) moqué comme vn fol , battu co-
rne vn faquin 3 craché comme vn
blafphemateurrattendez à demain
quand il fera mal mené , des Roys,
42*6 Le lavement
des Préfixes, des peuples, & forhué
%n u(rotXt de la meute de toutes les puiflances
& rages mondaines ; quand il fera
condamné, couronné, & crucifié,
comme vn voleur, comme vn ty-
ran, comme vn infigne mal-fai-
«Sieur conuaincu : attendez que ces
chofes fbyent aduenuës , &c lors
vous verrez que cefte humilité, qui
maintenant vous femble infinie,
n eft qu vne petite parcelle de l'hu-
milité de noftre Seigneur : vous
verrez que fon humilité, c eft vn
UexeeUenee akyftne fans fond , & fans bor-
^Z7;»w^c. nés aucunes : ô diuine humilité
que vous eftes deuenuë grande en
lapetitefleduFilsde Dieu ! que
vous eftes rendue belle en fes ferui*
ces ôc ignominies ! riche &c opu-
lente en fapauureté ! ô I E s v s que
vous eftes vn grand Maiftre pour'
bien apprendre vne belle leçon :
apprendre l'humilité en vous hu- •
DES PIED S. 427
•t« 1 l'f* La main
miliant : apprendre non en dilmty4uecuun-
our bien
mais en faifànt: apprendre par œu-f^rrrf
ure & par exemple , &c non feule-
ment par parole & par confeill Et
qui d'entre les hommes s'ofera ia-
mais efleuer par orgueil, ayant veu
le Fils de Dieu s'incliner aux pieds
des petits gabarriers& pefcheurs,
& s'abaifTer deuant la vilité des
viles & panures pécheurs , par telle
humiliation ? Et qui ne fera cas de
l'humilité déformais y puis que la
fagefTemefmelaprife? Quine l'ap-
prendra auec amour 8c refpedt ,
puis quele Fils de Dieu l'enfeigne
àdeuxgenoiiils? Qui ne courtilera
la grandeur de cefte petite vertu,
ôc la petitefle de cefte grande Da-
me , puis quele fils ailhé d'vn fi
puiflant Seigneur defeendu des
cieux & faidt hommej'aymejaca-
refle,Ia Ioiie,& fè faidt petit pour la
faire grande , & la mettre en vogue
418 Le làvem. des pieds^
parmy les mortels ? ô fain£fce hu-
milité fondemét de la vertu Chre-
ftienne, & elchelleàla gloire des
deux ! ô bien-aimez Chreftiens,
aymons-la à l'exemple de noftre
Rédempteur , humilions-nous fur
latetreauec Iuy^poureftre exaltez
furies voûtes celeftes auecluy!
LESAVVEVRCELE-
BRA LÀ PASQJVE IVIPVE
deuant quinftituerle Sacre-
ment de fon corps.
i
E Sauueur 'célé-
bra la Pafque
Iuifue lors quil
voulutinftituerle
Sacrement &fa-»
crifîce de fon
corps 5 félon l'or-
dre de Melchife-
dec 5 couchant
d'vn diuin artificejes viues couleurs de
la verité,lur les crayons frais de l'ancié-
ne figure.La façon donc il vfa célébrant
cette Pafque , fut celle que gardoyent
pour lors les Iuifs5 différente de la Paf-
que iadis fai&c en Egypte , en quelques ixol'n.
cérémonies qu'ils auoyent adiouftées
ou changées depuis cetcmps-là, qui fu-^
rent neantmoings gardées par le Sau-
ueur ; au nombre de ces cérémonies
cftoit-d'eftre veftu en mangeant : i'vnc
4JO Le LAVEMENT
^ robbe conuiuiale5nomée du mot Grec^
iuaoaa'" SYNTHEStSj&en rEuangile,robbe
Ncro.c.51. nuptiale5& des mots Latins, Pallivm,
Mau-d" L^NA,V£STIS COENATORIA , AcCV-
La;na. bitoria 5 que nous tournons en noftre
£e£ François.cappe.manteau, ou robbede
Vcftiscœ- r * > rr ' *
natona}ac- ioupper5de table, de repas ; elle eltoit
cubitona. honncfte ôc de bonne eftorre,&fouuenc
è!!Jw <fc ^e co"leur de pourpre, ou d'efcarlate,
fonder vejii» ou cramoify violet : la couftume des
deccrta„>e luifs eftoit auffi de manger en la Paf-
robbe conut- . . G
uiaU. que 3 non debout , mais comme aux au-
tres repas communs 5 à la Perfienne,
eftans appuyé dVn codé, fur desli&s:
&ayans la table deuant: &pour cefte
raifon ils n'auoient point de fouliers
aux pieds. De laquelle façon de man-
ger J'Efcriture tât du vieil que du nou-
ueau Teftamcnt faiét mention en plu-
iïeurs endroi&s. L'hiftoire d'Hefter,
nousdeferiuant le magnifique banquet
Heftcr.i. du Roy Aiïucrus diclt, qu'ily auoit de
D'ejireenta- petits licts fur lefquels on repofoit en
udh prenant le repas. Nous apprenons le
Tob.i.î. mefmeduliuredcThobie : enl'Euan-
Iuc.7^8. gile*nous en auons plufîeurs marques,
nomméement en Sain 61 Luc , quand'
il recite comment Magdaleine venue
au banquet demeuroitdeboutàdosdu
DES PIEDS. 4JI
S auueur , luy lauant les pieds de fes lar-
mes, &: les efluyantdefes cheueux;qui
faict cognoiftre qu'il eftoit fur vn lia: ef-
leué, tenant en arrière les pieds hauts
.& nuds, autrement elle demeurant der-
rière & debout,n,euft pas peu les luy la-
uer, & faire ce feruice. Les Romains
gardoyent la mcfmc couftume,tant aux
habits qu'en lafliette de table 5 &: com-
me ils eftoyent foigneux à la garder,
aufïi eftimoient-ils indécent de Te mon-
trer en public en habit d'vn qui prend
le repas. Ce que Suétone note en Ne-^cron;
ron allant, qu Ujortit "># wur en U rue"\>ejtu Ncr.ç.jt.
de fd fynthefe ou mdntedude table fins cein-
ture3&fdnsfouliers 3 dydnt le col entouré d^n
fudire. De cefte vérité nous colligeons
que tant les Hebrieux que les Romains,
imitoyent en cefte façon les peuples
d'Orient. Auiourd huy elle n'eft plus Var[ité d<
r ./ J , s'ijjeoire»
en viage5neantmoinsilyaencorde la,„^
encor deladiuerfitéàmançer.Partou-
te l'Europe prefque, on mange ams,co-
me nous voyons enFrance,en Efpagnc,
en Italie^ ailleurs, qui eftlaplus hone-
fte & commode afliette. Les Iapponois &* tyf*1
mangent affis à terre à guife de tailleurs*0'*'
coufans fur vne table3& les Turcs^com-^ Turttt
me eux3enpluj[ieurs endroits. Les Iuifs
432 Le lavement
donc prenoient leur repas , Se man-
geoienr leur agneau couchez à demy
iurl'vn des codez cndesli&s,
N o v s apprenons auffi de leur Ri~
tuel3que comme l'Agneau Pafchal fe
Lr^cmangeoit, on feruoit vn potage faiâ de
commun, laictuës fauuages ou endiues, félon la
Uuùa&a. l°y> auquel le père de famille trempoit
le premier fon pain azymc,ceftà dire
nonleué 5 Se les autres après luy. Au
moyen dequoy ce que recirent les
Marthe. Euangeliftes , que leSauueur dict en
Marc.i 4. fouppant 5 Celuy qui met fit main au plat pour
20. tremper amc moy ^cefl celuy qui me trahira^
uai,I1'monftre que la cérémonie des Iuifs fut
gardée par luy 3 Se de plus enfeigne
pourquoy Iudas ne fut defcouuert par
ces paroles- là , Se pourquoy ebafeun
eftoit en peine de feauoir ii c'eftoit luy:
car comme tous trempoient enfemble
auecle] Sauueur , le vray traiftre ne peut
eftrerecogneu, parmy la mélange : Se
ainfî chafeun auoit peur d'eftre noté,
parce que chafeun mettoit la main au
platauecÏE s vs-C hkis T.Lemefme
Ugéflta» père de famille prenoit vn grand ga-
iiutfé. fteau gardé foubs la nappe Se le diuifbit
' en autant de pièces qu'il y auoit de gens
en table , & en donnok à chafeun la
uenne
DES PIEDS. 43$
fiennedifant ces mots. C'ejl le pain d'an- Piolet fa
rr ' 1 J>»-. père de f a~
goifje que no%j>eres ont mange en la terre a E- ^^^a^
Çypte. Quiconque afatn qu'il s approche & huant U
faJpUPafiuc. Ce faidilprenoic lacou-g^
pe difant. Tu es beny Seigneur 5 qui as créé le u rafaue.
fruicldela vigne.Et en ayant beu3le bail- L* (9Ut*>
loit au plus proche, &vceluy là à fon
voifin5&:ainfidemàin enmain^iufques
au dernier. Cette cérémonie auoiten-
coreseftéadiouftée par les Iuifs , &le
Sauueur ne la condamna pas , mais la
melioras'en feruant comme d'ombre,
&: couchât fur icellcvne partie de l'ap-
pareil de fon S acrement : parquoy il be*
nit le pain &: le vin , de les tranfmuant
en fon corps &en fonfang5les offrit à
fon Père en facrifice non fanglât, foubs
les efpeces de ces elemens , félon Tordre
de Melchifedec , & les diftribua à Ces
Difciples en pere de famille, non plus
comme pain d'angoifïe, mais de lieiTe;
'non plus comme pain terreftre & de
mort 5 mais Pain celefte , &:devie &:T
vraye viande. Et donna le vin non
commun & matériel , mais vn fingulier
&: deïrïque, fon propre fan g verfé au
calice , vray breuuage des hommes.
Mais deuant que veniràceft afte5co-
ronnement defes orecede-ntesaâjons. &*»,*
E
434 ^ E LAVEMENT
&: accomplhTement de laloy Iuifue,il
fe leua de table eftant paruenu à cet ar-
ticle du feruice légal, mit iusfes habil-
lemens,&: ayant prins vn linge, il s'en
ceignit : verîa de l'eau dans vn baflîn,
laua les pieds defes Difciples , lesef-
fuyant du linge duquel il eftoit ceint.
LeSauueur C e fut aufîî vne cérémonie adiou-
neabrefîT" ftêe a l'antique Pafque, de chanter vn
foupermy- Hymne après le repas myftique : car il
Jl\îue- n'y en a aucune mention au vieil Tefta-
3o. ment, ligne que ceitoit vne tradition
Marc.14. ancienne, laquelle le Sauueur garda,
comme les lui ai a es, arnaque nottent
lesEuangeliftcr. difaas qu'il fortit delà
{aile <!cfes Apoftres après auoirdiét vn
r(*i,*fa Hymne auec eux, rV™(*m$.
Yeft pas allez, parce que ce ne feroit
qu'vne pcinfture d'immolation , non
vraye immolation, ny telle que la do-
ctrine Catholique nous dit: parquoy
1'expofitiondes autres eft meilleure, ôc
plus conuenable à TEfcriture,- Se au tef-
moignagede l'antiquité, qui tiennent
quecefte immolation cofifteen ce que
e Sauueur Te donna comme il le donne
encor, en viande Srbreutmgeibubs la
fentation de la mort du S auueur , ce qui
DES PIEDS. 435
Signification du lauement
des pieds.
2,
A i s que veut dire eclauemet
des pieds après le Couper finy à
la Iudaïque, &: deuant la réfe-
ction myfterieufe du corps du
Sauueur? Quand on fe veut mettre en
table3 &: quand on s'en leue 3 on laue les
mains &: non les pieds. Qu'ont-ils aufïi
les pieds de commun auec la boucherie
lauement des plantes auec le manger?
Ques'ilfalloitlauérles pieds pournefa-CoMto,^
lir les licts fur lefquels on eftoit prenant Uun tetpej*
le repas , commeilfefaifoit quelques-^"*"'*
fois^on les deuoit lauer dés le commen-
cement,& nettoyer dcuantquefe met-
tre en table pour manger l'Agneau &:
fouper après -.maintenant les licts font
jafalis, &: les pieds des Apoftres ne font
pas deuenus plus falcs qu'ils eftoient,
quand ils fc font mis en table. Que fi-
gnifiedôccet extraordinaire lauemet?
Il lignifie que celuy qui veutauoir part
& ftuicl: en la refectiô du corps du Sau-
ueur3doiteftre net non feulement en la
bouche^: aux mains?commc aux repas
43^ Le LAVEMENT
Entière net- .. t • • i ■> n
me^dj^_ vulgaires, mais encoraux pieds :c cita
ûhm m u dire quil doit eftre entièrement net-
*>™w™. roy e:il doit eftre pur & monde non feu-
Ariftote ^ement cn ^cs actions &: paroles ,-mais
La main au fR en fes affections. La main eft la
^a^uedes marque desœuures : car c eft elle aulfi
qui eft inftrument des inftruments, 6r le
fa&otum de l'efprit &: du corps : la bou-
lf cheeftlemouledelaparole^&lafieni-
Le: pieds des r i • j i rC
«ffikims. "e : les pieds nous marquent les arrê-
tions de lame : car comme les pieds
corporels portent le corps : ainfi les af-
fections portent Pâme, & font Tes pieds.
Donc la main &:la_bouche nette 5 &: les
pieds lauez,nous font (ignés d'vn hom-
me iufte en fes actions 5 diferet en fes pa-
roles^ monde en fes affections , fignes
d'vn homme net de tout poinci, & di-
gne delà refeciio du corps duSauueur.
Mais qui pourra attaindre la perfeâio
de cefte netteté parmy les ordures de
fL"wf'€recefte vie mortelle? Celuvàquile Sau-
de Duu. ueur lauera les pieds : a l'homme cela elt
impoffible > àla grâce de Dieu il eft tref-
facile. S'il eft queftion de nos forces,
fcre.i.1».* D'lcu nous di^t par Icremie. Quand m te
lauerois d'alun } & que tu prendrois du fauon
en abondance 3 encor demeure roi t t ordure de
tm iniquité deuantmoy, Mais quand il eft
DES PIEDS. 437
queftion de la vertu diuine,le mefme '
Dieu parle ainfi. Quand vo^peche^fe-^*-1-1*-
royent rouges comme efcarlate , fi fer ont -ils
blanchis comme neige : quand ils feroyent rou-
ges comme Vermillon^fi feront-ils blancs com-
me la leine.Dc mefme efpritDIob parle à
Dieu. Qui efi celuy qui pourra rendre net^ ° ,r4'4'
ce qui efl conceu d'\ne orde femence , finon toy
qui ésfeul} Dauid confiderant fon péché P£-alm
& fon infirmité difoit : Voicy ïay eflécon-
ceu en iniquité^ & ma mère ma engendré en
péché : confiderant la puiffante miferi-
corde du Créateur il difoit. TumelauerasTCa\.^o. .
(J7* ie feray rendu plus blanc que la neige.
Toutes les eaux de l'Océan ne feau-
roient blanchir la peau d'vn Ethiopien:
vnegoutelette decefte eau de grâce ef-
panduë fur Pâme pecherefle rendue par
le péché plus noire qu'vn Etiopien3la
fera plus blanche que l'albâtre, &rplus
belle que le iour.De cefte eau Dieu par-
loir parfon Prophète , diCânt,fefpan-Fauicmûndf$
dray fur njous y ne eau monde > &yous fere%£zech.)6 .
mondijie^de toutes "V o^ or dures. E aux non35'1
matérielles, & terreftres , mais fpirituel-
les &: celeftes^quele mefme Seigneur
appelle fon efprit. Vejpadray mon etyritfur
toute nation. Quiconque doncal'ame
nettoyée de cefte eauj'entendement il-
E iij
438 Le lave m. des piedsJ
luminé de ceft Efpritjes defirs lauez de
celle liqueur ,celuy-là eft entièrement
netiufques aux pieds 3 &r peut côfidem-
mentfe prefenteràla table del'Agneau
fans tache. C'eft la fignification de ce
lauement.
L'EVCHARISTIE
INSTITVEE.!
44'
r EUCHARISTIE
INSTITVEE.
Divine vef-
prée 3 ô admi-
rable feftin.,
Chreftienne
trouppe , que
nous reprefen-
re ce myftique
tableau 1 velpree attendue qua-
tre mille ans ; feftin figuré 3 predid
& prophetifépar mille & mille ef-
critSjpar mille facrifices & Sacre-
mens ! le Fils de Dieu en eft lau-
iteur^en eft le Roy, l'appareil Ja
viande y & le breuuage enfemble.,
C'eftluy auife prépare le vray A*0**18*,
• J 1. Il J jlgneauef-
gneaudeDieu pour le donner cnfoantus
dernier mets^à douze de fes dôme- wï.i*.
E S V S-
44* L'evcharistie
friques^ continuera déformais fa
libéralité àfonEglife^tant quelle
voyagera au delert de cefte vie.
mortelle: Agneau qui tantoft fera
garroté par les loups : qui fera de-
' main occis par les loups: qui en fon
fàng noyera les péchez dumode,&
auecles armes de so humilité efto-
nerales puiffances des fuperbes ty-
râs.des Pharaons, & des Princes de
l'enfer &: du mode: qui finalement
ayât eftouffépar fa mort les aifhez
d'Egypte abyfmeradedâs l'Océan
defesmeritesjes iniquitez du mo-
de captifje mettant enfranchife.
I L vient de lauer les pieds à (es
Apoftres &à repris , félon la cere-
monieufe couftume des Iuifs^Ia
sufto in'' fynthefe & robbe de feftin , & s'eft
° C,I;* raffis en table , & eux auec luy , dif-
pofez à manger à la mode des Per-
les, & peuples Orientaux, que les
Hebrieux enfuyuent 5 àfçauoir (ur
I N S T I T V Ë E. 443
[ des IicSts.au lieu de chaires & bacs,
ou ils font accoudez & couchez à
demy corps, reiettans les pieds en
arrière, & prenansla viande de la
main libre comme vous voyez. S.
Iean eft en la place de l'enfant che-
ry:carileft ioignâcla poidtrine du^PraPc"
père de famille Ies vs-Christ, qui ioan. 13.x*
tient le haut bout en ce moyen &
premier lift, félon le priuilege du
Pontife &Roy du banquet.au def-^^
fus duquel perfonne nauoit place *oyjubau-
au premier li£t de table, c'eft à dire Hcii.i.io.
au li6l du milieu & plus digne. S.cLHhmoyen
Pierre eft après S. Iean, les autres j^™'"*
1 ' dignité.
font cinq a cinq aux deux autres
lids.Ils font vn peu eftonez &rpen-
fïfs examinant chafeun fa cofeien-
ce3{urcequele Sauueuradict tan-
tollen mangeant l'Agneau, qu'il y
en auoit vn*d'entr eux q ui le trahi- u trahîf»»
-»- T . fecrcxumv.it
roit : quand S. Iean comme le plusp«tefc«»
proche de !uyy& le plus hardy,luy a ^
444 L'evcharistie '
demandé, qui feroit celuy-là : mais
ny luy , ny autre de fes copagnons
n'en a peu rien fçavoir y fauf Iudas,
qui trame en fon cœur la corde de
I3 trahifon de fon Maiftre , & d e fà
damnation. Parquoy chafcun a
peur de tomber àvn fi lâche cri*
me,(înon le criminel, & tous horf-
mis luy, attendent TifTiiëde quel-
que grand myftere,non feulement
àraifon delà cérémonie du laue-
Inent , dont le Sauueur n auoit on-
ques vfé en faifànt la Pafque auec
eux, les années précédentes : mais
aufïi à caufe de fa contenance , ge-
ftes , & paroles : car on lit en fes
yeux , en {à bouche , & en tout fon
viiage,les grâces dvn diuin amour,
& la granité d'vne Majefté plus
qu'humaine : &: fes paroles pleines
d'affedtion & de fagefle , ont tef-
moigné qu'il meditoit quelque ef
fay digne dvn Tout-puiffant.
INSTITVEE. 445
Il leuradidt qu'il auoit grande- dcfidcSS.
met defîré de manger cefte Pafque Luc 12"I5#
auec eux deuant qu'endurer : Paf-
que non des Iuifs qu'il auoit defîa
mâçée tirant la dernière ligne de la
figure,mais la Pafque de fon corps.
Ces paroles font fignifîcatiues
d'vnegrandeaffedion^&raffedio
d\n fî puifTant Seigneur ne peut
faillir d'effectuer quelque chofe de
grand. Il a prins le pain ■ la beny
& rompu, comme auparauant il
1 1 • o î Matth.14.
auoit beny les cinq pains, & les i(
deux poiffons. Ils le font encor
perfuadez que cefte cérémonie eft
meffagere de quelque miracle non
oiiy : eftans donc ainfî attentifs,
il leur a donné à tous ce qu'il auoit
prins difant, Cecy est mon
CORP syprene% & mange^. Il done
maintenantla coupe, difant, Cecy
efl le calice de mon fang du nouuèau
Teftament, heuue^-en tous, &f4iftes
ioan.6,
ludai pre
m ter
446 ' I/EVCHARISTIE
cecy en ma memoire.lls le boyuét, &
comme ils ont efté trâfportez d'vn
fecret amour .&: rauiiïement en
prenant le Sacrement du corps 4
ioubsrefpecedupain ; de mefme
lentent-ilsmaintenât leur ame at-
taindedVnediuine flamme parla
boulon de la myfterieufe &cele-
fte liqueur de ce fang précieux :1e
Tm^hl feulludas enfaictmal fon proufic
tnU comtuu- ^ fa C^-g. car j} n'a pas prjns ÇQ&C
mon. X il
iacrée chair & diuin brimade auec
lajpreparation requife. Le Diable
luyaiioit défia faillie cœur, & luy
auoitperfuadé de trahir fon Mai-
llre : il auoit les pieds nets^mais IV
me chargée d'ordures : parquoy
prenant indignement vneli digne
viade y il a auallé la mort & la dam-
nation, au lieu que les autres ont
receu la vie & la (an dnrîcation.
V oyîa le chef-d'œuure du Sauueur
acheué en peu de paroles : voyla la
INSTITVEE. 447
lignification & promefle de mille
Prophéties & figures paiTées, ac-
complie en vne vérité. Voyla l'A-
gneau immolé en facrifice no fàn-
glant annonciateur de celuy de la
croix , qui demain fe doit accôplir.
Voyla la MeflTe &Poblation ma- ùa^ii
fcgnifique desChreftiés, qui durera
i iufques a la fin du mode , pour ho-
norer le Créateur du monde :pour
célébrer la mort de Ion Fils,&pour
nourrir les ennuis, de la chair d'ice-
lui àla vie éternelle. Le Sauueur f en
va leuer de table, &ayât donné plu-
fieurs enfeigiiemés envray Perefe
partant d'auec fes enfans^&r dicl vh
Hymne en adtion de graces,fortira Ay.wdin
pour aller au jardin des Oliues,ilMa^7.
fort défia Ses y achemine. O doux*?'
Agneau ou ailez-vous parmy les
: iniidieufes ténèbres de cefte péril-
leufenui£t?fçauez-vous bien que
c'eftlelieu remarqué par le traiflre
448 L'evchàristie.
qui vous a védu à deniers coptans:
jfçauez-vousbié que les loups font
jaattrouppez3&sy vontietter, ar-
mez de fer,de dol, & de rage^pour
vous prendre & mener garroté à la
boucherie? vous lefçauez^ô fagefle
diuine : car rien ne peut efchapper
desyeux de voftrepreuoyâce:vous
Vagomed» fçauez que vous y deuez agonifer
LM"w!44.pour noftrefalut, &fuerlefang de
voftre corps paffioné des traces de
voftre'ame angoilîée iufques à la
mortrvous fçauez que vous y ferez
prins &lié corne vn agnelet, &de la
mené corne vn voleur au fupplice.
Et ce nonobftant vous y allez,ains
vous y allez parce que vous Je fça-
uez. Et qui vous poufle a ces voie»
tairestourmens^ô Rédempteur de
mô ame.fînon voftre vaillante mi-
fericorde qui va de gay été de cœur
fe prefenter au cobat.pour retirer
les enfans d'Adam delaprefTe du
péché,
INSTITVEE, 445*
péché , &c du péril de la mort éter-
nelle , au prix de voftre fang ? ô
grand Dieu par quels offices y fer-
uices,& (acrifices^recognoiftrons-
nouscefte voflre demefurée bon-
té ? O mon ame que feras-tu pour
vn tel Rédempteur ? auec quel
amour le pourras-tu fuffifamment
aymer ? par quelles paroles deuë-
ment remercier ? & de quel hon-
neur dignement adorer?
4îo
cAVJNT-PROPOS DE
SAINCT lEAN,DEÇLA-
rant la grandeur du myflere
defEuchariftie, que le
Sauueur inflituoit.
i
nous
luifti-
E tableau
reprefente
tution du Sacre-
ment & facrifîce
du corps du Sau-
ueur 5 la plus no-
ble action, la plus
diuineinftitution,
qu'il eut faiéte après auoir efté faidt ho-
me ,1e plus riche prefent qu'il eut don-
né à Dieu 3 & aux hommes , viuant
s2nmZnà m°rtel fur la terfe i & Ie P^US haUt mY'
&}acrificc ftere qu'il deuft biffer dedans les thre-
dtCEgiîjf. fors de fa chère efpoufel'Eglife,
Nousenauonsdifcouru en plufieurs
precedens tableaux, &r nomméement
enceluy de la Manne; ce fera afTez icy
de noter les circonftances de l'hiftoire
L'e VCH ARISTIE I N St I T V E E.45I
prcfcnte , qui nous marquent cefte
grandeur. S. IeanourdifTantlenarrèdu
lauementdes pieds. *A la veille ieU Paf-Auant'Pr9-
■ • •■ t ri n ■ poswyfî*-
que dit -11,1 e s v sl>oyant quejon heure ejtoit ri€(éx<te s,
njenu'è pourpaffer de ce monde à fon Père 3 com- le4n-
\ me ainfi foit qu 'il eufl Aymé les Çiens qui cftoiet 0,I5 *•
\ au monde 3 // les ayma iufques a Ufin, &* com- ^4m6m j
p me bonfoupçoit^ après que de fia le Diable auoit Saumur m-
\ mis au coeur de Iudas de le liurer , I e S V s fç a- ueriJes Dff"
1 r « 1 \.J ' i 1 "tr-
ichant que jon Père luy ami t donne toutes cho- La puijfance
\ fes en main^ qùil efloit iffu de Dieu, & s'en ^ SauucuT;
) allait à Dieu , /'/ fe leue du foupper 5 laiffe fes
habits. Et ce qui fuit du lauement des
» pieds. Sainâlean enfeigne par ces pa-
^roles5queleSauueur eftoità laveillede
\ fa mort , qu'il auoit aymé &: aymoit co-
! ftamment les fiens, qu'il eftoit Fils de
Dieu, ayant toutes chofes en fa puifTan-
ce,&par ces anteccdens5ilfignifie qu'il
deuoit faire en cefte vefpréevoifine de
fon départ, laclofturedefa courfe,par
quelque aâe fort notable , à l'honneur
de fon Père , &: bien de ceux qu'il auoit
tant aymez : aéte digne d'vn tel Père &
d'vn tel fils, &: d'vn tel amateur, tout-
pui(Tant,tout-fage &: tout-bon. Le Fils Ken,n<u»
n'efpargne rien pour honorer fon Père, vdienum u
combien donc fera libéral vn tel Fils , à VÉV^mQtfr.i
vntel Père? Le Père ne fe referue rien,
Fij
omettra*
ViTC.
452 L'evchristie
pour bicn-heurer fes enfans: & (c partâc
d'auec eux3il leur laifTe tout le meilleur
qu'il a. Que ne deuoit donc donner vn
tel père pour l'heur de fes enfans? Par-
quoy voulant le Sauueur accomplir ce
chef-d'œuurc en peu de temps & auec
magnificence couenable à fa grandeur,
donna auec l'appareil des merucilles
quauons touchêes/on corps en facrifi-
' ce à fon Père ,& en viande à fon Eglife,
luy commandât de continuer cet hon-
neur fouuerain , & cefte table de vie im-
mortelle , tant qu'elle feroit voyage-
re au defert de cefte mortalité. Ht par
ce moyen il accomplit ce que S. Iean;
veut lignifier par les paroles qu'il a mifes
en tefte de fa narration: car donnant fon
corps à fon Père en facrifice , il luy fai-
fôirvn prefent tref-dignedefaMajefté:
& le donnant en viande à fon Eglife5il
luy laifToit vn tres-precieux gage de fon
amour.Et par l'adtion du myftere,chan-.
géant le pain en fon corps 3 & le vin en
fon fang,il faifoitvn afte propre dVn
tout-puiffant, &: plus noble que la créa-
tion du monde. Parquoy comme la fa-
çon d'opérer cft digne de Dieu : ainfi le
le corps du prefent tres-noblc , v alant plus que dix
fnna. mmc m5desr car c'eft le corps du Prin-
INSTITVEE. 435
ceje corps du Roy,le corps de Dieu : 6c
le facrifice faid: d'iceluy,vrayemét facri-
fice d'honneur fouuerain, mefme eftant
offert par vn tel Preftre 3 qui eft le mef-
me Fils de Dieu •& la viande diceluy
corps fouuerainement falutaire : & la
manière de le donner &; prendre foubs
lesefpecesdu pain &: duvin,tres-con-
minable à la fagcffe du donneur3&: à l'v-
;tilitédes receuans.La cérémonie inufi- LeUuemet
tce du lauemét des pieds , fignifioit co-des^sis-
; me les paroles , la Majefté du myfterc
futur. Ce que les autres Euangeliftes
notent que le Sauueur voulant inftituer
I ce facré banquet , di<5t fay defirê i^n n DePr ^
i J r i * n « r Sauueur.
grand dejir^ de manger cejie Va) que auec <vou$. Luc.n.15.
i Item. Qriil print le pain, & le bénit d«ec Matth.té.
j aclion de grâces , la coupe aufîi , &*U beme^ Lacii.*"
I toutes ces paroles tendent à la mefme
| fin , pour déclarer que le Sauueur s'en
; alloit faire vn œuure admirable fur le
; pain & le vin , en la fin de fes iours de-
; uant que mourir. Efpluchons les paro-
les de îmftitution.
"J
4)4 L'EVCH ARISTI E
Expojîtion des paroles du Sauueur,
Cecy estmoncorps.
2
rik$ E Sauueurs'eftant remis à ta-
ble auec fes Âpofttes acço-
ftez fur des lids , comme il a
efté dic~t au tableau precedct,
printle pain,& l'ayant beny& ropu,dir,
Ma«. 16. Cecy es mon corps 3& ce di-
lue! il.4' &nt,Ia créature obeït,vne fubftance cé-
da à l'autre, & le pain fut tranflubftâtié
au corps du Sauueur5ceft à dire,la fub-
ftance du pain s'en alla,& celle du corps
du Sauueur print fa place: demeurant
neantmoins la couleur , la faucur, & les
autres accidensdu pain pour feruir de
Tout Sacre robbe extérieure au corps du Sauueur
J/trifilu caché, & faire le Sacrement entier,qui
&â*Vmw7fir eft toufiours compofé de deux chofes,
hu% à la façon que l'homme eft faictd'efp rit
& de corps , l'vneinuifiblepour l'efprit,
& l'autre vifible pour les fens. Oeftoit
la paro!e&: la façon d'agir d'vnSeigneur
tout-puiftànt, cômeil a efté dict.La pa-
i rôle de l'homme eft proférée pour figni-
fierrcelle de Dieu pour fignifier& faire:
les Rois & Potentats du monde com-
IN S TIT V ÉE. 455
mandét bien à leurs fubiefts, & les fub-
ie&s leur obeifïent : mais s'ils comman-
dét à leurs arbreSjà leurs riuieres, à leurs
montagnes 5 & autres créatures infenfi-
! blés, leurs mandemens font vains aux
oreilles de tels va(ïàux:car ce qui n'a ses
ny ame,ne peut entendre que la voix du
Créateur. Le Roy Xerxés menaçoit les Xcrxcs.
montagnes5&faifoit battre les ondes de PIuc dcira-
la mer : mais les môtagnes eftoict four-
des à Ces menacesDôda mer ne fe foucioit
defonfoiiet.C'eftàDieu feul de fe faire
eutendre &: fentir à tout ce qui eh\ Tou-
tes créatures 5dit S. HievoCmc^ontfentimenry^ *^
du Créateur. Car elles l'entendent quand il les s.Matth.
menace, ou leur commande ,non cjue toutes ebo-
fesayentfentiment , comme fongent les héréti-
ques , mais à raifon de la Ma] ejlé de celuy qui
a tout fatal de rien. Il commande donc à
tout, &non feulement aux chofes pri-
uées de fensDains mcfmes àce qui n'a en-
cores ny nature ny cftre ,//*/>/*& , dit
l'Apoftre 5 les chofes qui ne font point corne fi «
elles eftoient. Ainfi le Fils de Dieu par fa u$ vents'.
parole, mit le frain aux vents &aux Va-Matlh-8*
gués , Se calma le courroux de la mer: uvc+jp.
ainfi comanda-il aux malades,Ma mort MaUdm
& au fepulchre,^ fon commandement ^^r.
fut accomply:ainii auoit-il commandé fo«4
F iiij
45^ L'EVCHAMSTIE
au rien en créant le monde, &: le rien fut
obeïffant,& deuintmonde 3 au com-
mandement defavoix. La parole des
hommes eft fignificatiue.Celle de Dieu
eft auffi operatiue : fi l'homme dift en la
nuict , Que le iour Vienne 5 il fignifie qu'il a
LaiiimUre. defir que le Soleil furghTe fur l'orizon
Gcnci. i. pour faire le iour : mais pour fon dire le
S oleil ne haftera pas le train de fon char
pour auancerle iour.-mais Dieu difant.
Que la lumière Joitfdiëie 3 la lumière parut
auffi toft , & fa parole non feulement fut
fignificatiue,mais encor effeétrice de fa
volonté. Difant donc. Ce c y est
mon co kv s,cequieftoit vnpeude-
uant pain, fut vrayement fon corps ,&:
fa parole fignifioit extérieurement à To-^
reiile,&:faifoit intérieurement ce qu'el-
le fignifioit. Elle difoit que c'eftojt le
corps du Sauueur, &cedifantlefaifoit:
ufm-chijî car autrement ellenel'euftpasdit.-d'au-
u vente, tant qu elle ne peut annoncer menfon-
loan. i4. gC ^ fortant jy coeur & de la bouche de
la mefme vérité 3 quinafTeure rien qui
nefoit véritable.
INSTITVEE. 457
De la clarté (0 du fens de ces paroles,
Cecy est mon corps,
par ïefcriture (E)par
la raifon.
3
Es paroles, Cecy est mon
corps, font trefclaires , iî
point il y en a en toute la tiflfu-
re du liure de Dieu:&: non sas
bôneraifon,font-elles claires. Car elles
côtiennentlaloy&lïnftitution du plus
grâd Sacrement & myftere de la foy :en J™*^
l'ordonâce duquel il failloit parler clai- cUht.
rement Se intelligiblement , afin d'ofter
toute occafion d'erreur en vne chofe
très-importante: elles contiennent aufïi
la principale claufe du Teftament que le ^lt'i^ct
Fils de Dieu faifoit alors auec Ton E gli- clair.
fe: en laquelle a&iori le lâgage doit eftre
propre, claire patent, & fans amphibo-
logie de paroles doubteufes & ambi-
guës j à ce que la volonté du Teflateur
foit entendue fans difficultés fans con- M*>w*»-
tefte.Ceft pourquoy trois Euangeliftesf^J^
greffiersde cefteinftitution,&Tabelli6s Maulu*.
de ce Teftament, ont vfé de mefmes ^arc-T4-
mots, & Sainft Paul après eux fans va- i.côr.u.
45$ L'EVCHARISTÏE
rier, afin de tenir côftant leluftrede ce-
tte euidencc, &: puifTamment aflfeurerle
fondement de la foy qu'il failloit auoir
du myftere qui s'eftabliffoit , & déclarer
parvn accord ferme &: folide de qua-
tre diuins tefmoings, que le fens. des pa-
roles eft celuy quelles fignifient litera-
lementr&qu'elles font ce qu'elles figni-
fient eftans paroles d'vn tout-puiffant
ouurier,àquirienne peut eftre impof-
fible: Se paroles d'vne fupreme vérité,
qui ne peut rien dire qui ne foitvray. Au
moyen dequoy fi quelquVn reie&ât le
fens literal de l'Efcriture vouloit glofer
defatefte, difant queCECY est mon
corps, c'eft à dire, Cecy eft la figure de
mon corps, Cecy est mon sang,
Cecy eft la figure de mon fang:celuy-la
s'oppoferoit à la facrée depofition de
ces quatre tefmoings, qui n'ont ofé ainfi
parler, ce qu'ils euflent faift fi tel euft
efté le fens des paroles , &: altercroit té-
mérairement la vérité de la parole de
Dieu, donnant vn fens tout contraire à
la fignification d es mots , & mettant la
figure pour le corps, contre l'au&orité
l4h de des fufdiéts tefmoings, qui n'ont iamais
Grammaire, donné telle glofe , voire feroit contre
toute loy de parler, 6c de bonne Gram-
INSTITVEE. 4Ï9
maire, qui commande de prendre les
mots d'vn texte félon le pied de leur
propre vertu 5 fans recourir à la fîgnifï-
catio métaphorique & impropre, quâd
ils ne donnent aucun fens contradictoi-
re ou abfurde, ce qui n'aduient icy : car
lefensy efttres-conuenable, & accor- l* préface
dant alaveritéj& les mots ne fignifient^^^
autre chofe, finonla prefence du corps partout o»a
de Ies vs-CHRisre'nce Sacrement, wJ1™-.
ce que non feulemene n'eft nycontra-
didoire,nyabfurde,ains plein demer-
ueilles tres-dignes de la puiflance,fage£-
fe, &: bonté du Sauueur. Quand l'Ef.
criture appelle Ly ô vn Roy,le mot doit Lion'
eftre prins par fimilitude 3 comme figni-
fiant qu'il eft femblable au L y o, à raifon
de fa Royale magnanimité : car pre-
nant le mot au pied de la lettre 5 le fens
porteroit qu'il eft belle, qui feroit vne
chofe faufte&abfurde. Mais ces mots
prins en leur fignification , ne contien-
nent rien qui ne foit tres-conuenabîe à
la Maiefté du Créateur, & tres-falutai-
re à fa créature. Parquoy il n'y a aucune Perfonnene
raifon de recourir aux figures, & c'cft^-T'i
• , , ,. i& r V- aujeni figure
impiété de dire que ces clauies, Cec y famoccafion.
EST AI ON CORPS, CECY EST
mon s an Gjfoyent vne façon de par-
460 L'EVCHAMSTIE
1er impropre^ valant autant que, Cecy
eft la figure de mon corps3& la figure de
mon fang5car telle deprauation deftruit
la vérité d'vntres-noble Sacrement: &
monftreque ceux-là font priuez non
feulement defoy,mais encores d'enten-
dement3s'ouurans à la volée la porte, &:
à tous les infenfez , de reieder tous fcns
del'Efcrituretantfoit-elle euidente , fi
elleluy dcfplaift, &: d'en fàntafier à fa
mode félon le branflé de fon ceru eau, et
au modèle delà paffiqtn de fa chair de-
bridée.
Tefmoigndges des Pères fur fexpofi-
tion des mefrnes paroles.
4
J3^ O u m e l'Efcriture eft euidente
s8$S en ces diuines paroles , auffi eft
l'expofition des fain&s Pères confiante
à fouftenir le fens qu'elles nous donnent
que venons d'expliquer.
S. Cyrille de Hierufalem , Puis que
S.Cynll Iesvs-Christ ayant prins le pain^dicl
Hierof. Cecy est moncorps, quieftceluy
myft.4.!' Vil déformait en ofera douter ? Et le mefme af-
firmant & dtfdnt , C E C Y E S T M o N
Veattenvitt. s A N G , qui refuferd de le croire ? // changea
ioan.i. ïeatt en vin créature voifne du $ag> par fa feu-'
institvee. 461
le volonté, &nom ne croirons pas quil ait
changé le y in en [on fang ? Croyons donc fer-
mement que nous prenons le corps & lefa»g d>c
Christ: carfoubs ïeffece de pain le corps
tefl donné & lefangfoubs ïeffece de y in.
S. Bafilc ayant demandé auec quelle s.BafiLin
crainte, créance, & affection de Famé ^^1
on doit prendre le corps & le fang durog.i7i.
Sauueur , refpond luy-mefme difant:
Quant efl de la crainte.S. Paul nous inflrm£l:LaeraitUle'
QuimanoecePain, & boit ce calice indigne- r
mentjlboit & mage fa damnation. La créance
nom efienfeignée parles paroles de Christ,
qui diEl , Cecy est mon corps
donne7 povr vov s. Et là ce Do-
cteur monftreconfequémcnt, qu'il faut
croire à ces paroles, Ce c y est mon
corp s,de mefme foyque nous croyôs
à celles de S. Iean, quand il di£t,Le Verbt Ioan.i.
deftéfaiiïchair.Stà celles dcS.Paul,quâd phiIi^'
il extolle la grande humilité d'iceluy
Verbe en cefte incarnation : fa grande
obeïffanceenfa paffion : & fon infinie
charitéjenl'vn&cenl'autre.'commedôc
nous croyons que réellement & vérita-
blement Dieu s'eft faict homme 3 &: a
fouffert la mort .-félon que nous difent
les paroles de ces Efcritures : de mefme
veut Sain&Bafile que nous croyons h
4^1 L'EVCH ARÏSTIE
prefence réelle du corps du Sauueur,
félon que ces paroles, Cecy est mon
Vfffiéîion corps 5 nous enfeignent. Et conclud
tmZmJn. que par la foy & confideration de ces
choies 5 nous fommes enflammez dvn
grand amour enuers I e s v s-C h r i s t,
quieftl'afFeâiiondel'amequenous de-
uons rapporter à la comunion du corps
3c fang d'iceluy auec la crainte & créan-
ce fufdi&e.
s.chryf. S. Chryfoftome 3 Croyons à Dieu fans '
homil.g^. doulte: cdrceflluy qui diâl* Cecy est \
co. ad pop. mon corps: &C ailleurs : Ce tfejt pas
Antioch. l'home qui fait le corps & le fang de Christ
pîoditdS des c^°fes offert** : ctf Ch ri s t mefme cru-
Iuda. cifii pour nous M dit C E c Y est mon
corps: par cejle parole [offrande eft cofacrée.
Et tout aïnfi que ces paroles y ne fois proférées;
Gca.i.it. ÇROISSEZ ET SOYEZ MVLTI-
PLIEZ , ET REMPLISSEZ LA TERRE,
font toufiours leur effec~t en la nature , pour U
gêner ation\de mefme celle yoix^Q E c Y est
MON CORPS: proférée donne fermeté au
facrifice par toutes les tables de l'Eglife iufques
autouriïhuy 3 & donnera iufques à la yenué du
. Fils de Dieu.
DWÎ.li. S.Iean Damafcene, Le pain & le y in
4-c.i4. mejléauec ïeau 3 fur naturellement font chan-
gczau corps & fang dcCnRlST,par l'inuo-
ÏNSTITVEE. 463
tdtion du S. Efj?rit^&ne font pas deuxjnaU njn
mefmeicepain fanclifié 5 rieft pas la figure du
corps-, ny leyinja figure du fang: mats le vray
corps déifié du Seigneur^ le^ray fang9
Theophyla&e, graue & ancien Do- ^itti
<Seur-I es vs-Christ difant ,C ecy
IEST mon corps, monfire que le pain
fanclifié à VtAutel Ceflfon corps y & non U fi-
gure £iceluy^eu qu'il ne dit pets 3 Cecy efi la fi-
gure de mon corps 5 maïs Cecy est mon
j c o R P S , car il efi transformé d'<vne manière
\ ineffable y encor qu'extérieurement il Jemble
¥**"' nt , S. Ambroil
S. Ambroife. Cefila parolede Christ defacr.lL5.
. qui faicl ce Sacrement^ parole par laquelle tout c-4-&5-
\ a efléfaicl. Le Seigneur commanda 5 & U Ciel
I futfaicl. il commanda 3 &* la terre fut faille.
\ Vois-tu donc comme fa parole efl opératrice ? Si
I donc fa parole a efiéfi puiffante , que de faire
naijire ce qui ri eftoit point, combien plus le fera-
\ elle pour changer y ne chofeen njne autre} Le
I pain deuant qu'eftre confacré , efi pain : mais
après les parolesproferées^ Cecy EST MON
| corps, c'efi le corps de Christ. Efeoute
ileparlant, Cecy est mon corps, pre-
I ne^& mange^jn tous. C'ejl I e s v S nofire
J Seigneur qui nom te fmoigne que nous prenons
fin corps & fon fang 5 doubur ans-nom de fa
foy ou de fon tefmoignage}
MON
CORPS
464 L'evcharistie
s.Cypr.de S. Cyprien. Cecy dit le Sauueur^ s t
cœna ao- yi . , , - '
mmi. MON c o R P s. Ils auoient mange demef
mepa\n& beu de mefme y in félon la forme ">/-
fiblejnats devant ces paroles, la "Viande riefioit
propre que pour alimenter le corps , ç&* donner
appuy à la njie corporelle-mais après que Iesvs-
la firme de C H RIS reufi dit, Faiclcs cecy en ma mémoire^
«^y5* C'est ma chair, C'est mon
ces paroles, f . • J
Cecy est s a n g , toutesfops çJt* quantes quon a yfé de
mefme s paroles auec mefme foy^ce vain fubfta-
tiel&ce Calice confier e auec benedi6iionfolen-
neUe.aefiêproufitablepourlefalut de l'homme
entier. Ilenfeigne donc que les paroles
du Sauueur s'entendent félon qu'elles
fignifïent, & qu'elles font la forme de
s Aucr.i ri confacrer le pain 6c le vin au corps &
côtr.Fauft. (ang du Sauueur.
pùi &Ia S. Auguftinrecitantlacouftume an-
coac./.' cienne des Chreftiens,qui refpôdoyent
Amen, après que le Preftre auoit pro-
féré les paroles de confecration, Cecy
EST MON CORPS, C E C Y
est mon sang, parle ainfi. Le fang
^Christ donne en terre y ne claire voix,
lors que tous les Chrefiies layansreceu refpon-
dent Amen. CeftUyoix claire du fang, que
le fang mefme profère par la bouche des fidèles
rachete^par iceluy fang. Le mefme ail-
leurs : I e s y s, dit-iljfeportoitenfcs mains
lors
xnstitveeJ 465
lors que nom recommandant fon corps y il dict^
Cecy est mon corps, C'eftoit
doncle corps du Sauueur, félon le fens
lireral des paroles.
S . Anfelme expofant les mefmes clau- f £ "f,^1"
fes faiét ainfi parler Iesvs-Christ.
Mangc^jce que ie "ïous donne 5 parce queceji
mon corps. llparoifi "\oirement pain aux fens
extérieurs 3 mats recognoiffe^ par le fens de la
foy^que cefl mon corps 3 le mefme en fubftance
qui fera donné pourront à la mot t. C'cft lex-
pofition des Pères anciens, & n'y eut iah
mais aucun D odeur de l'Eglife Catho-
lique qui donnait à ces mots5CECY EST
mon corps, autre fens que ceux-cy
leur donnent. Et c'eft le fens de I e s v s
Christ5& quiconque en fuit vn au-
tre, il forligne de Tefchole de Iesvs-
Christ, prenant le menfonge pour
la vérité, & la damnation pour la vian-
de de vie éternelle.
456 L'evcharistis
tiïfyfterieux rapports des paroles du
Sauueur ,C&cy Est mon
CORVs,aux anciennes figures,
$0 a, tous autres corps.
gg^ Ecy es mon corps, dit le
2ffe Sauueur. Nous auons diét quel-
que chofe fur ces paroles 5 mais ce
n'eft rien au prix de ce qu'on y peut dire
encor celles font claires 5 mais neant-
Profondité moins pleines de fens cachez : elles feu-
de$ paroles jes contiennent le vieil Se nouueau Te-
itamet3&: vont en îignincatio plus haut
que la hauteur du ciel$plus profond5quc
les abyûnes de l'Oceâ , Se plus en cften-
duë que n'eft l'enceinte de l'vniuers.
Elles furmontent en douceur, tout le
mie^&le laid de la terre promife: en
vertujapuiflàncede tous les hommes,
Se des diuins efprits^ Se en grandeur , la
Majeftédetousles Rois qui furent ia-
mais fur la terre. Les paroles qui firent
Fiatlnx, fortir lemonde de rien 5 furent grandes
eneffects. Au ciel elles firent les eftoil-
les5enla mer les poifTons, en l'air les
oyfeaux , & fur la terre les pierres, les
metaux3les plantes,les arbreSjlcs Lyons,
Gcnef.r,
INSTITVEE. 467
lesElephans &: autres créatures infinies
en nombre, & admirables en beauté:
mais ce que di& le Sauueur par ces pa-
roles, Cect est mon corps,
eftinfiniement plus que tout cela : ce
corps eft plus que dix mille mondes , d
tant il y enauoit de produi&s : Le plus
auguftenom de Dieu * c'eft le Terra-
grâme exprimé foubs lavoix, Ad on ay, icmmde
nom compofé de quatre lettres , ineffa- D^/à^"
blés aux Iuifs.CefteclaafeC e c y e stumvÏ Ado-
mon corps ., c'eft la claufe Tetra- **?: , _
gramme, tiilue de quatre mots,euiden- trxgramme.
te aux oreilles de la foy,mais inexplica-
ble à la langue humaine. Que dirons-
nous donc pour exprimer la vertu d'i-
celle? Et qui la pourra -exprimer finon
celuy quieftautheurdu myftere,&des
mots? C'eft à luy à faire, qui eft le Ver-
be tout-fçauant de tout-puilTant pour
pouuoir & fçâuoir faire & dire digne-
ment ce qu'il veut. Que diét donc ce
grand Dieu par ces mots , C e c y est
mon corps, Il dict que ceftfon corps:
èc ce difant , il dit tout ce qui eft de pre- Leeorpsd*
cieux , d'admirable &: dediuîn entre les S'»»**/**-
corps : il diftingue tous les corps quîlwr^e»**-
auoit iamais créé d'auec le fien , &: le
préfère à tous.lldkj'ayfaift leSoleil,&:
Gij
leur.
468 L'evcharistïe
laLune,les Eftoilles, &tous ces corps
tescorf $ immortels , qui là haut font les lambris
ceu/ies. du Palais de mon Père : mais ce ne font
pas mon corps, ny fubftances alliées à
maperfonne,cefont corps eftrangers:
Cecy est mon co rp s, queieme
fuis formé par voye extraordinaire au
ventre dVne Vierge facrée , que iay di-
uinement approprié à ma grandeur,que
iayfai&eftuy de ma diuinité: les au-
tres corps font pièces de mon domaine,
ceftuy-cy eft le corps de ma perfonne
propre, furpaffant l'excellence de tous
Varhreie les corps dédiez à Dieu iadis , & figures
prophétiques de ceftuy-cy. L'arbre de
vie planté au Paradis terreftre: l'agneau
d'Abel innocent, offert en facrifice: le
Pain de Melchifedec donné en bénédi-
ction : le facrifice d'Abraham , accom-
ply par rare foy &: obeyflànce : l'agneau
Pafchal des Hebrieux : la Manne du
cieUes Pains de propofition, I'oblation
des PremiceSjlePain d'Elie,les moutos,
haïmes" ^es agneaux , les brebis, les vaches , les
bœufs3lesbouueaux3lescolobes,lesmoi
neaux5les torterelles, & tous les corps
desbeftesque la Ioy de Moyfe a mis
iufques icy fur l'Autel en holocaufte,en
action de grâces, en propitiation : tous
IN STI T VE E. 469
les corps qu'on a offert à la Maiefté de
mon Père, ont efté corps facrez , figu-
res de ce mien corps,C e c y est, non
k figure, mais mon corps, quHeul
plaift à mon pere,qui feul le peut digne-
ment remercier , feul efficacement ap-
paifer.les autres neluy ont agréé finon
Sentant qu'ils rapportoient ceftuy-cy,
\ entant qu'ils le figuroient,&: predifoient
\ùl venue : ceft le fuhjeâ; de tous ces
j corps-là^ & de tous ces vieux facrifices:
■ c'eft le corps auquel feul Dieu fera
vrayemét honorérauquelilfera ample- y^f.5]'om
métfatisfai£t,auquelilreceuraà mefure du».
infinie, la finance du rachapt des hu-
mainsr&rauquelil iugerales viuâs &les
morts. Par ces mots donc le Sauueur
môftre le corps qui eftl'honeur de tou-
te fon Eglife en la terre &r aux cieux : car
ce qui eft de plus précieux en vnR oy au- Le cor^ ^
me,ce ne font pas les threfors , les arfe- Roy k^
naux,les mines d'or Se d'argent , les nia- P'ime R°
gafinsde marchandife, les villes opulen-
tes , les maifons & Palais fuperbes , les
vergers, les iardins&lieux deplaifance,
: ceftle corps du Roy, c'eft pour luy èc Envn Kom
par luy que laNobleflfe commande, que ^^ 7<T
lefoldatcobat,quele Magiftrat exerce corpsd*
iuftice, que l'archer veille & fai&garde R<^
G iij
47° L'e vc h ri s tie
quele marchand trafique: qui tient le
corps du Roy il a tout : parquoy ces
mots du Sauueur, Cecy est mon
corps, monftrent ce qui eft de plus
facré, &: plus diuin au pourpris du
Royaume des deux, qui eft la Monar-
chiedefonEglifetref-chere. Que pou-
uiez-vousdonc, ôbon I e s v s choifir
de plus riche & plus diuin , pour hono-
rer voftre Père: pour tefmoigner voftre
amour? pour bien-heurer voftre Efpou-
fe,quelaiffercecorps.en continuel ho-
locaufteàfaMajcfté: en Sacrement &:
viande quotidiene, à vos membres ?
que pouuiez- vous proférer de plus haut
que dédire, Cecy est mon corps,
Cxfarcm Ce grand Cefar defguifé en habit d'ef-
yehis. claue donna vn iour eftonnement & !
CxCaxc. courage enfemble au pilote effrayé d<
la tourmente, quand fe faifant cognoi-
ftre,illuy dicl:, Ayes cœur mon amy,
c eft Cefar que tu portes : de quel cœur
de de quelle admiration deuons-nous
ouïr cefte voftre parole, Cecy est
mon corps? &: de quel refpecl: &
amour receuoir ce corps, combien qu'il
foit defguifé en habitde frefles elemens,
puifque c eft vous qui parlez clairement
&c di&es, Cecy est mon corps?
INSTITVEE. 471
Et quel courage dois-tu auoir 3 ô mon
ame, ayant auectoy, &: portant auec
toyce corps immortel en ton corps
mortel $ ce corps viuific d'vne ame très-
noble remplie de tous biens ? ce Sei-
gneur homme &: Dieu 3 Roy des Rois?
Et que peux-tu faire autre chofe que
contempler en filence pluftoft que taf-
cher à exprimer la grandeur de ton Ré-
dempteur en cefte fienne parole , que tu
ne peux comprendre, & auec vne pro-
fonde humilité & tresardéte aflfeétion,
iouïr du prefent qu'il te faiâ: toutes-fois
&quantes qu'il te dic~t pour ton bien &
falut, ce qu'il didt alors au corps defon
Egliie ,Cecy est mon corps,
PRENEZ £T MANGEZ?
Comment le Sauueur s'offrit a Dieu en
-facrifice diftint, Cecy EST
MON CO RPS.
6
*g|j Vand le Sauueur fit fon corps
* prefent en proférât ces paroles,
Cecy est mon corps,
l'offrit en mefme inftât à sô pè-
re en facrifice no sâglât felo la forme de
Melchifedec, & auflî toft après le don-
G iiij
ce corps
donné Çp
rompit.
Matth. 16.
2.6.
i.Cor.n.
24. WI4*»-
tenant &
aÇres.
472 L'EVCHÀMSTIE
na à Ces Apoftrcs en Sacrement foubs
les mefmes efpeces. C'eft pourquoy
ayant di£t,C ecyestmon corps,
il adiottfta , donné pour > 0 m , ceft à dire,
offert pour vous en facrifice : rompu pour
Ifom , c'eft à dire immolé pour vous.
Bonne <& rompu maintenant , & qui fera
cy après donné &: rompu à la mefmc
façon iulques à la fin du monde, en mé-
moire de celuy facrifice fanglant que
demain i'oflfriray pour vne feule fois en
la croix. De manière que le Sauueurne
fit pas fon corps prefent feulement5mais
prefent foubs les efpeces du pain , luy
donnantvn eftre de viande, vneftrede
mort,encor qu'en foy il fuft viuant,tout
ainfiquefefaifant homme, fa diuinité
print vn corps &: vn eftre mortel , & en-
dura la mort en iceluy corps, combien
qu'icelle diuinité fuft toufiours immor-
telle , &n'enduraft rien comme nous
auons déclaré cy-deuant. Il fe fit donc
prefent corne mort à raifon des efpeces
mortes , & fe reprefenta comme victi-
me j & comme Agneau immolé, pour
eftre après la refe&ion du père de famil-
le & de fes domeftiques félon la figure
Exod.11. de l'agneau des Iuife , lequel ne pouuoit
eftre mangé qu'il ne fuft préalablement
\Au tahledtt
de V Jgneau
Fajchal.
INSTITUEE. 475
mort 3 immolé, offert &: faid vi&ime
; commel'Efcriturenous dift , & S.Gre- Grcg.
goire de Nyflc après TEfcriture. Etjj^jj^
n'importe , comme ailleurs nous auons
aduerty , que le Sauueur n'ait proféré
| aucanes paroles expreffes d'oblation,
difant 3 Mon Père te 'vous offre ce corps 5! a fa-
çon en laquelle il fe faifoit prefent,com-
me victime , difoit affez qu'il s'offroit.
Oeftoit aflez auflï qu'il le fît prefent à
intention de l'offrir à Dieu, lequel voit
le cœur fans que la bouche parle.
Ioin&quelesPreftres Iuifsoffroyent
leurs facrifîces,immolans feulement les
bettes, &rne difans autrechofe pour fi- '
gnifîerquecefuft (acrifïce. Et le Sau-
ueur mefmc s'offrit en la croix fans vfer
d'aucuns mots fignifiansoblation. La
mefme immolation a cfté faicte en la
confecration du Calice 5 quand le Sau-
ueur di&3 Cecy ejlmonfangdu nouuedu Te-
flumet: effandu pour plufieurs en remifîion des
peche^ Item^Cefle coupe e(l le nouueau Teftd-
ment en mon fing , Usuelle efl eïfmduè pour
njows. Car par cefte confecration eft re-
prefenté le fangdu Sauueur \ part, &:
par ce monftré clairement , que fon
corps fut faid viâime à la femblance
de celles des Iuife , qui voulans im-
Matt.16.2.8
Luc.zi.io.
474 L'E VCH ARISTIE
molerla befte la tuoyent,luy tirant le
fang du corps par le glaiue;ainfi donc le
La parole & Sauueur par fa toute-puiflantc parole,
Dten comme l . . l r • r
plaine. comme par vn glaïue penetrant,rait Ion
Peb.4.u. fang prefent en la coupe , comme fepa-
réede fon corps , ôcreprefente ^'immo-
lation d'iceluy$& combien que le corps
&:le(angne fuiîent feparez ,& qu'en la
coupe fuft le corps 3 & que le fang fuft
auec le corps donné foubs l'efpecedu I
pain,toutesfoisàrai(bn de Tefpece du
vin feparée,ils paroifïbient feparezpour
reprefenter cefte immolation, & le fang I
fut vrayement efpandu , non à la façon I
des victimes fanglantes d'Aaron , def- I
quelles on tiroitlefang des veines en fa '
propre forme, mais à la façon du vin. Le i
Sauueur auffi vfedu temps prefent di-
sant 3 C E C Y ESTMONSANG ES-"
P A N D V , c'e S T LA COVPE De'
MON SANG, ESPAN'DVE EN RE-
MISSION des p e c h e z,pourfigni- .
fier que ce qui eftoit en la coupe , à fça- \
uoir fon fang:( car le vin ne pouuoit pas (
eftre efpandu en remiffion des péchez)
eftoit ja efpâduenla coupe par effufion
non fanglante, comme le lendemain il
le deuoit eftre par effufion fanglante en
la croix .Et quand les fain&sPeres tour-
Matth,i6
Luc.ii.
INSTITVEE. 475
nent quelquefois les mots delà confe-
cration au temps futur , dilans Cecy ifFundc
EST MON SANGf/ fera ejpandu 5 au n0iideU
lieu qu'il eft diâ« qui eftefbandu 3 ils ne#»*»
contrarient point au iens que venons dinM^
de donner: car ils affirment tous la réci-
te prefence du fang du Sauueurau cali-
ce:mai$ ils rapportétles paroles duSau-
ueurnon feulement à Feffufion prefen-
te qui fe faifoit alors 5 ains encore à celle
qui fe deuoit faire tant en la croixpar fa-
crifîce fanglantvne fois, qu'en TE ucha-
riftieparfaciïfïce non langlant iufques
àlaconfommation du monde. Voyla
cornent le Sauueur a facrifié3& immolé
fon corps à fon Père , difant ces paroles,
Cecy est mon corps donne'
povr vovs:Cecy est mon
sang espandv povr vovs.
Etc'eftle facrifîce &: immolation nou-
uelle de laloyde grâce, que les faincis
Pères difent auoir efté inftituée en ce
myftique fouper, comme nous appre-
nons par les tefmoignagesfuiuans.
47^ L'evcharistie
Le facrifice & Sacrement du corps du
Sauveur inflituéau myfliquefou-
f>er,monftrépar letejmoi-
gnage des Pères.
__ 7
s. Greg. SfSpfê? A i n c t Grégoire de Nyfle
Nyff-oM- 0||||| parlant de Hnftitution du facrû
k-<§Q9£ce je l'Euchariftie fai&e au
fouper de l'Agneau Pafchal. Le Sau-
ueur dit il^y a au deuantparfon ordonnance a
la yiolente impetuofité, auec <vne manière de
facrifice fecr eue 5 ineffable gr inuifible aux
yeux des mortels. 1 li offre foy -me fme pour
nous ^oblation & yi£lime,Prcftre enfmble &
agneau de Dieu. Et quand fut -ce } Ce fut lors
au il donna à fes familiers fon corps à manger,
tyfonfang à boire.
S. Chryf. 5^ Chryfoftome , Soie vierre , foit vauL
hom.r.uu.-, „ n t r it it • ■ r
Timo. " J oit autre Prejtre de jemblable mente ^ qui of-
fre lafacrée oblation : ce fi toujours la mefme
que celle que I E s v S-Ch R I s t donna en
perfonne à fis Difciples 5 £7* que les Prefires
font encor auiourdhuy.Cefie-cy nya rien moins
que cefte-là.vourquoy ? Parce que ce ne font pas
les hommes qui la fanStt fient, cefi Christ
, . qui auparauant t auoit facrée .
S. Ambr. m* -, *A ., .- . . ji ^ 7 /•
pfai 33. S. Ambroiie. Nom auons^eu lefouue*
INSTITVEE, 477
rainvrejtre tenant à nous & lauonsouy of-
frantfon fang pour nous ^fuyuons-le félon no-
flre pouuoir.puifque nousfommes vrejires , afin-
d'offrir facrtfice pour le peuple : nous fommes
yoirement inégaux en mérite 5 mats neatmoins
honore* par le facrifice. Car combien que - * $ T *
Christ nefembie maintenant offrir, il eft offerte»
ejl neantmoins offert en terre lors que f on corps terre-
y efi °ffert*
S.AuguftiniES vs-Ch KiSTainfîi-
\tué de fon corps & de fon fang ^ kfarifaft-vkxf?**
i Ion l ordre de Melchifedec. conc.r.
iÈfychiuSjConteniporaindeS.Augu-^'^^
ftin .Le Seigneur foupant auecfesApoflres of- inLcuit.c.8.
\frit premièrement Nuaîl/equifaifoitUfgurey
& après fon facrifice.
Rupert. Le Sauueuragonifant au deflroit^u?^'1Aa
| de fa pafîion, s' immola premièrement de fes pro-
pres mains à fon verc.
Ces paflages & les autres qu'auons ci-
té au tableau de Melchifedec, &: de l'A-
gneau Pafchal 5 enfeignent comme le
Sauueur inftitua le facrifîce de Sacre-
ment de fon corps après la cérémonie
vieille de l'Agneau Pafchal accomplie,
qui eftlafoyquerEglifeatoufîours te-
nue & tiendra toufiours.
4^ L'EVCHÀRISTIE
Le teflament du Sauueurfaiêl en Fin-
fiitution du Sacrifice & Sacre-
ment de fon cor j>s.
g
m*tj»Fih ^As^^P E fut en cefte admirable aftio ,
de Die^ ff^^s que ie Sauueur fit Ton Te-
Hcb 8.7. & y?^*â^ irament nouueau , de la nou-
vic *T uelle alliance auec (on Egli-
iXod.i4. fe mciiorant le vieil : auflî cftoit-il
Mm.x6. -rit
*8. voilin de la mort , temps propre de
Marc.i4*4COnuenable , pour tefter & laifler vn
-Luc.n.io. r .* , ,
La coupe ef- éternel tefmoignage de la dernière vo-
fandHe0 ceji Jonté & affection enuers Tes enfans. Les
J£*Tu Paroles du Teftament & du teftateur
Mvfe/w^^fpnt claires &la cérémonie auffi: félon
fyured^in. $ Mathieu & S. Marc5le Sauueur dift,
txod.z4. /o /- / >ï r
7.8. Cecyejt mon jdng du nounedu Tejtdment ej-
^^r-*>-l6'pdndufourf du fieurs en remiflion des peche^.
JQl Et félon S. Luc, Cefie coupe efl lenouuedti
Teflament en monfldng , efl an due pour yous.
Lemefmefens par tout. Il diâ:, nou-
uectu Teflament de fon fangiÇaifant allufion
auvieiljqueiadisilauoit eferit par l'en-
tremifedefonferuitcurMoyfe, & figné
parle fang des beftcs5 pour figurer ce-
ftuy-cy. Ceftuy~là fut fait au defert.au
pied de la môtagne de Sinay^où Moyfe
ÎNSTÏTVEE. 479
tome notaire Royal, lift la loy , & la te-
neur du Teftament eferit & dôna les ad.
uertiflemens du père de famille deuant
feptâtedes plus anciens nommeement
conuoquez , & deuant le peuple heri-Lei^*
tier:les biens aufli furent léguez 5 à fça-
uoir la terre de Promiflîon , figure du r ,
Paradis, en figure encorlamortdu te-t,y^€„r.
iftateur înteruint ; car il y eut des facrifi-
jeespar lefquels la mort du futur tefta-
teurlES v s-Ch RiSTfait hôme^eftoit
reprefentée &r promile pour confirma- To»tTeJlf'
s J t* rt * 1 n ment grai-
llon du l eltarnent , a laquelle ceremo-//!jntPjy^
nie fe rapporte ce que dit Dauid,*Ajfèm-*»" {*<*'['"•
ble^jluy fis fti nais cjuifontfon T 'cfament & ïofiiés-ïi
illiance auec facnfice .• cérémonie pradti-L« /»*/«.
quée par Iofué ,' quand il renouuellaLeimtî*
l'alliance de ce Teftament : obferuécP ,
rr t -r Salom$0.
auili parles Iuirs tous les ansenlaFefte5.RCg. 9.i?.
de la Pcntecofte : par Salomô trois fois <*II,€rJlon*e
an.Or ces victimes après auoirefté of-E^od.M.
ertes à Dieu,cftoient prinfes par le Pre- Hebr.*.
ftre 5 &: par le peuple, en refe&ion com-
Tiune,& l'Autel 6c le liure de la loy auec
*ux,cftoit arroui e du fang d'icelles.
S e l o n le traict de toutes ces céré-
monies le Sauueur fit fon Teftament
mcefte dernière vefprée , au defert de
:e monde. En la montagne de Sina
480 L'EVCH A RI S TIE
z*wo&ts»-vojrcmcnt comme le vieil, mais en vn
HurfS™. aucre endroiâ5à fçauoir en Sion & Hie-
rufalem, portion de Sina & contiguë à
Gai. 4. 14. icellcjcomme dit Saind Paul. En Sion
plus noble que l'autre endroict de Sina:
&en Hierufalem figure plus naïfue de
fbn Eglifequele defert : dequoy Efaie
E&x-j. auoit eferit , La loyfortira de Sion & la pa-
role du Sauueurde Hierufalem. En icellc
donc le Sauueur publia en deux mots
fa loy& donna fes aduertifTemens,di-
Jmj limeur, fant en ce mefme fouper:Ie Ifous donne ~\n
j?an'15*34' nouueau mandement ^Cejique 'vous'vou* en-
x%. traymte^iloy d'amour &: non de crainte,
Ma1c.14.14 comme la loy du vieil Teftament. Il fit
jg. 'z ' la le&ure de fon teftament en ces mots:
Marc 1 4 . ç€Cy eJl monfang du nouueau Teftament.
£4/c II fit fes laigs & promeftes àCcs heri-
:. Cor n. tiers,non d'vnc terre de Canaan , com-
*4, me iadis auxHebrieux^mais de laremif*
(ion des péchez , &:du Royaume des
cïeux.Cefang esfadupour 'Vous^ty* pour plu-
fieurs en remijfion des péchez^. Et de l'hoi-
I a ?"t r*c* Je ")/om dityofe monRoyaume^comme mon
Père me la dtjpofé , afin cjue^ous mangie%j*r
beuuiczjn ma table,& (oye^jtfîis fur le throf*
nés, iugeans les dou^e lignées d'ifraè'L Voila
iw""" d*vnc claufemeruéilleufement fauorable.
3 Rcg'1.7. Dauid faifant fon teftament enioignit
au Roy
IN S TITV'E 5. 4SI
au Roy Salomon fon fils de fair emâgcr
àfatableles enfans de Bcrzdlay, en li-
gne de grand honneur &: amitié.mais il
nelesfitpas héritiers de fon Royaume,
ny participas de les honneurs Royaux:
icy le Sauucur cômuniqua fa table 5 fon
Royaume& Ton throlne à fes amis :fa ta-
ble en laquelle eftferuie pour viande 5c
pour brcuuage , la propre chair 5 &: fon
propre fan g, elle ne pouuoit eftie plus
Royalle ny plus exquife, ny 1 héritage
plus grand , plus noble 5ny plus digne
dVn tel teftateur. Le teltamët auilî auec l* ty&u
laloy futefcrit, nonen tables de pierre, Ttfu™ent
commele vieil,mais escorursdes Apo-^, au
itres 5 3c de tous ceux qui fero vent ap- c**r des
peliez à cefte hoirie, après eux. Et c eft chrcJhe°*'
ce qu'il auoit iadis predict par Hierem.
le donneray ma loy dedans leurs entrailles > &• H]Crcm-
lefcriray en leur cœur. Selon laquelle facô
de parler S. Paul dtâ aux Corinthiens, i.Cor.j.j.
Vous ejics ÏEjpitre dcC H R I s r.adminifirce
par nous , & eferite non point d'arbre 5 mais de
ïejpritde Dieu 1 tuant : non point en tables de
pierre jnats en tables £y>i cœur de chair. I] fur Matt
figné par la main &: parle fang du tefta
tcur,quandluv tenant le calice &: tranf- N UrCi l4'
muant le vin en Ion fang ? il di£t , Ctcy ej} *
mon/an^ le nouveau TejUments l'Autel en
H
482, L'evch a ri stie
yjttf&fat arroufé quieftoit le Sauueuï mefme
roujéde quand il en printtle peuple héritier & le
fanz- liure arroufé auffi; quâd les Apoftres en
beurent, & en baignèrent leurs poiétri-
nés, qui eftoiét les tables où eftoit eferi-
La re/>^telaloy&leTeftament.Larefeâion de
ieUviM- la vi&ime facrifiéefai&e entre le Preftre
f* • & le peuple^nand le Sauueur ayant of-
fert fon corps à fon Père 5 le print luy-
mefme &: le donna a manger à fes Apo-
ftres , concluant fon éternelle alliacé en
la refeâion de fon corps , & boiflbn de
u$ ânes fon fang. L es arres d'amour , la bague
d'amour. prccjcu(c du teftateur 5 & la mémoire
lahTée3quand il laiflfa ce mefme corps,&
ce mefme fang , pour éternelle mémoire
de fa charité enuers fes héritiers , difant,
En ma me- Faifies cecy en ma. mémoire. Ayant ainfi le
£c/re- Sauueur eferit & accomply fon Tefta-
I9> ' met félon les trai&s de la vieille figure,
il mourut le lendemain3& fon Teftamét
demeura éternellement confirmé par fa
mort. Celle libéralité eft-elle allez gra-
de pour marquer l'amour infinyde ce
pere/&:cefl:eacT:io afTezbellepour digne
ment clorrela vie mortelle de ce tefta-
teurf O diuin & puifïât ouurier ! ô doux
Iefusiô grandDieu,qu'admirerôs-nous
donc icy premier parmy tât de merueil-
INSTITVEE. 48J
les?voftre punTance? voftre fagefle ? vo-
ftre bonté? voftre grandeur? voftre pre-
uoyance/voftre douceur? voftre libéra-
lité ? tout enfemble , ou tout à part ? où
tout eft grand, & admirable enfemble:
tout grand 82 admirable à part? Quel
ouurier eftes-vous ô Rédempteur dii
monde, d'auoiriadis fi diuinement ttfiii Lavieiûtfi-
ce la figure de voftre Teftament , & ac-5Myf-
comply la vérité fur icelle figure auec de
il diuins traidtsde melioration? QuelwWi,
M-aiftre d'auoir laifTé de fi celeftes enfei-
gnemenSj & fi belles loix d'amitié, gra-
uées en fi bô lieu, es cœurs de nozDifci-
ples?QueiRoy d'auoir faklvne fi amia- £«&*»«.
ble &fi honorable alliacé auec vos pau-
uresfubje&s.? Quel père de famille, d'a-
uoir eferit vnfi beau Teftament, & dcmenl
vos ennemis en auoir faid vos enfanS &
vos héritiers dvn fi grand Royaume? ô
Redépteur qu'eftions-nous fans ce Te-
ftament?nous eftions à iamais chetifs 6c
beliftres, indignes d'eftre fouftenusfur
laterre,dignes de l'éternelle confufion :
&pariceluy ,1e droi&du ciel nous eft
acquis, auec la gloire immortelle &ne
tiendra qu'à nous d'en prédrelapoiîèf-
fion &: d'en ioùir d'icy en auant en paix
auflîtoft que nous aurôs combatulebo
Hij
484 L'E VCHÀRISTIE
Cuifum combat, comme parle voftre Apoftre,
manui!m gardé la foy, & confommé la courfe de
a.Tim.47-nos ans es belles œuures de voftre
amour & charité,felon voftre comman-
dement : car voftre mort vi&orieufe
ayant rendu valide & irreuocable ce
Teftament,nous afaift ceftefaueur def-
fus vos anciens amis & enfans quimou-
roient deuât code mort , lefqucls encor
qu'ils s'en allaffent de ce monde auec
l'efperance du ciel,ils ne iouyffoient pas
pour cela incontinent du ciel en recom-
penfe des œuures qu'ils auoient faites
en voftre grâce &feruice comme vrays
enfans^ eftant cela referuéautempsde
voftre nouueau Teftament3qui deuoit
eftrc éternel par voftre decez , & mettre
en plein epofleffio fans delayles enfans
qui comme vrays héritiers auroyent
exécuté la volonté du Père: & quelle
aftion de grâce fera battante pour di-
gnement recognoiftre vne parcelle de
tant de faueurs?
INSTITVEE. 48J
En quelle façon le S auueur ayant fait
fon Teflamenty laiffafon corps
afes héritiers.
Es pères ayans difpofé de ^speresUif
leurs biens & fïenéle tefta-/fW^ttyî , .
ment3 meurét Clament leurs Uunenfans.
corps pour eftremisen terre
&ry pourrir 3 & leur ame s'en va en fon
lieu^fi bien que les héritiers n'ont autre
meilleur gage delà prefence &: perfonne
de leur père, que les cèdres & ofTemcns.
Le Sauueur a gardé la fubftâce de cette
cérémonie , mais d'vne bien diuerfe fa- L^AUUeuY
çomcar il dôna fon corps aux A po (1res aiatfifo»
dVne manière impafïïble quoy quecor/'$1,'M4;,t
1 . 1 1 -rr • 1 r a fei héritiers.
mortel pour lors ,1e lainant après a fon J
Eglife reueftu voirement de la premiè-
re robbe mortelle fai&e des accidens
du pain & du vin : mais vny auec fon
ame de fa diuinité,corps viuant.immor-
tel& glorieux 5 pour tombeau aufïiila L"oml«»
corps & lame defes héritiers 5 tom-„Sa(i(ireurt
beauviuant &rennobly dVne ame rai-
fonnable^lequelauffis'il eftbien prépa-
ré des qualitez requifes , reçoit de cet
hébergement vn merueilleux loyer 5
H iij
486 L'evcharist ie
car au lieu que les autres tombeaux ne
rapportent des corps enfeuclis que def-
poùilles de mort & d'horreur, &: en font
foùillezjes corps des Chreftiens reçoi-
uent la vie , l'immortalité , la fanctifi ca-
tion de la ioye celefte du corps du Sau-
ueur. Au moyen dequoy 3 nous deuons
faire vne extrême diligence de nous
bien preparerpour loger en nous digne-
ment ce corps. L'appareil principal3c'eft
l'amour 5 &ïachafteté, & après toutes
les autresvertus de l'ame compagnes de
yimour celies-cy. Nouslisos qu'Artcmiic Roy-
Roy^de* nc ^e Carie, après auoir erpuifé fes thre-
carie, fors en vn magnifique & admirable fe-
enuersfon puicnie qu'elle drefla pour y mettre le
foius. corps du l\oy ion mary trelpaile, fit a la
Ç1C- h finpulueriier Ces os & les print en breu-
s> "•■ ■ ' uage 5 pour eftre elle-mcfme fepulchre
viin.l56. viuant du corps mort de celuy qu'elle
?ii 1 4 auoit efperduëment aymé en fa vie , &
fans lequel elle ne pouuoit viure. Ce-
ftoit vn amour humain plus digne de
compaffion que de louange, qui neant-
moins nous peut feruir d'exemple pour
faire mieuxrcar combienplus conuena-
blement & plus iuftemét employerons-
nous tous nos moyens fpirituels, noftre
amour 5 noftre dcuotion,nozieufnes3
^NSTITVEE. 487
nos aumofmes,nos oraifons , pour eftre
vnGabinet viuant du corps de ce diuin
Efpoux de nos âmes, que nous receuôs,
non infenfible,non mort, ny reduiét en
poudre , mais vif, immortel,entier,auec
fon ame, fa gloire, 6c tout le train de la
diuinité , pour eftre vn iour éternelle-
ment vnisauecluy?
Deux grandes merueilles aduenues
en ïinflitution de ce
Sacrement.
10
Ainct Auguftin expliquant s. Aug. in
ce que didt l'hiftoire des Roys, 1^kZ'[\\
que Dauid feignât eftre hors du i3. ô'
fens deuant le Roy Achis ,fe portent
en fes mains, prend occafion d'admirer
vne autre merueille, outre les fufdi&es,
quiaduint en l'inftitutiond'ece Sacre-
ment. Ceftquele Sauueurfe porta en Comment
(es propres mains , chofe qu'il eftime du lsSaut4eur
1 -ii • rr^ 1 j Ce Porta en
tout admirable de împoilible de pou- fiimaliISt
uoir eftre pratiquée félon le pied delà
lettre, par Dauid, mais par le Sauueur
feulement , lors que tenant fon corps en
fa main 3 Se difant C e c y est mon
corps, il le portoit à fa bouche &: à cel-
H iiij
488 L'e V C H A R I S T I E
le de fes Apoftres. Or combien qu'il fc
peut faire que Dauid faifant ainfi le fol
fe portaft en (es mains5 foit en marchant
à quatre pieds à la façon des petits en-
fans : foit en fe fouftenant fur les bras &
vfant d'iceux au lieu de pieds &; de iam-
bes,a guife de ceux qui par foupleffe^iet-
tent leurs corps en Pair contremont^cô-
me faifant vn arbre & cheminant auec
les mains.-Sainâ; Auguftinneantmoins
araifondedire que ce port defoy-mef-
meenfes mains, appartient feulement
au Sauueur: car c'eft luy qui vrayement
fe porta foymefme, Dauid ne fe porta
pas des mains.mais pluftoft des pieds &:
des bras enfernble5fi c'eft la première fa-
f:on des fufdi&es: ou des bras feulemét,
i c'eft la féconde : mais le Sauueur fe
porta proprement en fes mains 5 ne plus
ne moins que celuy porte de fa main la
viande qu'il met à fa bouche ou à celle
d'autruy.
*jtttrec*s 1 L y eut encorvn autre cas admira-
ZZ7jhi»jh blc en cefteinftitution, c'eft que le Sau-
t»tto». ueur fe print foy-mefme en viâde,chofe
nonoûienyaduenuë à aucun homme
depuis le mode creé.Les hiftoires nous
difent bien que quelques mères fe font
repeuës deleurs enfans, comme Marie
?
INSTITVEE. 489
la luifue : &: quelques perfonnes qui
ont mangé certaine partie de leur corps *f îmW"*
rr j 1 • ? j 1 1 IofePh l?'
pouliez de laviolence de quelque mala- dcbdl.iu-
die extraordinaire:mais on ne litiamais c,aic-
quvn homme fe ioit ou fepuiflc man-
ger foy - mefme entier : mefme demeu-
rant fans leiïon: & tel a&c ne vint ia-
mais à la penfée des humains. Lefeul
Fils de Dieu l'a peu faire & l'a fait icy3 &:
donné en cela vn iliuftre tefmoignage
qu'il eftoit Dieu faifant vn œuure fai-
sable de Dieu feul par vertu incômuni-
cable à tout autre. Carceft Dieu feul w—ftd$
qui vit de foy-mefme, &fa propre viâde ^A v,e'
c eft luy ; les créatures viuent des autres
créatures, & leur viade eft au dehors de
leur corps, &: nulle ne vit d'elle- mefme:
&:les efprits bien-heureux auciel5viuét
delà vifiô deDieu:mais Dieu feuleftfa
vie &: fa viande de toute éternité^ &: n'a
que faire d'autre chofe que de foy-mef-
me pour fe fubftanter eternellemét. De
manière que le Sauueur fe prenant foi-
mefme en viande , fe marqua de la mar-
que de fa grandeur 3 Se monftra comme
parvneflày propre àJDieu, qu'il eftoit
vray Dieu, s'eftant peu faire viande de •
jfoy- mefme, voire félon le corps à la
femblance de fa diuinité, en laquelle
49° L?EVCH A RI S T IE
ileft viande &c aliment de foy-mefme,.
ce qui ne conuicnt à autre chofe viuan-
tc qu'à Dieu. Etceftce qu'ilafignifïé
loan.5-i6. par ces paroles , Comme mon Père a U Trie
m- en foy-rnt fme.de mefme d il donné au Fils puifc
S. Chryl. r r ■ i • r r tV
hom.49.in imce "UHOir U vie en (oy-mefme. t Donc
loan. pour preuue &: déclaration de (on dire,
il fc print foy- mefme en viande corpo-
rellement D comme fpirituellement iuy-
mefme eft fa vie &c (a viande , & fa féli-
cité, &: celle de fes éleuz.
Sainér le an premier en la communion
des zApojires. [JEuchariflie le
vray repas ,(0 leprefent
du repas.
11
E Sauucur donc offrit fon corps
&: fon (ang à Dieu fon Père en
facrifice 5 &z les ayant prins le
?vH,q»y premier les donna à fes Apoftres en re-
s.uanfitÊ fe<5tion commençant à Sain 61 Ieamnon
lïmZZan feulement parce qu'il iuy efloit le plus
tUonpsd* proche en table 5 mais parce qu'il eftoit
S4*%€ur. j0-^ cj'vne ilnauljcre charité de chafte-
. té 5 vertus toutes propres pour digne-
ment faire affeoir la perfonne en la table
de ce fefna d'amour &r de pureté. C'eft
w& r *~
INSTITVEE. 491
icy où commença le repas qui feul eft
le vray & facré repas 5 de commença
poureflre concinué tant que le monde
dureroit. Tous les autres qui auoyent
efté iadis inftituez enlamaifon de
Dieu 5 n'eftoyent que figures de ceftuy-
cy : les viandes quils contenoient
eitoient viandes de corruption &: de
mort , pour la vie mortelle.les viftimes5
les offrandes & tout ce qui fe mettoit
fur l'Autel ou fur la table en laloy de na-
ture & de Moyfe , n'eftoient que corps
morts pour viande mortelle des corps
mortels : le corps du Sauueurc'eft le
corps de vie & viande d'immortalité.
En ce repas fut célébrée la ceremo- UJJ"
nie de l'alliance fai&e entre Dieu & les
hommes , par l'entremifedela chair Se
du fang de Dieu fymboles fignifîcatifs,
&: quant &; quant effectifs 3 d'vne très-
e(lroi(5te &: tres-diuine vnion, du chef
auec (es membres , &: des membres en-
tr'eux : &les fymboles qui furent les
mets de table, &; laliaifon des affiftans,
les mefmes furent lesprefens du feftin.
C'eftoit vne couftume célèbre parmy
les nations du monde , de donner des
prefens après vn grand feftin, lcfquels^f6^'
eftoiét appelles du motGreccbrDf opjrct, Coujtum*.
S.Ambr.in
ta h or. ad
Dsï argent,
Ifid.
Desvafes-,
Sueto.m
Caligul.
Z>es beftes.
lamprid»
in Helio*
gabalo.
Hcft.i.
Exod.il,
492 L'EVCHARISTIE
ApoforetAj comme qui diroit rap-
ports .-dont parlantS. Ambroife efcrit
en ces termes en fon exhortation aux
vierges. Ceux cjuî font inuit ezji ~\>n grand fe~
ftin ont de coufiume de rapporrer des prefens
comiuiaux. Qui d on n oit des vafes d'or>
qui d'argent, qui de l'or& de l'argent
monnoyé:qui des bagues, qui des be-
ftes : qui des hommes : le Fils de Dieu
donna fon corps & fonfang, prefens du
feftin3mets du feftin, & feftin enfemble,
furpafiantleprix de tous les prefens de
la terre, comme aufïî la grandeur & de-
lices de tous les feftins.
Des paroles du Sauueur, Failles cecy
enmamernoire.
11
R ce diuin repas ne fut pas in-
ftitué pour eftre faid vnc feule
fois, comme celuy d'Afïuerus,
mais pour eftre continué iuf-
quesàlafîndu mode, corne l'Agneau
Pafchalcôtinuaiufquesàlafin delaSy-
nagogucainfiqu'ila efté déclaré. Au
moyé dequoy ayât leSauueur côtfiunié
fes Apoftres5& eftably Finditution du
banquet en cefte première réfection: il
en commande la continuation^ mon-
INSTITVEÏ. 49J
ftre la fin pour laquelle il veut eftre con-
tinué, difant) Faittescecy en met mémoire* L"c.i2.i9.
C'eft à dire, continuez ce fàcrifïce & lz^°l
feftin en mémoire de moy. le feray
toufiourslefacrifîce & le Sacrificateur
principal D mais inuifiblc. le vous or-
donne Preftres pour eftre mes vicaires
^Sacrificateurs vifibles en mon Eglife,
tout ainfi que ie vous ay donné Tauéto.
rite de Do&eurs & Pafteurs pour tenir
ma place en la chaire de vérité & paiftre
& régir mon troupeau; faiâes donc ce-
cy; ïaiâes cefte action, la plus noble
qui fe fera en ma famille, & continuez
la en mémoire du facrificc qui demain
fera offert par moy en la croix i pour
vous &: tout le genre humain : fai&es la
en mémoire de la paffion que i'auray
foufferte pour vous,en mémoire du prix
infiny de mon fang que i'auray efpandu
pour vous: en mémoire delà viâoire^,
que i'auray obtenue pour vous fur Icsenmam^
ennemis de voftre faîut : fur les puiflan-
ces infernales:fur les tyrâsde vos efprits:
fur le Prince des tencbres:fur la chair &
le monde: en mémoire du bien de la
gloire immortelle,que ie vous auray ac-
quis , & à tous ceux qui voudront eftre
mes membres, me donnant en holo-
moiret
494 L'E VCHARISTIE
caufte en l'Autel de la croixrfaidtes cecy
feftoyez &: célébrez ce facrifice en mé-
moire de cet exploit, le continuas fans
mefure de temps: Se quand cefte paffion
fera paiTéevne fois5qu elle foit toufiours
viue &: prefente par voftre feruice en la
mémoire & en la face de mon Eglife:
& comme le bien-faiâ: eft démérite in-
' finy3 que la cognohTance en (oitauflî
Luc. 11.9. éternelle. C'eftle fens de ces mots>
. Fdièles cecy en ma mémoire. Laiuftice tant
Les grandi ,. . ,. . . .„
cxp'ioitts font diurne qu humaine requiert 5 qu'on do-
dignes i* me- nc louange aux grands exploits de
vertu, &: qu'on foit memoratifd'vn bien
Le culte dm faiâ,& que la mémoire en foit de tant
Sabatb . plus viue de honorable5que le bien-faiâ:
Exod. 10.8. eft grandi Ceft pourqu0y Dieu corn-
Laneome .manda le iour du Sabath en mémoire
nie. de la création du monde:laFefte de la
i.Para. 1.4. Neomenie en mémoire de la conferua-
tion d'iceluy: l'Agneau Pafchal en me-
PafchJ. moire de la deliurance des Hebrieux
Ezo4.ii. captifs en Egypte. Les mefmesHe-
2. Mack! t>rieux celebroiét la victoire de Mardo-
vkimo. chée,gaignée furies cnnemis.-celle delà
iadiz.16. vaiiiante Iudith5 obtenue fur Holofer-
ne. N'eftoit-ce pas donc raifon &iufti-
ce,qu'il y, euft vn mémorial de la paffion
du Fils de Dieu: eftant iccllc vne oeuure I
INSTITVEE. 495
la plus admirable qui fut iamais3 vray e-
ment œuure d'vn tout-mifericordieux
SeigneurPeftant icelle fa plus haute <*&*?»
••rrri 11 »{cl ' r i tout -put fiant
proueile, fa plus noble vicioire^ion plus & t^ut.y0H
grand bien-faic~t enuers les mortels, &s«g»w.
pour lequel feul5 il eftoit defeendu des
cieux5prcnant la robbe de cefte morta-
lité : mefmes que cefte rédemption ne
pouuoit eftre ialutaire fans cftre ^Ç^~ Lapa^on
quée &renduë propre d'vn chafeun par d»sauucur
cefte mémoire itérée auecfoy , amour /""'^^
- . . - r reco»neijJan-
deuotion, contemplation , anec îeume^
veilles &: autres œuures de pieté, qui
font les portes par lesquelles ce mérite
ïnfiny entre dedans nos âmes ,&: leur
eft faift propre , & toute la parfion, tout
ainfi que les feneftres d'vne maifon font
les moyens par lefquels ceux qui font
dedans participent les rayons du Soleil
& en ioùiffentjComme s'il ne luifoit que
pour eux.
49 6
L'EVCHARISTIE
LaAdeJJe mémorial très-propre de la
pajjîon du Sauueur.
Veux ckofes
pour rendre
•vn f aie} me-
morable7
l'Autel & la
table.
Coujlume
desgrands
pourperpe-
tner Unie-
moire de
leurs attts.
x3
x O m m e il eftoit raiibnnable
& important que la mémoire
de noftre rédemption fuft touf-
iours frefche de yiuante en noz âmes,
aufïi cefte diuine fagefTe a choify vn
tres-conuenable moyen pour la repre-
fentertres-honorablement&: auec fin-
guliere efficace, inftituant à cefte fin vn
facrificeenfa maifon,^ vne refe&ion
folemnelle entre fesenfans: car ce font
les deux aâes qui peuuent fouueraine-
ment honorer Dieu , & efficacement
perpétuer entre les hommes la mémoi-
re de quelque chofe. Le facrifice reco-
gnoift Dieu , l'honore, & l'hommage
luy rendant grâces de fes bien-fai&s : &
la réfection r,afTemble& vnit les hom-
mes, &: rend leur affemblee plus cé-
lèbre & plus capable de retenir la mé-
moire des chofes paffées^&plus puiflan-
tekla mieux grauer & la pouffer plus
auant dans les fiecles de la pofterité.
Aufïi voyons-nous tant en Thiftoire fa-
crée que profane , que les plus grandes
actions
INSTITVEE. 497
a&ioos des mortels , des Roys, des Ca-
pitaines, &: Princes & Republiques du
monde , pour la paix , pour la guerre,
pour les victoires, pour les triomphes,
pour les funérailles, &c autres œuures
de grande importance , ontefté entre-
prinfes & paracheuées par I'entremife
defacrifices de de feftins. Salomon cc-Sahmon.
lebrapar facrifices & feftins innornbra-*ReS 8*
blés la dédicace de ce magnifique tem- 7,^,
pie qu'il auoit édifié à Dieu ; les Perfes,
les égyptiens, les Grecs , les Romains
&: toutes les nations du monde vfoyent
de mefme moyen pour honorer leurs
aéteSj&r rendre la mémoire d'iceux im-
mortelle. Ceire façon de faire çeft vne
loy emprainte à la nature, & pratiquée
fainâement eniamaifon de Dieu. Ce
n'eft pas donc merueillequé" I e s v s-
Christ, autheur de toutes bonnes
loix, ait eftably vn Autel , & vne table,
vnfacrifice & vn feftin,pour grauer,ho-
norer , Se faire viure à iamais la mémoi-
re de fa triomphante mort , mais qui eft
de plus grande efficace que tout,à viue-
mentreprefenter cette mort, &pluscôfi.
derable que tout en tout ce fié appareil,
c'eft qu'il a voulu que ce mdme corps
qui a enduré, qui eft mort, qui a triom-
I
498 L'e V C H A R I S T I E
phé endurant & mourant,fut prefent en
ce facrifice &:rcfeétion,& fut le mets de
l'vn de de l'autre. Il n'a pas ordonné
qu'on le celebraft par paroles , my ftercs,
Manière de & corpS des beftes , commeiadis : luy-
7lperfonZ. mefmc a voulu eftre prefent à l'action,
ne plus ne moins qu vn Roy qui voulat
célébrer quelque fienne grande victoi-
re, non feulement la feroit raconter &
chanter par des Orateurs & Poètes, ôda
reprefenter par images, mais luy-mefme
y feroit en perfonne , faifant le principal
perfonnage de toute lareprefentation.
Ainfi leSauueur a reprefenté fa mort vi-
ctorieufe , y eftant luy-mefme le princi-
pal autheur :luy-mefme le premier of-
frant & Sacrificateur: y donnant fon
corps immolé , fonfangefpandu,fon
thnpregnan- corps comme mort , & neantmoins vi-
"• L uant -.fonfang comme tiré du corps , 8ç
neantmoins vny auec le corps r en fom-
me s'exhibant en facrifice & en réfe-
ction, d'vne manière véritable, efficace,
3c pregnante, pour clairement , viue-
ment,& profitablement, effigier la fem-
àen^nelr blance & mémoire de cefte fiéne mort,
Va[cbai à l'honneur de fon Père , &: falut de fes
Tulmelr kien'aymez : & acomandé de célébrer
£xod.u. ce facrifice &c feftin non d'an en an3 non
INSTITVEE. 499
en vn lieu feulement 3 comme celuyde *»vniie*
l'agneau liiif 3 mais toupies iours & plu- ^j£j£
fieurs foisleiour.-ôcce en autât de lieux
que lafoy de ion nom, &le nom de fa
Majefté^eftendroit., bc en autant d'en-
droits de la terre , que la lumière de fa
glorieufe croix feroit arborée.
ftnguL
La Jïïfejjele feftin de Dieu ou il ejî
\ierement inuoquéen la loy
âegraceffi les Chrétiens
exauce^
H
'Est le fingulierfacririce&fe-
ftin Royal par lequel Dieu eu:
fouuerainement honoré , bc fa
créature eft extrêmement aydée : car en
iceluy fa Majefté ne refufe rien , tât foit-
il grand, de ce qu'on luy demande po ur
le propre falutou celuy d'autruy : ôc la
créature s'y enrichit par fes dons. Les Ty^a
Rois Perfeans celebroient en leur Cour^
vne forte defeftin dédié ou au iour de^T™*.
leur nahTance ou de leur Sacre & co-J^T^
faut des
ronnement , lequel ils appelloyent en.ReWfper-
langage Perfean Tycta, comme q ui^ r .
diroit,parfaiâ: fouper. Cefeftineft oiti-u.^.
priuilegié d'vne telle prerogatiue, que
500 L'EVCH ARI STIE
le Roy n'efconduifoit aucun es deman-
des qu'il luy faifoit. Couftumequi fut
aufïi fagement , qu'heureufement pra-
tiquée par la Royne Hefter, car fon
Hefter. biftoire nous dit } qu'ayant efpié la fai-
fon 5 elle feftoya auec Royal appareil
Afluerus fon niary , Roy des Perfes &
Medes5aux fins d'obtenir de luy ven-
geance de fes ennemis,&:deliurâce pour
fon peuple.Si bien qu après la refe&ion
prinfeluy ayant le Roy di&, Quelle efl ta
Heft.7.1. demande g Hefter , afin quelle te foh accordée*
Et que veux-tu ejïrefai£l> Quand bien tu de-
manderais la moitié de mon Royaume, tu lob-
tiendras: elle demanda hardiment, &: ob-
tint aufïi facilement ce qu'elle luy auoit
demandé. Le Fils de Dieu eft plus ma-
gnifique en cefien feftin confacréaux
ioursdefa mémoire qui doit eftre conti-
nuelle:car il y donne non les biens de la
terre , mais foy-mefme en facrifîcc &: en
viande pour noftre falut. Et nous met
en main vn prefent auec lequel nous
pouuons demander à la Maieftédefon
Père 5 tout ce qui concerne noftre falut
& repos, auec afleurance d'eftre exau-
cez^ nous promet non la moitié d'vn
vieudonne R0yaume terrien 5 comme les Rois ter-
Koyéumt. riens :mais en Roy celefte, le Royaume
INSTITVEE. 501
des deux tout entier. De manière que
la promefle que iadis faifoit Dieu aux
Hebrieux captifs en Babylone 5 Vous Icrcm-4*-
mtinuoquere\j&* ie^ous exduceray 5 eft diui-
nement accomplie en la loy de grâce par
le moyen de ce noble feftin, & vraye-
ment parfait: car encor qu'en la Loy
de Nature & de Moy fe , Dieu eut pour
agréables lesfacrificesdefes feruiteurs,
& exauçaft leurs prières : c'eftoit de
loing5moings liberallement 3 & touf-
ioursen contemplation du futur Mef-
fias,quideuoit vn iour fatisfaire la di-
uine Majefté par l'offrande & facrifî-
ce de fon corps : au lieu qu'en la Loy de
grâce les Chreftiens facrifient vn facri- Ul°3 de
r r • il- n.Zrace temt"
nce iouuerainement agréable , qui M^ro?r^out
le corps & fang dlceluy Mefïïe , & *ftree**»té.
prient la fatisfa&ion en main,tirée de ce
corps &lefang , payement le plus beau
qui puifte eftre. Ils prient le Père parle
Fils , qui eft la plus prefTante prière
qu'on fçauroit imaginer. Les hiftoircs
nous difent que les Moloffiens voulans
impetrer quelque grâce de leur Roy, Moiospem.
prenoient vn de fes fils , ôc le tenans en- pl^arch-
tre les bras , le mettoient a genoiuls de- nuft.
uantluy 3 ioignant l'Autel domeftique
&cefaifant ilsn'eftoient iamais efeon-
iiij
502, L'E VCHARISTIE
duits: de laquelle, façon de fuppliervfa
Thmifto- Themiftoclés lorsqu'eftâtbanny d'A-
cUi- thenes,il vint en ce païs-là : & fe garan-
tit par cefte cérémonie du courroux du
Roy des Moloffîens Admerus,, qui luy
eftoitpieça grand ennemy^&reuftfaiét
mourir fans cefte barrière 3 le tenant en
fa puiffance. Celte manière de receuoir
la prière pour l'amour du fils eft naturel-
le^ ne faut pas doubter que puifque
Dieu autheur de la nature a donné cefte
inclination aux pères 5 ilnel'ayeluy-
mefmes en foy5 &: ce de tant plus parfai-
tement qu'il eftvn Père d'infinie per-
vieuviJe ' fe&ion & amour .,&: que ce fien Fils eft
im*gedefor> l'image naïfue de la perfection de fon
Pere pere. &: parce infiniement aymédeluy.
Demander fct partant le bauueur exnortoit iesDit-
aunomde cip\cs à demander hardiment à fon Pe-
Chrut. te ce qu'ils voudroient en fon nom &c
Matth.ti, par fon mérite, comme ayant droic-t
îoâartiA ^'obtenir par luy tout ce qu'ils deman-
M4»^ee/rderoient. L'Eglife auffifuiuantla dire-
i-Egiijeà ûiondc fon Rédempteur , fermé Ces
fermer f es . jt r?
oratfons. prières en ion nom 3 allant : bxaucez
nous Dieu tout-puiftànt par 1 e s v s-
Christ voftre Fils : Se encores que
tout Chreftien ait en tout temps 5 & en
tout lieu accez à Dieu parle mérite de
ÏNSTITVEE. 505
fon Fils,cefl toutesfois principalement
celuy qui prie célébrant la Méfie, ou
loyant, principalement s'il fe commu-
nie: car ileftau banquet parfaidt au-
quel le Roy ne refufe rien : & prie en la &fc* #/*»*.
réelle prefence de celuy par qui la pric-^f^lcl'.
re porte créance & prerogatiue d'eftre
exaucée delà Majefté diuine. Voylalc
banquet,lë Sacrifice &: le Sacrement de
laloy de grâce , figuré par tous les an-
ciens &: Soubflituéen leur lieurTobla-
tion &r faGrifices des Chreftiés & le plus
noble infiniment qu'ils ayent pourin-
uoquer Dieu, &auoir l'o&roy de tou-
tes leurs requeftes : voila noftre Eucha-
riftie & noftre Mefle.Les oraifons, les {Cere™T£i
efcritures , les habits & les cérémonies"
qui ont efté du depuis ordonnées par
les Apoftres,^ leurs fuccefTeurs , & des-
quelles on vfe en la célébrant, ne font
pas le Sacrifice de la Méfie , elles en font
feulement les atours : l'efTence de la
Mefie,&:detoutcefeftin Royal, ceftle
corps & fangduFils de Dieu offert en
Sacrifice memoratif de Sa mort. Ce ft ce-
tte offrande & ce Sacrement qui fai&le
gros du banquet, le refte Sert Seulement
pour honorer cefte honorable & diui-
ne a&ion. En cefte veSprée donc du
I iiij
504 L'EVCHARItOIE
quatorzième iour de la Lune fût im-
Ltvray moléle vray Agneau : la figure du vieil
fmmoUen accôplie , le droidt des facrifîccs légaux
Vinftituthn finy,& la durée de la Sinagogue terrpi-
ê*CEu<h*,i. t &lc fondcmcnt mis de la loy de
Cordre de grace5 toutes leiquelles choies le bau-
Meicbifedec. ueur fignifia encor diuinement par la
circonftance du temps auquel il auoit
ordonné la Pafque luifue, & auquel il
eftabliftlefacrifice& Sacrement de fon
corps, qui nous refte à déclarer pour
finir.
La rédemption du genre humain,&
la fin de la Synagogue figni fiées
par ïinfiitution de ÏEucba-
rifiiefaiéîe en pleine
Lune.
XpLiQVANTle tableau de l'A-
neau Pafchal 5 nous auons di<5t,
que la cérémonie commença au
quatorzième iour du premier mois de
l'an Saind des Hebrieux5furle vèfpre,
parce qu'en celle nuict les aifnez d'E-
gypte furent occis 5& les portes ouuer-
tes à la franchife des enfansde Dieu.
LcSauueur donc pour accomplir la fi-
INSTITVEE. yOJ
gure ancienne, & naifuer fur icelle le
traid de la vérité figurée , ainftituéle^^^
Sacrement de fon corps en femblable ^H*
temps, temps vrayement proche de la
vraye deliurance , comme la Pafque
Iuifue fut le fignal voifin de la liberté
des Iuifs : carie lendemain de cefte in- Exod.it,
ftitution le Sauueur deuoit rompre le
ioug de péché &: retirer le gère humain
delà tyrannie de Satan figuréepar cel-
le de P haraon. Mais il y a encor vn my-
ftere caché foubs le nombre des iours&
en l'cftatdela Lune, que le Sauueur a
de mefme fageffe conduiâ: au poinét de
fa perfection. Il eft diét que l'Agneau de- Le.io,h*r
uoit eftre receu à la maifon le dixiefme ^o^^-'s-
. . n . . / Immile 4ui 4.
îourdu premier mois,&immole au qua- Exo.iz 9.
torziefme. Le Sauueur accomplit le Centrée.
premier traid, quandil fit fon entrée en j0att
Ierufalem , monté fur vne anefle &: fur u.
vn afnon indompté: car fainét Ieâ eferit
que fix iours deuant laPafque.il vint en
Bethanie, & le lendemain qui fut cinq
iours deuant la Pafque, il entra en Ieru-
falem.ee fut donc au dixiefme iour qu'il
fut receu en Ierufalem en grandeioye,
commefÀgneaudela Pafque, poury
eftre immolé au quatorziefme en fon
Sacrement 3 fans effufion fanglante,
.oan.i;
506 L'E VCH A RI S TIÊ
6c le lendemain en la croix , par réelle
occifion : car comme le fixiefme iour
deuant la Pafque , c eft à dire deuantle
quatorziefme futleneufiefmedu mois,
ainfi le cinquiefme deuant icelle fut le
dixiefme d'iceluy mois.
Ww»« L e fécond traic~t qui eft de l'eftat de
la Lune a efté non moins fagem.ent alli-
gné. La Lune auoit quatorze iours au
vefpre del'Agneamcar le quatorziefme
du mois eftoit le quatorziefme de laLu-
ne> d'autant que le commencement du
mois c'eftoitle commencement de la
AmulUau Lune 5 comme il a efté déclare ailleurs,
T4%Tr* cIlc cftoit donc en fon plein. Nous
auons dictque la Lunefignifioitla Sy-
nagogue 3 parquoy la pleine Lune doit
fignifierlamefmeSynagogueparuenuë
en fa perfection. Quand donc le Sau-
ueurainftituéle Sacrement & facrifice
defon corps, à tel iour &à telle heure,
il a accomply la vérité figurée, & quant
& quant a fignifié par la cérémonie du
temps , quela Synagogue eftoit en fa
plénitude ,&: qu'elle s'en alloit accom-
plie en l'inftitution delà Pafque Chre-
ftienne ombragée en la Iudaïque; &
s. Ambrof. c'eft ce qUe Sainct Ambroife entr'au-
Ma«h!c. très Doreurs note difant. Le Seigneur
INSTITVEE. 507
célébra en la plénitude de U loy^uileftoitye-
nu accomplir. Une reftoit pour entière
confommation que le trai6t de la- croix.
Parquoy deflors les facrifîces Iudaï-
ques figures du noftre,furent abolis de-
uantDieu5& le facrifice du corps de fon
Fils 1 ubftitué en la place de to9.la loy de
grâce à celle de Moyfe5& TEglife Chré-
tienne à la Synagogue Iuifue3 comme
la vérité en pourtraift,&le corps à
l'ombre $ ce qui fut aufïi monftré par
Teclipfe delà Lune, &: du Soleil adue-
nuë au lendemain delà Pafque, com-
me nous faiions voir en la fuiuante ex-
pofition.
La fin de la Synagogue (0 le commen-
cement de la loy de grâce fignifié par
ïeclipje de la Lune ^ty du Soleil ad-
uenue au lendemain de la Pafque, &
de t Euchariftie inflituée.
16
P^> A Lune eclipfa& fit eclipfer lcedtp™*4li.
&r§ Soleil le lendemain delà Pafque mir*bUs.
&: del'Euchariftieinftituée. Ce
fut vne double eclipfe autant admira -
blequincogneuëàlanature?quinauoit
508 L'evcharistie
iamais veu que la Lune fe ioignift au
Soleil, lors qu'elle eftoit diamétrale-
ment reculée, ny que le Soleil eclipfaft
eftant efloignédc la Lune de tout fon
demy cercle , qui eft toute la diftancc
dont peut eftre efcarté vne eftoille de
l'autre. Or la Lune s'eftant trouuéelc
vefpre du Icudy , heure de la Pafque, en
l'Orient, &: le Soleil au Ponant, le len-
demain à Midy elle fut ioin6te face à fa-
ce au Soleil en mefme eflïeu& endroid
du Zodiaque : & comme elle laiffa de
luire fur la terre, auflî fit-elle perdre par
fon entrejed , fa lumière au Soleil, de
manière que ce furent deux admirables
eclipfes de deux grandes lumières du
Ciel , & par icelles fut fignifié le départ
de Dieu d'auec les Iuifs , &: la fin de
£«(tf/«<MeurSynagosue: car comme le Soleil
par fon eclypfe laifia d'illuminer la ter-
re, & comme la Lune parle fien perdit
la lumière fenfible quelle prenoit du
Soleil, &la communiquoità ce mon-
de bas, de mefme ce diuin Soleil père
de ceftuy vifible, retira deflors les rayôs
de fes faueurs de ce peuple ingrat , & la
Synagogue eclypfa en fon quatorzief-
meiour,&enfa plénitude fut priuée de
la lumière fpiritu elle, qu'elle prenoit de
INSTITVEE. 509
Iuy,lacommuniquant aux mortels en la
praétiquede les cérémonies. Alors fut
elle accomplie au paracheuement de
toutes fes figures3&: deflors eclypfa d'v-
necclipfe éternelle & finit à iamais5&:
vneLune nouuelle commença ^ c'eftà
dire l'Eglife de I e s v s-C hrist, qu'il
s acquift le lendemain du tempsde cefte
cclypfe^parfonfang précieux au refor-
midable duel de la croix 5 lors que les
furies de l'Enfer & du monde monopo-
lez3le chargeoient fur la terre, & que ces
deux flambeaux courroucez de l'iniure
faietcà leur Créateur 3 ioûoient le per-
sonnage de leur indignation au théâtre
celefte^parlans du langage de leurs ef-
fe&s, langage cogneu à tous,meflans là
hautd'vne eftrange façon leurs lumie-
ires a & les defrobansicy bas, aux yeux
[des mortels , auec le gemifTemcnt de
toutlVniuers eftonné.
51 o L'evcharistie
LÏEglifefîgnifiéepar la Lune,$£)de la
^Pafque & rénovation
Chrétienne.
17
$¥§5^ S t a n t donc inftituée la
jllftlil Pafque du Sauueur, contenant
""' l'Autel & la table du facrifîce
& Sacrement de fon corps 5 & parache-
ué le combat de la croix, la Synagogue
print coup & tous Ces facrifïces & Sa-
cremens}&laLunefut rendue nouuel-
le pour fignifier rEglife3non ja plus con-
fiftât en la Synagogue,mais enlaloy de
. . grâce. La Lune en gênerai porte la fem-
LaLune p » r ^
/^ni^e» blancedelEglne de Dieu: car corne la
centrer e- Lunepréd toute fa lumière du Soleil^
* quelquefois va deuantluy., quelquefois
vient après, &: quelquefois le ioint: ainfi
l'Eglife luit par les rayons du Fils de '
Dieu; lequel elle a précédé félon la pre-
fence humain e,iufqucs à fa Natiuité.
Etdeflors elle l'eut prefent tant qu'il
demeura fur la terre 5 & du depuis elle
lcfuit &feioinôt auecluy par le Sacre-
ment & prefence réelle de fon corps*
Item, comme la Lune efclaire la nuict
pon Un'uifi. & donne addreffe parmy les ténèbres: J
ainfi l'Eglife a toufiours efclaire la nuiét J
INSTITVEE. 511
de ce monde vain5& monftré la voye
ducieltâdisqueles ténèbres de la gen-
tilité regnoient. L a mefme L une en fpe-
cial marque les diuers eftats de l'Eglife. La mefme
r r l -rr U n. Lune mar-
bn (es premiers croilians elle monitre queies jll4ers
l'Eglife en la loy de nature.En Ton châ- *$*** <& Ju-
gement, en la foiblefle de Ces rayons, &%^/4 s ndm
en fon quatorziefme iour elle porte la £<>£*«.
femblance de l'Eglife en la Synagogue,
ainfi qu'auons dift. Mais en ce qu'elle a
efté faifte nouuclle dVnenouuelle fa-
çon & en fon quinziefmeiour elle fi- CommenU
gnifie TE glife en la loy de grâce. Cefte cTgujfenU
nouueauté & façon nouuelle confifte loy de grâce.
en ce qu'elle approcha le Soleil par
voye extraordinaire: car eftant auvef-
pre du Ieudy efloignée de luy de l'O-
rient a l'Occident , le lendemain elle fut
toute contre luy.lequel approchement
elle ne pouuoit faire par courfe natu-
relle , qu'en l'efpace de quatorze iours:
par voye extraordinaire auffi &: auec
mefme merueille , elle fe tourna le foir
du Vendrcdy en l'Orient 5 au coucher
du Soleil s comme elle y auoit efté au
foirduleudy. Etenfix heuresprintla
robbe de tous Ces eftats,car elle fut nou- ^ , „
11 c r • r Temlesefiati
uelle!)ruten ion premier quartier.rut en délai**.
fa plénitude , &au commencement de
5n I/evch a ri s t ie
ion troifiefme feptenaire, à fçauoir en
(on quinziefme iour. En ces circonftan-
ces5&ences merueilles^amais deuant
nydu depuis aduenùes5elle marquoit
l'Eglife en Tcftat de gracc3cftat de fingu-
liererenouation3eftatdu troifiefme fep-
tenaire, du troifiefme temps : en la neu-
uelle Pafque5au nouuel & grand faeri-
fice &feftininftitué par le Fils de Dieu
en fon corps: furquoy fort à propos S.
s.Augcp. Auguftin eferit ces mots. Parce que nous
uar. c.3. Jommes au troijiejme te 'p s de toute la durée du
Trots temps monc{t c eQ pourquoi la refurreclwn au Sau-
itLE?hÇet r r d r r
marqte^ ueurfutfaicte du trotjiejme tour, Le premier
éiux trati temps d efté deuant la loyale fécond en la loy : le
ULm** ' tr°ifîefme f0ltbs la grâce , en laquelle esl mani-
festé la S acremet qui eftoit caché du replis des
Hures prophétiques. Cesl ce qui d eflé ftgntfié
pdr le nombre des tours lunaires: & parce qu'en
l'EfcritureJe nombre àefept porte figntficdtion
mysltque deperfectioja Pafque fut célébrée en
la trotfiefmt fepmaine de la Lune^ qui eft depuis
le quatorze fme iufquct au^ingt & "ïniefmc
iourd'icette.Voyla. comment Dieu nous
faictla leçon parles Aftres , nous enfei-
gnantle Paradis parle Cicl3&: nous co-
muniquant les rayons de fa lumière in-
tellectuelle , par Tentremife & manie-
ment de la corporelle.
Le
I N S T I T V E E. jij
Le Sauueur ayant injlituê le Sacrifice
$f) Sacrement de fon corps fortit
du logis pour aller au iardin
des Oliues.
18
E doux Agneau s'eftant im-
molé en cefte vefprée 5 ôc do-
nc e-n réfection à fes Apoftres,
& ayant aboly la vieille Paf-
que , & inftitué la nouuelle : comme il a
eftédeduiftjchâtavn Hymne auec fes
Apoftres felô la traditio desluifs,& for- fymnechan.
tit pour aller au iardin des Oliues , où il 'l^w
deuoit eftreliuré par Iudas aux mef-
creans, qui auoiét défia le mot 5 pour le
venir prédreaucorps,Cecyreftoit pour
côbler toutes les prcuues de fon amour
infiny enuers le genre humain. Il s'eft oit
immolé à fon Père par vn fàcrifice non.
fanglât,fans mort & fans paflïon, il for-
tit après pour eftre prins corne vn agne-
let ,&eftre faiét victime delà Croix, y
efpandat fon fang & fa vie, il auoit don-
né fon corps à Ces amis , il l'alloit offrir
à (es ennemis 3 il auoit refeâionnéles
âmes des humbles, il fe portoitlà pour
bien toft eftre repeu de fîel5abreuuéde
K
5I4 L'E VCH ARISTIE
vinaigre,faoulé dctourmés & d'oppro-
DeuxUr- bres , par les orgueilleux. Ilauoit iadis
j tferes. pjant^ vn xardin de délices 5 de repos3&:
d'honneur, il s'en va au iardin de dou-
leur ., de combat 3 d'ignominie :il auoic
planté l'arbre de vie en ce iardin déli-
cieux: il vient d'en arborer vn au verger
de fon Eglife , fans comparaifon plus
exquis, & plus excellent: & s'achemine
rM M .à ce iardin folitaire pour ourdir la repa-
noflrcruine, ration de la faute commifeau premier
^■ftcojfy iardin. Enceluy-là futfai&ela debte
pion. €r parla defobeïflànce:en ceftuy-cy corn-
mençad'eftre payée par rhumilité:pour
planter le premier iardin 5& le premier
arbre de vie,il n'y employa que fa feule
parole 5 qui commanda & tout fut faift:
mais en ceftuy il n'en eft pas ainfi. L'v-
faged'vne feule heure vous couftera le
fang,ômon doux Rédempteur 5 & des
gouttes de cefte precieufe pourpre fe-
ront arroufez les parterres d'iceluy iar-
dinr&d'arbre de vie que vous auez plâté
au Paradis de voftre Eglife : ce n'eft pas
vn effeâ tel quel,de voftre fainfte paro-
le. Oeft voftre corps &: fang précieux
accompagné de l'arroyde voftre fain&e
diuinité. O mon Seigneur que puif-
ie direpour haut-loiier voftre magnifî-
4
ÏNSTÏTVEeI 515
ccncc?Ie dis que vous eftes magnifique vi'»M>e**2
r 1 en toute fa.-*
en toute raçon:en prenant 3 en donnant f0(ft J
en refe&ionnant &en endurant :touf-
iours tout-bon &: tout-liberal de voz
biens 3 & de vous-mefme : &: toufiours
riche en mifericorde , & abondant en
propolîtion. C'eft pourquoy aufli pour
dernière retraidte vous allez au iardin
des Oliues , pour nous y faire & donner
Thuile de vos miferations : Oliues pour ^rdmtkt
1, -rr Oliues,
nous, mais pommes dangoiiie pour
vous.O mon ame,ton Rédempteur fore
en la nuidt &va s'engager aux peines en
ce iardin pour toy, fay quelque chofe
pour iuy : accompagne le parmy ces té-
nèbres ! aye compafïion de luy > admire
fon amour enuers toy., dételle tes pé-
chez qui l'ont ietté en ces angoiffes,
pleure &rprie auec luy , offre luy ton _
cœur &: ton feruice en cefte angoiflTeufe
carrière de fon agonie : & puis que tu as
efté efetite en fon Teftament, appellée
a fon héritage. Se affife en la table de fon
Royaume pour manger de fon fruiét de
vie, donne quelque ligne d'vne ame re^
cognoiflante &r memoratiue de tant de
biens : fay luy quelque prefent des pre-
fens qu'il ta faift, &: donne luy quelque
chofe de ce qu'il a faiit tien : donne luy
Kii
516 L'evcharstiï
toy-mefme encor que tu ne fois rien: en
te donnant tu deuiendras quelque cho-
feidonne toy à luy , puis qu'il s'eft donc
à toy,foy-mefme, abyfme infiny de bié,
& dôné en tât de manières :en naifTant,
enconuerfant, en mangeât, en mourâr,
&:en toutes les façôs qu'vnechefepeut
eftre donnée.Et après que tu l'auras co-
templé, remercié jfuiuy &feruyau iar-
din des Oliues : au parquet de Pilate en
iugement : au mont de Caluaire , en la
Croixauec larmes & foufpirs d'amours,
de côpun&ion &: de compaffion, fay-le
fouuent ton hofte parle moyen de ccfte
diuine table qu'il ta couuerte de fon
corps immortel &: glorieux pourfedo-
neràtoy,&logerauectoy,auflî fouuët
que tu voudras: & prenant la réfection
falutairedefonplat , contemple encor
encefte table les délices du Paradis de
delà vie éternelle quifuiura par après*
tt i. Car comme les Autels des Hebrieux
pi* image i* eftoient la figure de ce feitin, ainfi ce rc-
Ufâciii. ftineft l'image de la table celefte. Icytu
manges le pain des Anges, au Ciel tu
viuras du pain des Anges au/ïî : icy ta
viande cft Dieu mefme : Dieumefme
fera ta viande en ceftetable-làja viande
cft icy immortelle:la viâde fera immor-
INSTITVEE. 517
telle là haut.Celuyqui a dreffé à Ces frais
&: defpens ce feftin en terre pour viati-
que de Tes pelerins3le mefme dreffera fé-
lon fa mefme magnificence 5 le feftin de
félicité au Ciel pour triomphe glorieux
de ceux,qui auront couru vaillamment
les fentiers de fes diuinesloix. Il y aura
neantmoins difference:car en ce feftin il
n'y a que la foy qui pénètre fobrement
lafaueur de la viande 3 &: la douceur du Difiwee lt
breuuage:lefens &: le iuçement humain la*<blede
n'yvoyent que plats couuerts 3 iznsygneurenter_
pouuoir toucher. Enceluy-làlaviander<f<»^^
fera expoiee aux appétits de 1 ame a lou-
hait, en magnificence & table ouucrtc,
&: les fens y auront leur bonne part : en
ceftuy-cy nous fommes mortels gemif-
fans en la terre de mort. En celuy-là
nous ferons immortels fans crainte de
mort ny d'encombre mis en poffeflion
delaterredesviuans, &: du Royaume
éternel. Mais qui pourra dire par paro-i
le5ou encor defleigner par efpritla ma-cu2ti
gnificence de ce Royal feftin?Ce grandi .Cor-1.9,
Apoftreefleué iufqu'au troifiefme CielEra'*-4'4'
pour y apprendre la leçon des myfteres
diuins^nel'apasfçeu faire, & s'eftmon-
ftréfçauantenlacôfeffion de fon igno-
rance^ de la grandeur des myfteres de
Kiij
Jl8 L'EVCHARISTIE INSTITVEE^
Dieu, Ceft vn feftin que perfonne ne
fçait;, qui ne foit affis en table mangeant
& beuuant. Sus donc âmes fidèles , &:
voyageres encedefert, racheptées par
ce Seigneu^ayméesdecetEfpoux^n-
uitéesà ces nopces3vfez purement de
la viande qu'il vous a préparée, & qu'il
vous offre en gage de fon amour en ce
monde mortel rviuez faindfcement?at-
Matth.i$/ tencjez patiemment,tenansvos lampes
garnies de Thuyle de vos bonnes œu-
ures3 &: allumées de la lumière de vos
fainâesconuerfations : afin que quand
le temps des celeftes nopees fera venu,
la porte vousfoit ouuerteau feftin. Et
vous ô doux Agneau qui ferez le grand
Roy &r le grand metsdecefte table im-
mortelle, faiâes s'il vous plaift par Tin-
finy mérite de voftre croix , que nous y
foyons aflis félon la promefle de voftre
Teftamét 5 & que nous y puiffions éter-
nellement viure5pour vous y louer éter-
nellement. Amen.
INDICE GENERALDES
MATIERES, NAIFVEMENT
reprefcntées &: depeinâes en ces
Tableaux facrezduSainct
Sacrement de l'Autel.
B^CVCen
mefme heure
en Babylone
ç&en Iudée. 197
*Abel & fa njiSlime.^g
50. premier mebre de
fEglife , figure de la
croix &* del'Euchari-
flie. ;t 53
56. rapports Xiceluy à
lefws çhrifi. 55.56.57
ytilitédefdmort. 64
etymologie de sono, 6 6
^ébraha pèlerin, 6 6 quel
le ejioit so armure. 74
fa viEtoirefurfes enne-
mi*.78 /es gesd' armes.
10 5. [es difmeS.io6.co-
bat de la nature & de la
grâce en iceluy .111 .fes pa
rôles âfonfils. 1 14. figure
de l'Eue bar ijlie. 120. fa
foy neccjfaire four péné-
trer la hauteur du S. Sa-
crement. 123. fon humi-
lité. 308
^4 cet des sasfubiecl. 1 8 6
le corps du Sauueur eji
caché en iceux. iço.ils
ontVertude nourririj 8
accompli ffement de la
loydeMoyfe. 143
u4ccroiffemet merueil-
Uux aux cinq pains O*
INDICE
ùuxpoiffons. 356. lAffettion deVameald
Achimelcc. 227.234. communion. 462
245-. t Age t principal en tous
Allions mirdculeufes du lesSacremens cefl le fus
corps du Sauueur en l\u- chrifl. 5 7
chariflie. 192.19$ Agneauvafchal^&pour
At~lio de grdce fignifiee quoy s ofacrifcefut or-
par l'autel desparfums donné en Mars. 17, 6fi-
238. lafupremefefaifi gure de ld C roïx & de
enlEucbdriftie. 241 ÏEuchar'i fie. i^l%2^%
Actiosdesiufles^erdu- fes rapports. 142.^
re du vdradis terre fre^i fuyu.figne dupafjagedu
Adam enfon innocence Seigneurial. mémorial
ejloit ricl?emetycftu& de ld deliurdnce desHe»
toutesfois nud&com- brieux.ibid.quefignifie
me t. 2 01. fa chair four- chafque circoftace de U
ce de tous nos maux, & maducat'to de l Agneau
pourquoy. j8r Pafchal. 154. £7*157
la rareté caufe admira- les Agneaux éleuezjn l'o
tion . 368 hlation despremices que
que fignïfoit bAduertif figniftet.2jl.pourquoy
femetd Achimelecof- deux. 273.274
franta Dduid &àfes Allégorie troi fie fme forte
ges le facré painàla char depeinfture. 4.5*
ge qu'ils ri euff et touché toute Alliance fe fai£t
femmes. 245 auec facrifce. 479
Aerius hérétique niant ÏAme efttoute entière en
qu'il ne faut offrir pour diuerslieux ducorps.içj
le* trefyajfex. 345 lame iufte efl richemet
DES MATIERE S.
yeftuh\& Unique nuè. auat& après Uptinfte
20 1. communia . zqé.tls ont
noflre Amour enuers les premiers célébré la
Vieueflenflabé parles Mejfic.264.. 292.193,
figures .17 .il efttdppe- 294. quelle a efté leur
titdetame.i^.fiignes fioy au miracle de l'eau
dlceluy quels. 207, tournée en vin. 290
ill.celuy du prochain Araignes de ce temps . 8
dydé par le Sacrement. l'Arbre dey ie oudesuiesy
212. pourquoyainfi appeliez 6
fAn fiacre &* ciuil des celuy deficiecede bien&
Juifs. 12 8. 134.135.^ de mal.ibid.zy .que cefî
Chrefties .135.13 6. pour quilsfignifiet 3 o figure
quoy il fut lunaire. 138 duS. Sacrement. 33. &
139. enlapriuatio d'iceluy i
V Knge enuoyeà Elie,& Adam y eut iuftice de
fa defeription,^ 01.302 Dieu&mi(ericorde en-
fignifie le Preflre. 306 femble% $6 prix d obéi fi-
les Anges prennent "># fiance. 37.
eftre corporel. 188 deux Arbres cotraives en
toutes fior tes d'Animaux qualité de vie&demort
parfaiEls efitoient au Va 28 . quefign'ifiet ceux du
radis terrejlre. 25. que Parada teyreflre. 30.31
cefîqu'ils fignifient. 3 2 ï Arche £aUiacepourquoy
Antithefie de lachdivdW ordonnée de Dieu. 139
dam contre celle du Sau les Arr es d'amour de le fus
ueur.^o.fâ.&fuyu. Chrifi. 482
A'TtoipofHT&que çeftqyi ï Arrefl dernier. 412
ordonnée dzsApofires, Us Arriensjeurerreur&
INDICE
her e fie Jurla gêner atio S.Auguslin prié par fit
du Fils de Dieu. 391 mère de prier Dieu pour
Artemifia Royne de carie elle après fon trejftas en
&fon amour enuers fon laMeffe. 144
mary Maufolus. 486 l'Autel des parfums ,fa de
T Article premier de no- fcriptioy&ce<juilfigni
jirefoyefl exerce^ ayde fie. 136. 138- deux en
& augmente au S. Sa* chafque yray C hreslie
crement. 2of. 106. iff. hauteur de celuy des
T Ajne que fignifie^aufa- holocaustes .25? que fi-
er ifice dA braham. 122. gnife lefang de layi6li
ÏA^eblage de la diuinitê me de propitiatio porte
^humanité au S , Sa- furiceluy.yii,.&iceluy
crement. 1 1 6 &la table sot deux cho
Afôete admirable du fesprejîates pourredre
corps du Sauueurau S. wn fait mémorable.
Sacrement. 199 496 B
l'Ajïiete de table anciene^ " J3 Eftes des facrifices
érfalParieté. 431 JL_)<tnciens. 84
Auat-propos de tout tœu Bots chage enferpet, pre-
urcjon fubie£t&fd fin mierepreuue de lapuif-
z.celuyde S.leaen l'iv- fance de Dieu, 183.203
fiitution de l'Euchari- "Vertus de celuy de la
ûie. 451 croix. 312.
^uthturs de Quomo- ^aBonte deDieu.tf.iy9
do? Comment? 391 207. 415.
ï Aueuglemet des caphar leBuiffon impafîible fi-
nal tes caufé d orgueil gure du S. Sacrement
&defenfuaiitc. 389 de l Autel. 194
*>ES MATIERES.
C ment & courage du
CA injacrifat tenfe. pilote. 470
jl. premier meur- cérémonie 's duSauueur an
trier ^ parricide&tyra. lauemet despieds 419e/*
5 1 . il a efté fuit ï' 'exe pie lavafque. 4 30 . de la ma
de tous les mefchas.60. ducatio de l'agneau vaf
Citoyen de la terre. 66. chai \r -apportées àcellede
Caphamàins gens char- lEucharijlie. 154. ijy
nels ^premiers Sacra 156 a$j de laMejfe, &*
metaires.^n ^.^ileur que figni^ent^^.^o^
incrédulité <& orgueil. Cinquante^ ejl vn nom*
3 8 9 .leur Comment? brederemifïion. 29 1
390. mauuaïs difciples la chair de la yiéîime de
&mauuaismalades 411 propitiation toute brûlée
Cecy eftmon corps, que fignifie.32}. pour-
claufe tetragrame.^6j quoy celle delefmchrifi
cornent le S auueur s'of- nous ejl donnée à man-
frit à D ieu en facrifce ger. 378. 379. / "anti-
par ces paroles. 47 1 . & thefe dicelle contre celle
fuyu. pourquoy il y yfe £ Ada fii.&fuyu.fes
du temps prefent. 474 effet sp our V ame&pour
que Çignifent les Cendres le corps. 384, efltouf-
foubsle creux defquelles tours 1/ny à la diuiniti
fut cuit le pain d'Elie. 396.
308. le Chandelier d'or a fept
: la Cène des erram idole, lampes queftgnifie. 235
2,10. 137.
Cefar dejguije en habit fignif cation des dixta^
d'efclam donna ejlonnç* bles&dix chandeliers de
IN DICE
Salomon. 243 leur facrifice d fuccedé a
Changemes naturels in- ceux des Imfs qui ont
utfibles. 185 ceffé. z6$. quels ont eflé
Char admirable, 215 leurs maijhes. 281. ap-
[aCharitc enuersT>ieu& pelletant hropof âge s par
enuers le prochain aidée les paysns .290. quel eji
parles. Sacrement de leur repos folide. 313. ap-
r^uteLni.nj. appel- f 'el/e^poijfons. 3 ) 9. com
lee l'or du te pie de Dieu, munient^rayement auec
233 selle duSauueurfî- lafoy.qo r , &Jpiritue!lc
o-mfee par les cendres . ment & facramentel-
308. lernent. 408
le chemin d'Elie en Oreb Chrift noftre Pnfqu e
quefignife. 314 a eflé immolé, &so
deux Chérubins Je reçar- expofition. 148
dans deuat l'Arche^ Circoncifon figure du
leur rapport. 15. 1 6 Baptefme. 5.13
le Chenal d'Abraham, leCœurduiufleefibAu-
&fa defcriptio. 75. que tel de Dieu. 237
cejlquilfignifie. 1 o 6 . C olloqne & prière a It~
c beualiers dignes de la re fmC hrifi. ? 5 7 . 158.
fettion&benediêhodu 220. la Colombe. 191.
corps duSauneur^qucls. Cobat de la naturc& de
105.105. la grâce, en Abraham*
les C hrefïîensy V rejlres , 112.
& Rois 5 comment. /eComment?0«Quo-
2 42.326' quels ils doiuet modo? des hérétiques,
ejlre auant qu'aller à la par qui premièrement >{
Sainftecomniimo.z^. yfurpé. 393
DES MATIERES.
la Comunio ^quelle pu auecnous en lEuchdri-
reté de corps y eftnecef- ftie. 2 1 o
/d/W.245. 43 6.490.^ merueille du grain deCo
deux fortes çp quelles, riandre. 173
40 7. quelle doit eslre les Cornes figni fient la
ïaffeéiion de l'ame , en puifjace de ïtfwÇhrifl
i celle. 462 il.
C omparaifon de ïincar- [e corps duSauueur noble
natioauec iEuchariflie fur tous les corps. 34.39
familière aux fainâis 45 fxruElure admirable
Pères. 202.108 deceluy de l homme .59
\Qonceptio duSauueur de celuy de le fis Chrijl
la pure fuh fiance de la nourrit l tme&lecorps
Vierge, fignifiee par les ala gloire. 4.0. ejl en plu
pains de propofition:>&* fieurs lieux facr amen-
la table où ils eftoient tellemet. 42. pourquoi
pofe^. 230.234. dppellépdin. 88.305.
laC onfecrdtion en la Mef faitprefent en ÏEuchd-
ft)& fi forme. 494 ri fie pour ejlre offert^
^•j^.faifle au temps fu & comment. 91.278.
tur corne s* entend. 4.75, zS^.portêauxabses.ijf
Contemplatio des chofis ij6 quelefl so ejlre au
en leurs four ce s & fin. S . Sacrement de l'autel.
II. celle des figures >& 187188.190.278.285
fes fruiSls. Ij. également done à tous.
Ç on tradiàlion de nos ad- 191. quelle y cjljon aclio
uerfaires en leur faulfe lyi.i^.n endure aucu
^imaginaire foy .400 ne pafio. 193.194. corn e
C onuerfatio du Sauueur ileji en plu fieurs lieux
INDICE
tnVn mefme infant. uiale.^o. d'eftre en ta
1 9 6 . eftdeffm les loi x du vie fur des liais, tbid. de
temps . 1 9 8 . 1 9 9 . 2jo o . lauer les pieds fe mena ta
quels font feshabit s .201 table 431 celle desgrads
cornent il efl offert tout pourperpetuerU memoi
les tours y & renouuellé re de leurs ailes. 49 6
toutes lesfemaines.i^z le Coutelas de Goliath,
comment il demeure en 2,28. 246".
l'Euchariflie. 278.180 en quelle crainte &* auec
%%6.pourquoy il y efl ca quelle creace nous deuos
che'&nonyifible.z%j prendre le corps & le
288. 290 viande & fangduSauueur. ^6\k
breuuage enseble.$6o creatio commencée parle
pourquoy le Sauueur rien^&produëlio con-
nom ta youlu doner en tinueepar lafemence de
feflm nuptial au Sacre chafquechefe qui nefl
ment de l'Autel. 378. prefquerien. io
37 9 .quelle y efl fa pre- *-es créatures ont toutes
fence.178. 280. 285. fenti ment du créateur,
2$6.içç.furpajfetout & comment. 455*
corps enyjleur.qéj. en Crocodile 5 figure d'y n
quelle façon il l'a laijfé trahiflre. 5
a fes héritiers. 485* il faut Croire pour en- >
la Coupe efl? adu'é ^c efl te tendre. 392
(angcotenuen la coupe lacroix eft differete en
foubs Ia figure du y in. Jonfacrifice^ de celuyde
478. /' Eucharislte. .101.102
C ouflume de fouperycftu fes traiSrs& dufacrifi
de certaine robbeconui- ce d'Abraham. 119.fi-
guree
DES MATIERES»
guree par l'agneau Pa- port des chofes paffees
fchal. 141. fa figure en aux prefentes. 12. iujlc
l'Autel des parfums. & mi fericor dieux en-
23 6. 23 j.arbrt d'hnmi- femble en U privation de
li té. 3 u.fon facrifce jï- F arbre de yie après lepe-
gure par le propitiatoire, ché, aduenue a Adam.
322. iiytfefipaslefacri- 36. fa bonté. 45.179.
fice chreflte.3 3 2 . infru- 4 1 5. /'/ cognoifl le cœur
éîueufe fans application, fu pourquoy il permet
3.35. fa femb lance auec la que l'imufle opprime t in-
Mejfe. 339 nocet.ôl. 63. honoréç?
Cuiraffe 5 habillement de feruy de fes biens. 91
cuir. 74 quand il le commande,
les Cuuiers du Temple, le père tue iuflement (on
2.5-3. 295. fils.u$. commentil sejl
DD fai ai mortel, & cornent
>Aniel. 33 3 mort, \q6fes faicisfur-
Dauid. 177. 104.205. pajfint noftre entende-
209.227.274.296.313. ment.150.il fe monjtm
437.480.488. admirable en trois fa ços .
Demander au nom de le- lJ9>fa toute-puiffance.
ftts-Chrift. 502 13. 63. 179. 183. 414.
D I E v 3 pourquoy il a il f ai ai paroifirefa gra-
Ifoulu njfer de figures deur en deux générales
preallables en U loy de façons. 205. pourquoy
nature & de Moyfe. 1 o . appelle créateur du Ciel
f a fageffe admirable. 11 & de la terre. 20 6. fa
12. 15. 61. 179.414. // preuoyance , ~\trtn &
s'efl mofiré Diendurap- . miferkorde. 316. fource
X
INDICE
de yie au ciel & en terre Ciel. $ij
365. le propre d'iceluyefl le Difciple doit interro-
nourrir de foy-mefme. gerlemaijlre. 412,
397. il nom rend entie- JDtfmes d'Abraham* 106
rement nets. 436.437. Dijjenfos caufeespar l'v-
fa parole figni fie & fait, nion de <volonté auec la
454. 455. il ejl Jeul fa chair d'Adam. 383
Ve.489. donne tout fon DiJlin6iion des membres
Royaume au Sacrement du Sauueur en l'Eucha-
de l'Autel 5 00. eftltbe» ri/fie» 15)9.200
rai en toute façon, jij. laDiuinité cachée en thu-
Dijftrence du S, Sacre- manitéi & le corps du
ment de ï Autel- auec Sauueur aux accidens,
l'arbre de yie. 3p. & 190. ajfemble^au S. Sa-
fuy. d'auec le facrifce. cremet de ï ^iuteL 116
93. du facrifce de la Donner s* entend en qua-
croix & de ÏEuchari- tre manières. 2,78.386
flie.ioi. du facrifce de Dormir foub s l'ombre du
Melchifedec& deceluy geneure que c'ejl. 312
de la Meffe. 103. des [a Dualité des pains &des
pains de propofitio auec Agneaux , enïoblation
ihucharijlie. 2^. entre des prémices, nef pas
lesfacrifces propitiatoi- fans myjlere. 273. 174.
resdes Imfs&desChre- E
fiicns. 32.6. 327. de la l \J au chagee en qjin
parole de Dieu& de cel- I ^premier miracle de
le de t homme. 45 4.455*. lefys Qhrif. 184. que
de la table du Sauueur fignifie celle qui fut don-
en terre 3 d\wec celle du née à Elie. 3 1 J
DES MATIERES,
deux Eclipfes admirables, auec Sacrement <&*fac-
507.508. crifices.ç^.appelleemo-
VEffeSi honore fa caufe. tagne.izi. colomne de
338. y erité. zio. f emme ajfu-
les EffeEls de Dieu de tant blee du Soleil. 2 44. qui
plus qu ils font admira- font fes montagnes. 27 '6.
blesfde tant plus font-ils créance de laCatholique
honorables tefmoings de touchant lEucnariJlie.
fagrandeur. 178. 203. 2,78.*» quelle façon elle
quels & combien font a le corps du Sauueur.
ceux de la fagejfe. Z14. 485. fa manière à fer-
duleuain quels. 230.de merles or ai fons. 5 02. fi-
la chair du Sauueur pour gnifee en gênerai par la
lame & pour le corps. Lune 5 &* fes ejïats di-
^^ejfeclsde layiande uersaup 510.511. 512.
défendue, & de celle qui Elie dormant que figmfie.
eft commandée. 380 299.310. & fa rsfi-
386. 61: on portée part Ange.
Egalité en quantité di- 302. 306. que fignife
uerfe. 171.191. fon chemin de 40. tours
VEglife iardîn 29. Para- <& ^o.nuiùis en Or eh.
disterreflre. 30. quel ejl ' 314.
fon Orient. 3 1. figure du noflre Emanuel en fon in-
Ciel. 32. qui fut le pre- carnation, en fa conuer-
mier membre iicelle.^. fation& en l'Euchari-
fon ynion marquée au flie^ cejl lefm Chrift^
Sacrement de t^îuteL 210.
87.213. 233, monarchie ï Encens fignifie en l'ifcri-
fyirituelle. 93. toufiours ture la prière des Saincls
IND ICÊ
233.^ auparfumfele- les Eftr ter s furent en yfd-
ment du f tu. 238 ge longtemps acres lu-
Endurer iniureefl meil- les Cefar. 76
leur que de la faire. 66 Eternellement , quefi-
Enfeigner principal ejfefi gnifiejs paroles duPfat-
dela fageffe. ii^.ii-j. me 109. Tu es Preftre
Entrée deïefm Chrifi en éternellement 3 &c.
lerufalem au dixiefme 195. 105.
tour. 505 lEuchari^ie decompliffe-
l'Erreur des Samaritains ment de tom les anciens
croyans queMelchifedec facrifices. 34. 341. le
ejloit Sem. 72 premier &* propre facri-
pEjlerance eft affermiepar fice de U loy de grâce .57
les figures. 17. item au 90 facrifice & Sacre-
S. Sacrement de i Autel ment enfemble. 85*. en
217. quoy confiflefon aElion .
lEft>ritguerroyépar la*Vo- $i.en quoy fon facrifice
Ion té y nie auec la chair ejî différent de celuyde la
d'Adam. 383 croix.101. loi. figurée
sEJprouuer que ceft. 38. au facrifice d'Abraham.
240. 120. en l Agneau Taf-
Eftatsdela Lune rappor- chai. 142. aucunement
te%ji ceux de ÏEglife. 5 1 1 sehlable à l'Incarnation,
les eftoilles sot en i/^.heu- 150. figne de la mort du
resen tous les endroiâis Sauueur, & mémorial
du Ciel. 197 iicelle.i^z.figuree parla
Eftre du corps du S auueur Manne. 1 6j . Jray pain
en l'Euchariftie quel. du Ciel, & des Anges.-
187. 188. i6^.ïjo.donneà man-
DES MATIERES.
ger& à boire comme la ily eficaché&non yifi-
Manne. 172. en icetle ble^foubs les eJJ>eces du
toutes les parties font le pain & du y in. z 8 7
tout, ij^.'vraye Manne 288, 190. temps de fon
gardée. 175-, mémorial inJlitution.2c2.fes my-
des mer uei lies de Dieu, fier es cache^ flZn^V€K,
liy.2oj.2li.(jueleflie- parla cendre. 309. 310.
jlre du corps du Sauueur figurée par le ftcrifice
en icelle. 187.188. Para- propitiatoire. 325-. elle
dis terrefire du Sauueur. proufite doublement à ce-
ïç 5. en icelle les mebres luy qui la reçoit en bon-
de le fis C hrifl font di- ne dijpofiîio. 328. hofiie
flinêis. 200. miracle falutaire. 330. 331./W
feul en grandeur. 204 &* propre facrifice Chre-
pourquoy appelle feslin fiien 332. enquoy elle ejl
denopces.10%. mariage figurée par le miracle des
delefus Chriflauecfon cinq pains, 5^6. pour quoy
Eglife ï&fymbole cf>- le Sauueur fit le fermon
nion & de paix.113.235 dùcelle deuant que lin-
figuree par les pains de fïituer. yjyfefiin £aU
propofition. 219. noftre liance.qçien fon infi-
njray pain fepmanier & tutioni le vray ^Agneau
quotidien. 232. en quoy fut immolé félon tordre
elle diffère des pains de de Melchifedec. 504
propoftio. 245. en quel- image de la félicité. 516
le manière le corps du Eue fille & femme d'A-
Sauueury'eftprefent & dam. 192
y demeure. 278. 280. Exce^ de tons -les plus
28 jt 28 6. 29 9. pour quoy grands0quel. 64.
IND ICE
l'Exemple façon ienjei- chofes ont efté fai-
gner efficace. 219 êtes. Ilacômandé&
les grands Expiai Els font elles ont efté créées*
dignes de mémoire. 284. Bien-heureux
494. ceux qui croy et fans
Expofitiodes paffages fui- voir. 288. Lesparo-
uans. Tu es Preftre les que ie vous dis ce
éternellement, félon fontefprit&vic. 2,93.
l'ordre de Melchife- 396» Mettons le bois
dec. 100. 101. 105. enfonpain. 305.
Chriftnoftre Pafque Ceft l'elprit qui viui-
a efté immolé. 148. fie, la chair ne pro-
La fapience a bafty fiterien. 394.
famaifon, bataillé Cecy vous feanda-
feptcolomnes,elleà lifc-il ? Que fera ce
aufli immolé, &c. donc, &c. ibid. A la
414. Qu'eft-cequia veille de la Pafque,
efté?Ceftcequifera Iefus voyant, &C.4JI
après. 475.276.ilfera Cecy eft mon corps,
fermeté en terre au 454. & fuyu. Faites
plus haut des mota- cecy en ma mémoire
gnes:&fon fruidtfe- 177.493.
ra éleu é au derïus du
Liban. ibid.Ws feront F
côuertisen fonom-
bre,&viurontdefro- les 'Y^aiftsdeDieu fur-
ment,^3 QH? donne Jj paffent nojlre en-
du painàtoute chair, tendement. 150 .
279 .11 a parlé & les que fignifie la Farine très-
DES MATIERES.
fine & fans leuain des Moyfe. 10. neceffaire
pains de propofition. aux Iuifs , <vrile aux
230. Chreftiens. 14. quel en
Feftes des prémices ludàU eftoit tyfage parmy eu xy
que s trois 3 &&quelles. quel parmy lesChrefties:
26z. 263. pourquoy en & lesfrui£is£icelle%i^
celles des Saincls on diEl 15. 16 . 17. 376. perfonne
la Meffe. 345 n'y doit recourir fans oc-
î efiin dev ieu^où il eft fin- cafion. 459
entièrement inuoqué en U Fils deDieu Mue image
ialoy de grâce , & les de fon Père. 5 02. [on In-
Chrefties exauce1^ quel, carnation eft >« myftere
49c. les ennemis de l ho- plus noble que la crea-
neur & magnifcence tion. 185
èiceluy. 397 Fiole d'or furies pains de
le Feu du Ciel fur ïojfrade propofition que fignifie.
d'Abel. 51. que fgnifie 233,
celuy d'Abraham en fon laFoy eft confirmée par les
fdcnfîce. 124. il eft plws fguresl 16 .celle d^bra-
difficile q*ïil ny ef chauffe ham n ecefjaire ' pour pe-
qu au corps de n'occuper netrer la hauteur du S.
place. 188 SacremetdeiAuteL 125
trois Feux qui ont hrujîé ' quel eslle premier article
toute la chair de lefm (Ficelle, & comment elle
Chrisl. 323 prend force du S. Sacre-
ligure naturelle & arti- ment. 205. 10 6. 117. fa
fcielle que ceft. 3 . pour- lumière &fa viande fi-
quoyellea eftéyfitee en gnifee par les dix ch an-
la loy de nature & de delïers mis an Temple
L iiij
INDICE
par Sdlomont 2^, quel- l^.lesGenfi' armes iï>A~
le ejt la j0y de tEglife braham* 105.
^dt"olique touchant le la Génération^ layirgi-
S '.Sacrement de l'autel nité très-contraires ^le-*
278. comment exercée ble^e&ta Vierge. 188
€nl Euchariflie. 288 hère fie des Arriens fur
2.8c># celle des ^4poflres celle de le jus Qhrift. 391
du miracle de F eau tour- le Geneure nain & petit,
née eny in. 29 9 .quels sot ^oo.que fignipe. 311
les premiers ennemis de njertu de fon bois & de
Idfoj.fëè.ellenefaitpas fes charbons. 312
les choj les pre] "entes. 400 Gens charnels. 375. 38 8
celle des hérétiques mo- le Glaiueè Abraham que
dernes femblabte a celle figxifie. 123
des Turcs . 40 1. celle des laGrace deDieu^eau mon.
vhilofophes efl humaine, de. 437
4 14. Grain de coriandre } & fa
fe Froment marque la paf- merueille. 173
fion du Sauueur. %G la Grandeur de Dieu pa-
roifi en deux générales
G façons. 203
^4lbdn ingrédient H
"G
du parfum ^ que
fgnife. 238 les T ~T^ibits des He~
Gajleau diuifé en la man- JLjL brieux^fguredu
ducation de l^meau S. Sacrement de IkuteL
Vdfchdl. 432 194.198.
&a%pphy laces que cejl. leHaudet ou cfchaffaut du
DES MATIERES.
Roy, au Temple. 254 . lautheur 413. & fuyu„
Hebrieux gjrdez^ par le Hieroglifes des "Vieux E-
fang de l'Agneau. 130 gyptiens. 5.
battus après auoir tra- /'Hodefch des luif s que
uaillé. ip.pourquoy leur ceft. 137
an fut lunaire. 138. 139 iHolocaufie que c'e/^58,
l agneau vifchdl mémo. 256 .fa matière. 263. ce-
rial de leur deliurance. luy de la croix brûle par
151. offrit pour la "Vie du trots feux. 323
Roy Darius & defes en- Hommage lige. 93.218
fans. 341. powquoy ils ÏYihommt arbre celefle^y
"Veulent créer Roy le renuerfé. 33. feroitbefie
Sauueur. 363 fans le franc-arbitre. 61
Hérétiques > qui ont efU ne doit iamais permettre
les premiers aut heurs de le mal degayeté de cœur,
Quomodo ? jgi. les 6ypetitmode.203.com-
modernes femblables aux mentfeparé deDieu. 3 82
Capharnaïtes .392. ban- fon ingratitude&parcf-
dexjcontre l honneur & fe.5Z6.en quoyfa parole
magnificence du feflin de eji différente de celle de
lefus Chrift. 397. leur Dieu. 454. 4^5
fènfualité , incrédulité^ iHofite , fa matière &
orgueil. 398. 399. leur forme. 266. 307. fon ele-
foy imaginaire. 40 i.se- uation figurée. 271.275.
blableàcelle du Turc. 276.
401. quelle efl leur Jfi- ï Huile delà qjefue nour-
ri tualité. 403. mauuaïs rifiiered'Elie. 198
difcipleS) mauuais maL- t Humilité nous efi enfei-
des. 411. exhorte^ par gneeauS. Sacrement de
INDICE
ï^iutel. 119. celle de le- le premier communiant
fwChrift fignifeepar les du corps duSauueur 490
cendres. 308. quelle en I E s vs-Christ yray
fon Incarnation 5 en fa Orient de bEglife.y.fen
pafîwn & en fon Sacre- corps noble fur tous les
met 309.420.42,5.426 corps. 34.39- nourrit ba-
Jiymne di cl: par le S au- me&le corps à la gloire.
ueur après le fouper de la 40 .eft enplufieurs lieux
vafque. 434. 447.513. facramentel/ement. 42*
I principal aget en tous les
les T \Apponois mangent Saeremens^j.fansmai-
1 afîisà terre. 431 fon. 67. rapport de fes
S. laques fut des premiers qualitezji celles de Mel-
qui célébra la ueffe.içq. chifedec.%2, pourquoy il a
Jardin de <volupt'e <v?rs inslituêlefacrifice&*Sa
t Orient ,<&fa defcriptio. cremet de fon corps foubs
zi. 22. &fuyuantes. les efteces du pain &*
^O&v* dr*agrdme remar- du "Vin. §5. & fuyu.
quablede lefmQhriiî. 287.288. lyo.pourquoy
3 <yCf9 fon corps eft appelle pain
idolâtres fguife^ par le &fonfang y in. 88.305
Septentrion. 235 montap-ne. izi. comment
pourquoy S. Iean a ioinci immolé en ÏEuchariilie.
le miracle des cinq pains 144. £?• fuyu. 33 9 . fis
auec le fer mon de l'Eu- &pere de la vierge,
charijlie.tfj fon huant- 192 il eft noftrezmanuel
propos myjlerieux 3 en en fon incarnation } en fa
tin/iitution ds tEucha- conuerfation çj en l'Eu-
riftie.fôi pourquoy il fut cbarislie, 210, l^utel^
DES MATIERE S.
I offrande&leSacrifca- mains. 4.8 j. fa Paflion
teurenfemble. ifâ.com- inutile sas recognoiffan-
ment il eft& demeure en ce, 495. [on entrée en
tEuchariflie. 187. 188. Hierufalemau dixiefme
190. 278.280. 28$tfon iour. 505.
humilité en fan Incarna- l'Ignorance de la caufe en-
tion^nfa Pafion & en gendre admiration, 176
[on Sacremer, 309.420 les Imitateurs de Cain.6o
425 efî Frejlre éternel. Immolatio en t Euchari-
^.noflrepoiffon. 358 fiie comme fe doit enten-
fes paroles > prefchant en dre.14.5. & fuyu. 339.
la Synagogue des Iuifs Immoler que cejt, 133.
duSacrement de so corps. 145.
372. // parla du Baptef- Impafibilité du corps du „
me & autres Sacremens Sauueur au S . Sacrement
' deuant que les injlituer. del\Autel. *94
377. Dieu tout puijjant [Incarnation du Y ils de
395.il mangea l'agneau D ieu efi^n myftere plus
Pafchal au quator^ief noble que la création .183
me de la lune de Vequi- fa coparaifon auec lEu-
noxe. 419 . 447 .513 .fon charijlie familière aux
amour 5 fa puijfance ^fa faincls pères. 101. 208.
diuinité. 451 . commet il Incrédulité des Caphar-
s' offrit aDieu enfacrïfce naïtes. 3 89 . des hereti-
difant) Cecy eft mon ques modernes, 398.
corps.47i.&" fuyu. en ïlnfdele ne croit finon ce
quelle façon il lai ffa fon qu il voit* 184
corps àfes héritiers. 485 Ingratitude ç£* pdrejfe des
comment il fe porte enfes hommes, 386
INDICE
IntercalatioqueCefl.iz^. cinq pains ils "Veulent
Vinuifibilité du corps du créer Roy le Sauueur.
SauueurauS. Sacremet 363. comment ils mdn-
de l'Autel, dequoynows geoientlavafque. 430
fert. 2^7.288 leur pot âge commun en
Jo nos figure de la refurre- i celle. ; 432,
■filon du Sduueur. \ 6
les trois iours d'Abraham L
qu.e fignifient. 123
ïfaac immolé en l'aage de le 1 xAiflfang blachy.
yingteinq dns 110. Ces ■ _s 205?,
.paroles à [on père, n5.fr- Lai6tues agrefles ou endi-
gure de Id mort du S au- ues que fignifiët.i$6. pa-
veur. 118. reprefentefa tage ordinaire des Inifs
diuinitê. 119. figure de mdngeans ld vdfque.
lEucharijlie. 110 432.
Judas premier mefehat en ^digs du Vieil Teftdment
la communion. 44 6 rapportera ceux du nou-
Uyie des Iufies ^varddts. ueau. 479.480
3 o . /<< mort } fn de leurs Us Ldngues de feu . 15*1
tniferes. 44. Lduemet des pieds fe mét-
aux Iuifs tout efloit en fi- tdnt à tdble fdiâl par le
gure.njd manière d'en- Sduueur, que fignifie.
feigner par figures leur 435*. & fuyu. 453.
efioit nece/fdire. 14. leur L ehem^rf double fignifi-
anfacré &* ciuil , & cation. 279
pour quoy il fut lunaire. Leuain, malice & infe-
128.134.135:. 138. 13p. Siion. 230, marque de
pour quoy au miracle des bien. 272
DÈS MATIERES,
Lieu propre pour eflre mon. 243.
exaucé^quel. 503 Lune première que cefl.
Loup hérétique. 404. 133. 154. marque des
Loy denature& deMoy- temps .137 .comment elle
feu .pédagogue des luifs fignifie la Synagogue,
lq..terreflre& charnelle 140.511. pleine que fi~
I ^o.fon accompli ;J] remet. gnifie. 5 o 6. marque ge-
143. 325. elle riefl que neralede fEglife& des
figure. 258. pourquoy diuers t flat s -d'icelle. 510.
les Sacrements de la Loy 511. que figmfie Jonfep-
degra ce font operatifs de unaire. 5 1 2
foy. 327, quelle eft celle Lyon^Dieu.lji.Sathan.
de tout bm Théologien, 272. 404.^0?. 459
403. toute loy doit eflre
clair e.^y. celle de bon- M
ne grammaire. 459 .celle
d'amour donnée par le- la "\ T ^4 in auec la la-
fmChrifl.âfio. efcripte 1\ Xgue pour bie en-
au cœur des Chrejliens. feigner .427 \marqne des
481. temps propre pour aSiions. 436
eflre exaucé, joi. com- le Mal tourné en bien par
mentenicellel'Eglifecfl la feule puiffance dtui-
fignifiee parla Lune. ne. 63
140 . 51 1. Malachie prophetifant de
Lucifer d'^îngefaiEidia- laMeffe. 264.26$
ble chaflé du Ciel. 28 Malice du diable pour af~
Lumière de la foy figniftee foiblir la foy de la puif
par les dix chandeliers fancedeDieu. 207
mis au Temple par Salo- Manducation If raye quel-
INDICE
/e.402 . celle des Caphar- quiportoit les cinq pains
naît es charnelle ^ & con- 350.
damnée par les Pères. pourquoy la Mathemati-
405. la Sacramentelle^^ que doit eflre le commen»
Jpiritnelle.q.oj.4.08 . cernent de tefcoledes ieu-
Man-hu que fignifie .\ 63 nés gestion vlaton. 14 .
176. 177. Matières des facrifices.
la Manne facree peinture. 2 6 3 . du propitiatoire. 3 2
^femblable en figure au Melchifedecattetifaufa-
Coriandre.162. fonety- crifice 5 & fa prière â
molooje.\6y ijô.auoit Dieu. 79. fis qualité^
tout goufi.iG 5 figure du rapportées à celles du
Sdcrem et de l\Au tel^ & Sauueur. 8 2 ..fa Prejlrifi
prefchee comme telle. accoplie e n Upts C hrifl.
16 y. 168. pourquoy no- 8 ^.pourquoy il efl corn-
mee pain du ciel. \ 68. des paré au Sauueur. 100.
Anges. 16 9. la naturelle félon l'ordre diceluy le
^commune quelle. ibid. yray Agneau efl immolé
pourquoy coparee en TEf- en l'injlitution de l'E'u-
criture au vrain deCoria- cbariflie. i ) ° 4«
dre.ijj.pardee que fio-ni les Membres du Sauueur
fie. 175 . refifiant au feu> font dijlinc'ts en boucha-
&fe con feruat fans co r- riflie. 199.200
ruptio.ig^..iç8.couuer^ laMerauTempledeSalo-
te de deux rofees, 164 mon. 253
172 .2 o 2. cachée^ Cejl la Merueille du grain de Co-
yie éternelle. 212. pain riadre.iy^JuSSacre-
demerueille. 176 metdelAutel. 177. 178
S. Martial fut le garçon deux Merueille s aduenues
DES MATIERES.
m linjlitutio du S. S a- 29 4 .comment elle ejl fi-
èrement de t*Autel.q8y crifice propitiatoire. 3 2.9
& fuyu. ç&fuyu. moyen gênerai
Meflange des drogues^ ac- pour appliquer le mérite
cord de Irertw. 239 de lacroix,pour lesiujîes,
la Meffea les trois ejfieces pour lespecheurs^pour les
defacrifice enfoy . 5 8 infidèles 3pou r lamemoire
ytile à tows ceux qui des bie heur eux, <& pour
Voyent,& pour lefqucls les trejfdffe^. 336.337.
on ladit 9 ^.fignifiee par elle honore ^rdndemet le
ce mot^ O r d r e. I o 1 . [on fdcrifice de la croix 5 pour
fdcrifice applique celuyde deux rdifons. 338. pour-
la croix .loz.en quoy elle quoy dicte pour les tref-
ejl différente du facrificc pdjje^. 344. aux fefks
de Melchifedec. 103 .fi- des Sdinâïs.^^ . mémo-
furee aufacrifce d\ bna- 1 i rial très - propre de la paf-
dm.izo. elle continue- fion du Sauueur 496. le
rd iufques à la fin du feÇvin de Dieu , où il ejl
monde.!1}}. 4.4.7 figurée finguliercment inuoqué
par la Manne. 16 y.ob la- en la loy de grâce , & les
tion nouuelle en la Pen- Chrefvicns exduce^j^yç
tecojle des ChrefîiensJ& que figni fient fis ceremo-
cdebree parles Apojlr -es. nies. 303
264.29z.293. 294./*- Min-ha 5 fdcrifice non
crifice nouueau^quelle ejl . fdngUnt. 266
fonoffrdnde, fin vrejlre ld minuitl de noftre Re-
&ld cérémonie. 2 6 y .en demptionfut en plein mi-
quel temps elle comme fd tour. 153
iefire cdebree.29 2,193 MifTa/tf langue Hebrai-
I
INDICE
que&Syriaque 3 que fi- parfum ,que [tonifie .2 38 1
gnifie. 266. 26S.fi ce
mot e fi Latm.269.2jo. N
les Molofîiens , & leur
coufiume pour impetrer XT^f^cde tout Sa- i
grâce de leur Roy* 50I. JL \| cmwewf. 287.454 ]
Moly prefermt de la mort [es deux Natures de le fus 1
&f ai fiant raieunir. 26 Chrifi fignifiees par les -i
que fignifie laMotagne au pains de proposition. 231 |
facnfice drAbrahami22 par les deux agneaux en ï
Montagnes de ÏEgli fêles toblation des prémices, i
Pajleurs & gens par- 27 ^.parles deux poifiosé%
faiéls. 276 359.
Moria , la montagne où Nauire admirable. 215. |
ifaac fut immolé &* le la N eomenie des îuifsque u
Sauueur crucifié. 1 1 8 ' ■ ce fi, & fa caufe. 137 I
laMort edlafin des mife- pourquoy infiituee. 139 1^
resauxiufies. 44 494.
le Mouton brûlé fur l au- Nicodeme enfeigné par fi-
tel au lieu d'ifaac, que fi- gures. 16. 394. f
vmfie. 119 Nourriture du S. Sacre-
Moyfe. 165. 177. 333. ment de l Autel & fin
363. , excellence. 85. & fuyu.
Multiplication admirable
enlEuchariftie. 356. O
Myrmecidés admiré pour
foninduftrieufe fdgejfe. f S^SBeiJfdncc nous ejl
21r v_x enfetgnee au S.*'
la Myrrhe , ingrédient du Sacrement. 219
tobiett
DES MATIERES.
lobieSldelafoyceftvne elle met les ténèbres en
chofe quon ne <uoit l ame.^o. celle des Ca-
point. 279. pharnàïtes.^%^. des he*
bonnes Oeuuresfacrifices retiques modernes. 398*
o-eneraux.^y. 92 . font l Ornement des Anciens
propitiatoires . 333.355. * Preftres. ji*
quelle esl l Offrande de U Os non ropusen l'agneau
Meffe. 16 j. Pajchal quefignipent.
ÏOifeaude Paradis^ fa I4.2. 155.
defcnption. 24. 25. que P
Ceftquilfignifie. 32. \fy>Atifique facrifice
l'ombre & le mémorial JL queceft^&lama-
de U mort du Sauueur tiered'iceluy. 58.263.
esl le S. S acrement de le vain^fon rappo rt au fa -
XiAutel. 313. crifice & facrement du
Onias offre pour la fanti corps de IefusChriflS 5 .
d'Heliodore. 342. prins pour toute nourri-
l'Onycbejngrediet du par ture.S6.fans leuain que
fum,quefignifie. 238. fignifioit.156. 230. quel
ÏOrquefignifie. 233. ejl le noftre ~ïrayemenc
V Ordonnance des Apojlres quotidien . 2,3 2 . offert à,
deuant & après lafain- Vauid & àfe gens a U .
61e Communion, iq.6. charge quils neuffent
Ordrc^au vfalme 109. touché femmes .quecefi.
quefignifie. loi. 105. 245. /e pain d 'Eli e figure
dix Ordres ou chefs de U du corps du Satiueur.
nature^ quels. 180. 305. 3o6.c/*/> foubsles
lOrgueilgr s efualité eau- cendres que fignifie .3 o 8
fe d'aneuglement* 389, Pains de propofitiwou-
M
INDICE
vains des faces .215. pour- fie 239.
quoy dow%e. 22 6. figure la parole de Dieu 5 glaiue
deÏEuchariflie. 2251. 123. 474. leuain. 275.
<pe ftgnifient ces mots, en c^uoy efi différente de
des faces ou de deux fa- celle de l'homme. 454.
ces. 230.231.278. 455.
mange^par les vrefires paroles du Sacrificateur a
& Leuites feulement toblation des prémices,
quefignifie, 241. 242. 2^7. 260. delefm-
leur différence auec l'Eu- C hrijl prefchant en la
charijlie.i^*). quels ef. Synagogue des Iuif s ^ du
toient ceux de toblation Sacrement defon corps,
des prémices. i<)6.rappor ^ji.du père de famille
te^â thoflie. 166. que diflribuhlepainaufou.
figmfie leur eleuation&r* per de la pafque. 433.
dualité iji.ij $. 274. les varties du corps du
275. en quoy le miracle Sauueur fans confufion
des cinq pains figurait au Sacrement. 190.
lEuchariflie. 356. les varuis duTemple. 252 .
paix donnée en la Mejfe. 253.254.
213. V^ichz^motCaldaic.que
[e Paradis terrefire > &fa fign ifie. 1 5 1 •
description .21. &fuy- la pafque des înifs cele-
ttantes. toutes fortesd'a- bree par le Sauueur. 429
nimaux parfaiëls ejloiet [a Tdfîion du Sauueur
en icelm .25. quefignifiet marquée par le fromet,
fes quatre fleuues.50.31. & par le raifw.$6.8j.
le parfum t&fesingrediës inutile fans recognoif-
2l%.qmceji qhiifigni- fance* 495.
DES MATIERES.
ht vdtience nous c(t enfei- quand Dieu le comman-
<weeau S.Sdcremetzij. de. 113.
S.vdul rauy.iyS.aueuglé les veres laiffent Itnrs
de la prefence du S au- corps morts à leurs en-
ueur. 288. fans. 485.
les vayesfort fuperfiitieux \?hzCc,mo.t Hebrieu 3 que
au culte de la Lune. 139. figmfie. iyi;
pourquoy ils appel/oient v h inee grand Do cireur Hè-
les Chrefliens anthropo- bneu. 97.
fages. 290. pourquoy II les vieds marque des affe-
croixleurefiinfructueu- trions. 43 6.
fe. $tf.je mocquoiet de la S.vierre efionê du lauemet
mort du fils de d ieu^ 9 2 des pieds 5 & fes fecrets
pourquoy le veché ejî tou- difeours. 412. {on rag en
fiours mis en l'Efcriture la Cène duSauueur.^.^.
pour caufedela mort de pourquoy platon y eut que
lefm Chrifl.jy. il porte les ieunes gens cemmen-
en croupe fa peine. 6). cent par la Mathemati-
l 'originel^ amorce de tous que. 14,
peche%* 382. voetes & Orateurs de no-
Peinture de trois fortes. 3. flre temps } quels pour U
fonytilitc &plaifir.6. plupart. 8'
7. celle de la tranffub- comment les voijj ans figu-
fiantiation. 272.. rent le Sainc~î Sacrement
la ventecofle queCefi y & de l'Autel. 359.
pourquoy appelleelafefie quel efloit le p otage com-
des vrernices.zôi. 263. mun des Juifs quand ils
celle des C h refiles . 1 5? 2 . mangeoiet l'agn eaitVaf-
U veretuç iuftementlefils chai. 432,
M ïj
INDICE
Prémices Iudaiques que facrifice auec réfection.
Cejl*26l< de quelles for- 320. matiereiicelut.^ 1 1
tes de fruiâls elles s'of- comment rapporté à ce-
fr oient. 263 -figure de U luy de la croi x. 3 2, 2 . 3 23 .
Mejfe 264. en quel teps ^uifjancc diuine tournant
s en faifoit koblation. le mal en bie.93.ceUe du
29 1. 292. Sauueur fignifiée parla
toute vrefence réelle n'ejl corne. 1 1 9. grade au Sa-
pas charnelle 5 & quelle crementde Ï^Autel. 1 81.
ejlcelle du corps du S au- puluerifer nos actions que
ueurauS.Sacremet.299 cv(?. 240.
Prefirife de deux fortes vureté requife alafainSle
duant l avenue du S au- communion. 245.
ueur. $3. quelle efl celle vrejlres ancies^leur orne-
de lefus Chrifl. 96. ment. y l de deux fortes
preuoyance^ertu & mi- auantla yenue du S au-
fericordedeDieu. 316. mur, 83. Vicaires de
-prière de Melchifedec. Vieu.96.103. 329.333.
79. desSainBs fignifiée xAnges de Dieu en l'E-
par l 'encens. 233. quelle glife. 17 0.30 6 Jnjiru-
ejl la plus prejfante de mens de création. 182.
toutes. joi. mdngetlespecbe%.i$6.
prières en laMeffe. 342.
principes petits \ manière Q^
d'ouurer familière à
Dieu. 10. /~X Valite^ de Mel-
s vrifcil/ianifîes* 404. K^J^hifedecraportées
Propitiatoire que c'efî. à celles du Sauueur. 8 2 •
fi. 2 5 6. fa matière .263. celles du corps de lefus
DES MATIERES.
Chriftinuifibles aux ses, prend au S, Sacrement
&pourquoy. 189.188. deï^iutel. 218.
Quantité ayant prtkitcgc Remède fingulier aux
defubjïance. 186. toute maux de la chair cC^da,
en toute tboflie & ci cejî celle du Sauueurdo*
cbtfque partie , fans oc- née auS. Sacrement, 18*
cuperlieu. 187. 188. Rencontre meruetlleufe au
les Quarate tours &qua- mot MiflTa 3 du Latin
rantenuifls quEheche- auec l'Hebrieu. 2 je.
mina, que (lénifient . 5 1 4 Repos fol\de des Chrejtiens
4 Quomodo?Côment? quel, 515.
par qui premièrement Reprefentationenperfon-
vfurpé. 391. ne pregnante. 498,
R cinq Roumaine m parqua-
le T} •difm marque la tre. 7 7. ils font appelle^
ï\^pafîion du Sau- pafteurs dupeuple. 364.
ueur. 87. commet les Romains s\tf-
la Rareté eau fed' admira- feoient en table. 431.
tion. 168. leRoyaume deleftisChrifl
Refettiode la "Victime au 111.3 64,
facrifee fait entre lePre- S
Jire& le peuple. 482. le O^Abat infli tué pour
Reins ceïncturexniageant y^Jrecognoiflre le bene*
l agneau q uefigmfet. 1 8 6 fice de la création. 139.
Reliefs brulex^que fivni- 494.
fient. ibid. Sac en tontes langues de
Religio fans facrifee c'ejl mefmefon & fumiffca-
rvnRoyaumefmsdroiSi tion. 169
d'bommage.y^elle sap- S teerdoce Royal 320.
Miij A
INDICE
le Sdinci, & le Sdinéldes deyie.^.^rfuyu. nefe
Samedis. 252. fui 61 quen l'Eglife de
pourquoy le Sdng du S du- Dieu> ^.fonfruiÉl 3 £7*
ueur ejl appelle vin. 88. pour qui il efl préparé. 3 7
celuy de ï Agnedu gdrd? (es différences auec lar-
hs H ebr 7 eux .130. porté bre de ajie .^9 & fuyu .il
à l' Autel des pdrfums 5 6- done trois ajies.^i.pour-
gare de celuy du Sduueur quoy inflitué foubs les
323. pourquoy le ftng de efpeces dupain&du y in
IefusChrifl nous efl don- $$.&fuyu. 287.288.
néenbreuudge 378.37 9 290. pourquoy appelle
comment fait prefent en Synaxe. 87 . pour lame
la coupe. 474» & pour le corps. 104.
S çauoir ^prédire lescho- 384. ncpeuteflre expri-
fes futures , marques de mépar^nnom. ijj.esl
diuinite. I?. ïombrt des (Zl)rejliens.
Sacramentaires premiers 313.
quels. 374.391. le Sacrifice d'Abel mani-
P 0 urquoy les S d crem ens de fefiepgur edeldmort du
la loy dtordcefont operd- Sauueur , & au Sacre-
tifs defoy. 3 2 7. ils appli- ment & facrifce de fort
quent la croix pour le fa- corps. 55. le premier de
lut. 334» tous 7i ejl trouué en l'Ef-
le Sacrement y fa difnittcn criture. 56. quel efl le
89.90.287./^ differen- premier & propre de la
ces d'auec le facrifce. 9 3. loy de grâce 5 7 . trois ef-
quelle efl fa nature en ge- peces d'iceluy ^quelles.
ncral. 187. 454. celuy de 58. 263.321. quels font
l Autel figuré par l'arbre les généraux. 59.92. de
DES MATIERES.
deux fortes deuant la ve- mais ceiuy delà Me/Te
nueduSauueur. 85. l'honore grademet pour
pourquoy il a injlitué ce- deux raiforts. 338.
luy de (on corps foubs les Sacrifices preal/ables des
ejfeces du pain &*du y in prémices. 2*54-
fy.&fuyu. 287. la fagejfe admirable de
2#8. 190. en cjuoyildif- Dieu ^tant en la fonda-
fer -e du Sacrement . 95. tion&gouuernement de
figne d'honneur. 94. fon Eglife^ cjuen linfii-
culte fouuerain. 95. tut ion du facrifce &
21 S. fuffifance de ceiuy Sacrement de fon corps
de laloyde orrace. <y6. en lEuchanflie. 11. 12.
en quoy diffère ceiuy de 15.6/. 104. 149. 179.
la croix , de ceiuy de 414.
lEuchariflie. toi. 102. le Secret de Dieu doit ren-
celuy d'Abraham. 109. dre les auditeurs atten-
fgure de la S . Euchari- tifs & non les aliéner,
fiie. 120. pourquoy ceiuy 394.
de i Agneau vafchal fut les Selles d'armes en ^fâge
ordonné en Mars. 13 6. long temps après Iules
ceiuy delà Meffe conti- Cejar. 76.
nuera iufques klafn SensyfitexjnlEfcriture
du monde. 153. ceiuy des font quatre \<& quels. 6.
Chrefliens afuccedé aux [a Sensualité & toro-ued
facrifces Iuifs qui ont cmfes d'aueuglement*
ceffé .295 .le propitiatoire 389. quelle efl celle des
ejl auec refettion. 320. hérétiques modernes au
ceiuy de la croix n efl pas S. sacrement. 398.
le facrifce chr efl le. 332. le Septénaire de la Lune
M iiij
INDICE
que fignifie. 512. la Structure du corps hu-
k S eptentrion fignife les main admirable. 39.
idolâtres. 235. Subieft&finde lauant-
le S erpet iïairain^eintu- propos de toutelœuure.2.
re muette .3. figure de la SubJIance changée en au-
vaflion. 16 . comment il tre. 181. gpfuyu.
guartffoit la morfure des la Synagogue comment fi-
ferpens. 328. gnifeepar la Lune. 140.
es S eruiteursd' Abraham jn.
(jue figm fient. 125. Syntbefis,robbe nuptiale.
Simplicité Vénérable du 430.44 2
ficnjice de ÏEnchari-
flie. 357. T
Sina mont contigu a
H.ierufalem. 480. Ur~JTl*4ble&t'^4utely
S/o règne de JefusChrift. X deux chofes pref
I21. fautes pour redre y n fait
Sodome & Gomorre pil- mémorable. ^9 6. celledes
lees. 77. pains de propofition , (k
le Soleil & la Lune mar- logueur, façon & lieu ou
que s des temps. 137. elle efloitfi tuée. 116.
les S oliers aux pieds ma- 227. que fignifie. 233.
geat l^gneau vafcha /, 234. 235.243. variété
que fgnifient. i$y. des "ajjeoir en table. 431.
S oupperparfaiEides Rois différence de celle de no-
deverfe. 499- flre Seigneur 3 en hrrey
quelle efl la Spiritualité d'auec celle du Ciel. 517.
des hérétiques modernes. Tableaux facrez^ , infcri-
403. fttodece liure0 & pour-
DES MATIERES.
quoy. 2. ceux de Philo- Jdcripce delaMefft,
ftrdte quels .4. ceux de 148. & fuyu. des He-
fidnddle quels. 9. brieuxyfur ld trdnjjub-
Tctnis^Villeroydle duhord fldntidtion & mdniere^
du Nil , non loing de en Idquelle le corps du
Memphis. 126. Sduueur tfl prefent en
le Temple bafly en njn ÏEuchdriftie .279.280.
dutre coflé de U montd- des D offreurs Chrejliens.
vne Morid. 119. 281. <&fuyu.des dnciens
pourquoy les Temples des Pères Ldtins & Grecsy
Chrejïtens font tournez^ monflras que le fdcrijlce
dl Orient. 31. de ld Mejje efi propid-
le Temps propre pour ejlre toire. 32 9. & fuyu. ton-
exducé^cejl Idloy degrd- chdnt U mdnducdtion de
ce. y 01. celuy delà vaf- ld chdïr du Sduueur du
que. 505. trois temps de S.Sdcrement.^o6.tou~
ÏEvlifè marquez aux chdnt l'explicdtion de ces
trois feptendires deldLu- paroles^Cccy eft mon
ne. 511. corps , 460. &* fuy u.
Tefmoigndges des Do- monftrdnslefacripce&
fteurs Hebrieux fur le Sdcrement du Sduueur
fubie£t du fdcnjice de tnflitué du mystique
Melchifedec.gy,desdn- foupper. 476.477.
tiens Pères Grecs. 98. Us q.Tefmoings du Te~
des Anciens Pères Lu- si ament du Sduueur ont-
tins. 100 .de tE(criture tenu mefme Idngdgty &
& des Sdincts Pères pourquoy. 457.458.
toucbdnt timmoldtion le! 'eftamet doit eftre cldir
du corps du Sduueur du 457. celuy du Sduueur
INDICE
Vinflftution du facrifce pour dignement remer-
& Sacrement de fon cter Dieu. 259. pour ap-
corps. 478. efcrit au procher de la commu-
cœur des Chrefiiens. ni on. 490.
4 8 1 ,fon <vtilité 4 8 3. la Vian de de lafoy figni-
T hemtfioclés comment fiée par les dix chadeliers
garanty du courroux mis au Temple de Salo-
d'AdmetnsRoydesMo- mon. 243. la viande de-
Indiens 502, fendue & celle qui efi
(juel eft le Tombeau du commandée. 3S o.effe6is
corps du Sauueur. 48 y. contraires de l'y ne & de
la Toute-puifiacedeDieu l'autre. 386. celle des he-
13.63.104*149.176.414 retiques modernes efipar
la Tranfiubfiantiation efi fonge. 401 . quelle efi ce -
ajn miracle > 01 fin delà le de Dieu. 489.
création. 181. plus grand Vie des iufies , Paradis:
& plus noble. 183 figu- mort fin de leurs miferes
rée au leuatn de fobla- 30.44.
tion des prémices. 272. comment la S. Vierge efi
comment fe fait en [Eu- diàle créature & mère de
charifiie. 278. depuis fonCreateur. 18 i*en icel-
quel temps ce mot efi en le la yirgwité&lagene-
"^fage. 280. ration très contraires font
les Turcs mangent a fis afiemble%\i$8,mere &
à terre. 431. fille de IefusChrifi , &
Tydacœnaquid.499 comment. 192.
V trois Vies donées par le S .
quelles "T T ' Ertm font S acremet de ï^iutel. 41.
y necejjaires leVinasoraportaufacri-
DES MATIERES.
fice 0* Sacrement du njnmefme moment .197.
corpsdeIefmChrijl.%^ la Volonté y nie auec la
. eJiditRoy des banquets, chair d' hda fepare tho-
8 6 . medeD ieuôfait laguer-
Vtfios quijefonten ima- reàtejprie , eftcaufede
ginatiojont platte pein- dtjfen fions. 382. 383.
ture. 4. 385.
tVnion de lEglife mar- deux Voyes par lesquelles
que e au Sacrement de le S. Sacrement de F au-
l'Autel. 87. 213. 133. telproufiteàceluyqui le
deux Vnions de la chair reçoit en bonne difyofi-
d^damânosames.^Sî tion. 318.
la réelle de la chair du
Sauueur auec nous. 384. X
ànoftreame. 386. Xerxêsmenaçoitles mon-
ta Voix donne tout entie- tagnes 3 <& faifoit battre
re à dix milles oreilles en les ondes de la mer.^.
FIN.
EXTRAICT DV PRIVILEGE
d v Roy.
PAR grâce & priuilcgc du Roy il cft permis à Lov y s
Richeomï, delà compagnie du nom de I e s v s de
choifir & commettre tels Imprimeurs ou Libraires que bon
Juyfemblera , pour fidèlement imprimer tous,&chacuns fes li-
mes concernais lafoy& religion Catholique ♦. & autres œu-
ures par luy fai&es & compofees , & qu'il pourra cy après faire
& compoler. Et font faictes defenfes expreiîes par là Majeflé
à tous Imprimeurs , Libraires & autres quelconques de ce
Royaume, d'imprimer, vendre ny expofer en vente les fufdits
iiures , finon ceux qui auront efté imprimez par la permiflion
& confentement dudicl: L o v y s R i c h e o m e , & ce mf-
ques apresie termededir ans- finis & accomplis, à commencer
du iour qu'ils auront eftéparacheuez d'imprimer , à peine de
fîxcens efeus d'amende , & de tous defpens, dommages & in-
terefts , pourueu qu'au commencement ou à la fin defditls Ii-
ures on mette vn extraict fommairé des lettres Patentes fur ce
données à Paris le 19 , iour de Septembre, 1598.
Par le Roy en Ton Confeil.
Signé, F a y e t.
Ledift Lovys RiCHEoMErf permis à Laurent Sonn'im
marchand Libraire , bourgeois de Taris , a imprimer le Hure intitulé
Tableaux Sacrez des figures , &c par luy compofé: £|/ ce tufaues au
terme defix ans , à compter du iour que ledit Hure fera acheué d'impri -
mer ,ainfi 'qu'il efl porté parles lettres du Priuilege donné par fa Maje-
fié , duquel Priutlege il luy fait tranfyort durant ledit terme. A Bor-
deaux ee n.Feurier, 1 601.
R ic H EO ME.
Acheué d'imprimer le vingtiefme iour de
Mars5 mil fix cens vn.
cstDFERTlSSEMENT
oAu Leêleur.
S 'il y a quelque chofe es Tableaux gra-
uez qui ne correfpondeaux Tableaux
parlans , le Ledteur fuppleera le défaut
delà peinture (s'il luy plaift)Ia corri-
geant auec la parole du texte, qu'il fuy-
ura en tous 3 comme meilleure guide
du fens de Thiftoirc.
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